Athénée Théâtre Louis-Jouvet

179 billets passés du blog

saison 2010/2011

  • Dernier billet avant l'été ! • Coulisses




    Après le billet d'hier sur le côté pile de la présentation de la saison 2011-2012 de l'Athénée où les artistes sont venus présenter les spectacles qui seront programmés au Théâtre à partir de septembre, voici aujourd'hui le second volet avec des photos de quelques artistes du côté scène.
    Vous reconnaîtrez Patrice Martinet, directeur de l'Athénée, à droite de chaque photo.

     

    Cristèle Alves Meira, metteure en scène de Splendid's de Jean Genet, avec Patrice Martinet, directeur de l'Athénée.

     

     

    Jean-Luc Tingaud et Olivier Bénézech, chef d'orchestre et metteur en scène de l'opéra Le Tour d'Écrou de Britten.

     

     

    Philippe Sireuil, metteur en scène de Savannah Bay de Marguerite Duras.

     

    Jean-Marie Lehec et Claire Deluca, metteurs en scène du Shaga de Marguerite Duras.

     

     

    Loïc Boissier, directeur de la compagnie des Brigands, venu présenter La Botte secrète, opéra-bouffe de Claude Terrasse et Franc Nohain.

     

     

    Vincent Dumestre, directeur musical de l'opéra Caligula de Pagliardi

     

     

    Philppe Calvario, metteur en scène des Larmes amères de Petra von Kant de Fassbinder et de Les Visages et les Corps de Patrice Chéreau.

     

    Catherine Kollen, directrice de la compagnie Arcal, venue présenter L'Histoire du soldat de Stravinski.

     

    Jacques Vincey, metteur en scène des Bonnes de Jean Genet, dans l'écran de retour placé dans le foyer des artistes.

     

    Il faudrait également citer Gloria Paris et Daniel Larrieu de Divine d'après Genet, Dan Jemmett d'Ubu enchaîné d'après Alfred Jarry et Robert Wilson de La dernière bande de Beckett, qui n'apparaissent pas dans mes articles d'hier et d'aujoud'hui.



    Ce billet est le dernier de cette saison : je vous souhaite un bel été et vous retrouverai avec plaisir en septembre !


  • Avant de rentrer dans l'arène • Coulisses




    Comme je vous le disais mardi, la présentation de la saison 2011-2012 de l'Athénée a eu lieu il y a quelques semaines.

    Les artistes invités à l'Athénée à partir de septembre étaient donc venus en ce samedi de mai pour présenter leur spectacle au public présent.

    L'on imagine bien ce qui a pu se passer sur scène. Mais dans les coulisses, que font les artistes attendant leur tour ? Galerie de portraits mêlés aux visages du personnel de l'Athénée.

    Philippe Sireuil, metteur en scène de Savannah Bay de Marguerite Duras

     

    Antoine et Florence, du service communication de l'Athénée, relayant la présentation de saison en direct sur les profils Facebook et Twitter de l'Athénée.

     

    Cristèle Alves Meira, metteure en scène de Splendid's de Jean Genet,
    entourée de Thomas, technicien, et Julie, assistante de direction.

     

    Les écrans de contrôle et Christophe, technicien

     

    Mano, régisseure générale

     

    Le gang des costards.
    Brice Sailly, chef de chant et claveciniste de l'opéra L'Egisto, et Yan, directeur de la communication et des relations publiques.

     

    Dominique, directeur technique adjoint

     

    Denis, directeur technique

     

    Alain Bézu et Dominique Debart, respectivement metteur en scène et chef d'orchestre de Nietzsche/Wagner : le Ring.

     

    Thomas, technicien, très en forme.

     

    Antoine, Alexandra et Florence, du service communication et relations publiques de l'Athénée

     

    Le gang des blousons gris
    Dominique et Denis, directeurs techniques

     

    Loïc Boissier, directeur de la compagnie des Brigands, venu présenter La Botte secrète.

     

    Jano, régisseur général

     

    Cristèle Alves Meira, metteure en scène de Splendid's de Genet, Jean-Marie Lehec et Claire Deluca, metteurs en scène du Shaga de Duras, regardent par écran interposé Jacques Vincey venu présenter Les Bonnes de Genet.

     

    Takenori Nemoto, directeur musical du Voyage d'Hiver, juste avant d'entrer en scène.

     

    Vincent Dumestre, directeur musical de l'opéra Caligula, entre en scène entre les deux doigts que Christophe a placé par surprise devant mon objectif.

     

    Julie, assistante de direction, et Yan, directeur de la communication et des relations publiques.

     

    Églantine, chargée des relations publiques, et Thomas, technicien.

     

    L'article de demain sera le dernier du blog pour cette année ! Vous y découvrirez le côté face de la présentation de saison. Le blog reprendra ensuite en septembre.


  • Portrait de spectatrice (2) : Laetitia • Coup de théâtre




    Chers tous,

    Il y a quelques jours, j'ai publié sur le blog un portrait d'Antoine, stagiaire à l'Athénée qui avait réalisé un clip dans le Théâtre en vue de gagner un concours permettant de rencontrer la chanteuse Lady Gaga.
    J'ai le plaisir de vous annoncer aujourd'hui qu'Antoine a terminé dans les dix finalistes (sur plus de neuf cents candidats) et qu'il a ainsi remporté le fameux sésame lui permettant d'approcher son idole! Merci à vous pour l'aide précieuse que vous lui avez apportée en visionnant sa vidéo.


    Puisque nous parlons de vous, donc, passons du portrait de stagiaire au portrait de spectateur.
    Après le portrait d'Alekssandre, un spectateur que j'avais rencontré à l'occasion du spectacle Guillaume et les garçons, à table !, je vous invite aujourd'hui à découvrir Laetitia.

    Un jour, Laetitia m'a laissé sur le blog un commentaire qui m'avait fait hurler de rire : et de commentaires en mails, nous en sommes venues à nous dire qu'il serait temps de se rencontrer.
    À l'instar d'Alekssandre que j'imaginais autrement, Laetitia est une médecin métisse très grande âgée de vingt-neuf ans là où je m'étais représenté une petite blonde de dix-huit ans étudiante en lettres modernes (allez savoir pourquoi). Quant à elle, elle m'a reconnue immédiatement… grâce à mon appareil photo.

    J'ai rencontré Laetitia avant une représentation de Vénus en mars 2010 : nous avons pris un verre de jus de goyave au bar du Théâtre en nous vouvoyant et sans que je prenne de notes dans mon carnet —quand on rencontre quelqu'un pour la première fois après lui avoir écrit pendant des mois, on n'a pas tellement envie de rester encore une fois le nez collé dans ses notes.
    Comme vous le voyez si vous calculez bien, j'aurai donc mis plus d'un an à écrire ce portrait : il y a parfois des choses plus difficiles que d'autres….

    Laetitia a découvert le théâtre par ses parents qui, comme elle le mentionne avec humour, « ne se sont jamais remis de la mort de Vitez » : la première pièce qu'elle a vue est donc La Vie de Galilée de Brecht mis en scène par Antoine Vitez.
    Aujourd'hui, c'est plutôt elle qui emmène ses parents au théâtre —faisant ainsi écho malgré elle avec le sujet du débat qui avait lieu à l'Athénée ce jour-là et dont je sortais au moment de notre entretien : « peut-on échapper à sa famille ? ».

     

    Un petit bout de Laetitia photographié dans le bar de l'Athénée

     

    Derrière nous, le bar se remplit peu à peu de spectateurs sortant du débat et/ou arrivant pour Vénus pendant que je questionne Laetitia sur ses sorties théâtrales.
    Si elle est parfois un peu déçue de devoir planifier ses sorties à l'avance comme la loi des foules parisiennes l'ordonne, Laetitia se définit d'elle-même « comme une enfant » lorsqu'elle va au théâtre : « je prends soin de mon habillement —sauf les soirs en semaine où je reste en jean, parce que bon… J'aime bien amener mes amis au théâtre aussi, surtout ceux qui n'ont pas forcément l'habitude d'y aller. J'aimerais bien tenir un blog pour y écrire des critiques des spectacles que je vois, mais c'est un exercice très difficile, et puis je me trouve nulle en informatique… »

    Laetitia vient régulièrement à l'Athénée
    : l'année où nous nous sommes vues, elle était allée voir Minetti, Vénus et Une maison de poupées.
    Le mail qu'elle m'a envoyé après Une maison de poupées avait d'ailleurs particulièrement vu juste dans les intentions de son metteur en scène, Nils Öhlund : « Je sors d'Une maison de poupées, et si Nils Öhlund vous dit qu'une fan hystérique l'a accosté à la sortie du théâtre, c'était moi, qui lui ai dit tout le bien que je pensais de la pièce (mais je n'ai pas demandé d'autographe, j'ai quand même mes limites).
    En effet, après l'avoir vu au Théâtre de la Colline, l'effet de surprise ne pouvait plus jouer, d'autant que si le texte était sans doute par endroits différents, on retrouve de nombreux effets de la mise en scène (notamment la danse hystérique de Nora qui s'entraîne pour la tarentelle, les chaussures, les bas) qui doivent être décrits précisément dans le texte. Néanmoins il m'a semblé déceler un peu plus d'humour, et les ombres et lumière respectives de chaque personnage, les subtilités m'ont paru plus évidentes.
    Cette fois-ci, est-ce parce que j'ai lu l'interview du blog, j'ai mieux compris Torvald (qui est, presque autant que Nora, victime de son époque). Là où la première fois je n'avais vu que la charge féministe (ou égalitariste !), certes visionnaire en son temps, et criante d'actualité aujourd'hui, j'ai aussi vu l'homme trahi. Torvald est intransigeant car il a toujours respecté les règles du jeu tandis que Nora n'a fait qu'écouter son coeur. Si elle force notre admiration par son changement radical et sa décision sans appel, in fine son choix est tout de même égoïste. Elle ne laisse pas de seconde chance, elle ne pardonne pas. Je crois qu'une Nora d'aujourd'hui agirait avec plus de douceur.
    Est-ce que le progrès par rapport à l'époque d'Ibsen ne serait-il pas qu'une situation semblable donnerait lieu à moins de drames ? L'espoir de Nils Öhlund ne serait-il pas de réconcilier Nora et Torvald ? »

    Comme avons continué à nous écrire de temps en temps, je sais qu'elle s'était abonnée cette année pour les spectacles Oncle Vania, Les Trois Soeurs, La Cerisaie, Caligula, L'Échange et Une Visite inopportune.
    J'ignore si elle s'est abonnée pour la saison prochaine, mais j'espère qu'elle n'est pas déçue par l'absence de l'auteur Pirandello dont elle espérait qu'il soit reprogrammé à l'Athénée (Monsieur le directeur, si vous nous entendez….).

    Après les représentations à l'Athénée, Laetitia va souvent manger avec ses amis dans un restaurant japonais de la rue Sainte-Anne, à deux pas du théâtre : depuis, je pense à elle à chaque fois que je vais dans cette rue dont j'ai moi aussi adopté les dîners d'après-spectacle.

    J'ai laissé Laetitia à ce moment de la conversation, car il était temps qu'elle rejoigne la salle pour la représentation de Vénus. Je l'ai rejointe après le spectacle mais ai renoncé à lui poser d'autres questions tant elle semblait émue par ce qu'elle venait de voir : on n'embête pas une spectatrice bouleversée avec des histoires d'endives au jambon…

    Je lui ai donc posé cette question rituelle du blog quelques jours plus tard, par mail.
    Voici sa réponse, qui reflète bien son style plein de grâce et d'humour : « Je suis désolée de vous avoir fait attendre, surtout pour pas grand chose, car j'attendais l'inspiration sur les endives au jambon et celle-ci n'est pas venue. Elle n'écoute que son bon vouloir. Ce qui me rend d'autant plus respectueuse devant votre aptitude à "pondre" votre billet chaque jour de la semaine, que l'inspiration soit là ou pas, de bonne ou mauvaise humeur, en grève, en RTT, qu'elle soit restée à la maison garder un enfant malade ou partie plus tôt pour aller chez le dentiste.
    Vous saurez donc seulement que j'aimais les endives au jambon jusqu'à ce que j'arrête de consommer de la viande, pour une multitude de raisons. Mais, j'avoue, quand j'en sens l'odeur, je ne la trouve pas désagréable, tel un fumeur repenti s'enivrant de la fumée de cigarette des autres… »


    La saison prochaine (car oui, je serai toujours là la saison prochaine, une vraie sangsue !), vous découvrirez le portrait de Floriane, que j'ai interviewée il y a quelques mois.

    J'espère également rencontrer de nouvelles personnes : n'hésitez pas à vous manifester
    par mail (clemence(at)athenee-theatre.com) ou à me demander à l'Athénée les soirs de représentation !

    Bonne journée.


  • Chaque voix compte • Coup de théâtre






    Le 14 mai dernier, l'Athénée présentait les spectacles de la saison 2011-12 qui commencera en septembre prochain.

    Les metteur(e)s en scène et chefs d'orchestre qui feront la programmation à venir se sont donc assis les uns après les autres dans les trois fauteuils posés dans le décor du Récit de la servante Zerline qui se donnait dans le Théâtre à ce moment-là.

    Pour découvrir les visages des artistes de l'Athénée, restez attentifs aux billets à venir sur le blog ! Des photos prises côté scène et côté coulisses vont arriver très vite.

    Bonne journée à tous.


  • C'est bien pire que je ne l'imaginais • Pleins feux




    Comme vous l'avez sans doute déjà remarqué, la communication visuelle de l'Athénée (affiches, tracts, brochure…) donne à voir des citations des textes programmés.
    Ces extraits sont choisis par l'équipe de l'Athénée et Lola Gruber, qui écrit les programmes et brochures du Théâtre, puis travaillés visuellement par le graphiste Malte Martin.

    Pour ceux qui n'ont pas encore découvert la brochure de la prochaine saison de l'Athénée ou qui souhaiteraient faire un comparatif entre un texte tout nu et sa version graphique, voici les phrases annonçant chaque spectacle de la saison 2011-12 :

    « Il faut que nos crimes fleurissent. »
    Splendid's de Jean Genet


    « C'est bien pire que je ne l'imaginais ! »
    Le Tour d'écrou, opéra de Benjamin Britten sur un livret de Myfanwy Piper


    « Heureux celui qui ne se contente pas de la beauté flatteuse, mais qui ne s'en contente pas ? »
    L'Egisto, opéra de Marco Marazzoli et Virgilio Mazzochio sur un livret de Giulio Rospigliosi


    « À trente-sept ans je me suis dit : un lion. C'est ce qu'il me faut... Un lion vivant.»
    Le Shaga de Marguerite Duras


    « On s'empêche de mourir par politesse. La salle attend, on lui doit le spectacle. »
    Savannah Bay de Marguerite Duras


    « Avec toute cette obscurité autour de moi je me sens de moins en moins seul. »
    La dernière Bande de Samuel Beckett


    « Les égouts ne sont plus dans votre nature ? »
    La Botte secrète, opéra-bouffe de Claude Terrasse sur un livret de Franc Nohain


    « La beauté de mon crime devait racheter la pauvreté de mon chagrin. »
    Les Bonnes de Jean Genet


    « Quand je le vois, couché à poil, j'ai envie de dire la messe sur sa poitrine. »
    Divine, d'après Notre-Dame-des-fleurs de Jean Genet.


    « Je suis arrivé au bout de tous les rêves. Pourquoi m'attarder avec les dormeurs? »
    Voyage d'hiver, d'après le cycle de lieder de Franz Schubert sur des poèmes de Wilhelm Müller

    « Pour renforcer le pouvoir de la couronne, il faut simuler, le rire comme l'apparence. »
    Caligula, opéra de Giovanni Maria Pagliardi sur un livret de Domenico Gisberti


    « Il ne faut pas laisser les hommes libres prendre trop de libertés. »
    Ubu enchaîné, d'après Alfred Jarry


    « Comment ai-je pu vouloir ruser avec moi-même ? »
    Nietzsche/Wagner : le Ring, opéra de Richard Wagner et textes de Friedrich Nietzsche


    « Ce que j'ai acquis à la force du poignet, je le casse tant que je veux. »
    Les Larmes amères de Petra von Kant, de Rainer Werner Fassbiner


    « On ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était. »
    Histoire du soldat, conte musical d'Igor Stravinski sur un texte de Charles-Ferdinand Ramuz


    Pour découvrir ces phrases mises en affiche, rendez-vous sur la brochure de l'Athénée ou sur le (nouveau) site du théâtre.

    Bon lundi !


  • Le blog fait le pont • Coup de théâtre




    Comme vous l'avez sans doute déjà remarqué, la communication visuelle de l'Athénée (affiches, tracts, brochure…) donne à voir des citations des textes programmés.
    Ces extraits sont choisis par l'équipe de l'Athénée et Lola Gruber, qui écrit les programmes et brochures du Théâtre, puis travaillés visuellement par le graphiste Malte Martin.

    Pour ceux qui n'ont pas encore découvert la brochure de la prochaine saison de l'Athénée ou qui souhaiteraient faire un comparatif entre un texte tout nu et sa version graphique, voici les phrases annonçant chaque spectacle de la saison 2011-12 :

    « Il faut que nos crimes fleurissent. »
    Splendid's de Jean Genet


    « C'est bien pire que je ne l'imaginais ! »
    Le Tour d'écrou, opéra de Benjamin Britten sur un livret de Myfanwy Piper


    « Heureux celui qui ne se contente pas de la beauté flatteuse, mais qui ne s'en contente pas ? »
    L'Egisto, opéra de Marco Marazzoli et Virgilio Mazzochio sur un livret de Giulio Rospigliosi


    « À trente-sept ans je me suis dit : un lion. C'est ce qu'il me faut... Un lion vivant.»
    Le Shaga de Marguerite Duras


    « On s'empêche de mourir par politesse. La salle attend, on lui doit le spectacle. »
    Savannah Bay de Marguerite Duras


    « Avec toute cette obscurité autour de moi je me sens de moins en moins seul. »
    La dernière Bande de Samuel Beckett


    « Les égouts ne sont plus dans votre nature ? »
    La Botte secrète, opéra-bouffe de Claude Terrasse sur un livret de Franc Nohain


    « La beauté de mon crime devait racheter la pauvreté de mon chagrin. »
    Les Bonnes de Jean Genet


    « Quand je le vois, couché à poil, j'ai envie de dire la messe sur sa poitrine. »
    Divine, d'après Notre-Dame-des-fleurs de Jean Genet.


    « Je suis arrivé au bout de tous les rêves. Pourquoi m'attarder avec les dormeurs? »
    Voyage d'hiver, d'après le cycle de lieder de Franz Schubert sur des poèmes de Wilhelm Müller

    « Pour renforcer le pouvoir de la couronne, il faut simuler, le rire comme l'apparence. »
    Caligula, opéra de Giovanni Maria Pagliardi sur un livret de Domenico Gisberti


    « Il ne faut pas laisser les hommes libres prendre trop de libertés. »
    Ubu enchaîné, d'après Alfred Jarry


    « Comment ai-je pu vouloir ruser avec moi-même ? »
    Nietzsche/Wagner : le Ring, opéra de Richard Wagner et textes de Friedrich Nietzsche


    « Ce que j'ai acquis à la force du poignet, je le casse tant que je veux. »
    Les Larmes amères de Petra von Kant, de Rainer Werner Fassbiner


    « On ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était. »
    Histoire du soldat, conte musical d'Igor Stravinski sur un texte de Charles-Ferdinand Ramuz


    Pour découvrir ces phrases mises en affiche, rendez-vous sur la brochure de l'Athénée ou sur le (nouveau) site du théâtre.

    Bon lundi !


  • Je ne trompe pas mon mari (normal, je ne suis pas mariée) • D'hier à aujourd'hui




    J'ai déjà eu l'occasion de vous parler des talents de chineur de l'équipe de l'Athénée en matière de vieux documents : ici par exemple, avec un programme datant de 1883, lorsque l'Athénée s'appelait Eden Théâtre.

    Aujourd'hui, découvrez quelques pages d'un programme de la pièce Je ne trompe pas mon mari de Feydeau, donnée à l'Athénée aux alentours de 1915.

     

    La couverture
    (qui, remarquez-le, n'a pas grand-chose à voir avec la pièce concernée)

     

    Présentation de l'Athénée à droite, publicité à gauche

     

    Publicité à gauche, présentation de la pièce à droite, en anglais s'il vous plaît !

     

    Toujours une publicité à gauche, distribution de la pièce à droite.

     

     

    La publicité ci-dessus en plus gros plan.

     

     

     

    Merci à Denis Léger, directeur technique de l'Athénée et grand brocanteur en chef.


    PS : grâce à vous, Antoine, stagiaire à l'Athénée, a gagné 2500 vues supplémentaires depuis hier pour sa vidéo tournée dans le Théâtre! Merci pour lui.
    Si vous n'avez pas lu le billet d'hier et que vous ne savez pas de quoi on parle, cliquez ici.


  • Lady Antoine • Coup de théâtre




    En complément des portraits de spectateurs, j'avais envie de vous proposer des portraits des gens qui travaillent à l'Athénée. Puisqu'il paraît que les derniers seront les premiers, commençons par un stagiaire.

    Antoine
    a vingt-et-un ans, et il est en stage au service communication et relations publiques de l'Athénée jusqu'en fin juillet.
    Il mesure un mètre quatre-vingt-dix, porte des espadrilles et des lunettes de soleil en forme de coeur, et apparemment, il miaule en travaillant (vous avez bien lu). Quand il ne connaît pas quelqu'un ou quelque chose, il dit "mais voilà qui" ou "mais voilà quoi", et il a beaucoup d'humour.

    Entre autres tares, Antoine est fan de la chanteuse Lady Gaga (c'est un peu comme Madonna, mais en jeune) Qu'en pensent ses collègues ?
    Églantine : — « Rien.
    Florence : — Stop aux chansons en boucle ! Je ne suis pas particulièrement fan de sa musique.
    Alexandra : —Je ne la connais comme artiste, je ne vois que ses fringues et ses coiffures dans les magazines. Je n'ai pas vraiment d'opinion. Mais depuis le clip d'Antoine que j'ai vu et revu au moins cent fois (je suis fan), je commence à me familiariser avec son univers. »

    Comment? Le "clip" d'Antoine? Mais oui : Antoine est tellement fan de Lady Gaga qu'il participe à un concours pour la rencontrer. Le principe ? Concevoir un clip sur une de ses chansons : voici celui d'Antoine, qui a été tourné à l'Athénée.

     

    Si vous ne voyez pas la vidéo, elle est ici sur YouTube.

    Plus vous serez nombreux à le regarder, plus il aura de chances de gagner, merci pour lui ! En coupant le son pour les anti-Gaga, ça marche aussi. Cela vous permettra en outre d'avoir un certain aperçu du personnage, de ses lunettes et de ses espadrilles.


    « — Antoine,  pourquoi avoir postulé à l'Athénée ?
    — Je cherchais un stage dans le spectacle vivant et c'est la première offre que j'ai vue. Je connaissais le théâtre pour avoir distribué le mensuel gratuit La Terrasse à ses spectateurs. J'aimais beaucoup leur site internet, le graphisme de leurs affiches conçues par Malte Martin...
    — Alors par contre, le blog, rien du tout, merci bien…
    —Attends ! Je connaissais le blog par ma grand-mère qui le lit tous les jours [j'en profite pour saluer la grand-mère d'Antoine, merci de votre fidélité Madame] et qui était donc vraiment contente que j'aille à l'Athénée. D'ailleurs elle ne comprenait pas bien ce que j'allais bien pouvoir y faire si ce n'était pas pour écrire sur le blog… J'étais un peu angoissé par l'entretien…
    Florence : — Mais non, tu n'étais pas stressé…?Antoine : —Mais si, j'étais stressé! C'était mon premier entretien de stage, c'était devant quatre personnes, j'avais failli me vautrer dans les escaliers…

    —Cela me fait penser que j'ai oublié une autre tare : tu t'appelles Antoine Vieillard.
    — C'était un peu pénible à l'école primaire, mais cela va mieux maintenant. J'ai quand même toujours droit à l'éternelle blague : "vous êtes bien jeune pour un vieillard"…

    — L'équipe de l'Athénée t'a choisi pour tes qualités humaines, pour ta formation mais également parce que tu fais du théâtre. Tu peux nous en dire davantage ?

    — Je fais du théâtre dans la troupe de mon école, le CELSA. Cette année, nous avons joué L'Émission de télévision de Michel Vinaver, dont la dernière sera le 20 juin au Petit Théâtre de Paris, dans le 9e. Je joue un homme de cinquante ans qui doit participer à une émission de télévision sur le chômage, et qui se fait assassiner au début de la pièce.
    — C'est un petit rôle, si tu te fais tuer dès le début…
    — Oui, mais ensuite toute la pièce parle de moi en cherchant à élucider mon meurtre, alors ça compense.

    — Comment se passe ton stage à l'Athénée ?

    — J'adore être ici ! C'est difficile de trouver un lieu, des missions, une stratégie internet, une équipe, une programmation, une politique etc. aussi bien que ce Théâtre. En plus, je ne m'attendais pas à être reçu comme ça, je suis ravi.

    — Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?
    — C'est une question horrible…. Dans l'idéal, j'aimerais travailler dans la culture et gagner pas mal d'argent.
    — Tu sais pourtant bien qu'entre "culture" et "argent", il faut souvent choisir…
    — Oui, il faudrait que j'arrête avec mes idéaux….

    — Et sinon, tu nous expliques pourquoi tu portes des lunettes de soleil en forme de cœur et des espadrilles ?
    — Elles sont à ma sœur. En fait, j'ai marché sur les miennes lors du dernier festival de théâtre auquel j'ai participé avec ma troupe, alors j'ai pris celles de ma sœur pour les remplacer. J'en avais un peu honte au début, mais maintenant j'assume.
    Quant aux espadrilles, c'est parce que ma famille a une petite maison dans le pays basque où j'adore aller en vacances. Les espadrilles, c'est le lien avec cette maison : ce sont les seules espadrilles fabriquées en France, dans le Pays Basque, et la marque s'appelle Mauleon.

    — Deux questions rituelles du blog (pour comprendre pourquoi, cliquez ici) : aimes-tu les endives au jambon et regardes-tu le sport à la télévision ?
    — Mon père en fait de très bonnes, gratinées avec un peu de gruyère et de la crème. Petite astuce : il faut mettre un carré de sucre dans la poêle pendant qu'on fait revenir les endives afin de leur ôter un peu d'amertume.
    Je regarde le foot lorsque c'est imposé par mon père et mon frère, le tennis car ça détend en période de concours (tu te dis "allez, je regarde une demi-heure et j'y vais" et en fait tu regardes tout Roland-Garros) et quelquefois les jeux olympiques.

    — Qu'aimerais-tu dire aux lecteurs du blog ?
    — Regardez ma vidéo sur Lady Gaga et abonnez-vous à l'Athénée !!!
    — C'est tout ? On voit que tu travailles dans la communication, toi…
    — Ah si, je cherche aussi une colocation à Paris à partir du mois de septembre pour un loyer d'environ cinq cents euros par mois, si quelqu'un a des idées…. »

    J'en profite pour passer le bonjour aux stagiaires en communication et relations publiques que j'ai vues passer à l'Athénée depuis mon arrivée : Léa, Inès, Mathilde, Laura, Gretel et Laetitia.
    Si vous voulez être stagiaire à l'Athénée, sachez qu'il y a des possibilités pour des stages de six mois en communication-relations publiques et au développement (location d'espaces et mécénat, où l'on trouve actuellement Mélina).

    Conseils de l'équipe de l'Athénée pour voir sa candidature retenue : aimer et connaître le spectacle vivant, avoir des compétences dans le domaine demandé, être enthousiaste, être vif et organisé, avoir un bon esprit, et ne pas être fan de Lady Gaga.

    Bonne journée à tous.


  • Rendez les armes ! • Pleins feux




    Un nouvel épisode de Splendid's !

    La saison 2010-11 de l'Athénée s'est terminée ce week-end, mais la nouvelle commencera en septembre prochain avec Splendid's de Jean Genet, dont je vous ai déjà parlé sur ce blog.

    Le spectacle Splendid's que vous découvrirez en septembre s'est en effet déjà joué il y a quelques mois, au Maroc. La metteure en scène et son assistante, Cristèle Alves Meira et Valérie Maureau, ont tenu un journal de leur périple, dont j'ai déjà publié quelques épisodes.

    Dans les volets précédents, l'on apprenait que la Malle Efik, qui transportait les armes factices destinées à servir dans le spectacle, avait été délestée de son contenu par des douaniers marocains peu disposés à laisser circuler des répliques trop véridiques de kalachnikov sur leur territoire.
    Une fois les représentations passées (avec des répliques d'armes en plastique achetées dans un magasin de jouets), Cristèle et Valérie entendent bien récupérer leur cargaison retenue à la douane et revenir avec en France. C'est là que cet épisode commence :


    « Mission accomplie avec succès malgré les moyens du bord ! Les rencontres ainsi que les expériences du séjour ont été riches, émouvantes. La Rafale a fait son coup et il faut à présent regagner Paris.

    Planifiant son périple retour, Malle Efik bien décidée à récupérer son chargement fait prévenir les autorités douanières de son départ et passe même les voir avant le jour J afin de préparer le terrain. Un accord est passé : une délégation militaire l’escortera avec sa cargaison tant discutée jusqu’au Capitaine du ferry.

    Mardi 21 décembre, sous une pluie diluvienne, Miss Efik se présente à 8h au Port de Tanger Med pour retrouver ses accessoires et prendre son bateau. Information perdue dans les couloirs du bureau des Douanes ? Oubli de l’agent ? Personne ! Une heure passe : Malle Efik, contenue par le personnel qui la prie d’attendre l’arrivée de cette fameuse délégation, demande à voir le responsable. Il la rencontre brièvement sans toutefois la rassurer.
    Puis une deuxième heure s’écoule pendant laquelle, désespérément, elle retourne voir le Chef des Douanes espérant le faire infléchir. Elle voit les ferries partir les uns après les autres sans elle. Le temps s’est arrêté. Elle sait à présent qu’elle n’aura pas le dernier train pour Madrid. Ultime rencontre avec le Chef, il lui confie qu’il ne sait pas si son affaire sera réglée aujourd’hui. Amusé par la scène ou pris d’une soudaine empathie, voyant les larmes naître dans les yeux de la Malle Efik, le Chef des Douanes attrape son téléphone portable, crie quelques mots dans son combiné et annonce que la délégation est dehors. Pas une seconde à perdre : billets échangés, passeports tamponnés, la Miss est amenée jusque dans le Ferry et quitte le Royaume du Maroc en espérant bien y revenir un jour.

    Le train pour Madrid étant parti deux heures auparavant, il faut louer une voiture et filer à travers la campagne andalouse. L’hiver est rude, le dépaysement total et de retour sur le sol européen, Malle Efik rêve à ses prochaines aventures.

    C. & V. pour la Rafale »

    Splendid's commencera le 20 septembre prochain !

     

    PS : le premier volet du journal est ici, le deuxième .


  • Interview par procuration • Entretien




    Brice Cousin joue le rôle d'Andreas, le personnage qui écoute Zerline durant tout son récit.

    Alors que nous nous étions donné rendez-vous au foyer des comédiens à l'heure où les technicien(ne)s ont à y passer pour préparer la représentation du soir, Brice m'a proposé un nouveau genre d'interview : l'interview par procuration.

    Pour chaque question que j'ai posée, Jano, Richard et Thomas, régisseur et techniciens, se sont installés sur une chaise pour répondre à la place de Brice. Même moi d'ailleurs, je me suis fait avoir en me retrouvant à devoir répondre à mes propres questions.
    Brice a ensuite répondu lui-même. Appréciez les petits décalages !



    « Clémence : —Brice, tu joues un rôle où il y a peu de répliques et où l'écoute est essentielle. On a tendance à considérer cela comme un petit rôle alors que je pense au contraire que jouer l'écoute est un exercice extrêmement difficile...

    Thomas, technicien : —Dans ce genre de rôle, c'est un peu des deux. Il faut rester concentré en ne faisant rien, et le moment venu il ne faut pas se planter. Je trouve qu'il y a une pression liée à la concentration que cela nécessite et au fait qu'il ne faut surtout pas rater les moments où l'on parle. Et en plus, il faut meubler l'espace alors qu'on n'a rien à dire...

    Brice : —Clémence, pourquoi tu penses que c'est si difficile d'écouter ?

    Clémence : —Parce que je souviens de mes cours de théâtre et de ce dialogue entre un élève et un professeur : "—Mais qu'est-ce que je fais pendant qu'elle parle ? —Ben, tu l'écoutes".
    Écouter des gens dans la vie, on le fait tous les jours sans se demander ce qu'on pourrait bien faire en même temps : et tout d'un coup au théâtre, on se sent démuni. Parce que la parole n'est plus là pour donner une contenance, le corps devient soudainement encombrant…

    Brice
    : —Je vais continuer à faire répondre les autres à ma place. Lorsque cette question a été posée par un spectateur lors d'une rencontre, c'est Marilu Marini [NDLR : qui joue avec Brice dans Le Récit de la servante Zerline] qui a répondu : "Il y a trois choses difficiles au théâtre : entrer, sortir et écouter".
    Parler ou écouter, c'est différent car il ne s'agit pas du même engagement. Nous ne sommes que deux : c'est elle qui tient le spectacle et l'attention du public, et en cela sa partie est très difficile. Ma partie est dure également, car je reste 1h20 sur un plateau sans rien dire. Il ne faut jamais se relâcher, il faut être là.
    Pour faire des petits rôles, il faut de grands acteurs (je ne dis pas que j'en suis un) : être au fond et ne rien dire, c'est difficile, tu ne peux pas prendre quelqu'un dans la rue et le poser là… On le voit bien lorsqu'on prend des cours de théâtre : marcher, rester assis, se laisser regarder, courir, tout est différent à partir du moment où tu es sur scène.
    II y a des petits rôles et des grands rôles, c'est vrai, mais les petits rôles font la pièce. Le spectateur suit le grand rôle, mais il n'existe que dans ses interactions avec les petits rôles ; quelle que soit la taille du rôle, c'est important d'en faire quelque chose et de mettre l'histoire en avant. Tous les rôles sont importants, tous doivent apporter leur pierre à l'édifice. Quand tu es jeune, tu veux beaucoup jouer, mais souvent on ne te donne que des crevettes. C'est compliqué d'avoir une crevette, certains en font des dépressions : tu passes deux mois en répétition, tu ne dois rien faire ou presque, tu finis par en conclure que donc tu ne sers à rien, et tu ne t'investis pas. Pourtant, dans une pièce, ce sont les petits rôles qui donnent l'élan. Quand un nouveau personnage entre, il remue quelque chose, crée un rebondissement : si l'acteur ne le fait pas bien, la tension de la pièce retombe.


    Clémence : —Brice, la gestuelle que tu adoptes dans le spectacle est très particulière, assez expressionniste, pas du tout… réaliste, je dirais. Est-ce que tu peux nous en dire davantage ?

    Richard, régisseur : —Ah, tu trouves que ce n'est pas réaliste ? Je ne me suis pas posé la question en ces termes. Ce que je trouve étonnant, c'est la force de mon personnage malgré le peu de texte que j'ai à dire : j'ai une vraie présence et un vrai engagement tous les soirs

    Jano, régisseur général, en passant : —Mais tu pourrais quand même faire plus souvent les carreaux. (Il sort)

    Richard : —Pour moi, cette gestuelle est plus fantomatique qu'expressionniste. C'est quelque chose qui est très présent pour le public.

    Brice : —Clémence, tu peux préciser ce que tu entends par "expressionniste" ?

    Clémence : —Je ne sais pas trop comment expliquer… Disons que la façon dont tu utilises ton corps, si elle ne parasite pas le monologue de Zerline, le ponctue. Ou plus exactement, elle lui donne du relief avec des gestes un peu décalés… Je ne sais pas si "expressionniste" est le mot, mais cela donne en tout cas une sensation d'étrangeté.

    Brice : —Oui, mais je ne sais pas si c'est voulu. Cela se dessine tout seul. En deux mois de travail, tu as le temps de proposer des choses et d'en refuser beaucoup. Je partage d'abord mes impressions avec Yves Beaunesne, le metteur en scène, et il ressort des sources : Tarkowski, Kusturica, Tati, Depardon, Zweig… Ensuite il reste la trace : je dirais qu'aujourd'hui, mon personnage est un mélange entre Tati et Rowan Atkinson —il y a même un mouvement  en particulier que j'ai emprunté à Tati.
    C'est difficile d'expliquer par où je suis passé, ce sont des parcours très compliqués. C'est une gestuelle à laquelle j'ai abouti après plusieurs mois de travail. Se mettre sur un plateau et essayer de ne rien faire, cela ne marche pas. On commence souvent par en faire énormément pour en enlever petit à petit, et à la fin il ne reste rien sauf une trace à l'intérieur de soi qui permet de ne plus rien faire car la sensation est en soi. En méditation zen, on dit : "Un homme regarde une montage,et dit:  c'est une montagne. Puis il décide de pratiquer le zen, se remet devant la montagne, et dit: ce n'est pas qu'une simple montagne, c'est autre chose, beaucoup d'autres choses. Enfin après 50 ans de pratique, il revient devant la montagne, et dit : c'est une montagne". Tu comprends ?

    Clémence : —Je vais avoir besoin de réfléchir, là…

    Brice : —Quand tu commences à travailler ce genre de rôle, tu te dis "écoute", et tu écoutes. Quand tu le refais en répétition, tu te demande si c'est suffisant, ce que tu dois faire et tu n'écoutes plus. Après l'avoir fait énormément de fois, tu n'as plus besoin de faire toutes ces choses-là et tu en reviens finalement au début : tu écoutes.
    D'ailleurs, on ne fait pas la même chose tous les soirs : un jour, ce que dit Marilu va me traverser différemment et donc me faire réagir différemment. C'est une façon d'être présent : sinon on joue seul, on n'est plus en train d'écouter, et cela se sent.
    Le Récit de la Servante Zerline, ce sont deux solitudes qui se déplacent et se croisent : pour moi, c'est donc important de donner une silhouette à mon personnage. Je ne peux pas me définir par les mots mais par le corps et par ce qu'il est. Ma manière de bouger devient le texte : c'est en accumulant les détails, comme si je dessinais un croquis petit à petit, que j'ai trouvé ce physique-là, cette étrangeté qui attire l'oeil et qui fait se poser des questions. À partir du moment où l'on se trouve à un endroit où tout le monde nous regarde, tout ce que l'on fait a un sens : on ne peut pas faire comme si ça n'en avait pas. Dès que tu fais un geste sur un plateau, c'est un signe que tout le monde interprète.



    Clémence : —Il y a un an et demi, l'Athénée accueillait la pièce Minetti de Thomas Bernhard où le comédien Serge Merlin avait en charge quasiment tout le texte.
    J'avais interviewé l'actrice Jessica Perrin, qui écoute Minetti durant tout un acte, pour savoir comment elle avait travaillé. Elle m'a expliqué qu'elle s'était imaginé tout un tas de choses sur son personnage : qu'elle s'appelait Clarisse, qu'elle avait quinze ans, qu'elle aimait le jazz… T'es-tu imaginé des choses sur le tien ?


    Jano, régisseur général : —Bien sûr. C'est un étudiant en psychologie puceau, ce qui explique certaines de ses réactions. Il est très seul dans sa tête, sans trop d'amis ni de famille, et il est souvent dans l'observation et la frustration. Il est arrivé dans la chambre de bonne par le toit, en parachute : d'ailleurs, le parachute est encore là. [NDLR : il faut voir le décor pour comprendre]

    Brice : — Chacun commence à un endroit différent. En ce qui me concerne, je ne suis pas passé par là car je ne vois pas en quoi cela m'aurait aidé. J'avais lu le roman, je savais comment était le personnage, sauf qu'on peut pas s'accrocher au roman puisqu'il ne s'agit ici que d'un chapitre : cela donne une idée, mais je ne pouvais pas m'y accrocher. Il faut se créer une identité sans limite : cela se dessine tout doucement et cela finit par exister à la fin. C'est un peu compliqué…
    On part toujours un peu de soi : en répétition, on cherche des émotions que l'on a ressenties dans sa vie pour ensuite les raccrocher aux situations et aux personnages. On commence à travailler avec cette image que l'on a en soi jusqu'au jour où l'on n'a plus besoin de se rappeler ce souvenir ou cette sensation car l'émotion est dans son corps, elle est là par elle-même. Le plus dur en fait, c'est sans doute de devoir redécouvrir le texte tous les soirs : tous les soirs, je dois jouer à celui qui n'a jamais entendu Zerline… »


    Pour entendre ou réentendre Le Récit de la Servante Zerline dans la mise en scène d'Yves Beaunesne, vous avez jusqu'à demain !

    Bon week-end.


  • Vocabulaire de l'homme à tout faire • Perspective




    La Zerline du texte d'Hermann Broch actuellement à l'Athénée est définie comme une "servante". L'actualité de ces derniers jours autant que la littérature sur le sujet nous propose cependant d'autres termes souvent considérés comme synonymes.

    En me penchant sur la signification de chacun pour en dégager les nuances, je me suis non seulement aperçue qu'il y en avait bien plus que je ne le pensais mais aussi qu'en ce domaine, le masculin avait rarement son exact équivalent féminin et vice-versa.

    Tour d'horizon des substantifs de la domesticité :


    Domestique : le mot le plus neutre, à la fois masculin et féminin.
    Adjectif relatif à la vie de la maison, au ménage et à la vie privée (ou à un animal élevé par l'homme), il désigne en substantif une personne attachée au service et à l'entretien de la maison.

    Serviteur : personne qui a des devoirs et des obligations envers une autre ou une institution. Employé attaché à une maison.
    Serviteur n'a pas de féminin en français.

    Servant, servante
    : personne employée au service d'une autre.

    Valet : domestique employé par une personne pour la servir.
    Il n'existe pas de féminin en français.

    Soubrette : jeune femme de chambre. Le mot est particulièrement employé dans le théâtre.
    Cette fois, il n'y a pas de masculin.

    Femme de chambre
    : domestique attachée au service personnel de quelqu'un ou des clients d'un hôtel.
    À ma connaissance, on ne parle jamais d'"homme de chambre" mais plutôt de "valet de chambre".

    Camérier, camérière : valet ou femme de chambre.

    Chambrière : femme de chambre
    Chambrier : grand officier de la couronne chargé de l'intendance de la chambre du roi.

    Boy : jeune domestique indigène au service d'un Européen dans les colonies ou, plus généralement, domestique de couleur. L'on trouve parfois le féminin "boyesse".

    Laquais : valet en livrée chargé d'escorter son maître ou sa maîtresse.
    Pas de féminin.

    Majordome : chef du service intérieur de la maison d'un souverain.
    Pas de féminin.

    Maître d'hôtel
    : officier préposé à la direction du service de la table.
    "Maîtresse d'hôtel" s'emploie aujourd'hui dans l'hôtellerie.

    Extra : personne effectuant un service occasionnel à l'occasion d'une fête ou d'une réception.
    S'emploie au féminin et au masculin.

    Bonne : femme employée à divers travaux domestiques.  Bonne d'enfant : personne attachée au service d'une famille pour s'occuper des enfants.
    Bizarrement, on ne parle jamais de "bon" (ça serait drôle, pourtant)



    On pourrait également parler de cocher, de portier, de journalier, de gens de maison…
    En attendant, Le Récit de la Servante Zerline est à l'Athénée jusqu'à samedi dans la mise en scène d'Yves Beaunesne et l'interprétation de Marilou Marini.

    Vous retrouverez d'ailleurs Marilou Marini sous un autre titre l'année prochaine à l'Athénée, avec Les Bonnes de Jean Genet.

    Bon(ne) après-midi !

     

    Source : Trésors de la Langue Française


  • C'est vintage • Coup de théâtre




    Décalage charmant à l'Athénée : les objets laissés par l'équipe du Récit de la Servante Zerline dans les coulisses du Théâtre suggèrent un petit écart spatio-temporel.

     

    La petite valise vintage du metteur en scène Yves Beaunesne dans le foyer-bar

     


    L'équipement de motard de Baptiste, régisseur, dans le foyer des comédiens



    Le Récit de la Servante Zerline offre une parenthèse de liberté dans un pays et une époque différents des nôtres mais pourtant pas si éloignés : c'est à l'Athénée jusqu'à samedi.


  • La parole de la femme de chambre • Perspective




    Comment ne pas penser au Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau en découvrant le Récit de la Servante Zerline d'après Hermann Broch à l'Athénée ?

    Paru dans la Revue Blanche en 1900, Le Journal d'une femme de chambre, parce qu'il donne le premier rôle à une domestique et nous dévoile les dessous peu reluisants des familles bourgeoises, offre une critique âpre de la société en même temps qu'il témoigne d'une certaine désillusion qui évite le manichéisme : exploitée par ses maîtres, mise en position de victime, Célestine est cependant loin d'être un modèle de vertu.


    En voici un extrait issu du chapitre 13 :


    « On prétend qu’il n’y a plus d’esclavage… Ah! voilà une bonne blague, par exemple… Et les domestiques, que sont-ils donc, eux, sinon des esclaves?… Esclaves de fait, avec tout ce que l’esclavage comporte de vileté morale, d’inévitable corruption, de révolte engendreuse de haines… Les domestiques apprennent le vice chez leurs maîtres… Entrés purs et naïfs — il y en a — dans le métier, ils sont vite pourris, au contact des habitudes dépravantes. Le vice, on ne voit que lui, on ne respire que lui, on ne touche que lui… Aussi, ils s’y façonnent de jour en jour, de minute en minute, n’ayant contre lui aucune défense, étant obligés au contraire de le servir, de le choyer, de le respecter. Et la révolte vient de ce qu’ils sont impuissants à le satisfaire et à briser toutes les entraves mises à son expansion naturelle. Ah! c’est extraordinaire… On exige de nous toutes les vertus, toutes les résignations, tous les sacrifices, tous les héroïsmes, et seulement les vices qui flattent la vanité des maîtres et ceux qui profitent à leur intérêt: tout cela pour du mépris et pour des gages variant entre trente-cinq et quatre-vingt-dix francs par mois… Non, c’est trop fort!…
    Ajoutez que nous vivons dans une lutte perpétuelle, dans une perpétuelle angoisse, entre le demi-luxe éphémère des places et la détresse des lendemains de chômage; que nous avons la conscience des suspicions blessantes qui nous accompagnent partout, qui, partout, devant nous, verrouillent les portes, cadenassent les tiroirs, ferment à triple tour les serrures, marquent les bouteilles, numérotent les petits fours et les pruneaux, et, sans cesse, glissent sur nos mains, dans nos poches, dans nos malles, la honte des regards policiers. Car il n’y a pas une porte, pas une armoire, pas un tiroir, pas une bouteille, pas un objet qui ne nous crie: "Voleuse… voleuse!… voleuse!"
    Ajoutez encore la vexation continue de cette inégalité terrible, de cette disproportion effrayante dans la destinée, qui, malgré les familiarités, les sourires, les cadeaux, met entre nos maîtresses et nous un intraversable espace, un abîme, tout un monde de haines sourdes, d’envies rentrées, de vengeances futures… disproportion rendue à chaque minute plus sensible, plus humiliante, plus ravalante, par les caprices et même par les bontés de ces êtres sans justice, sans amour, que sont les riches…
    Avez-vous réfléchi, un instant, à ce que nous pouvons ressentir de haines mortelles et légitimes, de désirs de meurtre, oui, de meurtre, lorsque pour exprimer quelque chose de bas, d’ignoble, nous entendons nos maîtres s’écrier devant nous, avec un dégoût qui nous rejette si violemment hors l’humanité: "Il a une âme de domestique… C’est un sentiment de domestique…"? Alors que voulez-vous que nous devenions dans ces enfers?… Est-ce qu’elles s’imaginent vraiment que je n’aimerais pas porter de belles robes, rouler dans de belles voitures, faire la fête avec des amoureux, avoir, moi aussi, des domestiques?… Elles nous parlent de dévouement, de probité, de fidélité… Non, mais vous vous en feriez mourir, mes petites vaches!…

    Une fois — c’était rue Cambon… en ai-je fait, mon Dieu! de ces places — les maîtres mariaient leur fille. Il y eut une grande soirée, où l’on exposa les cadeaux, des cadeaux à remplir une voiture de déménagement. Je demandai à Baptiste, le valet de chambre, en manière de rigolade…
    —Eh bien, Baptiste… et vous?… Votre cadeau?
    —Mon cadeau? fit Baptiste en haussant les épaules.
    —Allons… dites-le!
    —Un bidon de pétrole allumé sous leur lit… Le v’là, mon cadeau…
    C’était chouettement répondre. Du reste, ce Baptiste était un homme épatant dans la politique
    —Et le vôtre, Célestine?… me demanda-t-il à son tour.
    —Moi?
    Je crispai mes deux mains en forme de serres, et faisant le geste de griffer, férocement, un visage.
    —Mes ongles… dans ses yeux! répondis-je.
    Le maître d’hôtel à qui on ne demandait rien et qui, de ses doigts méticuleux, arrangeait des fleurs et des fruits dans une coupe de cristal, dit sur un ton tranquille:
    Moi, je me contenterais de leur asperger la gueule à l’église, avec un flacon de bon vitriol…
    Et il piqua une rose entre deux poires. »


    Le Récit de la Servante Zerline, donne également la parole à une femme de chambre et révèle l'intimité des maîtres, mais offre aussi un portrait d'une femme libre et indépendante qui n'a de domestique que le titre.

    C'est à l'Athénée jusqu'à samedi
    , dans une mise en scène d'Yves Beaunesne et une interprétation de Marilou Marini. Bon mardi !


  • Voix de femmes • Pleins feux




    Comme une parenthèse dans l'agitation médiatique de ces derniers jours, l'Athénée accueillait samedi le récital Complaintes et Berceuses.

     

     

    Dans le décor du Récit de la Servante Zerline, la mezzo-soprano Isabelle Druet et la pianiste Anne Le Bozec ont proposé une heure de chansons douces, rêveuses ou fiévreuses.

     


    Le Récit de la Servante Zerline se joue encore cette semaine : pour découvrir l'histoire d'une autre femme de chambre, vous avez jusqu'à samedi.

    Bon début de semaine !

     

     


  • Une histoire à laquelle on ne comprend pas tout • Entretien




    Isabelle Druet interprétait le rôle de Didon dans Didon et Énée passé récemment à l'Athénée.
    Demain à 15h, elle donnera un récital intitulé Complaintes et berceuses à l'Athénée, accompagnée de la pianiste Anne Le Bozec : en partance pour Bruxelles où elle était invitée sur le plateau de la RTBF, Isabelle a accepté de répondre à mes questions. Conversation téléphonique depuis la Gare du Nord de Paris :



    « — Pourquoi avoir appelé ce concert "complaintes et berceuses" ?
    — J'avais depuis un moment l'envie de travailler sur le thème de la berceuse et de la complainte : ce sont les complaintes qui me touchent le plus, ces histoires un peu tragiques dans les musiques traditionnelles. J'ai expérimenté ce répertoire avant de venir au chant lyrique : c'est ce qui m'attirait chez certains compositeurs allemands, mais l'on trouve également des correspondances chez les Français Duparc et Chausson.

    Au départ, nous avions pensé à un récital autour la berceuse uniquement, mais je n'avais pas envie que cela soit trop calme ou trop monotone. La complainte permettait d'avoir deux visions, de vivre deux aventures différentes : l'apaisement de la berceuse et le côté tragique de la complainte. Ce sont deux styles qui se marient bien et qui permettent d'aborder des compositeurs moins connus en allant d'un genre à l'autre  : il ne s'agit pas du tout des mêmes univers musicaux, et pourtant il y a des liens.


    — Effectivement, le programme semble hétéroclite à première vue : Duparc et Chausson (deux compositeurs français fin 19e-début 20e), Zemlinsky (un Autrichien du début du 20e siècle), Britten (un Britannique du 20e siècle) et Montsalvatge (un Espagnol disparu en 2002).
    Est-ce que tu peux expliquer comment s'est constitué le programme musical de ce concert ?

    — Cela s'est construit en plusieurs temps et les œuvres se sont imposées petit à petit pour former un ensemble qui s'articule bien. En fait, nous avions participé à un concert donné à la salle Pleyel dans un but humanitaire et où nous avions joué des œuvres de Britten, Montsalvatge et Strauss sur l'idée de la berceuse.
    Anne Le Bozec [qui accompagne Isabelle Druet au piano] et moi-même avons eu envie de développer ce programme en jouant les cycles entiers et d'y ajouter Duparc, Chausson puis Zemlinsky. Cela nous permettait de balayer un sceptre musical assez large sans pour autant proposer un programme incohérent.

    J'aime beaucoup le poète Maeterlinck, c'est comme cela que je suis venue à Zemlinsky [compositeur des Maeterlinck Lieder] ; et au niveau de l'atmosphère, les textes des trois Lieder de Chausson vont très bien avec Maeterlinck. Avec Duparc, on commence par la complainte pour terminer par un pays où se fait la guerre, tandis qu'A charm of Lullabies de Benjamin Britten est assez drôle et pas toujours apaisé, pour ce qui est censé être un cycle de berceuses! On passe par exemple d'une berceuse très douce à une pièce où la mère menace son enfant qui ne veut pas s'endormir : ce n'est pas du tout uniforme.
    Quant à Montsalvatge, c'est Anne Le Bozec qui avait très envie de faire ce cycle : c'est une poésie très évocatrice qui fait un peu penser aux comptines enfantines dont l'on ne comprend pas bien d'où peuvent venir les paroles.

    — C'est sûr que ces histoires de pomme de reinette et de pomme d'api ou de souris verte, c'est pour le moins étrange…

    — Oui, ou "Bateau sur l'eau, la rivière au bord de l'eau" : je ne sais pas quoi répondre à mon fils lorsqu'il me demande ce que signifient ces paroles !… Pour en revenir à Montsalvatge, ce sont des mélodies avec une atmosphère espagnole et une touche de poésie qui permettent de terminer sur une envolée un peu étrange. Le cycle est très varié : on passe d'une mélodie très rythmée évoquant un lézard et une lézarde qui pleurent à des choses lyriques très douces.
    J'aime bien ce côté médiéval où l'on imagine une dame avec sa harpe qui chante des chansons dans sa tour : j'ai envie de retrouver cette atmosphère un peu magique où on se laisse emporter par un conte auquel on ne comprend pas toujours tout. »


    Pour vous laisser emporter par les contes d'Isabelle Druet, c'est demain à l'Athénée à partir de 15h pour le récital Complaintes et Berceuses qui dure 1h.

    Le Récit de la Servante Zerline mis en scène par Yves Beaunesne reprendra ses droits le soir-même à 20h et se joue jusqu'à la semaine prochaine !

    Bon week-end.

     

    PS : mardi, j'ai publié deux des poèmes mis en musique dans ce récital : pour les (re)lire, c'est ici.


  • Les lumières de la femme de chambre • Coulisses




    Il y a longtemps, je vous avais parlé de la servante, cette lampe que l'on laisse allumée sur les plateaux de théâtre après les représentations ou les jours de relâche (pour savoir pourquoi, mon billet sur la question est ici).

    Photographier le décor du Récit de la servante à la lumière d'une servante, quoi de plus tentant ?

     

     

     

    Pour découvrir le décor du Récit de la servante Zerline mis en scène par Yves Beaunesne en pleine lumière, vous avez jusqu'à la fin de la semaine prochaine !

    Bon jeudi


  • Prenez garde, on y voit à peine • Pleins feux




    Ceux qui ont vu Didon et Énée il y a dix jours à l'Athénée se souviendront sans doute de la mezzo-soprano Isabelle Druet, qui interprétait Didon.
    Et ceux qui ne l'ont pas vu seront peut-être contents d'apprendre qu'une séance de rattrapage aura lieu samedi après-midi : à 15h, Isabelle Druet viendra pour un récital sur le thème de la complainte et de la berceuse.

    Quelques-unes des œuvres choisies sont des poèmes mis en musique : Alexander von Zemlinsky, un compositeur autrichien du début du 20e siècle, a utilisé des poèmes du belge Maurice Maeterlinck, tandis qu'Ernest Chausson, un compositeur français du 19e siècle, a repris des poèmes du français Camille Mauclair.

    Voici l'un des poèmes de Maeterlinck mis en musique par Zemlinsky dans ses Maeterlinck Lieder, suivi d'un poème de Camille Mauclair utilisé par Chausson dans ses Lieder opus 27:


    MAURICE MAETERLINCK - Quinze chansons


    IX
    « Elle est venue vers le palais
    — Le soleil se levait à peine —
    Elle est venue vers le palais
    Les chevaliers se regardaient
    Toutes les femmes se taisaient.

    Elle s’arrêta devant la porte
    — Le soleil se levait à peine —
    Elle s’arrêta devant la porte
    On entendit marcher la reine
    Et son époux l’interrogeait.

    Où allez-vous, où allez-vous ?
    — Prenez garde, on y voit à peine —
    Où allez-vous, où allez-vous ?
    Quelqu’un vous attend-il là-bas ?
    Mais elle ne répondait pas.

    Elle descendit vers l’inconnue
    — Prenez garde, on y voit à peine —
    Elle descendit vers l’inconnue
    L’inconnue embrassa la reine
    Elles ne se dirent pas un mot
    Et s’éloignèrent aussitôt.

    Son époux pleurait sur le seuil
    — Prenez garde, on y voit à peine —
    Son époux pleurait sur le seuil
    On entendait marcher la reine
    On entendait tomber les feuilles. »




    CAMILLE MAUCLAIR - LES HEURES

    « Les pâles heures, sous la lune,
    En chantant jusqu'à mourir,
    Avec un triste sourire,
    Vont une à une
    Sur un lac baigné de lune,
    Où, avec un sombre sourire,
    Elles tendent, une à une,
    Les mains qui mènent à mourir;
    Et certains, blêmes sous la lune
    Aux yeux d'iris sans sourire,
    Sachant que l'heure est de mourir,
    Donnent leurs mains une à une
    Et tous s'en vont dans l'ombre et dans la lune
    Pour s'alanguir et puis mourir
    Avec les Heures une à une,
    Les Heures au pâle sourire. »

     

    Accompagnée d'Anne Le Bozec au piano, Isabelle Druet interprétera des œuvres de Henri Duparc, Benjamin Britten, Ernest Chausson, Alexander von Zemlinsky et Xavier Montsalvatge dans le cadre de la résidence de la Fondation Royaumont à l'Athénée. Rendez-vous samedi à 15h à l'Athénée !

    Le Récit de la Servante Zerline d'après Hermann Broch mis en scène par Yves Beaunesne continue à se jouer jusqu'au 28 mai. La devinette de lundi est toujours active sur le blog !


  • Dans son dos • Coulisses




    À l'Athénée, le décor du Récit de la Servante Zerline est conçu comme une boîte dont on aurait ouvert l'un des côtés pour le public. Mais qu'y a-t-il au verso ?

    Le décor vu du dessus

     

     

    Sur le côté droit (ou "à cour")

     


    Derrière le décor

     


    Derrière le décor



    Pour voir le décor côté face (avec les acteurs dedans), c'est jusqu'au 28 mai à l'Athénée ! Si vous êtes là ce soir, restez après le spectacle : vous pourrez discuter avec le metteur en scène et les comédiens après la représentation au foyer-bar.

    Bon mardi !

     

    PS : la devinette d'hier est toujours active ! Rendez-vous pour y répondre ici.


  • La devinette du lundi • Coup de théâtre




    Brice Cousin et Marilu Marini, qui jouent en ce moment à l'Athénée Le Récit de la Servante Zerline d'après Hermann Broch, ont un point commun.
    D'après vous, lequel ?

     

    - Ils ont été nommés officiers des Arts et Lettres
    - Ils sont également metteurs en scène
    - Ils ont déjà joué à l'Athénée auparavant
    - Ils ont des origines argentines

    N'hésitez pas à répondre au sondage en cliquant ici ! (le sondage est à droite sur la page)



    Le Récit de la Servante Zerline
    d'après Hermann Broch et mis en scène par Yves Beaunesne se joue jusqu'au 28 mai 2011. Bonne journée !


  • Je découvre tout • Pleins feux




    À l'Athénée, Le Récit de la Servante Zerline a commencé hier.
    Le texte a été adapté d'un passage du roman Les Irresponsables écrit par l'écrivain autrichien Hermann Broch en 1950.

    En voici un passage, situé au début du spectacle, dans la traduction et l'adaptation de  Marion Bernède et Yves Beaunesne :


    « Ce sont des semblants de mensonges qu’elle a à la bouche, des mensonges aggravés derrière lesquels elle cache toute l’abomination… Je ne sais pas du tout ce qu’elle peut bien mijoter avec le livre de prières, ni dans quel lit elle se précipite… Je finirai malgré tout par le découvrir… je découvre tout. 
     
    Je découvre tout. J’ai aussi découvert comment la viei… comment Madame la Baronne s’est fait faire l’enfant à l’époque… J’ai même fini par le découvrir très rapidement. Je n’étais déjà plus toute jeune, plus toute niaise à l’époque, c’était il y a longtemps, plus de trente ans. À l’époque, oui, à l’époque j’étais encore chez Madame la Générale… [...] Mais à cette époque-là, Son Excellence était déjà morte.
    Un beau jour, c’était en février, je m’en souviens comme si c’était hier, la neige humide collait aux carreaux, Madame la Générale me sonne. Je monte. "Zerli, Zerli tu sais que nous devons réduire notre train de vie, mais je ne veux pas te perdre complètement… Ne voudrais-tu pas aller chez ma fille ? Elle attend un enfant et je préférerais que ce soit toi qui aille là-bas auprès de mon petit-fils, plutôt qu’une bonne d’enfants étrangère."

    Oui, j’ai obéi et je suis partie. Le cœur lourd, malgré tout. Je n’étais déjà plus si jeune et Dieu sait que j’aurais préféré avoir mes propres enfants et m’en occuper. Mais quand une fille entre en service, elle doit se sortir ces pensées-là de la tête : il faut renoncer à tout cela et un enfant est un accident qu’elle doit redouter. »



    Pour entendre la suite dans la bouche de l'actrice Marilu Marini, c'est jusqu'au 28 mai !

    Et demain après-midi, découvrez la prochaine saison de l'Athénée : pour entendre parler des spectacles qui se joueront à partir de septembre et en rencontrer les artistes, venez à l'Athénée demain à partir de 15h. Un verre est offert à l'issue de la présentation et l'entrée est libre dans la limite des places disponibles.

    Bon week-end !


  • Le teint brouillé • Coulisses




     

    À l'Athénée, l'actrice Marilu Marini est arrivée hier. J'ai pris cette photo par l'arrière du décor, à travers une vitre en verre opaque : pour voir Marilu Marini en version nette, c'est à partir de ce soir à l'Athénée !

    Le Récit de la servante Zerline, d'après le roman Les Irresponsables d'Hermann Broch, se joue jusqu'au 28 mai à l'Athénée dans la mise en scène d'Yves Beaunesne, avec Marilu Marini et Brice Cousin.

    Bonne journée !


  • Non, rien à déclarer, Monsieur le douanier • Pleins feux




    En février dernier, je vous parlais de la pièce Splendid's de Jean Genet qui se jouera à l'automne prochain à l'Athénée.

    Le spectacle a été créé au Maroc cet hiver, non sans difficultés logistiques : la pièce de Genet, qui évoque une violente prise d'otage, nécessite en effet que les acteurs jouent avec des répliques de kalachnikov.
    Et voyager de la France au Maroc avec des kalachnikov, même fausses, s'avère bien compliqué… Comme prendre l'avion est impossible, il a fallu prendre le train avec une malle à roulettes contenant la précieuse cargaison.

    Cristèle Alves Meira, metteure en scène, et Valérie Maureau, son assistante et dramaturge, ont raconté leur périple dans un journal : dans le premier volet publié sur le blog ici, elles y racontaient qu'après avoir voyagé via la France et l'Espagne, la malle, surnommée Efik, avait été confisquée à son arrivée au Maroc.


    La suite aujourd'hui :


    « Dans le précédent épisode, nous vous rapportions l’épopée d’Efik d’Austerlitz à Tanger et surtout comment elle s’est faite déposséder de sa précieuse cargaison.

    Plus de deux semaines ont passé depuis l’arrivée de la Rafale et de la malle Efik en terre marocaine et les autorités marocaines, toujours terrorisées par son chargement, restent dans un mutisme déconcertant. L’arrivée du Roi en ville ? Les troubles au Sahara ? Bien des prétextes et toujours pas de répliques. Désarmés, il nous faut sortir de cette crise.

    D’abord, dans l’espoir que la situation se débloque, nous nous contentons pour répéter de bouts de bois rudimentaires. À quelques jours de la première, toujours sans réponse, pris au piège et lucides de notre impuissance, nous partons à la recherche de nouvelles armes factices.
    Notre terrain d’action est limité aux boutiques de jouets. Au milieu de modèles des plus originaux, nous optons pour la sobriété du colt MK IV. Confronté avec succès au public de Fès, le plastique a malgré tout fait son effet. Nous poursuivons les représentations et nous nous résignons à présent à cette triste réalité.

    Une question subsiste : Malle Efik arrivera-t-elle à récupérer des mains des douaniers son chargement pour son retour vers Paris?

    C. & V. pour la Rafale


    PS : la Rafale fait parler d'elle sur France Inter (reportage du 13/12/10»

     

    Après Fès, Tétouan, Tanger et Larache au Maroc, Splendid's de Jean Genet mis en scène par Cristèle Alves Meira s'installera à l'Athénée en fin septembre prochain !

     

    Ajout : la suite du journal est ici.


  • Tous (ir)responsables • Pleins feux




    Souvent rapproché de Musil, Joyce et de Kafka, Hermann Broch est un écrivain autrichien né à Vienne en 1886 et mort aux États-Unis en 1951. Ingénieur et directeur d'une usine de textile, il quitte son métier à quarante ans passés pour se consacrer à sa carrière d'écrivain.

    Son premier succès littéraire est la trilogie Les Somnambules : éditée en 1931, elle renouvelle la technique du roman (elle sera souvent comparée à l'Ulysse de James Joyce) et témoigne de la décomposition d'un monde où les valeurs s'effondrent dans un sentiment de grand désarroi.

    Son œuvre révèle en filigrane la dissolution des valeurs morales et la recherche d'un nouvel humanisme, et témoigne de la montée des fascismes.
    Exilé aux États-Unis après l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne (et son bref emprisonnement), Hermann Broch s'emploiera d'autant plus à dénoncer la barbarie ambiante et à pousser au réveil des consciences.

    En 1945, Hermann Broch publie La Mort de Virgile, qui évoque les dernières heures de Virgile et sera considéré comme son chef-d'œuvre : qu'est-ce qui a pu pousser Virgile à vouloir brûler son Énéide, comme la légende le raconte ? À quoi sert l'art dans notre société ? Quelle est la responsabilité de l'écrivain ?

    Le Tentateur
    , publié en 1953 malgré un remaniement que Broch n'a pas pu achever, illustre le déchaînement qui a mené à l'avènement du nazisme : le personnage de Marius Ratti, qui ressemble fortement à Hitler, sème le chaos en prêchant un nouvel idéal spirituel.

    Le Récit de la servante Zerline que vous pourrez voir à l'Athénée à partir de jeudi est tiré du roman Les Irresponsables paru en 1950, qui évoque l'indifférence des citoyens permettant la montée de la barbarie.
    Ce passage est le récit de vie de cette servante autant qu'un portrait de femme indépendante, libre et pleine de désir.

    Ce passage du roman avait déjà été adapté pour le théâtre en 1989 avec Jeanne Moreau : à l'Athénée, vous pourrez le découvrir dans la voix et le corps de l'actrice Marilu Marini, que vous avez peut-être déjà vue au théâtre dans des mises en scène d'Alfredo Arias, Arthur Nauzyciel, Jean-Michel Ribes ou Georges Lavaudant, et à l'Athénée dans Les Bonnes de Genet en 2001.

    Le Récit de la servante Zerline d'Hermann Broch mis en scène par Yves Beaunesne commence jeudi à l'Athénée !

    Bon mardi.


  • Je suis un boulet • Coup de théâtre




    Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part je suis toujours très émue lorsque les applaudissements d'un spectacle se transforment en véritable ovation avec rappels à n'en plus finir —sauf quand, évidemment, je suis consternée de ce que j'ai vu sur scène et que je me demande bien ce qui vaut un tel succès.

    Il se trouve que le Didon et Énée qui vient de se terminer à l'Athénée a été très applaudi tous les soirs : hier, j'étais ainsi présente en salle lors de la dernière dans l'idée précise d'enregistrer les acclamations du public et vous les livrer sur le blog.
    J'étais tellement émue et par les dernières minutes de l'opéra et par le triomphe qui a suivi que j'ai complètement oublié de sortir mon enregistreur. Je m'en suis rendu compte une bonne quarantaine de minutes après.

    C'est Camille Poul, qui interprétait le rôle de Belinda dans Didon et Énée et à qui je confiais mon étourderie au bar du théâtre après la représentation en me demandant ce que j'allais bien pouvoir vous écrire aujourd'hui, qui m'a donné l'idée de raconter mon moment d'absence.
    On se sent toujours un peu honteux d'avoir mal fait son travail (ou plutôt de l'avoir complètement oublié pendant une heure), mais je sais que vous serez indulgents.

    Didon et Énée mis en scène par Bernard Levy et dirigé par Sébastien d'Hérin se joue demain au Théâtre d'Angoulême, après-demain à la Coursive de la Rochelle et le samedi 18 juin à l'abbaye de Noirlac (près de Bourges).

    Bon début de semaine !

    PS : il s'agit d'autres chanteurs et musiciens, mais ceux qui ne connaissent pas l'opéra Didon et Énée pourront avoir une idée la puissance de ses dernières minutes en les écoutant ici : When I am Laid in Earth et With Dropping Wings.


  • Entretien en chef • Entretien




    Sébastien d'Hérin est le directeur musical de Didon et Énée actuellement à l'Athénée. Interview vidéo avant la première qui a eu lieu hier soir, et pendant que quelques chanteurs faisaient leurs vocalises dans les loges adjacentes :

     

    La vidéo est ici sur YouTube.

     

    Didon et Énée dirigé par Sébastien d'Hérin et mis en scène par Bernard Lévy se joue encore ce soir, demain et dimanche.


    Ce soir à 18h30, le musicologue Jacques Amblard vous donnera quelques clés sur l'œuvre. Et après la représentation, rendez-vous au foyer-bar pour une vente et une dédicace des enregistrements des chanteuses Isabelle Druet et Edwige Parat !


  • "—I'll stay. —Away !" • Pleins feux




    Le livret de Didon et Énée, l'opéra de Purcell qui se joue à partir de ce soir à l'Athénée, a été écrit au 17e siècle par l'écrivain Nahum Tate à partir de sa propre pièce, Brutus of Alba or The Enchanted Lovers (Brutus d'Albe ou Les Amoureux enchantés), une tragédie reprenant le mythe de Didon et Énée.

    Didon (aussi appelée Élissa) est la princesse de Thyr qui, après avoir fui la Phénicie suite au meurtre de son mari, aurait fondé la ville de Carthage (actuelle Tunisie) au 9e siècle avant Jésus-Christ.
    Si sa vie a été relatée, sous une forme sans doute déjà romancée, par l'Histoire universelle de Trogue Pompée (contemporain de César), le personnage de Didon s'est retrouvé dans de nombreuses œuvres d'art, en particulier dans L'Énéide de Virgile.

    Si Didon reste reine de Carthage dans L'Énéide, Virgile s'écarte ensuite de la réalité historique et utilise le personnage à sa manière.
    Énée, personnage central de L'Énéide, échoue à Carthage, dont Didon est donc reine (1), après avoir fui Troie : Didon et Énée tombent amoureux l'un de l'autre, mais les Dieux ordonnent à ce dernier de partir. Il fondera ensuite la ville d'Alba Longa, l'une des plus anciennes cités d'Italie, près de Rome.

    Dans la version de Nahum Tate et Purcell, ce sont des sorcières jalouses de Didon qui se font passer pour Mercure afin de briser l'amour de Didon et Énée en le poussant à partir. Extrêmement resserrée, l'action de l'opéra commence au moment où Didon et Énée sont déjà ensemble et conscients de s'aimer.

    Pour voir et écouter Didon et Énée mis en scène par Bernard Levy et dirigé par Sébastien D'Hérin, c'est à l'Athénée pour quatre représentations à partir de ce soir et jusqu'à dimanche.
    La distribution est composée d'Isabelle Druet, Arnaud Guillou, Agathe Boudet, Fiona McGown, Edwige Parat, Camille Poul, François Rougier, Antoine Strub, Anna Wall qui remplace Sarah Jouffroy, le chœur Aedes et l'ensemble Les Nouveaux Caractères.

    Vendredi, vous pourrez écouter le musicologue Jacques Amblard vous donner quelques clés sur Didon et Énée avant la représentation (rendez-vous 18h30 au foyer-bar). Et après la représentation, les chanteuses Isabelle Druet et Edwige Parat dédicaceront leurs enregistrements au foyer-bar.


    Bonne journée à tous.


    (1) Ça me fait penser : les nostalgiques des jeux de mots de Pierre Desproges sur Ondine et Ondon pourront rire ici.


  • Pourquoi rester à Paris quand on peut aller à Versailles ? • Coulisses




    Comme je vous le disais en mars, Didon et Énée s'est joué à l'Opéra Royal de Versailles avant de s'arrêter à l'Athénée à partir de demain soir.

    Parce que je suis une blogueuse à géométrie variable, je m'étais exportée dans les coulisses de l'Opéra Royal de Versailles lors des répétitions et préparatifs de Didon et Énée. Morceaux choisis :

     

    L'ensemble les Nouveaux Caractères et le Chœur Aedes
    en fosse de l'Opéra Royal de Versailles, dirigés par Sébastien D'Hérin.

     

    Le chef d'orchestre Sébastien D'Hérin

     

     

    Les Nouveaux Caractères dans la fosse de l'Opéra Royal de Versailles

     

    Le chef d'orchestre Sébastien D'Hérin avec les violonistes Benjamin et Christophe.

     

    Coline, administratrice des Nouveaux Caractères, dans l'ombre pendant la répétition.



    Quelques artistes dans l'Opéra Royal de Versailles

     

    Isabelle Druet, interprète du rôle de Didon, dans sa loge.

     

    Arnaud Guillou, interprète du rôle d'Énée, dans sa loge.

     

    Edwige Parat, interprète du rôle de la seconde suivante, dans sa loge.

     

     

    Didon et Énée commence demain et se joue jusqu'à dimanche dans une mise en scène de Bernard Lévy et une direction musicale de Sébastien d'Hérin.

     

     

    Merci à l'Opéra Royal de Versailles


  • Écrits de spectateur (7) • Entretien




    Je vous ai déjà parlé de Camille, l'auteur du précédent écrit de spectateur ; Camille travaille au théâtre de La Coursive (La Rochelle), qui a deux spectacles en commun avec l'Athénée cette saison : Phi-Phi et Didon et Énée.

    À l'occasion de Phi-Phi, Camille m'avait fait parvenir les photos qu'il avait prises des répétitions. Pour Didon et Énée, il nous livre cette fois le portrait qu'il a fait d'Isabelle Druet, l'interprète du rôle de Didon, rencontrée chez elle en février :


    « Un lundi ensoleillé de février et Besançon prend des allures printanières. Bien caché au fond d’une longue cour dont cette ville a le secret, se niche l’appartement d’Isabelle Druet. Son foyer, son oasis pour un premier jour de vacances bien méritées après de longs mois de travail. Enfin, vacances… C’était sans compter sur l’appétit vorace du magazine de La Coursive, l’empêcheur de buller en rond, trop curieux d’en savoir plus sur la valeur montante de l’opéra français.
    L’accueil est chaleureux, le café délicieux et un grand gaillard de presque deux ans demande expressément un câlin au nouvel arrivant, qui s’exécute bien volontiers de peur de froisser son jeune hôte. Le chat vient se lover sur les genoux. La discussion peut commencer. On imagine souvent qu’une chanteuse d’opéra, a fortiori multi-primée et au tonitruant début de carrière, est forcément une diva. Raté. Isabelle Druet est une nature, vous accueille à la maison en ami et vous rassure : elle aime les interviews. Ça tombe bien.

    Pour Isabelle, l’année 2011 commence comme un marathon avec deux grands rôles, Carmen à Nancy et Didon en tournée. Un rêve pour une chanteuse lyrique, et un sacré boulot : Carmen, c’est trois heures de présence scénique, des jours entiers de répétitions et des cours intensifs de flamenco.
    Joli contraste avec la fulgurance de Didon et Enée, une heure à peine mais au moins tout aussi intense à chanter. "Je suis comblée, dit Isabelle en souriant, d’autant plus que l’Enchanteresse, la rivale machiavélique, a été mon premier rôle sur scène. C’est tellement fort de pouvoir interpréter Didon maintenant."
    Didon et son amour impossible, contrarié par les Dieux. De son personnage, elle en parle comme d’une amie mélancolique. "Didon possède plusieurs facettes, elle se refuse à l’amour, ne veut surtout pas s’y abandonner. C’est une femme torturée dès le départ, elle pleure même sur son premier air. Je pense qu’il faut lui donner des bouffées d’oxygène, de brefs moments où elle lâche prise vers le bonheur."
    À mille lieux du caractère de son interprète, Didon se laissera mourir de voir partir son Enée dans un déchirant Remember me, "un des bijoux de l’opéra" pour Isabelle. "Je ne l’avais jamais chanté sur scène. Cet air est d’une puissance… C’est un plaisir immense à interpréter mais qui se double d’une certaine appréhension : il arrive à la toute fin et est très attendu, doit être d’une extrême justesse vocale tout en marquant bien l’abandon, la vie qui quitte Didon, la mort qui s’immisce lentement. C’est drôle parce que c’est ce que je me demandais en débutant ma carrière: comment être crédible en mourant pendant dix minutes ?"

    C’est là qu’une des grandes forces d’Isabelle Druet apparaît dans toute sa splendeur. Sa théâtralité. Loué par la critique depuis qu’elle s’est fait connaître, son jeu de comédienne est d’une intensité et d’une justesse incroyables. Il faut dire que l’amour du théâtre jalonne son parcours pour le moins atypique.
    Embarquée après le bac dans une formation théâtrale, Isabelle Druet crée alors sa propre compagnie —La Carotte, qui existe encore et dont s’occupe aujourd’hui son compagnon— et devient comédienne. Théâtre d’objets, de mouvement, clown et même des opéras de rue dont un mémorable "thriller musical" joué pendant quatre ans au gré des festivals.
    Évidemment, le besoin de chanter, impérieux, ancré en elle depuis toute petite, n’est jamais loin : "Je n’ai jamais fait un spectacle où je ne chantais pas ! Avoir pratiqué le théâtre m’aide évidemment beaucoup aujourd’hui mais le fait de m’être essayée à d’autres genres de musiques également". Tiens ? "J’ai joué dans un groupe de reggae pendant un an, lâche-t-elle sous la contrainte. On tournait à Besançon, dans les bars. Je chantais en anglais mais nous avions quelques compos en français, dont l’adaptation de textes de Queneau. Je me suis aussi intéressée aux musiques traditionnelles… Et puis je suis partie à Paris, au CNSM".
    Le Conservatoire devient alors sa deuxième maison. Elle y apprend énormément, y passe une Maîtrise ayant pour sujet "la construction du personnage dans l’opéra", rencontre le chant lyrique et y trouve sa voie (voix ?). Puis c’est l’explosion. Elle sort en 2007 avec les félicitations unanimes du jury et enchaîne très vite rôles et prix : Révélation classique lyrique de l’Adami et 2e prix au prestigieux Concours international de la Reine Elisabeth de Belgique, avant d’obtenir en 2010 la Révélation Classique Lyrique des Victoires de la Musique. Plateau télé en direct, "le gros truc. C’était génial, un moment très particulier. Il faut se prêter au jeu mais en même temps, quel plaisir !" D’autant que la reconnaissance vient à la fois du sérail, qui choisit les trois finalistes, et du public, qui vote pour trancher.

    Entre temps, elle a enregistré deux disques et récolté quelques Chocs, Diapasons et F au passage, elle a joué avec les Philharmonies de Berlin, du Luxembourg, les Orchestres Nationaux de Belgique ou du Pays de Galles, elle s’est produite à Tokyo, au Palazetto de Venise, à l’Opéra de Bilbao (esthétiquement son préféré), au Châtelet, au Théâtre des Champs-Elysées…
    Sur scène, à l’opéra ou en récital, elle joue au propre comme au figuré, prend le plaisir où il est et n’a certainement pas fini d’en donner. "Il faut raconter une histoire, la défendre, la vivre et la faire vivre. J’ai la chance d’avoir expérimenté beaucoup, poussé loin le jeu. L’image du chanteur d’opéra statique, quand il fallait fermer les yeux pour pouvoir apprécier au mieux la voix, a changé depuis vingt ans. On cherche aujourd’hui à explorer, à offrir un réel investissement scénique, sans s’économiser, chacun avec ses propres armes". Et son arc vocal possède beaucoup de cordes.

    Une liberté studieuse qui l’amène même à jouer au mythique Carnegie Hall de New York sous la direction du maître William Christie. Avec Didon et Énée, elle passera par La Rochelle mais aussi au Théâtre de l’Athénée à Paris et à l’Opéra Royal de Versailles, où elle s’est déjà produite. En 2012, elle fera également ses débuts à l’Opéra de Paris dans Salomé de Strauss. Tout un programme.

    Isabelle Druet continue de se construire "en lisant beaucoup de théâtre notamment. Je ne suis pas une bibliothèque ambulante mais j’ai besoin de me nourrir d’une palette très large." Elle se passionne ainsi pour les sciences sociales, écoute beaucoup de musique, des voix bien sûr mais finalement assez peu d’opéra, adore Bob Marley ou le son hybride du DJ Chinese man.
    Et lorsqu’on lui demande avec qui elle aimerait travailler, pas de surprise, elle pioche dans des metteurs en scène de théâtre : Laurent Pelly, Patrice Chéreau ou Peter Brook —adolescente, son ouvrage L’Espace vide l’a marquée profondément— mais aussi Joël Pommerat ou Wajdi Mouawad, dont elle a lu toutes les pièces. Au panthéon des ses auteurs, un nom surgit avec force : "Claudel, sans hésitation. J’adorerais pouvoir chanter Ysée en fait !"
    Isabelle Druet aime ce qu’elle fait et ne se refuse rien. Elle me quitte comme elle m’avait accueilli, avec un grand sourire, et file rejoindre son petit sur les quais du Doubs pour profiter, enfin, de sa première journée de vacances.»

    Camille Lagrange


    Pour découvrir Isabelle Druet entourée d'Agathe Boudet, Arnaud Guillou, Sarah Jouffroy, Fiona Mc Gown, Edwige Parat, Camille Poul, François Rougier, Antoine Strub, le chœur Aedes et l'ensemble Les Nouveaux Caractères, c'est à l'Athénée à partir de jeudi !
    Didon et Énée de Purcell est mis en scène par Bernard Lévy et dirigé par Sébastien d'Hérin.

    Bon mardi  !


    PS : Les précédents écrits de spectateurs/trices sont ici, ici, ici, ici, ici ou .


  • Small is beautiful • Perspective




    À partir de jeudi à l'Athénée, vous pourrez venir voir (et entendre) l'opéra de Purcell Didon et Énée.

    Né au milieu du 17e siècle à Londres, Purcell est rapidement nommé compositeur auprès du roi Charles II, qui redynamisa considérablement la vie artistique de son royaume, puis du roi Jacques II.
    Considéré comme le plus grand compositeur anglais (jusqu'à Benjamin Britten qui, au vingtième siècle, viendra concurrencer son titre), il a excellé dans la tradition polyphonique  anglaise de la Renaissance mêlée aux influences italiennes et françaises.

    Organiste et claveciniste
    de métier, Purcell n'a paradoxalement pas beaucoup composé de musique pour claviers, lui préférant les violes, le violon et surtout la musique vocale.
    S'il a composé un opéra proprement dit pour cinq "semi-opéras" (ou un genre hybride de musiques de scène très développées) parmi lesquels The Fairy Queen ou King Arthur, c'est sans doute parce que son pays résistait à l'esthétique de l'opéra, encore assez nouvelle.

    Didon et Énée est donc son seul opéra, et reste l'œuvre qui lui aura apporté la plus grande célébrité : si l'on n'est pas encore sûr de ses origines (la vie et l'œuvre de Purcell contiennent encore de nombreuses zones d'ombres), il semblerait toutefois que Didon et Énée ait été commandé par un maître de pensionnat qui voulait le faire jouer par ses élèves, toutes féminines.
    Didon et Énée reste l'œuvre la plus magistrale de Purcell et condense en moins d'une heure une incroyable tension dramatique entre l'amour et le devoir, la fusion et la séparation, le tragique et le comique, et fait entendre une musique brillamment contrastée à la fois éclatante et amère, délicate et sauvage, printanière et orageuse.

    Pour découvrir Didon et Énée mis en scène par Bernard Lévy et dirigé par Sébastien d'Hérin, c'est à l'Athénée de jeudi à dimanche !


  • La contrebasse était à Strasbourg • Coulisses




    Si vous avez assisté aux représentations d'Ali Baba ou les quarante voleurs, vous n'aurez probablement rien remarqué d'anormal dans la fosse d'orchestre : pourtant, Pascal, le contrebassiste, ne jouait pas sur son instrument habituel.

    Retour à une vingtaine d'heures avant la première d'Ali Baba : la répétition générale commence dans une demi-heure, les instrumentistes et chanteurs s'échauffent, mais j'aperçois un musicien arpenter les coulisses de l'Athénée de long en large d'un air un peu contrarié. Je lui demande s'il cherche quelque chose, pensant pouvoir l'aider. Réponse : "Oui, ma contrebasse". Oups.

    Quelques coups de fil plus tard, on apprend que la dite contrebasse est restée à Strasbourg, d'où vient le spectacle.
    La répétition générale est maintenant dans vingt minutes
    , et chacun y va de son contact pour espérer trouver quelqu'un acceptant de nous prêter une contrebasse d'ici-là : l'Orchestre Lamoureux avec qui l'Athénée avait collaboré pour l'opéra La Cantatrice chauve, le chef d'orchestre Sébastien d'Hérin qui sera bientôt à l'Athénée pour Didon et Énée...

    Mais si les bonnes volontés ne manquent pas, il y a quand même un problème : une contrebasse, ça ne rentre pas dans un taxi. C'est gros, c'est cher, ça mesure presque deux mètres de hauteur et ça pèse une vingtaine de kilos. Et si trouver une contrebasse en vingt minutes s'annonce difficile, trouver une contrebasse en vingt minutes qui puisse aller se chercher à pied paraît impossible.

    C'est Cyrille Normand, premier corniste solo et délégué de l'orchestre Lamoureux, qui nous oriente sur Swen Mentec, luthier spécialisé en contrebasses officiant rue de Constantinople, à deux pas de l'Athénée.
    Patrice Martinet, directeur de l'Athénée, l'appelle et lui demande s'il loue des contrebasses et, le cas échéant, si on pouvait passer en prendre une dans… allez, disons dix minutes ?
    Monsieur Mentec accepte et retarde la fermeture de son atelier pour attendre Patrice et Bertrand, responsable de production de l'Opéra de Rhin, qui partent illico vers Saint-Lazare.


    Ce matin, j'ai appelé Swen Mentec pour qu'il me donne quelques précisions sur la contrebasse fournie : ceux qui étaient assis près de la fosse d'orchestre lors d'Ali Baba auront en effet sans doute remarqué que son chevillier, c'est-à-dire là où sont chevillées les cordes, en haut, était sculpté en tête de lion.
    Cette tête reproduit celle d'un modèle de contrebasse conçu au 19e siècle par les luthiers Gand Bernardel ; le modèle avait d'ailleurs déjà été reproduit auparavant par le père de Swen Mentec, également luthier.
    Swen Mentec m'apprendra également que les locations de dernière minute pour cause d'instrument perdu ou accidenté étaient en fait assez fréquentes, et que l'appel de Patrice Martinet lui demandant une contrebasse pour dans dix minutes ne l'avait pas surpris outre mesure.

     

     

     

    C'est ainsi que Patrice et Bertrand revinrent très chargés à l'Athénée (le tube porté par Patrice contient l'archet, qu'ils avaient d'abord oublié de prendre : il fallut courir après Swen, déjà monté sur sa moto pour rentrer chez lui…) et que les premières représentations d'Ali Baba ou les quarante voleurs purent avoir lieu.


    Pour voir le spectacle et sa jolie contrebasse, il vous reste encore ce soir ainsi que demain à 15h et 20h !

    Bon week-end.


  • À vol d'abeille • Coulisses




    À chaque fois qu'un nouveau spectacle arrive à l'Athénée, le Théâtre organise un petit pot d'accueil pour souhaiter la bienvenue à ses artistes et techniciens et permettre que chacun se présente. D'habitude, une petite vingtaine de personnes (équipe de l'Athénée comprise) se réunissent au foyer-bar, et retenir les prénoms de chacun s'avère assez facile avec un peu d'entraînement.

    Changement d'ambiance avec Ali Baba et les quarante voleurs, même si les voleurs du titre ne sont qu'une vingtaine sur scène : entre les choristes, les chanteurs, les instrumentistes et les techniciens, le foyer-bar est bondé d'une cinquantaine de personnes, plein de petites jambes s'agitent autour des tables, les prénoms et les rires fusent, et je renonce dès le départ à essayer de collecter les coordonnées de toute l'équipe.

    La ruche s'exporte ensuite dans les loges et coulisses de l'Athénée qui paraît d'un coup un peu petit pour accueillir tout ce petit monde (disons que c'est très convivial à défaut d'être aéré).
    Le joyeux bazar qui semble régner n'en est pas moins très organisé, et la signalétique destinée à guider les artistes sur scène et dans les coulisses a balisé tout le Théâtre : flèches dans les coulisses pour indiquer les entrées et autres chemins à suivre, annonces vocales pendant la représentation pour annoncer le déroulé du spectacle, récapitulatifs et post-its dans la loge maquillage pour se souvenir quelle perruque (ou moustache) est à qui, listes placardées sur les portes de loges pour en afficher les nombreux occupants…

     

    Les flèches dans les coulisses pour indiquer les entrées sur scène

     

    Topologie de la moustache

     

    Les emplacements des perruques des artistes

     

    L'Athénée grouille ainsi de multiples voix et les jambes qui furètent partout, mais elles savent où elles vont : après les deux représentations d'hier, Ali Baba ou les quarante voleurs se joue jusqu'à samedi !

    PS : j'ai quand même réussi, enfin je crois, à noter les prénoms de tous les voleurs : Isaure, Odile, Ferdinand, Justine, Max, Sylvia, Alice, Judith, Pascal, Marion, Sarah, Mathias, Iona, Émilie, Clémence, Laëtitia, Simon, Adeline, Margot et Léo. Ouf !


  • Au voleur ! • Coulisses




    À l'Athénée, l'opéra Ali Baba ou les quarante voleurs commence aujourd'hui.

    Hier, les coulisses du Théâtre s'agitaient de bruissements inhabituels, car les quarante jambes des quarante voleurs (qui ne sont que vingt sur scène, donc) couraient entre la salle d'échauffement, la scène, les coulisses, les loges d'artistes et les tables de maquillage pendant que l'orchestre se préparait à la répétition générale.

    Aperçu en son et en image :

     

     

     

    Pour voir Ali Baba ou les quarante voleurs dirigé par Vincent Monteil et mis en scène par Markus Bothe, c'est à l'Athénée aujourd'hui à 15h et 20, demain et vendredi à 20h ainsi que samedi à 15h et 20h !

    Bon mercredi


  • Ô nuits d'Arabiiiiiiiiiiie • Pleins feux




    Les Mille et une Nuits n'est pas un livre homogène, et ses origines sont encore mal connues : nés en Inde au 3e siècle, les contes auraient atteint par voie orale la Perse où un premier recueil aurait été écrit ; le recueil se serait ensuite diffusé dans le monde arabe aux alentours du 8e siècle au cours duquel les conteurs arabes auraient ajouté des contes et modifié les histoires déjà existantes en les adaptant selon leur culture et leur religion.

    Il existe ainsi d'abord plusieurs recueils différents avec des ajouts de contes d'origine obscure, avant que le manuscrit ne se stabilise aux alentours du 14e siècle : il s'agit donc d'un ensemble dynamique où les conteurs insèrent et suppriment des contes ou les adaptent selon leur bon plaisir et celui de leurs lecteurs, avec des influences indiennes, perses, arabes, égyptiennes et hellénistiques.

    La première traduction en langue européenne est réalisée en français par Antoine Galland au début du 18e siècle ; il supprime les passages érotiques et y ajoute trois contes qui ne faisaient pas partie des Mille et une Nuits originelles : Aladin, Sindbad et Ali Baba et les quarante voleurs.
    L'édition du texte de Galland rencontre immédiatement un franc succès, est traduit dans d'autres langues européennes et tient une grande part dans la mode de l'orientalisme qui se diffuse dans l'Europe de l'époque. Au cours du 19e siècle, d'autres manuscrits des Mille et une Nuits sont découverts avec des contes inédits, provoquant l'édition de nouvelles versions.

    Les Mille et une Nuits est construit sur le principe des récits gigognes, les contes étant enchâssés dans un cadre unique : un roi, pour se venger de la gent féminine après avoir été trompé par sa femme, décide d'épouser chaque soir une nouvelle femme pour la déflorer pendant la nuit et la faire exécuter à l'aube.
    Pour mettre fin au massacre, Shéhérazade, la fille du vizir, s'offre au roi et commence à lui raconter une histoire dont la narration est interrompue par le lever du jour : désireux de savoir la suite, le roi décide chaque matin de remettre l'exécution au lendemain, jusqu'au jour où, après mille et une nuits passées à écouter Shéhérazade, il la grâcie.

    Cette structure de contes en emboîtement permet ainsi de juxtaposer des histoires au contenu et au style très différents, reliés par le seul personnage de Shéhérazade ; elle a également favorisé l'ajout de contes au fil des siècles et de leur diffusion.

    Loin des contes pour enfants que l'on imagine souvent, Les Mille et une Nuits constituent une littérature dense et riche où l'on trouve des style très variés et beaucoup de références poétiques ou religieuses. Sous l'abord du merveilleux et du divertissement, des thèmes de fond y sont abordés et certains reviennent très régulièrement, comme la justice, la clémence, la charité, la tromperie et la spiritualité.

    Je n'ai malheureusement pas encore trouvé l'origine exacte du conte Ali Baba et les quarante voleurs ajouté aux Mille et une Nuits par le traducteur français Antoine Galland en 1704 : en attendant, vous pouvez le découvrir en opéra composé par Cherubini en 1833 : Ali Baba ou les quarante voleurs mis en scène par Markus Bothe commence demain à l'Athénée et se joue jusqu'à samedi !
    (représentations tous les soirs à 20h, ainsi qu'à 15h demain et samedi)

    Bonne reprise post-pascale.

    PS : seuls les fans d'Aladdin de Walt Disney auront compris la référence du titre. Pour les autres, rendez-vous en musique ici.


  • Partons sans bruit • Pleins feux




    Ali Baba ou les quarante voleurs est le dernier opéra de Cherubini, composé sur un livret écrit par Eugène Scribe à partir du 270e conte des Mille et une nuits.

    Si l'œuvre eut beaucoup de succès en Allemagne, elle fit un véritable four en France à sa création, et n'est d'ailleurs toujours pas parue chez un éditeur français depuis : la faute sans doute au qualificatif de "tragédie lyrique" qui a dû considérablement désorienter le public tant il convient mal à cet opéra-bouffe orientalisant, mais aussi à une histoire délirante où le conte des Mille et une nuits a été grandement détourné…

    Pourtant la musique de Cherubini y apparaît extrêmement éclatante et incroyablement variée, rappelant Verdi ou Donizetti avec une petite pointe de bouffonnerie charmante dont la fraîcheur reste étonnante pour un compositeur qui avait plus de soixante-dix ans.

    Ali Baba ou les quarante voleurs étant très peu connu du public français, je vous laisse en découvrir l'ouverture dans la version dirigée par le chef d'orchestre Arturo Toscanini (1949).

     

     

    La vidéo est ici sur YouTube.

     

    Le blog prend une semaine de vacances : il sera de retour le mardi 26 avril pour accueillir Ali Baba ou les quarante voleurs mis en scène par Markus Bothe ! Le spectacle se jouera les 27, 28, 29 et 30 avril prochains.


  • Horror Athénée Show • Perspective




    Au collège Evariste Galois de Paris, il existe un club cinéma pour les élèves qui souhaitent s'initier à cette discipline.

    En partenariat avec l'Athénée et la Maison du Geste et de l'Image, ils ont écrit le scénario d'un court-métrage en rapport avec l'Athénée et sont venus le tourner dans le Théâtre la semaine dernière en compagnie de leurs deux professeurs, Mihu et Christian, et de la réalisatrice Frédérique.

    Le projet a été suivi par Alexandra, responsable des relations avec le public scolaire à l'Athénée et qui apparaît en guest star pour un rôle muet dans le film (tout comme moi d'ailleurs, sauf que j'avais du texte).

    Les élèves ont donc écrit le scénario, filmé et joué dans le film, et ils en réaliseront le montage. En attendant le résultat, voici quelques photos du tournage (les visages des élèves sont floutés pour des raisons de droit à l'image).

     

    Les élèves font des repérages dans la grande salle avant de commencer le tournage qui aura lieu dans tout le théâtre.

     

    On amène les lumières sur le lieu de tournage

     

    Entre deux prises dans la grande salle. Contrairement aux apparences, il y a deux personnes sur cette photo.

     

    Entre deux prises dans la grande salle.

     

    Dans la grande salle, les deux professeurs, Mihu et Christian, entre deux prises.

     

    Dans la grande salle, juste avant le "action!". On aperçoit au premier plan Frédérique et une élève en train de filmer. Sur la scène, le décor du spectacle Une visite inopportune.

     

    Mano, régisseure générale de l'Athénée, et Antoine, stagiaire à l'Athénée présents pour assister les élèves lors du tournage dans la salle Christian Bérard.

     

    Sur la scène de la salle Christian Bérard, Alexandra se prépare pour son rôle.

     

    Bon jeudi !


  • Vous êtes épatants • D'hier à aujourd'hui




    J'ai été impressionnée, hier : j'arrive avec mon histoire de théâtrophone en espérant vous faire la révélation bloguesque de l'année pour me rendre compte que non seulement je n'apprenais rien à certains, mais qu'en plus quelques-uns étaient déjà bien plus calés que moi sur la question.


    Ainsi Martine m'apprend-elle sur la page Facebook du blog que le système du théâtre à entendre par la ligne téléphonique avait perduré dans les années 1970 pour faire écouter des contes aux enfants.

    Sur le blog, Gisèle et Mister K m'apprennent que Marcel Proust était très friand du théâtrophone au point d'en parler abondamment dans ses écrits, et Dumolard que, je cite, "la première expérience de Théâtrophone eut lieu le 19 avril 1881 à l'Opéra pour une représentation de l'opéra Les Huguenots entre la scène et les 2° dessous pour quelques privilégiés, reliés par câbles téléphoniques."

    Avec des commentaires pareils, j'ai forcément un peu l'impression d'enfoncer des portes ouvertes avec mon billet d'aujourd'hui, mais je continue mon œuvre en pensant à tout ceux qui, comme moi, ignoraient tout du théâtrophone jusqu'à récemment.

     

    Le théâtrophone, qui permettait d'écouter des pièces de théâtre de chez soi via la ligne téléphonique à l'époque où la radio n'était pas arrivée dans les foyers, a été inventé par l'ingénieur Clément Ader à la fin du 19e siècle.

    Notons que le créatif Clément Ader est aussi à l'origine d'une innovation dans la construction des vélos, de la conception d'une machine à poser des rails ("le rail sans fin"), de la fabrication d'un moteur à vapeur très léger ou d'une amélioration du téléphone inventé par Graham Bell, et qu'il est surtout considéré comme l'un des pionniers de l'aviation.
    Si l'on n'a jamais pu déterminer avec certitude qu'il était le premier à avoir fait voler un objet plus lourd que l'air (une sorte de chauve-souris mécanique à vapeur baptisée Éole), il a été déterminant dans l'avancée de l'aéronautique, est surnommé le "père de l'aviation" et est l'auteur du mot "avion" formé à partir du mot latin "avis" qui signifie "oiseau".

    Clément Ader présente son théâtrophone à l'Exposition Universelle de 1881 et rencontre immédiatement un franc succès parmi le public de l'Exposition malgré quelques esprits chagrins mal à l'aise avec l'idée de reproduction et de diffusion d'un spectacle sur d'autres supports —débats que nous verrons reproduire avec la captation filmée de spectacles un peu plus tard.
    Le théâtrophone préfigure la stéréo (avec un écouteur faisant entendre les sons émis à gauche, l'autre les sons émis à droite) et perfectionne le téléphone de Graham Bell en permettant la communication d'un émetteur vers plusieurs destinataires à la fois.

    Le système s'exporte au Portugal, en Belgique, en Suède, en Grande-Bretagne et en Hongrie : s'il reste la plupart du temps réservé aux habitants des capitales, il permet au Portugal et en Belgique de faire entendre les spectacles des capitales dans d'autres villes du pays, inaugurant ainsi la décentralisation dramatique avant l'heure…


    Victor Hugo en parle dès le 11 novembre 1881 dans son journal, Choses vues, en ses termes : "C'est très curieux. On se met aux oreilles deux couvre-oreilles qui correspondent avec le mur, et l'on entend la représentation de l'Opéra, on change de couvre-oreilles et l'on entend le Théâtre-Français, Coquelin, etc. On change encore et l'on entend l'Opéra-Comique. Les enfants étaient charmés et moi aussi. Nous étions seuls avec Berthelot, le ministre, son fils et sa fille qui est fort jolie.".

    La compagnie du théâtrophone fondée moins de dix ans plus tard installa des appareils dans des foyers de théâtre, des cafés ou des hôtels. Écouter dix minutes de spectacle coûtait cinquante centimes. S'il s'agissait d'un luxe, disposer d'un théâtrophone à domicile était possible, comme le montre Marcel Proust qui s'y abonne en 1911.

    Il écrit ainsi en 1913 à Madame Strauss : "Vous êtes-vous abonnée au théâtrophone ? Ils ont maintenant les concerts Touche et je peux dans mon lit être visité par le ruisseau et les oiseaux de la Symphonie pastorale dont le pauvre Beethoven ne jouissait pas plus directement que moi puisqu'il était complètement sourd. Il se consolait en tâchant de reproduire le chant des oiseaux qu'il n'entendait plus. À la distance du génie à l'absence de talent, ce sont aussi des symphonies pastorales que je fais à ma manière en peignant ce que je ne peux plus voir !"


    Je suis sûre que certains d'entre vous auront de nouvelles choses à nous apprendre sur le théâtrophone : par exemple, j'aimerais bien savoir pourquoi l'exploitation en a été arrêtée au début des années 1930 !

    Je remercie ce site grâce auquel j'ai rédigé cet article. N'hésitez pas à vous y rendre pour avoir plus de détails sur le théâtrophone...

    Bon mercredi à tous.


  • Lorsque l'Athénée vous passait des coups de fil • D'hier à aujourd'hui




    Florence travaille à la communication de l'Athénée. Je ne sais pas dans quel domaine son père travaille, mais il lui a déniché aux ventes aux enchères de Drouot un document qui fera plaisir aux amateurs d'histoire :

     

     

    Il s'agit d'un prospectus qui devait être plié en trois à l'époque et qui a été mis à plat.

    Comme l'image est petite, je vous recopie le principal du texte en le remettant dans l'ordre :

    "Les principaux théâtres de Paris reliés à votre appartement par le fil de votre téléphone par…  LE THÉÂTROPHONE".

    "Puisque vous aimez le théâtre, vous pouvez entendre : l'Opéra, la Comédie Française, l'Opéra-Comique, le Trianon-Lyrique, la Gaîté-Lyrique, Les Variétés, le Théâtre des Champs-Élysées, la Comédie des Champs-Élysées, le Studio des Champs-Élysées, les Bouffes Parisiens, la Michodière, l'Athénée, les Concerts Radio-Paris, orchestre-dancing du Café de Paris, etc…
    et les sermons de Notre-Dame (pendant le Carême)"

    Le texte du milieu (image du haut) propose aux personnes intéressées d'assister à une démonstration dans les salons de l'entreprise ou à domicile et développe ses arguments de vente :

    "Vous pourrez ainsi vous convaincre que ses auditions sont
    PARFAITES
    : car les voix et les sons s'entendent avec une fidélité que vous ne pouvez soupçonner et qui n'ont rien de comparable avec les autres auditions
    AGRÉABLES : ses programmes, parmi lesquels vous choisirez à votre gré, sont particulièrement attrayants. Sans être encombrés par aucun appareil délicat ou difficile à entretenir et à régler, tous les auditeurs réunis dans un salon peuvent ensemble jouir de la même audition.
    PRATIQUES : parce que vous conserverez la libre disposition de votre ligne téléphonique pendant les auditions"

    Nous trouvons ensuite le prix des abonnements, qui dépend du matériel loué (celui-ci reste à disposition de la société qui l'entretient) : on peut ainsi choisir un haut-parleur uniquement, ou lui adjoindre des écouteurs et des casques. L'abonnement est annuel.


    J'ai d'abord cru à un canular (surtout à cause des sermons de Notre-Dame seulement pendant le Carême), mais il semblerait que le théâtrophone ait bien été en service à Paris de la fin du 19e siècle aux années 1930, constituant ainsi un beau précurseur des émissions dramatiques diffusées à la radio. Je vous en dirai plus sur cette invention demain.


    À l'Athénée, c'est relâche! Les spectacles reprendront ensuite fin avril avec l'opéra Ali Baba ou les quarante voleurs de Cherubini.

    Bonne journée !


  • Amen (ou Awomen, selon votre genre) • Perspective




    Si vous avez vu Une visite inopportune mise en scène par Philippe Calvario, vous aurez sans doute remarqué d'étranges silhouettes apparaître à la fin du spectacle.

    Si vous plongez vers le programme pour en savoir plus, vous lirez du côté de la liste des acteurs : "Louis Arène, Sissi Duparc, Michel Fau, Éric Guého, Marianne James, Lionel Lingelser et Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence".

    Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, c'est une association qui fait de la prévention contre le SIDA, aide les personnes séropositives, cherche à donner une image positive des homosexuels au sein de la société et combat les discriminations, le tout dans un esprit pour le moins festif et décalé.

    Voici les vœux des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence tels qu'elles les ont formulés sur leur site internet  :
    «- la promotion de la joie multiverselle ou omniverselle, bref partout sur la Terre et pour tous les créatures,
    - l’expiation de la honte et de la culpabilité stigmatisante,
    - la paix et le dialogue entre communautés,
    - la charité,
    - l’information et la prévention du VIH et des IST,
    - le droit et le devoir de mémoire,
    ce qui, vous en conviendrez, n'est déjà pas si mal.
    Certaines rajoutent l'amour, le droit à la différence, la joie et la fête.»

    Chez les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence donc, pas de prévention gnan-gnan par des jeunes gens en tee-shirt bleu ciel enfilant des préservatifs sur une banane en t'expliquant qu'il ne faut pas le mettre à l'envers, mais des happenings joyeux, colorés et efficaces faits par des personnes bien renseignées sur le fond et très originales sur la forme.

    Pour ceux et celles qui n'ont pas vu Une visite inopportune, vous pouvez découvrir les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence en photo ici.

    (Et je précise avant qu'on m'en fasse la remarque que les Sœurs ne sont pas là pour se moquer des catholiques. Elles précisent ainsi : «nous avons choisi l’image de la nonne qui, dans l’inconscient collectif, reste une figure de bonté, d’amour et de don de soi. Nous ne cherchons en rien à les ridiculiser. »)

    Deux Sœurs de la Perpétuelle Indulgence apparaissent à la fin d'Une visite inopportune, dont le personnage principal est en train de mourir des suites du SIDA. Pour les voir, vu qu'Une visite inopportune s'est terminée à l'Athénée, il faudra aller à Nevers où le spectacle se jouera demain et après-demain.

    L'Athénée accueillera Ali Baba ou les quarante voleurs, un opéra de Cherubini, dans deux semaines !


    PS : j'aurais bien aimé avoir trouvé la blague du titre toute seule, mais la paternité en revient aux Sœurs de la Perpétuelle Indulgence.


  • L'art du kitsch • Entretien




    La semaine dernière, alors que je faisais quelques recherches sur Copi, je tombai sur le nom d'Isabelle Barberis, qui a écrit des articles et consacré sa thèse à l'écrivain argentin.

    Son nom me disait quelque chose, et pour cause : Isabelle et moi avons plusieurs amis en commun sur Facebook, et je l'avais souvent vue laisser des commentaires à des articles liés au théâtre que publiaient nos contacts communs.

    Je pus ainsi la contacter assez facilement par Facebook et échanger quelques messages avec elle : Isabelle est agrégée de lettres, chercheuse et enseignante en études théâtrales, elle connaît le blog de l'Athénée (ouf) et surtout, heureux hasard (ou presque, car les spécialistes français de Copi ne sont pas légion), elle est intervenue auprès de comédiens suivant un stage sur Copi auprès de Philippe Calvario, le metteur en scène d'Une visite inopportune.

    Voici un extrait de nos échanges où elle a répondu avec beaucoup d'enthousiasme et de précision à mes questions, inaugurant le genre de l'interview-Facebook sur le blog et démontrant combien le travail universitaire peut se mêler avec beaucoup de grâce et de naturel au travail artistique :


    «— En quoi ont consisté vos interventions auprès des acteurs de Copi ?
    — Le principe en était assez simple et humble : j'ai répondu aux questions des comédiens de Philippe Calvario sur Copi, sa biographie, ses textes, sans séparer l'anecdote du concept. Les pièces sont plus complexes qu'on ne se le représente en général à cause de leur dimension carnavalesque —or le carnaval, c'est quelque chose d'éminemment complexe!
    Bien sûr, il ne s'agissait en aucun cas d'adopter une position professorale, cela c'est passé sur le mode de la conversation libre bien que soutenue. J'ai été étonnée par la curiosité que Copi suscitait chez les comédiens, mais cela s'explique par la nature même de ce théâtre qui fonctionne en grande partie sur le principe du malentendu. Le malentendu, le code switching (1) inextricable, renvoient à la situation de l'étranger ou de l'exclu cherchant à se faire comprendre des "autochtones"... Eh bien nous avons ensemble essayé de dissiper des malentendus pour entendre Copi. C'était sur ce mode, plus que sur celui de l'analyse de texte, encore moins de l'"interprétation". J'ai été rassurée sur le fait qu'un travail universitaire puisse arriver jusque sur le plateau de manière naturelle.

    Une visite inopportune est-elle une sorte de parodie et si oui, de quoi ?
    — Cela demanderait de définir la parodie - qui renvoie à la parodos, un terme grec pour désigner les commentaires du choeur et le "contre-chant". L'écriture de Copi n'est pas étranger au chant et à la glossolalie (2).
    Même si c'est moins visible dans Une visite inopportune que dans d'autres pièces, les personnages se battent pour avoir leur "grand air" et occuper le devant de la scène. Je pense qu'avant d'être parodique, le théâtre de Copi relève d'une mimesis (3) affolée, d'une superposition de masques. Dans la parodie, on arrive en général à discerner quel est le "modèle" parodié et la plupart du temps subverti ou mis à mal. Cela implique une distance critique dans lequel le théâtre sentimental de Copi ne se retrouve pas. La parodie froide y alterne avec des moments d'empathies sincères, en insufflant par alternance le chaud et le froid.
    Ce théâtre mixant allègrement les modèles et les références de tous ordres dans une "cuisine" impure, difficile de discerner l'objet de la parodie à proprement parler, même si on repère aisément des morceaux de Molière, des morceaux de Proust, des morceaux de Genet, des morceaux de Tennessee Williams, des morceaux de Cocteau entre autres... et bien sûr des morceaux de Copi. C'est un texte-arlequin.
    Une visite inopportune est une parodie de comédie bourgeoise et de vaudeville, donc une parodie de parodie, une parodie au carré dans laquelle le sens de la relation parodique ... est sens dessus dessous. C'est cet excès qui permet la carnavalisation du Sida, car tout est permis. A part dans la performance, je ne connais pas de théâtre aussi libre.

    — Copi, c'est kitsch ?
    — Eh bien là aussi, cela revient à tenter une définition du kitsch! La pièce la plus kitsch de Copi est sans doute Le Frigo, dans laquelle Copi se kitschise lui-même. Le kitsch est une momification du souvenir, et c'est bien le sujet d'Une visite inopportune. Mais c'est un kitsch hautement conscient et distant, qui recoupe plus la définition du Camp (4) comme détournement par imitation, mimicry (5) plus que mimesis. "Campy" est aussi plus précis, car le terme appelle le jeu et le geste de l'acteur-diva, celui qui investit tous ses signes morts pour leur donner vie, dans un dernier regard par-dessus l'épaule.»


    Pour découvrir sur le plateau cette écriture carnavalesque où s'entremêlent les références, les humeurs et les genres, il vous reste encore trois représentations de la mise en scène de Philippe Calvario : ce soir, demain à 15h et demain à 20h. Bon week-end à tous !

     

    (1) Permutation, inversion, changement
    (2) Terme employé par Artaud pour désigner une manière de parler en "langue étrangère"
    (3) Imitation
    (4) Sur le Camp, on peut lire un article de Susan Sontag ici.
    (5) Proche du terme français "mimétisme"


  • Lorsque j'étais barman à l'Athénée • Entretien




    Mardi, je publiais la première partie des interviews vidéo réalisées avec les acteurs d'Une visite inopportune de Copi : on y voyait Michel Fau parler de l'écriture de Copi, Sissi Duparc à qui j'ai demandé une variation autour de la robe de chambre et Louis qui évoquait le monologue qu'il a écrit et mis en scène sur le métier de comédien.

    Voici aujourd'hui Marianne James que j'ai interrogée sur son personnage à la fois drôle et inquiétant et Éric Guého qui nous raconte un épisode méconnu : il y a dix ans, il était barman à l'Athénée.

     

    La vidéo se trouve ici sur YouTube.


    Une visite inopportune de Copi mis en scène par Philippe Calvario se joue encore ce soir, demain soir ainsi que samedi à 15h et à 20h !


    Bonne journée.


  • Où est le couteau du rosbeef ? • Pleins feux




    À l'Athénée, la chambre d'hôpital d'Une Visite inopportune continue à se déconstruire jusqu'à samedi. Pour ceux et celles qui ne l'ont pas (encore) vu, un aperçu du spectacle vu des coulisses, du balcon et du gril.

    Il s'agit de photos de répétitions.

     

    Sissi Duparc

     

    Michel Fau

     

    Michel Fau

     

    Sissi Duparc et Éric Guého

     

    Éric Guého

     

    Michel Fau et Lionel Lingelser

     

    Michel Fau

     

    Marianne James

     

    Marianne James et Michel Fau

     

    Bonne journée ensoleillée (en tout cas chez moi) à tous.


  • Est-ce que vous portez une robe de chambre ? • Entretien




    Entre pudeur et dévoilement du corps, légèreté et sérieux, Une visite inopportune de Copi se joue jusqu'à samedi.

    En attendant d'aller voir le spectacle, voici quelques moments passés dans l'intimité de la loge des acteurs à parler de sujets drôles ou graves : aujourd'hui, les trois acteurs Michel, Sissi et Louis nous parlent de l'écriture de Copi, du plaisir de porter une robe de chambre (ou pas) et du questionnement du comédien.

    La vidéo est visible ici sur YouTube.

     

    Je publierai la deuxième partie de ces interviews dans la semaine.

    Une visite inopportune se joue jusqu'à samedi !


  • Je n'ai pas de bonne idée de titre, aujourd'hui • Coulisses




    Suite à la parution de mon article de vendredi, j'ai reçu nombre de messages inquiets de mes amis s'inquiétant de savoir si j'avais envie de me faire virer, mais je vous rassure, je suis encore là : à croire que notre Martinet préféré est bien magnanime, ou qu'il prend son temps pour rédiger la lettre de rupture de mon contrat. Hum.

    Profitons donc encore de ma présence (même si je faiblis, impossible de trouver un titre correct ce matin) avec ces quelques photos prises pendant les répétitions d'Une Visite inopportune :

     

    La salle vue du premier étage de l'hôpital d'Une Visite inopportune.
    On aperçoit en bas le metteur en scène Philippe Calvario et son assistante Lola Accardi.

     

    Toujours vus du premier étage, les techniciens et régisseurs Benoît, Damien, et Jean-François, le directeur technique adjoint Dominique Lemaire et la comédienne Sissi Duparc.

     

    Vus derrière le rideau en plastique, le metteur en scène Philippe Calvario et son assistante Lola Accardi.

     

    Le comédien Louis Arène.

     

    Les techniciens Mathieu et Julien

     

    Les comédiens Lionel Lingelser et Louis Arène en train de lire un article paru sur Une Visite inopportune dans la presse.

     

    Les mêmes, dans la même occupation, de dos.

     

    Dominique Lemaire, directeur technique adjoint de l'Athénée

     

    L'assistante à la mise en scène Lola Accardi devant les comédiens Lionel Lingelser et Louis Arène.

     

    Philippe Calvario, metteur en scène

     

    Mathieu, technicien son, dans le noir (d'où la mauvaise qualité de la photo)

     

    Julien, régisseur

     

    Jean-François, régisseur

     

     

    Une Visite inopportune de Copi mis en scène par Philippe Calvario avec Marianne James, Michel Fau, Louis Arène, Sissi Duparc, Éric Guého et Lionel Lingelser se joue encore cette semaine ! Après il sera trop tard….


  • Ce qu'on ne vous avait jamais dit sur l'Athénée • Coup de théâtre




    Le nom "Athénée" vient du mot grec "atheneos" qui signifie "théâtre que tu ne trouves jamais du premier coup et que t'en as tellement marre de tourner en rond autour de l'Opéra Garnier que tu finis par appeler le pote qui t'attend devant et qui croit t'aider en t'indiquant que 'mais si, c'est à côté du théâtre Edouard VII' ".

    Le suffixe "Louis Jouvet" qui lui est souvent accolé provient du type du même nom qui a eu le mauvais goût de mourir dans l'actuel bureau du directeur.

     

     

    Le théâtre à côté de l'Athénée.



    HISTOIRE
    Construit après Charlemagne mais avant Pompidou et la naissance de ma nièce, l'Athénée ne prend sa réelle dimension que le jour où il devient propriété de l'État et accède ainsi au rang tant convoité de "théâtre public", ce qui n'empêche pas tous ces petits incultes de camarades de promo de me faire remarquer que "tiens, je penserais pas que tu travaillerais un jour pour un théâtre privé".

    Ceci n'est pas un théâtre privé. Remarquez que ce n'est pas un théâtre public non plus.


    POPULATION
    L'Athénée est dirigé par un Patrice Martinet à barbe (spécimen rare). Si jamais vous trouvez le Martinet à barbe égaré, voici les soins à lui prodiguer pour qu'il retrouve son nid comme le petit Andy le martinet de cette vidéo :
    (attention, le Martinet à barbe est coriace. Vous le rebaptiserez Andy à vos risques et périls).

     

    La vidéo est ici sur YouTube. Je précise qu'elle n'est pas de moi.

     

    Vous croiserez également à l'Athénée un type qui ressemble à Anatole France (en vivant),  un autre qui met des chemises tellement bizarres qu'elles feraient faire une crise à un épileptique, une femme régisseure alors que franchement, c'est pas un métier de gonzesse, un homme régisseur mais ça c'est normal, une jeune femme qui a souvent des chocolats sur son bureau mais comme par hasard à chaque fois que j'arrive y en a plus, une fille avec qui je suis partie en vacances à Rome, une fille jamais en pantalon, une fille (oui, il y a beaucoup de filles) dont je cambriolerais bien le dressing, un garçon qui porte des pulls violets, des souris en pâte d'amande, une fille qui a parlé à Martin Scorcese, deux stagiaires qui changent tous les trois mois, une femme qui deale des capsules de Nespresso, une autre avec une sonnerie de portable qui fait peur, trois qui meurent de froid à la billetterie mais qui sont sympas avec vous quand même, une qui nous fournit en Mikado, une qui est payée à écrire des articles que personne ne lit jamais en entier et deux noirs.

     



    Cette personne ne travaille pas à l'Athénée.

     

    La population permanente de l'Athénée est régulièrement enrichie d'intermittents du spectacle qui creusent le trou de l'assurance-chômage avec nos impôts.

     

    Pour espérer rejoindre la population permanente de l'Athénée, il faut en tuer un pour prendre sa place (si vous êtes un psychopathe), envoyer une candidature spontanée (si vous êtes très naïf), coucher avec le directeur (si vous n'avez pas de problème avec la barbe), coucher avec la bloggeuse (si vous êtes très beau et que vous avez entre vingt-cinq et trente-cinq ans. D'ailleurs laissez votre cv, on vous rappellera), vous rouler par terre en hurlant devant le théâtre (si vous n'avez aucun orgueil, ou si vous êtes bourré) ou vous jeter à l'eau (si vous êtes une langouste).

    À partir de 20h, l'on trouve également à l'Athénée plusieurs centaines d'intrus venus abîmer les sièges et monopoliser les toilettes, ainsi qu'un pompier (ou une pompière, ça devient pénible ces femmes qui sortent de leur cuisine) et une vingtaine de jeunes gens payés pour déchirer votre billet alors que franchement, vous pourriez bien le faire vous-même, c'est quand même fou de payer les gens à glander.

     

     


    La ville de Gland.



    DANGERS SPÉCIFIQUES
    Toute personne pénétrant à l'Athénée doit être mise en garde contre :
    - ces p… de portes à deux battants qui nous claquent à la g...quand on essaie de rejoindre son siège dans une loge
    - son public âgé qui fait des commentaires à voix haute parce que personne n'a osé lui dire qu'il était sourd comme un pot
    - ses places sur les côtés où l'on ne voit que la moitié de la scène, c'est quoi cette arnaque.


    ACTUALITÉS

    Actuellement à l'Athénée, on peut voir des gens sur scène qui cherchent le couteau du rosbeef, se balancent des cuisses de poulet, chantent alors que vraiment ils pourraient parler comme tout le monde, racontent des histoires bizarres incluant des tricycles et qui n'ont jamais joué Hamlet.

    Demain à 15h, vous y trouverez des musiciens déterminés à vous convaincre que l'humour noir existe en musique.


    REMERCIEMENTS
    Au projet de la Désencyclopédie et surtout à son article hilarant sur le théâtre (je vous conseille particulièrement le tableau final sur les différents genres théâtraux) qui a inspiré cet article de 1er avril.

    Bon 1er avril et bon week-end !


  • Cajoline • Coulisses




    À l'Athénée, les doigts de fée de Liza, l'habilleuse, prennent soin des costumes d'Une Visite inopportune qu'ils lavent et repassent chaque jour.

     

     

     

     

     

     

     

    Une Visite inopportune se joue jusqu'à la fin de la semaine prochaine !

    Après-demain à 15h, vous pourrez venir écouter l'Orchestre de Paris dans un concert sur le thème de l'humour noir.
    Et à 17h30, rendez-vous au foyer-bar pour un café-débat sur le politiquement correct avec Philippe Calvario (metteur en scène) et Marie-France (interprète, auteure, comédienne).


  • C'est hénaurme • Perspective




    Lorsque Copi écrit Une Visite inopportune, qui raconte sur un mode humoristique l'histoire d'un acteur en train de mourir des suites du sida, il se sait condamné par la même maladie dont il mourra quelques mois plus tard, justement pendant les répétitions d'Une Visite inopportune.

    Il faut sans doute un certain courage, ou un grand goût pour l'humour noir, ou une gigantesque force de vie, ou un cynisme débordant, ou tout cela à la fois, pour oser livrer une pièce testamentaire aussi corrosive pour le théâtre que pour soi-même.

    Mais Copi n'a pas fait les choses à moitié, et son théâtre joue souvent sur le "trop" sans jamais pourtant se départir d'une certaine fraîcheur : mêlant l'absurde et la profondeur, le boulevard et l'opéra, la provocation et la naïveté, le rêve et le corps dans tout ce qu'il a de plus… corporel, le comique et le tragique, il crée un théâtre délirant et inclassable dont chaque texte porte immanquablement sa marque très personnelle.

    Né en 1939 à Buenos-Aires en Argentine, exilé dès son plus jeune âge pour fuir la dictature péroniste, Raul Damonte Botana dit Copi s'installe définitivement à Paris en 1962 où il meurt en 1987.
    D'abord dessinateur pour Le Nouvel Observateur, il publie des bandes dessinées mais aussi des romans et nouvelles et évidemment du théâtre. Parmi ses œuvres, citons Une langouste pour deux, La Guerre des pédés, Virginia Woolf a encore frappé, Eva Peron, L'Homosexuel ou la Difficulté de s'exprimer, Le Frigo ou encore La Tour de la Défense.

    Sa Visite inopportune se joue à l'Athénée dans la mise en scène de Philippe Calvario jusqu'au 9 avril.

    Bon mercredi !


  • Bon appétit bien sûr ! • Pleins feux




     

    Dans Une visite inopportune de Copi mis en scène par Philippe Calvario, le sorbet attire les petites bêtes, le poulet passe de main en main (ou de bouche en bouche) et ce qu'il y a d'intéressant dans le rosbeef, c'est surtout son couteau.

     

     

     

     

    Et puis il y a des choses qui ne peuvent pas vraiment se manger —ou en tout cas, ça serait très mal vu.

     

     

     

    Une visite inopportune de Copi mis en scène par Philippe Calvario avec Marianne James, Michel Fau, Louis Arène, Sissi Duparc, Éric Guého, Lionel Lingelser et les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence se joue jusqu'au 9 avril !

    Ce soir, vous pourrez rencontrer l'équipe du spectacle : rendez-vous après la représentation au foyer-bar !


  • Je suis trop sentimentale • Pleins feux




    Ce soir, la pianiste Claire-Marie Le Guay donnera le dernier concert de sa résidence de trois ans à l'Athénée.
    Claire-Marie étant arrivée quasiment en même temps que moi à l'Athénée, cela me fait tout drôle que sa résidence soit terminée : que voulez-vous, on s'attache.

    Ce soir à 20h, Claire-Marie interprétera la Sonate en si mineur de Liszt dont je vous parlais  déjà vendredi, la première Partita de Bach et une création du compositeur contemporain Thierry Escaich.

    Souvent considéré aujourd'hui comme le maître absolu de la musique baroque, Bach était perçu comme ringard en son temps : parce qu'il synthétisait de nombreuses traditions musicales dans ses compositions (la polyphonie et le contrepoint en particulier) il n'a pas toujours eu la reconnaissance qu'il méritait et a été quasiment oublié après sa mort.
    Il sera ensuite plus ou moins redécouvert par les romantiques : la date que l'on retient souvent pour cette exhumation, même si elle un peu artificielle (Mozart et Beethoven connaissaient très bien la musique de Bach, par exemple), est le concert que Mendelssohn donna en 1829 de sa Passion selon Saint Matthieu.
    Joueur d'orgue et de clavecin, Bach a laissé une œuvre très abondante pour claviers, que l'on interprète souvent aujourd'hui au piano. Les Partitas pour clavecin sont au nombre de six : partant du cadre assez formel des suites de danses, il s'en éloigne assez brillamment  pour composer des partitions innovantes et créatives.
    La première Partita choisie par Claire-Marie Le Guay a été publiée en 1726 et se distingue par sa clarté et sa fluidité.


    Thierry Escaich est organiste et compositeur, lui aussi. Âgé d'une quarantaine d'années, il a obtenu la victoire de la musique classique 2011 dans la catégorie "compositeur de l'année", prix qu'il avait déjà obtenu en 2003 et 2006. Très singulière et inclassable, sa musique se caractérise souvent par un rythme fiévreux, des couleurs instrumentales très riches et beaucoup de lyrisme et d'expressivité.
    Le Cycle d'études que Claire-Marie Le Guay interprétera ce soir sera joué en public pour la première fois. En attendant de découvrir cette œuvre en création mondiale, vous pouvez écouter ici sa Baroque Song.

    À ce soir !
    Une visite inopportune de Copi mise en scène par Philippe Calvario reprendra demain : après la représentation de demain d'ailleurs, vous pourrez rencontrer l'équipe artistique pour échanger à chaud sur le spectacle. Rendez-vous au foyer-bar !


  • Aujourd'hui, je sous-traite • Pleins feux




    Cela fait trois ans que la pianiste Claire-Marie Le Guay est en résidence à l'Athénée : lundi, elle donnera son dernier concert au Théâtre, mettant un terme à un cycle de concerts tout public mais aussi d'actions pédagogiques en direction d'enfants d'écoles maternelles et primaires.


    J'ai évidemment beaucoup eu l'occasion de parler de Claire-Marie Le Guay sur le blog, par exemple :

    • ici lorsqu'elle donnait un atelier d'initiation à la musique dans une école primaire
    • lorsque des enfants ayant assisté à l'un de ses concerts ont envahi le bureau du directeur de l'Athénée, Patrice Martinet
    • dans cet article où j'ai scanné des dessins envoyés à Claire-Marie par des enfants ayant assisté au conte musical Timouk qu'elle interprétait avec Marie Gillain
    • ou encore avec cette vidéo condensant en dix minutes un concert qu'elle a donné à l'Athénée devant deux cent cinquante enfants.

     


    Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, voici une vidéo qui n'est pas de moi mais qui correspond bien au concert de lundi : vous y verrez Claire-Marie Le Guay interpréter des œuvres de Liszt entrecoupées de séquences où elle livre quelques commentaires sur le compositeur et sa musique.

     

     

     

    Justement, vous pourrez l'entendre en vrai lundi dans la Sonate en si mineur de Liszt, ainsi que dans la Première Partita de Bach et une œuvre de Thierry Escaich en création mondiale. Le concert s'intitule La Musique en héritage, et il aura lieu à 20h.

    Si Une visite inopportune fera relâche lundi pour laisser la place à Claire-Marie Le Guay, la pièce continue évidemment ce week-end et le reste de la semaine !

    Bon week-end.


  • On vous surveille • Coup de théâtre




     

    À l'Athénée, le personnage joué par Michel Fau dans Une visite inopportune est l'objet de tous les regards : pour y joindre le vôtre, c'est à partir de ce soir et jusqu'au 9 avril.

    Bon jeudi.


  • Après ma lobotomie, je vous aimerai davantage • Pleins feux




    À l'Athénée, Une visite inopportune de Copi commencera demain. Les Parisiens auront peut-être vu dans le métro une citation tirée de cette pièce sur une affiche annonçant les spectacles à venir à l'Athénée :

     

     

     

    Dernière œuvre de Copi qui se savait condamné, la pièce raconte l'histoire d'un acteur malade qui reçoit des visites pour le moins originales dans sa chambre d'hôpital.

     


    L'affiche du spectacle lui-même sera peut-être aperçue par les Parisiens à pied attentifs aux vitrines de magasins et autres emplacements pour affiches en petit format :

     

     

     

    L'Athénée avait déjà monté Copi en janvier 2004 : c'était la pièce Eva Perón, qui ridiculise la dictature péroniste en Argentine dont Copi et sa famille ont été victimes :

     

    À demain pour la première d'Une visite inopportune de Copi mise en scène par Philippe Calvario avec Marianne James, Michel Fau, Louis Arène, Sissi Duparc, Éric Guého, Lionel  Lingelser et Les Sœurs de la Perpétuelle indulgence.


  • "Je restai des mois sans revoir Jouvet" • D'hier à aujourd'hui




    Je vous ai déjà parlé de Pierre-Aimé Touchard, l'ancien administrateur de la Comédie-Française qui a raconté son expérience dans un livre *.

    Après ses anecdotes sur Paul Claudel (ici et ), voici un passage où il évoque Louis Jouvet, homme de théâtre qui fut aussi directeur de l'Athénée jusqu'en 1951.

    Pierre-Aimé Touchard rapporte une conversation assez vive qu'il a eue avec Louis Jouvet pour défendre l'un de ses collaborateurs, et où une proche de Jouvet avait manqué se trouver mal tant elle ne supportait pas que ce dernier fût attaqué. Touchard conclut ainsi :


    « Cette scène me laissa un souvenir si cruel que je restai des mois sans revoir Jouvet. Si je la raconte, bien que j'en ressente encore l'humiliation, c'est qu'à mon sens la grandeur de Jouvet y éclatait —je parle bien de la grandeur de l'homme, celle de l'artiste n'ayant jamais été remise en question.
    C'est que, malgré son cynisme verbal, son plaisir à torturer les faibles, sa tendance à démolir les enthousiasmes, cet homme était un croyant et il savait communiquer sa foi. Personne n'a sans doute fait souffrir plus que lui ses collaborateurs, mais personne n'a suscité des dévouements, je dirai presque une dévotion, comparables à ceux dont je venais d'avoir une des multiples preuves.
    Et personne n'était sans doute plus que lui offert à la souffrance, au doute de soi. Ses victoires étaient une permanente victoire sur lui-même. Lui, qui rassemblait en gerbes les hommages les plus passionnés et les plus flatteurs, il avait sans cesse besoin de se persuader qu'il les méritait. Je me suis parfois demandé s'il ne se montrait pas tant de cruauté envers les autres pour se convaincre que même ainsi il pouvait être aimé.
    Dans ma réaction à son attaque perfide contre Pierre Dux**, il y avait certainement la volonté de me refuser à jouer ce jeu masochiste qu'il imposait à ses amis : mais sans doute y avait-il aussi, et plus profondément, le regret un peu jaloux de n'être point parmi ceux-là. Car on ne pouvait pas "être du théâtre" et ne point sentir peser sur soi l'autorité magistrale de cet homme, et ne point désirer, quel qu'en fût le prix, bénéficier de l'amitié de Jouvet. »

    Vous entendrez encore reparler de Pierre-Aimé Touchard sur ce blog.

    Une visite inopportune de Copi mise en scène par Philippe Calvario et avec, entre autres, Michel Fau et Marianne James, commence ce jeudi à l'Athénée !

    Bonne journée.



    * Pierre-Aimé Touchard, Six années de Comédie Française. Mémoires d'un administrateur, Éditions du Seuil, Paris, 1953.
    ** Comédien et metteur en scène, pensionnaire puis sociétaire à la Comédie-Française.


  • L'Athénée a de la concurrence • Coup de théâtre




    À l'Athénée, L'Échange s'est terminé samedi, mais vous retrouverez rapidement son metteur en scène, Bernard Lévy, pour l'opéra Didon et Énée de Purcell.

    Didon et Énée se jouera en mai à l'Athénée
    après une tournée dans toute la France : et ce week-end, le spectacle était justement à l'Opéra Royal de Versailles. J'y étais aussi :

     

     

    Didon et Énée de Purcell mis en scène par Bernard Lévy et dirigé par Sébastien d'Hérin se jouera à l'Athénée du 5 au 8 mai 2011 après un passage par Quimper et avant des dates à La Rochelle, Angoulême et l'abbaye de Noirlac.


  • La cigarette du condamné • Coulisses




    À l'Athénée, deux des acteurs de L'Échange fument une cigarette sur le balcon avant la représentation.

     

    Pierre-Alain Chapuis et Aline Le Berre

     

     

    Pour voir L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy, il vous reste encore ce soir à 20h et demain à 15h et 20h !


  • Je ne peux pas le voir en peinture • Perspective




    En réponse à mon article consacré à Camille Claudel, un lecteur, Bernard, me faisait remarquer qu'il aurait été intéressant de publier les photos des sculptures où Camille Claudel a représenté son frère.

    Je ne l'avais pas fait pour ne pas parasiter un article où, pour une fois, j'entendais détacher Camille de ses liens avec son entourage masculin, mais exauce aujourd'hui le souhait de Bernard avec cette galerie de portraits de Paul Claudel où l'on va, bien sûr, retrouver les œuvres de sa sœur.


    Les portraits de Paul Claudel, qu'ils soient en photo, en peinture ou en sculpture, sont très nombreux. En voici une petite sélection par ordre chronologique :

     

    Camille Claudel
    Mon frère ou Jeune Romain (1882-1883).

     

    Félix Vallotton
    Profil de Paul Claudel, gravure sur bois d’après Jeune Romain de Camille Claudel (1898)

     

     

    Camille Claudel
    Paul Claudel à trente-sept ans (1905)

     

     

    André Rouveyre
    Une partie de Portrait de Claudel, quatre dessins exécutés d’après une photographie prise à Prague (1908-1913)

     

     

    Jacques-Émile Blanche
    Portrait de Paul Claudel (1919)

     

     

    Léonard Foujita
    Portrait de Paul Claudel (1923)

     

     

    Bibliothèque du Congrès des États-Unis
    Paul Claudel (1927)

     

     

    Jean Bernard : Paul Claudel inspiré par les anges (1938)

     

     

    Henri Cartier Bresson
    Paul Claudel à Brangues (1943)
    (c) Magnum Photos

     

     

    Henri Cartier Bresson
    Paul Claudel dans une rue de Brangues croisant un corbillard (vers 1945)
    (c) Magnum Photos

     

     



    Henri Cartier Bresson
    Paul Claudel assis à son bureau (vers 1945)
    (c) Magnum Photos



    La liste complète des portraits de Paul Claudel se trouve ici.

    L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy se joue encore à l'Athénée jusqu'à samedi !

     

    Ce soir à 18h30, une rencontre aura lieu sur le théâtre de Claudel à la Bibliothèque Nationale de France (site Richelieu)
    Le théâtre de Claudel ne laisse jamais indifférent. Ecrivain complexe et pourtant facilement caricaturé, parfois considéré comme élitiste, pourquoi séduit-il les plus grands metteurs en scène et intimide autant qu’il fascine, le public ?
    Éléments de réponse avec François Angelier (journaliste), Didier Alexandre (professeur de littérature française et Secrétaire de la Société Paul Claudel), Pascale Alexandre-Bergues (professeur de littérature française), Raphaèle Fleury, (chercheuse) et Jean-Luc Vincent (dramaturge).
    L'entrée est libre.

    Jeudi 17 mars à 18h30
    Bibliothèque Nationale de France - site Richelieu
    Auditorium 5, rue Vivienne - 75002 Paris
    Métro : lignes 3 (Bourse), 1 et 7 (Palais-Royal), 7 et 14 (Pyramides)
    Bus : lignes 20, 29, 39, 67, 74, 85


  • La journée qui dure jusqu'à ce qu'elle soit finie • Entretien




    Bernard Lévy est le metteur en scène de L'Échange de Paul Claudel. Interview avant une représentation dans la loge maquillage :

    — Il existe deux versions de L'Échange : l'une date de 1893, l'autre de 1951. Pourquoi avoir choisi de monter la seconde ?
    — Lors de ma première mise en scène du texte, en 1999, j'avais déjà choisi cette seconde version. Je me suis reposé la question en travaillant sur ce spectacle pour l'Athénée, mais j'ai encore une fois préféré cette version.
    Je n'aime pas le personnage de Marthe dans la première version : elle est enfermée dans une image de femme un peu soumise avec un aspect lié à la chrétienté qui me semble un peu réducteur. Paul Claudel pensait d'ailleurs lui-même que les moment liés à Marthe étaient un peu ampoulés dans cette version.
    Ensuite, je trouve qu'il y a une hétérogénéité de styles plus forte dans la seconde version : le vers claudélien est présent, mais il y a également du texte en prose.
    Enfin, dans la seconde version, Louis Laine ne prend pas l'argent offert par Thomas Pollock Nageoire alors qu'il le prend dans la première : les interprétations sont ainsi plus ouvertes.

    — Tu avais donc fait une première mise en scène de L'Échange ? Je ne me souvenais pas de cela !
    — Si si, il y a douze ans. À l'instar des deux versions du texte de Claudel, le spectacle qui se joue actuellement à l'Athénée est comme une deuxième version de ma première mise en scène : je n'ai pas fait table rase de ma première mise en scène et la questionne dans cette deuxième version. L'espace n'est pas le même aujourd'hui, mais il y a des traces de ma première version : la caravane et l'écran étaient déjà là par exemple, mais pas les murs et le sols. Dans cette seconde mise en scène, le rapport entre naturalisme et théâtre  est plus mélangé, alors que la première version était plus didactique, plus distanciée. Là, les signes sont plus entremêlés.
    Il y a également beaucoup de choses du texte de Claudel que je n'avais pas comprises à l'époque, ce qui est souvent le cas avec les grands textes. On peut interpréter L'Échange de plein de manières possibles : la polysémie joue son rôle. Beaucoup de nouvelles choses apparaissent aussi car ce ne sont pas les mêmes comédiens et que je suis plus mûr.
    Je redoutais de revenir sur un texte que j'avais déjà monté, mais c'est finalement un très bel exercice pour un metteur en scène : il me semblait qu'il y avait quelque chose d'inachevé voire de raté dans la première version. Je suis très heureux de pouvoir revenir là-dessus, d'approfondir ce que je sentais inachevé.

    — C'est un échange particulier qui est donné à voir dans la pièce...

    — Effectivement, il ne s'agit pas que d'échanger de l'argent contre une femme : il s'agit aussi d'échanger un mode de vie contre un autre, la maman contre la putain…. Ces échanges-là sont des entre-deux : entre les personnages, entre le monde matérialiste et un monde idéaliste... C'est le croisement de tous ces champs-là qui crée du sens.

    — Il y a quelques passages du texte qui sont projetés à l'écran pendant la représentation. Pourquoi ceux-là en particulier ?

    — La première phrase, qui est présente à l'écran dès le début, est : "la journée qu'on voit clair et qui dure jusqu'à ce qu'elle soit finie !" : c'est comme une épitaphe qui apparaît alors que la journée n'a pas vraiment commencé et qui annonce la mort de Louis. Toute la pièce est l'histoire de cette journée, dans une unité de temps et de lieu.
    La deuxième phrase est : "Pause. Louis Laine et Lechy causent entre eux". J'ai projeté cette didascalie car je ne voulais pas voir les personnages chuchoter, c'était un peu fabriqué.
    Enfin, on projette le texte de Lechy quand elle s'approche de Louis Laine. Lechy a un trou au moment où elle est troublée par une émotion, exactement comme une actrice en répétition qui ne se souvient plus de son texte lorsque l'émotion juste arrive. Le texte projeté à l'écran vient ainsi à sa rescousse comme le sang qui coule dans les veines ; elle se raccroche au texte projeté sur le ciel.

    — Pourquoi Lechy et Marthe portent-elles la même robe à la fin de la pièce ?

    —Je me suis imaginé que Marthe révélait beaucoup de choses aux trois autres, qu’elle servait de révélateur. Elle révèle la femme que Lechy cherchait même si elle en a joué des centaines : la séquestrée attend depuis tant d'années...  J’imagine qu’elle met la même robe que Marthe pour retenir Louis : elle veut jouer le rôle de Marthe, mais mieux, avec du recul (comme elle le dit d’ailleurs dans la pièce). Je crois que Louis Laine révèle également la femme enfouie en Lechy : il lui révèle l'amour.
    Marthe agit également comme un révélateur sur Louis : c’est gênant d'être avec quelqu'un dont on ne peut pas se cacher, car la part intime de soi est tout le temps révélée. Mais c'est Louis qui voit Marthe ainsi... Il veut fuir, y compris dans l'acte ultime de la mort. Pourquoi fuit-il ? Ce n'est pas lui qui meurt mais l'enfant qui est en lui.
    Quant à Thomas Pollock Nageoire, Marthe le révèle dans son rapport au monde. Avec Marthe, il se rend compte que le monde n'est pas entièrement quantifiable.

    — Pour Claudel, les personnages étaient tous les quatre au même niveau, presque au point de ne former qu'une seule entité. À t'entendre, on a quand même l'impression que le personnage de Marthe occupe une place centrale...
    — C'est comme un quatuor : si tu enlèves un instrument, ce n'est plus un quatuor. Marthe serait alors le premier violon… J'ai souvent employé cette image du quatuor avec les comédiens.

    — Pourquoi le plateau de L'Échange est-il en pente ?
    — Pour plusieurs raisons : d'abord, c'est moins réaliste. Ensuite, lorsque le plateau n'est pas mis en pente, les gens assis au parterre ne voient pas le sol alors que le sol au théâtre me semble être une façon d'ancrer les comédiens : il manque un apport plastique très important lorsqu'on ne voit pas le sol…

    — Il y a un univers sonore assez présent dans ta mise en scène...
    — Pour moi, la musique est très importante. On a tous une mémoire collective liée aux grands textes : lorsqu'on découvre un "classique", on en a forcément une idée ou des images car on en a entendu parler avant d'une manière ou d'une autre. Dans mes mises en scène, j'essaie justement de me détacher de ces projections sur le texte : voilà pourquoi je lis les textes en écoutant de la musique. Cela me permet de rêver sur les mots avec la musique et de me plonger dans une atmosphère particulière.

    L'Échange se joue jusqu'à samedi ! Bonne journée.


  • Une visite sonore de l'Athénée • La corde verte du lapin qui siffle




    L'Athénée accueille de nombreux collégiens, lycéens et étudiants lors de ses représentations.
    Certains d'entre eux ont également la chance de pouvoir participer à des ateliers, d'assister à des répétitions ou de venir rencontrer les artistes.

    Jeudi dernier, une classe du lycée Simone Signoret à Vaux le Pénil est venue voir L'Échange de Paul Claudel.
    Dans l'après-midi, les élèves ont pu discuter avec Jean-Luc Vincent, assistant à la mise en scène de L'Échange, de sujets aussi divers que la façon dont on monte concrètement une pièce, la différence entre naturalisme et symbolisme, les petits usages du théâtre, Paul Claudel ou encore les métiers de la scène.

    Comme il leur restait un peu de temps avant de partir manger, Alexandra, qui s'occupe des relations avec le public scolaire à l'Athénée, leur a proposé une petite visite improvisée du théâtre. La ballade a duré presque trois quarts d'heure que je vous ai condensés dans une petite bande-son de trois minutes. Bonne écoute !

     

     

    Si vous n'entendez rien, cliquez ici pour aller sur YouTube

     

    Cet atelier a été rendu possible par Tick'Art, un dispositif de la région Île-de-France qui facilite l'accès des lycéens à la culture.
    Il y a un peu plus d'un mois, je vous racontais un autre atelier organisé par Tick'Art où l'acteur Bruno Putzulu était venu rencontrer des lycéens de Saint-Denis : c'est ici.

    L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy se joue jusqu'à samedi !

     

     

    Merci aux élèves du lycée Simone Signoret, à Madame Lemaire, à Alexandra Maurice, à Tick'Art et à Jean-Luc Vincent.


  • L'art de prendre des photos en concert • Pleins feux




    Le concert de Karine Deshayes et Hélène Lucas - samedi 12 mars 2011 à 15h

     

    L'Athénée propose quelques concerts le samedi à 15h en partenariat avec l'Orchestre de Paris et la Fondation Royaumont : les artistes n'étant là que pour un après-midi, en parler sur le blog est toujours un peu difficile car les délais sont très courts.

     

    Avant-hier, je ne voulais pas déranger Karine Deshayes et Hélène Lucas pendant leur raccord (ou petite répétition). Je ne voulais non plus déranger les spectateurs pendant le concert avec le bruit de mon appareil photo.

    Voici donc quelques photos volées prises de la galerie (ou poulailler, les fauteuils situés tout en haut) et de l'extérieur de la salle par l'entrebâillement d'une porte mal fermée.

     

     

     

     Le piano a été placé dans le décor de L'Echange.
    Ici, Hélène Lucas (à gauche) et Karine Deshayes (à droite) saluent à la reprise de l'entracte.
    Photo prise de la galerie.

     

     

     Hélène Lucas, sa tourneuse de page et Karine Deshayes entre deux airs.
    Photo prise de la galerie.

     

     

     

     

    Karine Deshayes boit de l'eau entre deux airs.
    Photo prise de la galerie.

     

     

     


    Hélène Lucas et Karine Deshayes pendant le concert.
    J'ai pris la photo de l'extérieur de la salle, dans l'entrebâillement d'une porte (porte visible sur cette photo dans les deux parties marron qui encadrent les musiciennes)

     

     

     

    Le café-débat sur la notion d'échange - samedi 12 mars 2011 à 17h30

     

    Après le concert de Karine Deshayes (chant) et Hélène Lucas (piano) a eu lieu un café-débat.

    Réunissant Bernard Lévy (metteur en scène de L'Échange), et Frédéric Lordon (économiste), la discussion portait sur la notion d'échange.

     

    Qu'est-ce que l'échange ? Qu'échange t-on ? Quelle est la différence entre échange économique et échange symbolique ? Quelle est la nature spécifique de l’échange dans la pièce éponyme de Claudel ?

    Pour avoir quelques réponses à ces questions, n’hésitez pas à aller écouter la captation sonore du débat qui sera mise en ligne sur le site de l’Athénée d’ici quelques jours.

     

     

    De gauche à droite :
    Bernard Lévy, metteur en scène de
    L'Echange
    Lola Gruber, qui écrit les programmes à l'Athénée et modérait la rencontre
    Frédéric Lordon, économiste

     

     

    L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy se joue jusqu’à samedi ! Bon début de semaine.


  • Entre femmes • Coulisses




    À l'Athénée, L'Échange de Claudel se joue tous les soirs. Et chaque soir, l'équipe reproduit les mêmes rituels : tester le son, vérifier les lumières, revoir son texte, accrocher les costumes dans les loges, balayer le plateau, préparer les accessoires, s'habiller…

    Aujourd'hui, quelques images volées dans la loge où Aline Le Berre et Audrey Bonnet, comédiennes dans L'Échange, se maquillent avant la représentation.

    Audrey Bonnet (Marthe)

     

    Les mains d'Aline Le Berre (Lechy)

     

    Audrey Bonnet (Marthe)

     

    Aline Le Berre (Lechy)

     

    Les mains d'Aline Le Berre (Lechy)

     

    Audrey Bonnet (Marthe)

     

    Les explications destinées à aider les comédiennes à se maquiller

     

    Liza Winzelle, habilleuse, aide Aline Le Berre à se maquiller

     

    L'Échange de Paul Claudel se joue dans la mise en scène de Bernard Lévy jusqu'à la fin de la semaine prochaine ! Bon week-end.


  • Une lettre de Paul Claudel • D'hier à aujourd'hui




    Comme je vous le disais lundi, je suis en train de lire le témoignage* d'un ancien Administrateur de la Comédie Française, Pierre-Aimé Touchard.

    Je vous ai déjà livré la retranscription d'un bout de conversation tenue lors d'un déjeuner entre Claudel, sa femme et la comédienne Marie Bell.
    Voici aujourd'hui le passage où Pierre-Aimé Touchard évoque la lettre que lui a envoyée Claudel après la générale du Soulier de Satin à la salle Richelieu:

     


    « La représentation se passa dans les meilleures conditions. Le lendemain, je reçus de Claudel l'émouvante lettre que voici, et qui montre à quel point le poète était demeuré sensible aux moindres trahisons de son texte :

    Le 14 avril 49
    Mon cher administrateur,
    Vous devez être satisfait du beau succès de la soirée d'hier. C'est à toute cette admirable troupe du Théâtre Français, que vous avez reprise en main avec patience et art, "comme un pêcheur longanime", qu'en revient tout l'honneur. C'est elle, animé par un esprit d'enthousiasme touchant, qui a donné toute entière, avec quelle foi, quel talent, et, si je parle d'artistes consacrés comme les protagonistes, je dirai quel génie ! Je vous prie de les remercier tous. Dites-leur que le vieux poète, en votre personne, les serre tous dans ses bras.
    Un détail, mais qui m'a bouleversé :
    Un seul grain, dit don Camille, et tout le lien de la prière est rompu (1)
    m'a empêché d'aller vous trouver hier à la représentation.
    Pardonnez-moi. Je n'étais plus en possession de moi-même, et c'est à peine si j'ai entendu la fin du drame.
    Croyez-moi, de tout cœur, votre bien affectionné et reconnaissant.
    Paul Claudel


    (1) Note de Pierre-Aimé Touchard : le texte de cette phrase avait en effet été dénaturé à la représentation. »

    Nous reparlons de Pierre-Aimé Touchard sur ce blog, car il évoque également Louis Jouvet, ancien directeur de l'Athénée, et son décorateur Christian Bérard.

    Concernant Claudel, son Échange se joue à l'Athénée dans la mise en scène de Bernard Lévy jusqu'à la fin de la semaine prochaine.


    * Pierre-Aimé Touchard, Six années de Comédie Française. Mémoires d'un administrateur, Éditions du Seuil, Paris, 1953.


  • Vous ne savez pas quoi faire de votre samedi ? • Pleins feux




    Ce samedi, l'Athénée vous a concocté un emploi du temps béton :


    À 15h, vous pourrez venir écouter la mezzo-soprano Karine Deshayes, qui a été consacrée artiste lyrique de l'année lors des dernières Victoires de la Musique Classique.
    Je vous propose de l'écouter ici dans un air de Cendrillon de Rossini :



    Samedi, elle chantera des œuvres de Poulenc, Fauré et Duparc accompagnée au piano de Hélène Lucas dans le cadre de la résidence de la Fondation Royaumont à l'Athénée.



    Après le concert, à 17h30, vous pourrez participer à un débat sur le thème de la valeur de l'échange, avec Bernard Lévy (metteur en scène de L'Échange) et Frédéric Lordon (économiste).


    Et après le café-débat, à 20h, vous pourrez assister à une représentation de L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy.


    Vous pourrez dormir dimanche.


    Bon mercredi !


  • Je suis la fille de ma mère • Coup de théâtre




    Petit jeu en cette Journée internationale pour le droit des femmes et alors qu'une pièce de Paul Claudel se joue à l'Athénée : allons lire les articles consacrés à Paul et Camille Claudel dans l'encyclopédie Universalis.

    Dans l'article consacré à Paul Claudel, aucune mention de sa soeur Camille. Sur l'article consacré à Camille Claudel en revanche, son lien de parenté avec Paul ainsi que sa liaison avec Rodin sont indiqués dès l'introduction.
    Continuons donc avec l'article sur Rodin, dont j'espérais qu'il cite Camille Claudel avec qui, en plus d'avoir été son amant, il a beaucoup collaboré : mais pas un mot. Et ce alors que la moitié de l'article sur Camille Claudel porte sur sa relation avec Rodin.

    L'encyclopédie libre Wikipédia fait un peu mieux en citant Camille Claudel dans ses articles consacrés à son frère ou à Rodin, même si elle n'est mentionnée que dans le cœur du texte —alors qu'encore une fois, l'article concernant Camille Claudel la définit dès l'introduction par ses liens avec Paul Claudel et Rodin.

    Rien de si surprenant lorsqu'on sait que dans les médias français, les femmes sont plus souvent citées avec un lien de parenté que les hommes : une femme sur cinq serait ainsi définie comme "fille de", "mère de", "sœur de" ou "femme de" (etc.) alors que ce ne serait le cas que pour un homme sur vingt-cinq*.

    Voilà pourquoi aujourd'hui nous ne parlerons pas de Paul, même si on le joue à l'Athénée avec L'Échange, mais de Camille Claudel dont voici quelques reproductions de sculptures :

     

     

    Camille Claudel - La Valse

     

    Camille Claudel - L'Âge mur

     

    Camille Claudel - La petite Châtelaine

     

    Camille Claudel - L'Abandon

     

     

    Camille Claudel - La Vague

     

     

    Ce soir après la représentation de L'Échange, vous pourrez rencontrer l'équipe artistique du spectacle au foyer-bar.

    Bon 8 mars et à demain !



    * Source : association des femmes journalistes. http://www.femmes-journalistes.asso.fr/actu/actu_communique-juillet2001.htm.
    On peut également lire le rapport de Michèle Reiser sur la représentation de la femme dans les médias.


  • "Dis-le, à l'administrateur, que tu trouves que je suis une sainte!" • D'hier à aujourd'hui




    Je suis en train de lire un livre* écrit par un ancien Administrateur de la Comédie Française, Pierre-Aimé Touchard, et dont l'objet est précisément de relater ses six années passées à la tête de la Maison de Molière.

    Il se trouve qu'en 1949, la Comédie Française reprenait Le Soulier de Satin de Paul Claudel, dont la pièce L'Échange se joue actuellement à l'Athénée.

    Pierre-Aimé Touchard raconte le déjeuner où il prit part avec Claudel, sa femme et Marie Bell, qui interprétait le rôle de Dona Prouhèze. Claudel avait alors quatre-vingt-un ans.


    «Il y était naturellement question du Soulier de Satin, et Marie Bell venait de raconter avec quel enthousiasme le vieux poète avait salué sa création de Dona Prouhèze :
    — Figurez-vous qu'il me disait que j'étais une sainte.
    — Qu'est-ce que tu dis?, demanda Claudel que sa surdité empêchait d'entendre.
    — Dis-le, à l'administrateur, que tu trouves que je suis une sainte, hurla Marie.
    — Mais bien sûr, tu es une sainte! confirma Claudel.
    — Tout de même, tu charries! répondit modestement l'actrice.
    — Qu'est-ce que tu dis? redemanda Claudel, qui n'entendait toujours pas.
    Alors, Madame Claudel, se penchant discrètement vers son mari, traduisit avec calme :
    — Mademoiselle Marie dit que vous exagérez. »

    Plus loin, Pierre-Aimé Touchard recopie la lettre que Claudel lui a envoyée après la reprise  triomphale du Soulier de Satin. Je vous la livrerai dans les jours qui viennent.

    L'Échange de Claudel mis en scène par Bernard Lévy se joue jusqu'au 19 mars ! Bon début de semaine.


    * Pierre-Aimé Touchard, Six années de Comédie Française. Mémoires d'un administrateur, Éditions du Seuil, Paris, 1953.
    Merci à la personne qui me l'a prêté.


  • Deux hommes seulement ? Ce n'est pas beaucoup ! • Pleins feux




    Lorsque Pitoëff a mis en scène L'Échange en 1939, Paul Claudel lui-même a écrit un texte dans le programme mis à disposition des spectateurs. Je vous le livre en entier : la première partie est assez générale tandis que la deuxième concerne plus précisément les personnages de la pièce.

    « "Il y a deux hommes en moi", est-il dit dans un cantique célèbre. Deux hommes seulement ? Ce n’est pas beaucoup ! Ainsi du moins pensait l’auteur de la pièce que vous allez entendre ce soir (qui fut écrite, en Amérique, l’an de grâce 1893 et jouée pour la première fois à Paris, en 1914, au Vieux-Colombier, par les soins de M. Jacques Copeau). Enfin va pour les hommes ! Mais pour les femmes ? Il y a aussi les femmes ! Disons deux femmes. Deux hommes et deux femmes, cela fait quatre personnages, tous les éléments d’un conflit et d’un Échange, – la matière d’un drame où, aux trois unités traditionnelles s’en ajoute une autre, fondamentale.

    L’Amérique a beaucoup changé depuis 1893, au moins en apparence. Cette date, au dire d’un bon observateur, M. André Siegfried, marque la fin aussi, en même temps, de l’esprit puritain qui animait les hommes d’organisation et de proie, et de cet esprit de découverte et d’aventure, qu’on appelle là-bas "l’esprit de frontière". – La fin ? Ce n’est pas sûr. Disons simplement que cet esprit a pris une autre forme. L’esprit puritain également.
    Le jeune homme qui pour la première fois il y a quarante-cinq ans quittait son pays et une terre où l’attachaient des liens profonds, pour mettre le pied dans cet exil qui dès lors constituait sa carrière et sa destinée, trouvait de l’autre côté de l’Atlantique tout un matériel humain à la disposition de sa crise intérieure ; toute une "distribution".

    Louis Laine, le jeune sauvage, à moitié Indien, cet affamé de l’horizon, réfractaire à toute discipline, à toute entrave et à tout ordre imposé, quel poète, et je dirai, quel mâle, enfant d’homme, ne le porte en lui ?
    Il n’est pas long à trouver un auxiliaire en Lechy Elbernon ou en quelqu’une de ses sœurs qui représente, comme elle dit, l’enlaçant d’une forte main, "la liberté", cette liberté dérisoire qui donne sous l’amorce des sens le dérèglement de l’imagination.
    Marthe, c’est l’âme en ce qu’elle a de meilleur. C’est une fidélité avec nous de la femme. C’est cette compagne qui ne nous abandonne qu’à la mort de la conscience, cette voix tendre, suave, pleine d’autorité aussi, qui nous conseille le bien. Son autre nom est Douce-Amère. Elle n’est que foi, amour et vérité. Mais elle aussi en ce Monde est une exilée.
    Et cependant, de l’autre côté de l’Océan, elle a trouvé un partenaire. Le voici qui apparaît sous ce noir haut-de-forme abrupt et vertical comme une tour. Son nom est Thomas Pollock Nageoire. Toutes les qualités que le Seigneur loue dans l’Évangile de l’Intendant infidèle et dont elle cite avec un sourire l’exemple aux "enfants de lumière", il les possède. Il est tout d’une pièce. Il est tout animé de cette honnête simplicité qui ne permet pas à un homme de douter de ce qui est bon, et ce qui lui paraît bon, c’est l’argent, c’est-à-dire cette espèce de sacrement matériel qui nous donne la domination du Monde moyennant un contrôle exercé sur notre goût de l’immédiat. Il possède ce signe dont parle l’Apocalypse en qui il est possible de vendre et d’acheter.

    Pour effectuer cet échange qui est le sujet de la pièce, pour opérer la conjonction, redoutable en son ironie, de la sagesse divine et de la sagesse pratique, ne fallait-il pas un commissionnaire et un banquier ? C’est-à-dire un trafiquant de valeurs invisibles ? "Je suis pauvre" finit-il par déclarer pensivement en se détachant de la citadelle portative qui le surmonte.

    Peut-être après tout est-il de ces "publicains" dont il est écrit qu’ils nous précéderont dans le royaume de Dieu. »


    Paul Claudel
    Programme du Théâtre des Mathurins,
    Création Georges Pitoëff, 1939.


    Merci au service pédagogique du Théâtre de la Colline dont le dossier sur L'Échange m'a permis de découvrir ce texte et vous le transmettre.

     

    L'Échange de Paul Claudel a commencé hier à l'Athénée dans la mise en scène de Bernard Levy et se jouera jusqu'au 19 mars.


  • Faire ses caravanes • Pleins feux




     

    La caravane de L'Échange sera dans la lumière à partir de ce soir : la pièce commence aujourd'hui et se joue deux semaines et demies ! Bon jeudi.


    PS : faire ses caravanes signifie "faire ses débuts plus ou moins aventureux dans une carrière de comédien", ce qui n'est pas le cas d'Audrey Bonnet, Aline Le Berre, Pierre-Alain Chapuis et Pierric Plathier qui jouent dans cet Échange.


  • Miss Costume • Coulisses




    À l'Athénée, l'heure n'est bientôt plus aux essais sur les costumes et aux cartons envahissant les couloirs : l'équipe entourant le metteur en scène Bernard Levy travaille actuellement sur la fin des répétitions et salira les pinceaux à maquillage dès demain.

     

    Liza, habilleuse, présente des échantillons de tissus dans une très belle démonstration (que je n'ai malheureusement pas filmée. Pour une fois, ce qui a eu lieu dans les coulisses restera dans les coulisses)

     

    Les cartons pleuplent la coursive dont la moquette rouge a été protégée par des bâches

     

    Un aperçu de la loge maquillage

     

     

    L'Échange de Claudel commence ce jeudi soir et dure jusqu'au 19 mars!


  • Donnant-donnant • Pleins feux




    L'Échange de Paul Claudel, qui commence jeudi à l'Athénée dans la mise en scène de Bernard Levy, se déroule sur le littoral Est des États-Unis et compte quatre personnages : Marthe, qui est venue suivre son fiancé Louis aux États-Unis, lequel travaille comme gardien de la propriété de Thomas et de sa femme Lechy.
    Thomas propose un échange à Marthe : qu'elle abandonne Louis pour venir vivre avec lui ; de son côté, Louis est très attiré par Lechy (et je ne vous raconte pas la suite).

    Dans l'un des entretiens qu'il a accordés à Jean Amrouche (journaliste littéraire), Paul Claudel explique comment la notion d'échange s'est retrouvée au centre de l'un de ses textes : 
    « Échange signifie, en général, se priver d’une certaine chose pour en obtenir une autre ; par exemple nous avons une valeur, nous la vendons pour en acheter une autre. Mais dans ce drame, je ne vois pas qu’aucun des personnages se prive de quelque chose qui lui appartient, afin d’en obtenir une autre qu’il ne possédait pas. Plutôt qu’un échange, il semble qu’il s’agit d’un concert. Des âmes très différentes par leurs points de vue, par le but qu’elles poursuivent, trouvent cependant qu’elles ont (…) une chose qu’elles possèdent le moyen de concerter avec d’autres et de provoquer leur possession, leur habitude, à une richesse qu’ils ne possédaient pas, de sorte que sans se priver de quoi que ce soit, sans se priver d’un bien qu’ils possèdent, ils acquièrent (…) ce bien qu’ils avaient, de manière à lui faire donner des conséquences plus riches ; chacun acquiert une valeur en somme de provocation. De même que dans un concerto la valeur du violon ou de l’alto est provoquée, poussée à son plein exercice, par le dialogue de l’autre violon et du violoncelle. Et le mot Échange aurait plutôt dans ce drame une valeur musicale. (…)
    Il n’y a pas d’échange en ce sens que, dans le sens qu’on emploie en général pour ce mot, on se prive d’une chose pour en obtenir une autre ; là, aucun des protagonistes ne se prive de quoi que ce soit. »

    Dans cet échange théorisé par Claudel, il n'y aurait donc pas de perte : indissolublement liés, les personnages gagneraient en donnant et n'abandonneraient ce qui leur appartient que parce que cela les arrange.

    Pour découvrir cette problématique du partage qui n'empêche pas certains personnages de se perdre, c'est à partir de jeudi et jusqu'au 19 mars dans la mise en scène de Bernard Levy.




    Source : "Treizième entretien" in Paul Claudel : Mémoires improvisés, quarante et un entretiens avec Jean Amrouche, Éditions Gallimard, Collection de la NRF, Paris, 2001 (première édition en 1954)


  • "—Vous ? — Pourquoi pas moi ?" • Pleins feux




    Cette semaine, c'est L'Échange de Paul Claudel qui commence à l'Athénée.
    La pièce est mise en scène par Bernard Lévy, dont vous avez peut-être déjà pu voir le travail à l'Athénée dans En attendant Godot ou Fin de partie.

    Lorsque je suis venue au théâtre la semaine dernière, l'équipe était en pleine répétition. J'en ai filmé cinq minutes que je vous laisse découvrir dans cette vidéo. Il s'agit d'une scène où Marthe lit une lettre avant d'être interrompue par Lechy.
    Marthe est interprétée par Audrey Bonnet, Lechy par Aline Le Berre.

    Je vous rappelle que c'est une répétition, donc une séance de travail qui ne sera pas complètement représentative du spectacle que vous verrez.

     

     

     

    L'Échange commence jeudi. Bon lundi !


  • Je tiens un bon sujet, là • La corde verte du lapin qui siffle




    Je pensais tout connaître du bâtiment de l'Athénée jusqu'à ce que je voie une porte, que je prenais pour celle d'un placard toujours fermé sous l'escalier, ouverte : et là, loin des balais ou produits d'entretien que j'imaginais, je trouve quelques marches en pierre qui s'enfoncent vers le sous-sol.

     

     

    Je m'y suis évidemment engagée pleine d'excitation en pensant que j'allais y trouver un sujet passionnant pour le blog.

     

     

    Bon, en fait, je n'ai rien découvert d'extraordinaire à part la chaufferie de l'Athénée, c'est-à-dire un endroit qui pue, où on meurt de chaud, qui n'abrite que de la tuyauterie et où j'ai failli rester enfermée parce que, ne m'ayant pas vue y rentrer, notre régisseur général s'apprêtait à en verrouiller la porte alors que j'étais encore à l'intérieur (ce qui a donné quelque chose comme "aaaaaaah non Jano ne ferme pas la porte je suis lààààààààà !!!")

     

     

     

    Remarquez tout de même les petits trous de lumière au plafond qui donnent directement sur la rue (on peut voir ces mini-lucarnes lorsqu'on est Square de l'opéra Louis-Jouvet, devant l'entrée du public de l'Athénée, au sol).

     

     

    À la semaine prochaine pour L'Échange de Paul Claudel, qui commence jeudi à l'Athénée dans une mise en scène de Bernard Levy.

    Bon week-end !


  • Prendre le train avec des kalachnikov • Pleins feux




    Je vous racontais hier que la pièce Splendid's de Jean Genet, qui sera jouée à l'Athénée l'automne prochain, a été créée au Maroc cet hiver.

    Cristèle Alves Meira, metteure en scène de la pièce, et Valérie Maureau, sa dramaturge, ont raconté leur périple marocain dans un journal de bord dont je vous livre aujourd'hui le premier volet, qui raconte comment elles ont acheminé une malle de cinquante kilos d'accessoires, de costumes et de répliques de kalachnikov de la France au Maroc en passant par l'Espagne.

    "C'est dans les sous-sols du théâtre de l'Athénée, des doigts agiles de Jeannot [régisseur général de l'Athénée] et sous le regard protecteur de Dom [directeur technique adjoint de l'Athénée], que celle que ses créateurs ont baptisée la Malle Efik est née. Destinée à une tâche de la plus haute importance, son vert sapin, ses imposantes roulettes, ses poignées de fer et son nom tatouée au gaffer blanc brossent déjà ses aptitudes extraordinaires.

    Jeudi 25 novembre dernier, quai de la gare d'Austerlitz, alors qu'elle tente de prendre place à bord de la voiture 80 du train de nuit Paris-Madrid et d'échapper par la même occasion aux flashs des photographes, les formes de la sulfureuse Miss Efik interpellent les contrôleurs ibériques en faction. On lui refuse net l'accès au train. Trop imposante, trop lourde, elle ne convient pas à l'architecture des wagons-lits. La voilà en un battement de paupière passée de l'état de Reine à celui de victime.
    Mais il lui faut coûte que coûte prendre ce train et mener à bien sa mission : livrer la cargaison de la bande à Rafale au Splendid's. Elle se débat, roule d'un wagon à l'autre, se contorsionne à chaque entrée. Alertés par ce tumulte, les voyageurs s'indignent de son sort. Anna, une Espagnole à la verve piquante, s'interpose en sa faveur. Rien n'y fait. Il ne reste plus que trois minutes avant le départ. Malle Efik est au désespoir. C'est alors que surgit l'Homme des chemins de fer, appelé à la rescousse par Anna. Il saisit Efik par son anse, la supplie : "No llores más. Ven conmigo" et la dépose voiture 84 où elle passe la nuit.

    Elle se réveille sous le soleil éclatant de Madrid. Secouée par le pavé madrilène, elle file d'une gare à l'autre. En chemin, elle en profite pour faire une beauté et s'offrir des nouveaux tendeurs à la ferreteria. Le service de sécurité de la gare d'Atocha est nettement plus rigoureux que celui de ses consoeurs parisiennes. À la vue du dispositif de contrôle des bagages, notre Malle Efik pâlit. Elle redoute les rayons X et craint de devoir dévoiler son précieux chargement. Mais les cieux sont cléments et le passage se fait sans encombre. Promptement, elle grimpe à bord du Madrid-Algeciras. Arrivée prévue : 20h40.

    Sous la pluie battante, elle saute dans un taxi en direction de la Estación Marítima d’Algeciras. Derrière la vitre de sa portière, elle se laisse charmer par la poésie de ce paysage industriel. Mais déjà, elle arrive au port. Le dernier ferry pour Tanger est dans moins d'une demi-heure et elle est attendue. Elle se précipite donc dans les longs couloirs des bureaux des douanes, à bout de souffle, elle s'offre à l'officier nonchalant qui la tamponne indifféremment. Elle repart aussitôt et embarque à bord du ferry.

    Le coeur soulevé par la traversée houleuse, elle débarque enfin en terre marocaine. Ivre de fatigue, il ne lui reste plus qu'une dernière étape à franchir, sans aucun doute la plus sensible : la douane marocaine.

    Courbatue, les roues usées, le ventre noué, Malle Efik se soulève avec peine jusqu'à la bouche de l'appareil de contrôle. Docilement, elle se soumet aux règles, passe douloureusement le tunnel radiographique qui la met à nu. Médusé par ce qu'il découvre, l'officier appelle du renfort et procède à l'auscultation de son contenu. Huit répliques de Kalachnikov ne pouvaient certes pas passer inaperçues.
    S'engage alors une valse d'uniformes. Gendarmes, policiers, douaniers, vigiles, commissaire et gouverneur démantèlent l'arsenal jusqu'à le confisquer.
    La mort dans l'âme, éventrée, la Malle Efik n'a pas encore dit son dernier mot."

    Cristèle Alves-Meira et Valérie Maureau

     

    À bientôt pour la suite du journal de bord de Splendid's au Maroc !

     

     

    Ajout : la suite du journal de bord est ici !


  • L'art de jouer au Maroc • Pleins feux




    Vous vous souvenez peut-être de Vénus, une pièce de Susan Lori Parks qui avait été montée à l'Athénée l'année dernière par Cristèle Alvès Meira (les articles du blog sur Venus sont ici)

    À l'automne prochain, Cristèle Alvès Meira mettra en scène à l'Athénée une pièce méconnue de Jean Genet, Splendid's. Le texte raconte l'histoire de sept gangsters, auto-surnommés La Rafale et retranchés dans un hôtel marocain où ils ont pris une femme en otage.

    Les Rencontres de Lixus au Maroc commémoraient cette année le centenaire de la naissance de Genet (qui est enterré au cimetière de Larache, au Maroc) : à cette occasion, Cristèle Alves Meira et sa dramaturge Valérie Maureau ont pu créer la pièce au Maroc en la jouant en français et en arabe à Fès, Tétouan, Tanger et Larache avec quelques comédiens recrutés sur place.

    Jouer dans quatre villes marocaines lorsque l'on vient de France et que l'on doit transporter des répliques très véridiques de kalachnikov n'est pas facile : d'abord, prendre l'avion avec des armes, même fausses, et cinquante kilos de costumes et accessoires est quasi impossible. Voilà pourquoi Valérie et Cristèle ont fait Paris-Tanger en train puis en bateau avec une malle à roulettes confectionnée par Jano et Dominique, respectivement régisseur général et directeur technique adjoint à l'Athénée.

    La suite, ce sont elles-mêmes qui la racontent dans un journal de bord qu'elles m'ont envoyé au fur et à mesure de leur périple : je le publierai en plusieurs volets sur le blog à partir de demain.

    Bonne journée !

     

    Ajout : le premier volet est ici.


  • Et maintenant, une page de publicité • Coup de théâtre




    Vous vous souvenez peut-être de Vénus, une pièce de Susan Lori Parks qui avait été montée à l'Athénée l'année dernière par Cristèle Alvès Meira (les articles du blog sur Venus sont ici)

    À l'automne prochain, Cristèle Alvès Meira mettra en scène à l'Athénée une pièce méconnue de Jean Genet, Splendid's. Le texte raconte l'histoire de sept gangsters, auto-surnommés La Rafale et retranchés dans un hôtel marocain où ils ont pris une femme en otage.

    Les Rencontres de Lixus au Maroc commémoraient cette année le centenaire de la naissance de Genet (qui est enterré au cimetière de Larache, au Maroc) : à cette occasion, Cristèle Alves Meira et sa dramaturge Valérie Maureau ont pu créer la pièce au Maroc en la jouant en français et en arabe à Fès, Tétouan, Tanger et Larache avec quelques comédiens recrutés sur place.

    Jouer dans quatre villes marocaines lorsque l'on vient de France et que l'on doit transporter des répliques très véridiques de kalachnikov n'est pas facile : d'abord, prendre l'avion avec des armes, même fausses, et cinquante kilos de costumes et accessoires est quasi impossible. Voilà pourquoi Valérie et Cristèle ont fait Paris-Tanger en train puis en bateau avec une malle à roulettes confectionnée par Jano et Dominique, respectivement régisseur général et directeur technique adjoint à l'Athénée.

    La suite, ce sont elles-mêmes qui la racontent dans un journal de bord qu'elles m'ont envoyé au fur et à mesure de leur périple : je le publierai en plusieurs volets sur le blog à partir de demain.

    Bonne journée !

     

    Ajout : le premier volet est ici.


  • Ne me parlez pas d'amour • Perspective




    Mon billet de vendredi sur l'enquête lancée par Queneau pour établir une sorte de bibliothèque idéale a donné lieu à des réactions intéressantes (à lire ici) :
    Peut-on classer la littérature ?
    La renommée d'un écrivain ou son succès critique influencent-ils nos goûts ?
    Peut-on aimer tous les ouvrages d'un auteur ?
    Si l'on menait cette enquête aujourd'hui et non dans les années 1950, aurait-on d'autres résultats, tant certains auteurs n'ont été reconnus qu'après leur mort ?

    Et j'ajouterai : notre bibliothèque idéale est-elle la même à vingt-cinq ans, quarante ans et quatre-vingts ans ?
    N'y a t-il pas des livres à côté desquels on passe avant de les redécouvrir des années plus tard, et à l'inverse d'autres qui nous plaisent à la lecture et nous déçoivent à la relecture ?
    Comment établir une bibliothèque idéale alors qu'on ne peut pas avoir tout lu ?
    Concernant les textes de théâtre, n'est-il pas difficile de séparer une pièce et les représentations qu'on en a vues ?


    J'avais commencé à établir un classement de mes dix textes de théâtre préférés
    (l'on y trouvait par exemple Anton Tchekhov, Ödön von Horvath, Enzo Cormann, Samuel Beckett, Molière ou Joël Pommerat), mais j'y ai renoncé pour toutes ces raisons —les deux les plus importantes étant la peur de changer de goût avec le temps et la conscience d'être loin d'avoir tout lu.

    En revanche, il y a des auteurs que, malgré leur reconnaissance publique et critique, je suis sûre de détester. Je peux en reconnaître la qualité littéraire et/ou théorique mais les lire ou les voir mis en scène est mauvais pour mes nerfs : citons par exemple Bertolt Brecht (sauf La résistible Ascension d'Arturo Ui), Thomas Bernhard, Edward Bond et Peter Handke.
    (Je ne parle pas de ceux à qui je ne concède même pas de qualités littéraires et que j'ai déjà oubliés)


    Et vous, en ce jour de Saint Valentin, quels sont vos auteurs et textes de théâtre haïs ? (j'accepte aussi les auteurs et textes de théâtre adorés) Répondez-moi ici.

    Vous avez une semaine pour me communiquer vos réponses, puisque le blog prend une pause et reprendra mardi prochain.

    Bonne semaine !


  • Les livres que je détesterais posséder • Pleins feux




    Dans les années 1950, l'écrivain Raymond Queneau mena une enquête auprès d'artistes de son époque pour définir une bibliothèque idéale : après avoir compilé les résultats, il distingua les cent ouvrages les plus cités par les sondés.
    Ce sont Shakespeare, la Bible, Proust, Montaigne, Rabelais, Baudelaire, Pascal, Molière, Rousseau et Stendhal qui arrivèrent en premiers.

    Le compositeur Francis Poulenc répondit à l'appel en citant les cent vingt-huit livres qui constitueraient sa bibliothèque idéale : on y trouve bien sûr Cocteau dès la deuxième place, mais aussi Claudel, Colette, Eluard, Gaston Leroux, Valery, Connan Doyle, Goethe, Schiller, Georges Bernard Shaw, Nietzsche ou Sainte Thérèse d'Avila.

    De la philosophie aux écrits mystiques, de ses contemporains et compatriotes aux médiévaux, du théâtre à la poésie, Poulenc se révèle être un homme aux goûts littéraires éclectiques et sûrs.
    Cette affection pour l'écrit se révèle d'ailleurs dans ses œuvres musicales, souvent inspirées de textes écrits par Cocteau, Apollinaire, Bernanos ou La Fontaine.

    Poulenc cite d'ailleurs également les livres qu'il détesterait posséder : on y trouve Moréas, Romain Rolland, Kipling, Giono ou encore le théâtre de Jean-Paul Sartre.

    Vous pouvez consulter la liste complète de Poulenc ici.

    La Voix humaine, opéra à une voix composé par Poulenc sur un texte de Cocteau, a commencé hier à l'Athénée et se joue encore ce soir, demain et dimanche dans sa version pour piano.

    Ce soir à 18h30, arrivez en avance pour écouter le musicologue Jacques Amblard vous donner quelques clés sur la musique de Poulenc.
    Pour écouter l'œuvre dans sa version pour orchestre, c'est ici.

    Bon week-end en musique !


  • Allô ? Chéri ? • Pleins feux




    À l'Athénée, le téléphone de La Voix humaine est prêt à accueillir la conversation à une voix d'une femme appelant son amant qui la quitte pour une autre.

     

     

    La femme est interprétée par la chanteuse Stéphanie d'Oustrac, et c'est à l'Athénée jusqu'à dimanche.

     

    En bonus, une photo conceptuelle : un bout du décor (à droite) et son reflet dans le piano (à gauche).


  • Je reste avec vous • Pleins feux




    À partir de demain, vous pourrez entendre La Voix humaine à l'Athénée. La Voix humaine est un opéra à une voix composé par Francis Poulenc sur un texte de Jean Cocteau.

    Né en 1889, Cocteau devient célèbre alors qu'il n'a pas vingt ans grâce à des poèmes qui paraissent aujourd'hui brillants mais encore trop pétris d'influences diverses.
    Loin de se satisfaire de ce succès mondain, Cocteau se retire rapidement de la vie parisienne et travaille à trouver son propre style à la fois nerveux et onirique, précis et fantaisiste, lapidaire et pétillant, délicat et rageur.

    Fréquentant à la fois Apollinaire, Picasso, Satie et Poulenc, Cocteau pratique lui-même l'in(ter)discipline : écrivain et poète, il est également réalisateur, dialoguiste, graphiste, dessinateur, créateur de céramiques et de bijoux, etc.

    Faciles d'accès, les œuvres de Cocteau sont plus complexes qu'il n'y paraît : la légèreté n'est qu'apparente, et sous la grâce de la forme se cache souvent des inquiétudes, de l'amertume, du tragique et de l'angoisse.

    La Voix Humaine est un monologue créé en 1930 à la Comédie Française : une femme téléphone à l'amant qui la quitte pour une autre. L'homme semble être au bout du fil, mais on n'entendra que sa voix à elle.
    La pièce a été enregistrée par Simone Signoret et partiellement utilisée par Pedro Almodovar dans son film La Loi du désir. Elle a été adaptée au cinéma par Roberto Rossellini dans Amore et à la télévision par Ted Kotcheff avec Ingrid Bergman. Poulenc la mettra en musique en 1958.

    Cocteau est mort la même année que Poulenc, en 1963. Sur sa tombe est inscrite l'épitaphe "Je reste avec vous".

    Pour découvrir les mots de Cocteau mêlés à la musique de Poulenc, c'est à l'Athénée jeudi, vendredi, samedi et dimanche mis en scène par Vincent Vittoz et chanté par Stéphanie d'Oustrac.
    La Voix humaine y sera précédée du monologue Lis ton journal de Jean Cocteau et de La Dame de Monte-Carlo de Poulenc (durée totale du spectacle : 1h)

    Bon mercredi !


  • L'Athénée à l'école • Perspective




    On ne peut pas vraiment dire que les arts soient les bienvenus à l'école en France: souvent négligés à l'école primaire, réduits à une heure de musique et une heure d'arts plastiques hebdomadaires au collège, absents au lycée à moins de prendre une option, leur pratique dépend souvent de la volonté individuelle des professeurs.

    Grâce à Sandra, professeure de français au lycée Jean-Baptiste de la Salle à Saint-Denis et à Tick'art, un dispositif de la région Île-de-France facilitant l'accès des lycéens à la culture, une classe de seconde a pu assister à Caligula à l'Athénée et prendre part à un atelier avec Bruno Putzulu, interprète de Caligula, pendant toute une après-midi.

    Sandra O., professeure de français

     

    Questions / Réponses


    Une fois arrivé dans la classe où il a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements, Bruno Putzulu a répondu aux nombreuses questions des élèves pendant une heure, comme :

    "—Pourquoi y a t-il des anachronismes sur scène dans Caligula, comme les vêtements ou les Ferrero Rocher ?"
    — Pourquoi Caligula tue t-il Caesonia ?
    — Combien de temps avez-vous mis pour apprendre votre texte ?
    — Préférez-vous le théâtre ou le cinéma ?
    — Pourquoi Caligula n'a t-il pas tué Scipion ?
    — Qu'aime Caligula chez Hélicon ?
    — Comment ça se fait qu'à l'Athénée, il y a des places d'où on ne voit qu'une partie de la scène ?
    — Est-ce que vous vous êtes documenté sur Caligula et sur Camus pour travailler ?
    — Comment modifiez-vous votre visage ? Vous êtes très différent ici par rapport à quand on vous a vu sur scène…
    — Est-ce que Caligula a peur de la mort ?
    — Est-ce que le théâtre peut aider à être moins timide ?
    — Pourquoi n'y avait-il pas d'entracte ?
    — Pourquoi Drusilla revient-elle plusieurs fois ?
    — Qu'est-ce que ça fait quand on joue une comédie et que personne ne rigole dans la salle?"

     

     

    Atelier jeu


    Après la discussion, Bruno Putzulu est passé à l'initiation au jeu de comédien en faisant venir les élèves sur scène pour une série d'exercices de base : se présenter devant tout le monde, raconter un souvenir d'enfance, avoir une discussion avec un partenaire, faire une improvisation à partir d'un canevas défini (par exemple : "vous discutez toutes les trois et ce garçon vient vous parler alors que vous n'avez pas très envie qu'il reste avec vous")…

     

     

    Tant de choses qui paraissent très simples dans la vraie vie et qui se compliquent à partir du moment où l'on est seul dans une grande salle face à une quarantaine de personnes ! Comment parler assez fort pour que tout le monde entende sans hurler pour autant ? Comment se tenir ? Où mettre ses mains ? Pourquoi n'arrive t-on pas à marcher comme d'habitude lorsqu'on doit le faire devant un public ? Pourquoi les mots sont-ils si difficiles à trouver ? Pourquoi se met-on à rire nerveusement lorsqu'on commence à jouer ?

     


    Quelques conseils donnés par Bruno aux lycéens, qui ont largement gagné en aisance au fil des passages :

    "— Tu vois, dès que tu te retrouves devant nous, tu ne sais pas quoi faire de tes mains, tu regardes par terre, tu tires sur ton pull…
    — Cela ne sert à rien de te dire de parler plus fort. Il faut que tu essaies de faire comprendre des choses et de nous intéresser. Vous voyez comme c'est étrange ! Parler normalement devient un problème à partir du moment où l'on est sur scène…
    — Vous voyez, là, elle ne parle pas plus fort. Mais on l'écoute parce que sa voix est claire et qu'elle suscite l'écoute. Si le texte est récité comme une poésie de CM2, le spectateur n'attend plus rien et ne fait pas le silence.
    — C'est difficile de s'adresser à quelqu'un au théâtre, de trouver à qui l'on parle.
    — Tiens, tu vois, en nous racontant ce souvenir, tu t'es mis à tripoter ce qu'il y avait devant toi : c'est la preuve que, lorsqu'on est vraiment intéressé par ce dont on parle, on fait souvent des gestes qui n'ont rien à voir avec ce que l'on dit.
    — Le théâtre, c'est une rencontre entre les acteurs et les spectateurs. Si vous n'êtes pas prêts à l'écoute, si vous ne vous concentrez pas, vous ne pourrez pas écouter ni voir ce qui se passe.
    À deux personnes à qui il avait demandé de se tenir la main : c'est difficile d'être intime avec son partenaire. Dans le cinéma, vous arrivez sur un tournage et on vous présente quelqu'un en vous disant : voilà, elle sera ta femme pendant deux mois."

     

    Et, en bonus, quelques bouts de dialogues tirés des improvisations des lycéen(ne)s:
    "— Je voulais parler de la pluie et du beau temps…
    — Hé ben il fait moche et puis voilà, salut."

    "— Pourquoi tu viens nous parler ?
    — Je sais pas, j'étais là…
    — Ben rentre chez toi !"

    "— J'ai vu un film, c'est un camionneur enfermé par des terroristes, et il est sous terre, et il y a un serpent et un téléphone, je ne sais plus le titre…"

    "— Ça fait plaisir de te voir ! Ça fait quoi, dix, quinze ans ?
    — Non, ça fait cinq minutes…"

    "—Ma mère me racontait toujours des histoires avant de m'endormir, mais c'étaient des histoires qu'elle inventait, c'était pas toujours terrible… Et puis les personnages ils s'appelaient genre Gros Patapouf ou des noms idiots comme ça…"

    "— Je voulais faire du basket parce que j'avais vu Michael Jordan à la télé, mais ma mère me disait que j'étais trop petit… Je l'ai convaincue à force d'insister et en lui disant que bientôt, je sauterai plus haut qu'elle. Aujourd'hui j'ai arrêté le basket, mais je saute toujours plus haut que ma mère."

    "—Je m'intéresse à tout, surtout aux mangas. Enfin, pas tous les mangas."

     

    Si Bruno a eu du mal à trouver des volontaires pour monter sur scène au début, ils ne voulaient plus en descendre à la fin…

     

    D'autres ateliers sont prévus d'ici le mois de juin grâce aux professeurs, à TickArt et à Alexandra Maurice, qui s'occupe des relations avec les scolaires à l'Athénée.

    Bonne journée !


    Merci à Sandra, à sa collègue et à leurs élèves du lycée Jean-Baptiste de la Salle à Saint-Denis, à Élise et Thomas de Tick'Art, à Alexandra de l'Athénée et à Bruno de
    Caligula.


  • Les saluts d'adieu • Coulisses




    Caligula s'est terminé ce week-end. Filmés de dos, voici les saluts des comédiens lors de la dernière :

     

     

     

    Petit bonus : après la représentation, j'ai prêté mon appareil photo à Claire Hélène Cahen, qui interprète Drusilla dans Caligula. Voici un cliché pour le moins fantomatique qu'elle a pris de Patrice Martinet, directeur de l'Athénée, et de Liza, habilleuse :

     

    (c) Claire Hélène Cahen

     

     

    Quant à la question de jeudi, 55% d'entre vous l'ont résolue ! Si Camus n'avait pas trouvé brutalement la mort, il aurait sans doute été nommé directeur du théâtre de l'Athénée par Malraux.

    Bon début de semaine !


  • Veuillez patienter dans la salle d'attente • Coulisses




    Lundi, je vous citais quelques répliques de comédiens entendues en coulisses lors d'une représentation de Caligula.

    En voici aujourd'hui les images : nous sommes pendant une représentation de Caligula, dans le foyer des comédiens (une pièce située juste à côté du plateau et où les comédiens attendent entre leurs scènes).

     

    Jean de Coninck change de costume

     

    Gauthier Baillot et Clément Carabédian

     

    Patrick d'Assumçao

     

    Claire Hélène Cahen

     

    Gauthier Baillot et Clément Carabédian (ce n'est que son index, petits coquins)

     

    Cécile Paoli

     

    Clément Carabédian et Pascal Castelletta se sèchent après une scène incluant de l'eau

     

    Fred, régisseur

     

    Cécile Paoli

     

    Maxime Mikolajczak

     

    Pascal Castelletta

     

    Clément Carabédian se laisse un instant dépasser par son rôle. À droite, Claire Hélène Cahen

     

    Claire Hélène Cahen

     

    Caligula se joue encore ce soir, demain à 15h et demain à 20h.
    Je donnerai lundi la réponse à la devinette d'hier : vous pouvez donc voter jusqu'à dimanche soir en cliquant ici. Bon week-end !


  • Incroyable mais vrai • Perspective




    Stéphane Olivié Bisson, metteur en scène de Caligula, m'a appris une chose surprenante (mais vraie!) sur Albert Camus.

    D'après vous, laquelle de cette affirmation est exacte ? Je vous laisse voter dans la colonne "sondage" à droite :

    Il a été pressenti pour le prix Nobel de la paix en 1952.
    À ses débuts, il a été serveur au café Flore.
    André Malraux, alors Ministre de la Culture, projetait de lui confier la direction de l'Athénée.
    Il s'est converti au catholicisme sous la pression de sa première femme, Simone Hié.

    Je vous laisse chercher et voter ! Caligula de Camus avec Bruno Putzulu se joue jusqu'à samedi.

    Bonne journée.


  • Colophane sans sable • Pleins feux




    Samedi à l'Athénée, les accessoires peuplant les coulisses avaient changé de nature:

     

    C'est de la colophane, que l'on applique sur les archets des instruments à cordes frottées (violon, alto, violoncelle, etc.) pour permettre la vibration de la corde.

     

    À 15h avait lieu en effet un concert en lien avec Caligula : dans le décor de la pièce (sans le sable bien sûr, pitié pour les instruments), quatre musiciens de l'Orchestre de Paris ont interprété des œuvres de compositeurs dont la vie a été très liée au politique et à l'histoire.
    Bruno Putzulu, interprète du rôle de Caligula, est venu dire des extraits du texte de Camus entre les œuvres.



    Voici la fin du concert dans une vidéo de moins de trois minutes, en espérant que vous me pardonnerez mes quelques soucis de micro :

     

    À l'Athénée, Caligula se joue jusqu'à samedi ! Le prochain (et dernier de la saison) concert de l'Orchestre de Paris à l'Athénée aura lieu le 2 avril 2011 sur le thème "Humour noir" en lien avec Une visite inopportune de Copi.

    Bon mercredi.


  • Vous irez aux toilettes à vos risques et périls • Coulisses




    À l'Athénée, il n'est pas toujours facile d'aller d'une coulisse à l'autre : il n'y a pas de passage sur le fond du plateau et la scénographie ne permet pas toujours de masquer d'éventuelles allées et venues.

    Alors que faire lorsqu'on est comédien, qu'on sort de scène à jardin (à gauche quand on est face à la scène) et que l'on doit y entrer de nouveau quelques minutes plus tard, mais à cour ? (à droite, donc)
    Eh bien on fait comme tout le monde : on contourne la salle par les coursives, c'est-à-dire par le chemin que les spectateurs empruntent pour déposer leurs vêtements au vestiaire et rejoindre leur place.

    Dans Caligula, il y a beaucoup de passages de comédiens en costumes au cours de la représentation : n'arrivez donc pas en retard, et faites attention à ne pas en percuter un en allant aux toilettes pendant la pièce…

     

    Claire-Hélène Cahen (Drusilla) et Fred (régisseur)

     

    Bruno Putzulu (Caligula)

     

    Maxime Mikoloajczak (Scipion) et Gauthier Baillot (Cherea)

     

    Maxime Mikoloajczak (Scipion) et Gauthier Baillot (Cherea) ont l'esprit d'équipe

     

    Maxime Mikoloajczak (Scipion) et Gauthier Baillot (Cherea) sont rejoints par Alexandra, qui travaille à l'Athénée.

     

    Maxime Mikoloajczak (Scipion)

     

    Patrick d'Assumçao (Hélicon)

     

    Jean de Coninck (le vieux patricien)

     

    Caligula d'Albert Camus mis en scène par Stéphane Olivié Bisson avec Bruno Putzulu, Gauthier Baillot, Claire-Hélène Cahen, Clément Carabédian, Pascal Castelletta, Patrick d'Assumçao, Jean de Coninck, Maxime Mikolajczak et Cécile Paoli se joue jusqu'à samedi ! Bon mardi.


  • Celui qui ne vous apprendra rien sur Caligula • Coup de théâtre




    On s'imagine souvent les coulisses d'un spectacle peuplées de comédiens silencieux et concentrés, attendant gravement le moment d'entrer en scène en surveillant la scène d'un air inquiet.

    Sauf que l'état des comédiens pendant une représentation dépend du rôle à interpréter, de la tonalité du spectacle et surtout du tempérament de chacun : certains s'échauffent dès l'après-midi alors que d'autres arrivent au théâtre trente minutes avant le spectacle, certains ont besoin de concentration et d'autres de plaisanter, certains ont le trac des heures avant alors que d'autres pas du tout (à croire que non, contrairement à un bon mot attribué à Sarah Bernhardt, le trac ne vient pas avec le talent), certains lisent un thriller pendant que d'autres regardent le spectacle…

    Bref, l'ambiance des coulisses pendant une représentation est souvent loin d'être religieuse,  excepté le fait que tout le monde y parle à voix basse.
    Nous avions déjà évoqué sur le blog l'ambiance régnant dans les coulisses d'une pièce de Camus : c'était pour Les Justes, où nous avions appris que les comédiens apprenaient le chinois, jouaient au tarot, lisaient un thriller ou écoutaient la pièce (oui il y en a, quand même) entre deux scènes (c'est ici).

    Concernant Caligula, il y a ceux qui ne font que passer en trombe dans les coulisses pour changer de costume et repartir sur le plateau, ceux qui restent concentrés entre deux scènes, et ceux qui laissent s'exprimer leur sens de l'humour.
    Voici quelques petites perles relevées lors de mon dernier passage en coulisses (l'une est de moi, mais je ne dirai pas laquelle) :

    La spécialiste du couple : "—La routine, c'est joli, c'est tout doux et ça sent bon."
    L'Arménien revendiquant ses origines : "—Moi, j'écoute Charles Aznavour tous les matins."
    Celle qui a toujours eu un problème avec cette histoire d'identité nationale : "—Parce que c'est un vrai pays, l'Arménie ?"
    Le faux jeton : "—Chut ! Il y a des camarades qui jouent sur scène, juste à côté, et qui donnent le meilleur d'eux-mêmes ! Bon, c'est pas grand-chose, mais quand même…"
    Celui qui a des hallucinations : "—Je te jure qu'ils ont sodomisé le poulet !!!"
    Le roi du calembour : "—C'est quoi le nom de ton personnage déjà? Scipion? Trois pions? Deux pions ?"
    Le wonderman : "—J'étais fatigué, mais ça me réveille de jouer."
    Celui qui a des problèmes avec ses accessoires : "—Oh non, il y a un trou dans mon maïs!…"
    Le concurrent d'Edouard Baer : "—Sympa ton appareil ! C'est un reflex anti-dévoiement à accélération tangentielle sans parallaxe avec capteur à surface équipotentielle, et posemètre mécanique radioactif, non ? (le prenant en main) Euh… Comment on fait la mise au point ?"
    Celle qui se donne des prétextes pour diminuer sa consommation de tabac : "—Tu crois que j'ai le temps d'aller fumer une cigarette dehors ? Allez, non, il ne me reste que quarante-cinq minutes avant ma scène, je vais rester là…"
    Et ceux qui ont des problèmes capillaires :
    "—Tiens, voilà Pocahontas…
    —T'as un problème, Tintin ?"


    Vous n'aurez rien appris sur Caligula aujourd'hui : ah si, qu'il se joue jusqu'à samedi à l'Athénée. Bon début de semaine !


  • "Tout est toujours trop clair, rien n'est assez lumineux" • Entretien




    Mardi soir, les spectateurs de Caligula ont pu participer à un "ensuite", une rencontre entre public et artistes après la représentation.

    La discussion, modérée par Lola Gruber qui écrit les textes des programmes et brochures à l'Athénée, a duré quarante minutes : en voici un condensé dans une vidéo de huit minutes.

    On y verra aborder les questions suivantes (dans l'ordre) :
    la version du texte choisie pour le spectacle (il existe en fait cinq versions du texte de Camus),
    le trône composé d'un empilement de matelas que l'on voit dans le spectacle
    la complexité du personnage de Caesonia,
    le choix des costumes,
    le poids du mythe de Caligula,
    la reconnaissance de Camus en tant qu'auteur et
    l'aspect philosophique de Caligula.

     

     

    Caligula se joue jusqu'à la fin de la semaine prochaine !

    Bon week-end à tous.


  • Seulement le début • Pleins feux




    Je me poste souvent dans les coulisses situés sur les côtés de la scène pour prendre des photos des spectacles : avec Caligula, je n'ai pas dérogé à cette vision de biais, mais seulement au début de la pièce (parce que la batterie de mon appareil photo était vide et que je n'en avais pas d'autre sous la main, oui BON on a tous des faiblesses).

    Voici donc un aperçu des quinze premières minutes du spectacle :

     

    Claire-Hélène Cahen (Drusilla)

     

    Clément Carabédian (le deuxième patricien), Jean de Coninck (le vieux patricien) et Pascal Castelletta (le premier patricien)

     

    Clément Carabédian (le deuxième patricien)

     

    Patrick d’Assumçao (Hélicon)

     

    Maxime Mikoloajczak (Scipion), Gauthier Baillot (Cherea) et, dans le fond, Clément Carabédian (le deuxième patricien)

     

    Le dos de Maxime Mikoloajczak (Scipion) et Gauthier Baillot (Cherea)

     

    Clément Carabédian (le deuxième patricien), Gauthier Baillot (Cherea) et Pascal Castelletta (le premier patricien)

     

    Bruno Putzulu (Caligula)

     

    Cécile Paoli (Caesonia) et Maxime Mikoloajczak (Scipion)

     

    Cécile Paoli (Caesonia) et les mains de quelqu'un (mais qui ?)

     

    Bruno Putzulu (Caligula) par-dessus l'épaule de Clément Carabédian (le deuxième patricien)

     

    Cécile Paoli (Caesonia) et Bruno Putzulu (Caligula)

     

    Pour découvrir la suite de Caliguia mis en scène par Stéphane Olivié Bisson, c'est jusqu'au 5 février 2011 !

    Bonne journée.

     


  • Un galimatias musical • Pleins feux




    Quatre concerts pour quatre quatuors
    Cette saison, l'Orchestre de Paris donne des concerts à l'Athénée en lien avec les pièces programmées.

    Ce samedi à 15h, en résonance à Caligula d'Albert Camus, vous pourrez entendre un concert sur le thème "néo-classique ou oppression".

     


    Néo-classique ou oppression
    Comme chez Camus, l'art et politique s'entremêlent dans la vie et les œuvres des cinq compositeurs choisis :
    Erwin Schulhoff et Hans Krasa furent tous deux déportés (et exécutés) dans les camps nazis,
    Bartok favorisa la reconnaissance de l'identité nationale hongroise (et la création de la Hongrie en 1918) en intégrant la musique paysanne hongroise dans ses œuvres*,
    le style de Stravinsky se modifia au rythme de ses exils
    et Chostakovitch subit toute sa vie l'oppression du régime soviétique et le poids du réalisme socialiste.


    Chostakovitch et le réalisme socialiste

    C'est dans les années 1930 que la doctrine du réalisme socialiste fait son apparition en URSS. Sa définition la plus claire se trouve sans doute dans les statuts d’unions de créateurs soviétiques qui ont été rédigés en 1934 :
    l'on y apprend que le réalisme socialiste exige "une représentation véridique et historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire [qui doit] se combiner à la tâche [...] de l’éducation idéologique des travailleurs dans l’esprit du socialisme".

    La fonction assignée à l'art est claire : l’artiste devient un "ingénieur des âmes" (l'expression date de 1932 et est de Staline lui-même) chargé d’une fonction d’éducation et de mobilisation des masses.

    Mais l'on passa rapidement de l'art prolétarien à l'art totalitaire : en 1936, un article extrêmement violent à l'égard de Chostakovitch paraît dans La Pravda et marque le début d'une campagne dite "anti-formaliste".
    Après avoir défini le contenu idéologique des œuvres d’art, le "réalisme socialiste" s'attaquait ainsi également à leur forme en dénonçant à la fois le "formalisme" et le "naturalisme" : le formalisme était défini comme la prégnance de la forme sur le message, et le naturalisme comme la description de la réalité hors de la perspective marxiste (c'est-à-dire n'analysant pas la vie selon des critères sociaux et historiques).

    Publié dans la même Pravda après la parenthèse de la seconde guerre mondiale, le décret Jdanov, (du nom du préposé aux arts du comité central et du conseil des commissaires du peuple), achève la subordination de l’art à l’État :
    "on considère que, s’il y a des malfaçons dans la production […], il est naturel d’émettre un blâme, mais s’il y a des malfaçons dans l’éducation des âmes humaines […], on peut l’admettre. Et pourtant, n’est-ce pas une faute plus pire [sic] ?"
    La chasse aux sorcières est en marche : Chostakovitch, Mandelstam, Vertov, Eisenstein et bien d’autres en feront les terribles frais et, de campagnes d’intimidation en déportations, l’œil pervers de Staline usa de la manipulation et des revirements pour mieux asseoir sa domination.

    C’est ainsi que Chostakovitch eut à subir le chaud et le froid soufflé par la mécanique implacable de broyage des individus, recevant six prix Staline tout en endurant, entre autres, deux campagnes de dénigrement particulièrement violentes : c’est toute la contradiction d’un régime qui, en écrasant les artistes sans relâche, montrait paradoxalement l’importance qu’il leur accordait.

    Forcé à la coopération, subissant l’humiliation, Chostakovitch sut la plupart du temps exprimer sa résistance dans des partitions bien plus novatrices et équivoques qu’on ne l’a d’abord cru. Il évita ainsi ce que Siniavski dénonçait dans un texte paru dans la revue Kultura en 1957 pour dénoncer le réalisme socialiste : "Ce n’est ni du classicisme, ni du réalisme. C’est le demi-art demi-classique d’un non-réalisme à peine socialiste".
    La doctrine momifiée du réalisme socialiste subsista jusqu’à l’éclatement de l’URSS en 1990 : Chostakovitch, lui, est mort en 1975.

     

    L'art de l'engagement
    Albert Camus n'eut de cesse de critiquer le totalitarisme soviétique et refusa farouchement toute compromission, prônant la résistance, multipliant les prises de position courageuses et refusant les idéologies.

    Vous pouvez découvrir son Caligula jusqu'au 5 février. Et pour entendre les compositeurs qui lui ont été associés par les équipes de Caligula et de l'Orchestre de Paris, c'est ce samedi à 15h.

    Bon mercredi.

     


    * À l'instar de Janacek pour la Tchécoslovaquie à la même époque : j'en parlais sur le blog ici à l'occasion du Journal d'un disparu.


    NB : "un galimatias musical" est le titre de l'article
    anonyme (mais sans doute rédigé par Staline) publié dans La Pravda du 28 janvier 1936 pour attaquer l'opéra Lady Macbeth du district de Mzensk de Chostakovitch.

    Bibliographie : Michel Aucouturier, Le Réalisme socialiste.
    Solomon Volkov, Chostakovitch et Staline.


  • Un ange passe • Coulisses




    Avant une répétition, surtout si elle est générale, il y a souvent un petit moment de flottement : on attend. On ne sait pas toujours ce qu'on attend, d'ailleurs : un costume, un comédien, tous les comédiens, qu'un essai lumières se termine ou qu'une coiffure se fasse.

    Voici une dizaine de clichés pris quelques minutes avant la répétition générale de Caligula, la veille de la première : la plupart des comédiens étaient arrivés sur le plateau et l'on attendait avant les dernières recommandations de Stéphane Olivié Bisson, le metteur en scène.

     

    Maxime Mikolajczak (Scipion) et Pascal Castelletta (le premier patricien).
    Au fond, Bruno Putzulu (Caligula).

     

    Patrick d’Assumçao (Hélicon) et Bruno Putzulu (Caligula)

     

    Bruno Putzulu (Caligula)

     

    Bruno Putzulu (Caligula) que, contrairement aux apparences, Gauthier Baillot (Cherea) ne montre pas du doigt.

     

    Clément Carabédian (le deuxième patricien)

     

    Gauthier Baillot (Cherea). Vous l'avez peut-être déjà vu à l'Athénée dans Les Mains sales de Jean-Paul Sartre et Les Justes d'Albert Camus, montés par Guy-Pierre Couleau.

     

    Gauthier Baillot (Cherea), Pascal Castelletta (le premier patricien), Stéphane Olivié Bisson (metteur en scène), Jean de Coninck (le vieux patricien) qui m'a vue, Bruno Putzulu (Caligula), Maxime Mikolajczak (Scipion) et Clément Carabédian (le deuxième patricien).

     

    Clément Carabédian (le deuxième patricien)

     

    Cécile Paoli (Caesonia) discute avec Stéphane Olivié Bisson (le metteur en scène)

     

    Tout est sombre et flou autour de Claire-Hélène Cahen (c'est sans doute elle, au final, l'ange du titre) qui joue Drusilla, mais l'on reconnaît tout de même Clément Carabédian (le deuxième patricien) à droite et Cécile Paoli (Caesonia) au fond.

     

    Bruno Putzulu (Caligula), Jean de Coninck (le vieux patricien), Gauthier Baillot (Cherea), Maxime Mikoloajczak (Scipion), Patrick d'Assumçao (Hélicon), Claire-Hélène Cohen (Drusilla) et Clément Carabédian (le deuxième patricien).

     

    Claire-Hélène Cahen (Drusilla). Au fond, Jean de Coninck (le vieux patricien)

     

    Jean de Coninck (le vieux patricien) dans les coulisses, quelques secondes avant le début de la répétition générale.

     

     

    Caligula d'Albert Camus mis en scène par Stéphane Olivié Bisson se joue jusqu'au 5 février. Bonne journée !


  • L'Athénée ensablé • Coulisses




    Caligula a commencé la semaine dernière, et ceux d'entre vous qui l'ont déjà vu savent qu'il y a du sable noir sur scène.

    Voici une vidéo de quatre minutes tournée la veille de la première où l'on voit comment les membres de l'équipe technique recouvrent le plateau :

     

     

    (Merci aux membres de l'équipe technique de Caligula et de l'Athénée)



    Caligula de Camus mis en scène par Stéphane Olivié Bisson et interprété par Bruno Putzulu (entre autres) se joue jusqu'au 5 février !

    Bon début de semaine.


  • Bas les masques • Pleins feux




     

    À l'Athénée, la première de Caligula a eu lieu hier soir : pour voir les masques tomber, c'est jusqu'au 5 février...

    Caligula de Camus est mis en scène par Stéphane Olivié Bisson et interprété par Bruno Putzulu, Gauthier Baillot, Claire Hélène Cahen, Clément Carabédian, Pascal Castelletta, Patrick d'Assumçao, Jean de Coninck, Maxime Mikolajczak et Cécile Paoli.

     

    PS : à l'arrivée de l'équipe de Caligula à l'Athénée, nous avons partagé une galette des rois tous ensemble. J'ai eu la fève (enfin une des fèves, parce qu'il y avait plusieurs galettes, nous sommes nombreux et gourmands), et je ne résiste pas à vous la montrer tant ce petit couteau nous a semblé en phase avec le sujet du spectacle...

     

    Bon week-end !


  • Affreux, sale et méchant • Perspective




    Mardi, en évoquant la vie du vrai Caligula, je vous disais que notre seule source quasi exclusive à ce sujet était La Vie des douze Césars de Suétone qui, s'il était historien, n'en était pas moins très subjectif.

    Voici quelques extraits du portrait terrifiant (et sans doute exagéré) qu'il a dressé de l'empereur Caligula :


    Laid
    "Caius avait la taille haute, le teint très pâle, le corps mal fait, le cou et les jambes extrêmement grêles, les yeux enfoncés, les tempes creuses, le front large et menaçant, les cheveux rares, le sommet de la tête dégarni, le reste du corps velu. […]
    Son visage était naturellement affreux et repoussant, et il le rendait plus horrible encore en s'étudiant devant son miroir à imprimer à sa physionomie tout ce qui pouvait inspirer la terreur et l'effroi."


    Incestueux

    "Il entretint un commerce criminel avec toutes ses soeurs. […] On croit qu'il abusa de Drusilla, lorsqu'il portait encore la robe prétexte. […] Bientôt il l'enleva à Lucius Cassius Longinus […] à qui elle était mariée, et la traita publiquement comme son épouse légitime. […] Il n'eut pour ses autres soeurs ni un amour aussi vif ni de pareils égards : il les prostitua souvent à ses compagnons de débauche."


    Inconstant
    "Il serait difficile de dire s'il fut plus impudent à contracter ses mariages qu'à les maintenir ou à les dissoudre. Caius Pison venait d'épouser Livia Orestilla. L'empereur, qui avait assisté à la noce, fit conduire l'épouse chez lui, la répudia peu de jours après, et deux ans plus tard, l'exila, parce que, dans cet intervalle, elle paraissait avoir renoué sa liaison avec son premier mari. […]
    Il aima avec plus de constance et de passion Césonia […], femme de la plus impudente lubricité. Il la fit voir souvent à ses soldats, revêtue d'une chlamyde, avec un casque et un bouclier, et montant à cheval à côté de lui. Il la montra nue à ses amis."


    Meurtrier et cruel
    "Après ces détails, il est presque indifférent de raconter comment il traita ses proches et ses amis. Ptolémée, par exemple […] et Macron, et […] Ennia, qui l'élevèrent à l'empire, tous, pour prix de leur parenté ou de leurs services, périrent d'une mort sanglante. Il ne fut pas plus respectueux ni plus humain envers le sénat. […]
    Au milieu d'un spectacle de gladiateurs, il ordonnait tout à coup qu'on retirât les toiles qui garantissaient l'assemblée des ardeurs du soleil, et défendait que personne ne sortît. […] Quelquefois il faisait fermer les greniers publics et annonçait au peuple une famine."

    "Il condamna aux mines, ou aux travaux des chemins, ou aux bêtes, une foule de citoyens distingués, après les avoir flétris d'un fer brûlant. Il y en eut qu'il enferma dans des cages où ils étaient obligés de se tenir à quatre pattes; il en fit scier d'autres par le milieu du corps. Et pourtant ce n'était pas pour des motifs graves : les uns avaient été mécontents d'un de ses spectacles, les autres n'avaient jamais juré par son génie. Il forçait les pères à assister au supplice de leurs enfants."

    "Il périt avant l'expiration du quatrième mois, méditant des crimes plus odieux encore que tous ceux qu'il avait commis. Il voulait se retirer à Antium ou à Alexandrie, après avoir immolé tout ce qu'il y avait de plus illustre dans les deux premiers ordres de l'État.
    On n'en saurait douter, puisque l'on trouva dans ses papiers secrets deux écrits intitulés, l'un "le glaive", et l'autre "le poignard" : c'était la liste de ceux qu'il devait immoler. On découvrit aussi un grand coffre rempli de divers poisons. Lorsque Claude les eut plus tard jetés à la mer, elle en fut, dit-on, tellement infectée, que le flux laissa sur les plages voisines une grande quantité de poissons morts."


    Dépensier
    "Dans la construction de ses palais et de ses villas, il ne tenait pas compte des règles de l'art, et ne souhaitait rien tant que d'exécuter ce qui paraissait impraticable.
    En conséquence, il jetait des digues dans une mer orageuse et profonde, taillait les rochers les plus durs, élevait des plaines à la hauteur des collines, et abaissait des montagnes au niveau du sol, avec une incroyable célérité, car le moindre retard était puni de mort. En un mot, il épuisa en moins d'un an tous les trésors de Tibère […]."

    "Il leva des impôts nouveaux et inouïs jusqu'alors […] Il n'y eut aucune chose et aucune personne qui ne fût taxée. […] Les mariages même n'en furent pas exempts."



    Traduction française de M. Cabaret-Dupaty, Paris, 1893,
    avec quelques adaptations de J. Poucet, Louvain, 2001.


    Chez Camus, Caligula est davantage un héros romantique cherchant à exercer sa liberté : la pièce mise en scène par Stéphane Olivié Bisson et avec Bruno Putzulu dans le rôle titre commence à l'Athénée ce soir !



  • Petite sandale • Perspective




    À partir de jeudi, c'est la pièce Caligula d'Albert Camus qui sera jouée à l'Athénée.

    Pour écrire son texte, Camus s'inspire de la vie de l'empereur Caligula telle qu'elle est relatée par l'historien latin Suétone (IIe siècle) dans Vie des douze Césars.
    Si Suétone est quasiment la seule source disponible concernant le vrai Caligula, il n'en est pas pour autant objectif : le portrait qu'il en dresse est odieux, et il est difficile encore aujourd'hui de démêler le vrai du faux.

    Arrière-petit-fils d'Auguste et oncle de Néron, Caligula est proclamé empereur à vingt-cinq ans, en 37 après J.-C. De son vrai nom Caius Julius Caesar Germanicus, il est surnommé Caligula ("petite chaussure", du mot caligae qui désigne une sandale portée par les soldats), sans doute en référence aux habits qu'il portait, ayant été élevé dans des camps militaires.

    Très jeune, mal préparé à régner, il gouverne en despote et s'attire l'hostilité des puissants, en particulier du Sénat. Mégalomane, il apparaît en public costumé en Jupiter ou en Hercule, mais ne mène pas une politique extérieure expansionniste pour autant.
    S'il a su s'attirer temporairement les faveurs du peuple par des mesures démagogiques (distribution d'argent et de présents, organisation de spectacles...) il semble mener une politique incohérente et paraît se complaire à semer la terreur tant parmi ses proches qu'au sein du peuple.

    Il est mort assassiné par ses gardes en 41 sans que l'on connaisse le commanditaire exact du meurtre, soit après quatre ans de règne et âgé de seulement vingt-neuf ans.

    Caligula de Camus avec Bruno Putzulu dans le rôle-titre sera joué à partir de jeudi à l'Athénée. Bonne journée !


  • Idées de spectateurs (1) - Jean • La corde verte du lapin qui siffle




    En novembre dernier, lorsque je sollicitais vos idées de sujets sur le blog, Jean m'écrivais ceci :

    "Hier, vous avez sorti les plans du théâtre. Et pourquoi ne pas photographier la scène depuis des places type ? Les habitués de l'orchestre sont-ils déjà monté à la galerie ? Les habitués de ces places sont-ils déjà descendu à l'orchestre ? Que voit-on depuis 12C (une des plus mauvaises places dans les loges de corbeille, dernier plan) ? Et du 2B au balcon ? Et U34 ? Et D20 à la loge d'avant-scène ?
    Je ne vous dirai pas mes places préférées sinon, on tenterait de me les prendre !
    "

    Effectivement, quand on connaît la salle à l'italienne de l'Athénée et ses places à la vision si disparate (de quoi carrément modifier sa perception d'un spectacle), le sujet s'imposait !

    Voici donc l'idée de Jean réalisée : j'ai photographié le plateau du Journal d'un disparu de différentes places sans jamais modifier la focale de mon objectif (son angle de vue, en quelque sorte) afin d'obtenir un résultat au plus proche de la réalité.

    Démonstration en allant de bas en haut de la salle :

     

    ORCHESTRE (ou parterre, ou rez-de-chaussée)

     

    Place 1 du rang I, au centre de l'orchestre

     

    Place 12 du rang B, dans les premiers rangs de l'orchestre.

     

    Place B de la loge 15 à l'orchestre, soit assez près de la scène, sur le côté.

     

    Place B de la loge 1 à l'orchestre, donc tout au fond de l'orchestre, au centre.



    CORBEILLE (ou premier étage)

    Place 16 du rang N à la corbeille, sur le côté mais encore proche des places de face.

     

    Place 1 du rang P à la corbeille, donc tout au fond de cet étage, mais de face et au centre.

    Place C de la loge 17 à la corbeille, très proche de la scène, de côté.

     

    BALCON (deuxième étage)

    Place B de la loge 13 au balcon, en avant-scène.
    Ces loges sont très rarement mises en vente car elles accueillent souvent des projecteurs, des panneaux de surtitrage, voire des musiciens en cas d'orchestre trop important pour tenir dans la fosse.

     

    Place 20 du rang T au balcon, de face, légèrement sur le côté.

     

    Place 1 du rang Q au balcon, au centre.

     

    Place 30 du rang Q, soit au premier rang du balcon, mais de côté.

     

    GALERIE (troisième étage)

    Place 1 du rang U en galerie, soit au premier rang de face.

     

    Place 46 du rang U en galerie, donc au premier rang, mais complètement de côté. Ces places à visibilité réduite ne sont mises en vente que lorsqu'un spectacle est vraiment complet.

     

    Place 4 du rang V en galerie, soit au deuxième rang quasiment de face. Ce sont des places qui ont été un peu surélevées pour améliorer la vue sur la scène et qui ne permettent donc pas de s'asseoir complètement. Comme les places de côté du rang U, elles ne sont que rarement mises en vente.

     

     

    En espérant que le plan de salle de l'Athénée vous paraîtra ainsi moins obscur, je vous souhaite de bien choisir vos places pour Caligula de Camus qui commence jeudi !

    Bon début de semaine.


  • Le pressentiment • Pleins feux




    Le Journal d'un disparu, cycle de mélodies de Janacek mis en scène par Christophe Crapez, a commencé hier à l'Athénée et se joue encore ce soir, demain et dimanche.

    Christophe Crapez a choisi d'insérer au début de l'œuvre le premier mouvement d'une sonate pour piano composée par Janacek : surnommée "1er octobre 1905", elle a été écrite en mémoire d'un ouvrier tué lors d'une manifestation.

    Mécontent, Janacek tenta de détruire la partition, mais les deux premiers mouvements ont été sauvés par la pianiste Ludmila Toutchkova : ils sont respectivement intitulés "le pressentiment" et "la mort".

    C'est "le pressentiment" que Christophe Crapez a choisi de faire entendre sous les doigts du pianiste Nicolas Krüger au début du spectacle.
    Pour découvrir la grande sensibilité et l'originalité de Janacek, voici donc ce premier mouvement, interprété par le pianiste tchèque Rudolf Firkusny. Il fut l'élève de Janacek avant de s'exiler à la seconde guerre mondiale pour les États-Unis où il est décédé en 1994.



     

    Pour entendre le premier mouvement de cette sonate ainsi que le Journal d'un disparu interprété par Nicolas Krüger, Christophe Crapez, Eva Gruber, Séverine Etienne-Maquaire, Sacha Hatala et Ainhoa Zuazua, c'est jusqu'à dimanche !
    Ce soir, Jacques Amblard, musicologue, viendra présenter l'œuvre à 18h30 dans le foyer-bar de l'Athénée.

    Bon week-end !


    PS auto-promotionnel
    : dimanche, allumez votre radio sur France Musique de 16h à 18h! L'émission "L'air des lieux" sera consacrée à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet : vous pourrez y entendre entre autres les douces voix de Patrice Martinet, directeur du théâtre, Denis Léger, directeur technique, et la mienne, si je n'ai pas été coupée au montage.
    La fréquence de France Musique à Paris : 91,7. L'émission sera ensuite disponible en podcast ou en écoute à la carte.


  • Journal d'un montage • Coulisses




    Hier après-midi, l'équipe du Journal d'un disparu s'attelait aux derniers préparatifs avant la première qui aura lieu ce soir : comme vous pouvez le constater, d'étranges perches peuplent la scène…

    Jano, régisseur général à l'Athénée

     

    Jano, régisseur général à l'Athénée

     

    Thomas et Priscilla, respectivement technicien et stagiaire en technique à l'Athénée

     

    Le Journal d'un disparu, cycle de mélodies composé par Janacek à partir de poèmes, se joue jusqu'à dimanche.

    Demain à 18h30, vous pourrez assister à un "d'abord" où Jacques Amblard, musicologue, vous présentera l'œuvre : rendez-vous au foyer-bar !


  • Qui me rendra ce que j'ai perdu ? • Pleins feux




    Le Journal d'un disparu, que vous pourrez voir à l'Athénée à partir de demain, a été composé par Janacek sur des poèmes écrits en dialecte valaque (sud-est de l'actuelle République Tchèque).

    Ce cycle de poèmes raconte une histoire d'amour entre un paysan et une jeune tzigane et est divisé en vingt-deux parties :

    1 - J'ai rencontré une jeune tzigane
    2 - La noire tzigane
    3 - Des lucioles dansent
    4 - Déjà de jeunes hirondelles pépient
    5 - Que c'est pénible de labourer
    6 - Ohé ! Mes bœufs gris !
    7 - J'ai perdu une chevillette
    8 - Ne regardez pas tristement
    9 - Bonjour, petit Janik
    10 - Ô Dieu lointain
    11 - L'odeur du sarrasin fleuri
    12 - Une charmille sombre
    13 - Partie au piano solo
    14 - Le soleil monte
    15 - Mes petits bœufs gris
    16 - Qu'ai-je donc fait ?
    17 - Personne n'échappe à sa destinée
    18 - Je ne songe maintenant qu'à une chose
    19 - Une pie vole
    20 - J'ai une jolie aimée
    21 - Mon cher papa
    22 - Adieu, mon pays natal

    Pour vous donner une idée du texte, en voici quelques extraits traduits par Emilia Essora:

    5 - « Que c'est pénible de labourer, j'ai si peu dormi, j'ai si peu dormi, et lorsque je m'endormais, c'est d'elle que je rêvais. »

    11 - « L'odeur du sarrasin fleuri arrive jusqu'au bois. "Veux-tu voir, Yanik, comment dorment les tziganes?" Elle cassa une petite branche, prit une pierre et la jeta. "Voilà, mon lit est fait", dit-elle en riant. "La terre est mon oreiller, le ciel ma couverture, et les mains, refroidies par la rosée, je les réchauffe dans mon giron." Elle était couchée par terre, elle n'avait qu'une petite jupe, et ma pauvre vertu pleurait à chaudes larmes. »

    14 - « Le soleil monte, l'ombre devient plus courte. Oh ! Qui me rendra ce que j'ai perdu?»

    21 - « Mon cher papa, comme vous vous trompez, si vous croyez que je prendrai la jeune fille que vous me choisirez. Qui a commis une faute, qu'il expie son péché : moi, non plus, je ne veux pas éviter mon sort. »

    On peut consulter le texte intégral et un commentaire de l'œuvre ici. J'ai écrit un billet sur Janacek hier.


    Le Journal d'un disparu mis en scène par le ténor Christophe Crapez (que certains d'entre vous avez peut-être déjà vu à l'Athénée dans La Société Anonyme des Messieurs Prudents, Le Docteur Ox, Les Brigands ou L'Opéra de quatre notes) se joue de demain à dimanche !


  • La révolution de velours • Perspective




    De jeudi à dimanche, vous pourrez écouter Le Journal d'un disparu à l'Athénée : l'œuvre a été composée par Janacek sur des poèmes écrits dans un dialecte de l'Est de la République Tchèque et racontent l'amour d'un paysan pour une Tzigane.

    Si l'histoire évoquée dans ces poèmes pouvait rappeler à Janacek une partie de sa vie personnelle, la langue utilisée a sans doute été déterminante dans son choix de les mettre en musique.
    Né en 1854 et décédé en 1928, Janacek a en effet joué un rôle déterminant dans la mise en avant des identités culturelles tchèques et moraves.
    Il parcourt ainsi son pays (qui deviendra la Tchécoslovaquie à l'effondrement de l'empire austro-hongrois en 1917) à la recherche de musiques populaires : collectant des chansons paysannes dès 1886, Janacek oeuvre à la reconnaissance du folklore musical de sa région et, par là-même, à la revendication d'une identité tchécoslovaque.


    D'origine paysanne et jouées sans partition, les musiques populaires ont souvent été sous-estimées, mais Janacek relève le défi de les intégrer à la musique dite savante.
    Le défi paraît impossible tant tout semble séparer musique populaire et classique : les tonalités ne sont pas les mêmes, d'autant que les chants paysans peuvent très bien hésiter entre plusieurs tons ou commencer en mineur pour se terminer en majeur.
    Ensuite, d'un point de vue rythmique, les musiques occidentales reposent sur une symétrie parfaite où chaque mesure est égale à la suivante et où une croche vaut une moitié de noire et une ronde le double de la blanche : rien de semblable avec la musique populaire d'Europe de l'Est où une demi-mesure peut par exemple être légèrement plus longue que celle qui la précède —et cette complexité rythmique est quasiment impossible à retranscrire dans notre système de notation.

    Janacek, à l'instar du Hongrois Bartok ou du Roumain Enesco, parvient pourtant à se construire un style singulier et inédit où le genre savant s'imprègne du folklore, et accompagne ainsi les revendications identitaires d'une région qui réclamera rapidement son indépendance.
    Si le nationalisme quasi-forcené de Janacek dans sa vie courante se retrouve dans sa musique où la composante folklorique est déterminante, il est intéressant de souligner que sa volonté de retranscrire ce qu'il entend ne s'arrête pas aux musiques populaires entendues dans la campagne tchèque et morave.

    Le compositeur s’attache en effet à la mélodie du parler et transforme en musique des phrases saisies au vol, mais aussi le bruit de la mer ou encore des chants d’oiseaux.
    Désirant abandonner les conventions expressives propres à la musique, Janacek réintroduit la prose dans l’opéra et s’inspire du langage parlé pour composer. Il ne s’agit pas d’imiter la nature mais bien d’admettre l’existence d’un univers musical en-dehors de la musique elle-même.


    Chahutant les frontières entre savant et populaire, entre nature et culture et entre Tchécoslovaquie et Autriche-Hongrie, Janacek crée aussi une œuvre hybride
    du point de vue strictement formel : entre opéra et cycle de Lieder*, son Journal d'un disparu composé en 1919 sera joué à l'Athénée à partir de jeudi dans la mise en scène de Christophe Crapez.



    Bon mardi !

     

    * Si vous avez manqué un épisode sur le Lied, rendez-vous ici pour un très modeste début de définition.


  • L'art de bien chiner • D'hier à aujourd'hui




    À sa construction en 1883, l'Athénée s'appelait l'Éden Théâtre. De cette courte période*, nous ne savons que peu de choses, d'autant que les documents restants sont rares.

    C'est compter sans Patrick, qui travaille occasionnellement comme technicien à l'Athénée : Patrick est un chineur de grand talent qui trouve régulièrement des objets concernant l'histoire de l'Athénée. Récemment, il nous a débusqué un document assez rare : un programme de l'Éden Théâtre.

    Si la date n'est pas indiquée, le programme date très vraisemblablement des années 1880. Le spectacle en question est un ballet composé par Albert Renaud (1855-1924), Roknedïn.

    En voici une reproduction : le programme comprend donc la distribution du spectacle, un résumé très détaillé de l'intrigue, des gravures représentant des épisodes de l'action, et une notice documentaire apportant quelques précisions sur les faits historiques** dont s'inspire le ballet.

     

    Merci à Julie B.


    Bon début de semaine !




    * L'Éden changea rapidement de nom puis fut partiellement détruit en 1895. Voir le petit historique que j'avais fait ici

    ** Les faits historiques dont il est question ayant été largement mythifiés, il est difficile de démêler le vrai du faux. Il s'agit de ce que l'on a appelé "Les Assassins", cette secte dissidente de l'ismaélisme (une branche minoritaire de l'islam chiite) qui aurait pratiqué l'assassinat politique et le terrorisme entre les 10e et les 12e siècles. À leur sujet, on peut lire le livre de Farhad DAFTARY, Légendes des Assassins. Mythes sur les Ismaéliens édité chez Vrin.


  • Soyez bon et le monde changera en bien • Pleins feux




    Phi-Phi, l'opérette actuellement à l'Athénée, raconte l'histoire du sculpteur Phidias à qui l'on passe commande d'une statue sur le thème : "l'Amour et la Vertu fondent le bonheur domestique". Le personnage d'Ardimédon sera chargé de personnifier l'Amour, Aspasie représentera la vertu.

    Dans sa mise en scène, Johanny Bert a prêté à la marionnette d'Ardimédon un grand corps d'homme musclé taillé en V, tandis qu'Aspasie arbore une poitrine généreuse et une taille de guêpe.
    Dans l'entretien que j'ai eu avec Johanny Bert, je lui posais justement cette question de la représentation de la vertu, ce à quoi il a répondu par une autre question : qu'est-ce que la vertu ?

    Bonne question.

    Il semblerait que le mot "vertu" provienne du latin "virtus" qui, d'après le dictionnaire latin-français Gaffiot, signifie : "qualités qui font la valeur de l'homme, moralement et physiquement". Un autre dictionnaire précise qu'il s'agit de la « force virile, de vir, "homme" » (détail amusant lorsqu'on voit que la notion de "vertu" s'applique souvent aux femmes, ou en tout cas de manière particulière, comme on va le voir plus bas).


    Le dictionnaire Trésor de la Langue Française donne plusieurs définitions de la vertu :

    - Courage physique ou moral

    - Disposition habituelle, comportement permanent, force avec laquelle l'individu se porte volontairement vers le bien, vers son devoir, se conforme à un idéal moral, religieux, en dépit des obstacles qu'il rencontre

    - Retenue, chasteté, fidélité conjugale
    Enfin, cela concerne surtout les femmes, d'après l'exemple cité en illustration, à savoir Louis Ménard dans Rêveries d'un païen mystique : "la chasteté, pour la femme, est synonyme de vertu, comme pour l'homme la justice et le courage, car le milieu de l'homme est la cité, le milieu de la femme est la famille".
    Ce qui est confirmé par l'emploi des expressions développées ensuite dans l'article, telles que "femmes de petite vertu" ou "une vertu" qui signifie "femme qui constitue un modèle de chasteté, de fidélité amoureuse"

    - Propriété d'un corps, de quelque chose à quoi on attribue des effets positifs. Exemple : les vertus d'une plante, les vertus d'un dialogue.

    - En vertu de  : par le pouvoir de. Exemple : "en vertu des pouvoirs qui me sont conférés".

    L'on se rapproche ainsi du sujet de Phi-Phi , comme l'expliquait le musicologue Philippe Cathé dans sa présentation du spectacle avant-hier à l'Athénée (voir ici pour un compte-rendu), souffle un vent de libération des mœurs, en particulier féminines.

    En philosophie, la notion de vertu est assez éloignée des questions de mœurs et de la morale puritaine. On pourrait consacrer plusieurs livres à la question, mais voici quelques repères brefs (en toute modestie).

    Chez Platon, puis dans l'épicurisme et le stoïcisme, les vertus sont des dispositions qui concourent à une vie bonne. Les vertus cardinales (ou vertus fondamentales pour construire la perfection morale) sont la sagesse, la tempérance, la prudence et la justice.
    En ce sens, une vie bonne est aussi une vie heureuse, et la vertu est liée au bonheur.
    Spinoza s'inscrit dans cette filiation en définissant la vertu comme ce qui nous pousse à agir conformément à la raison, mais Kant introduit une nuance en la dissociant du bonheur : la vertu ferait partie de la force de la volonté mais, dans le sens où elle pousserait à agir contre les penchants de la sensibilité, pourrait ne pas conduire à une vie heureuse.

    Chez Aristote, le sens de "vertu" est différent mais se rapproche finalement du sens que développera ensuite Spinoza : c'est la qualité qui accomplit la nature d'un être. La vertu d'un cheval serait de bien courir, tandis que celle de l'homme serait d'agir sous la conduite de la raison.

    Dans Phi-Phi, les femmes sont autant de petites vertus que les hommes, et chacun semble agir selon les penchants de sa sensibilité pour accéder au bonheur dans la bonne humeur, car les deux vertus principales de l'opérette sont sans doute son caractère corrosif et son pouvoir de faire rire.

    En conclusion, comme le disait un graffiti aperçu sur un mur lyonnais il y a quelques mois, "soyez bon et le monde changera en bien".

    Phi-Phi se joue jusqu'à dimanche ! Bon week-end.


  • L'évolution des moeurs • Perspective




    Hier soir, Philippe Cathé, musicologue, est venu au foyer-bar de l'Athénée pour donner quelques clés de compréhension sur Phi-Phi, créé le lendemain de l'armistice de 1918.

    Il a d'abord expliqué que l'opérette avait été inventée par Hervé (nom de naissance : Florimond Ronger) et non par Offenbach comme on l'imagine souvent. Né en 1825, Hervé nous a laissé des œuvres comme Don Quichotte et Sancho Pança, L'Œil crevé, Chilpéric ou Le Petit Faust (qui parodiait le Faust de Gounod).

    Philippe Cathé a ensuite évoqué le rôle primordial de la première guerre mondiale dans l'économie du spectacle : avec la Grande Guerre et les années qui l'ont suivie, la jeunesse a été décimée et les nouveaux riches sont apparus.
    Plus vieux, moins aristocratique, ayant envie de s'amuser, ce nouveau public qui a le pouvoir et l'argent guide le spectacle vers des opérettes légères, drôles et plus faciles à comprendre que l'opéra.

    La première guerre mondiale a également changé la place des femmes : le travail des femmes inauguré en temps de guerre devrait-il s'arrêter alors que l'on connaît une importante pénurie d'hommes après la guerre ? Donc non seulement les femmes travaillent désormais, mais l'on préfère en plus épouser une femme qui travaille plutôt qu'une femme qui possède des biens, ces derniers perdant leur valeur avec l'inflation galopante des années d'après-guerre.

    L'évolution des mœurs des femmes prend ainsi la forme d'une certaine autonomie que l'on retrouve dans Phi-Phi où souffle une liberté correspondant pleinement à l'esprit des années folles, même si la société n'était pas forcément prête à accepter un tel vent de changement : à ce titre, le scandale provoqué par le roman La Garçonne écrit en 1922 par Victor Margueritte (où l'on découvre l'histoire d'une femme prenant de multiples amants) montre que l'on ne plaisantait pas encore complètement avec les mœurs de ces dames...
    Phi-Phi est ainsi un bon indicateur de la place des femmes dans la société des années folles, d'autant plus que l'œuvre ne se clôt pas sur une fin bien rangée où tout le monde rentrerait dans le rang…

    Philippe Cathé a conclu sur la richesse de Phi-Phi qui permet des mises en scènes très différentes, qu'elles jouent sur les anachronismes de la Grèce Antique ou en proposent une relecture radicale : de son point de vue, la mise en scène de Johanny Bert actuellement à l'Athénée est à la fois dans la fidélité et la relecture  décapante de l'œuvre, mais également dans la continuité du travail des Brigands qui proposent de voir autrement le répertoire de l'opérette.


    Le prochain "d'abord", ces rencontres d'une demi-heure au foyer-bar vous proposant quelques clés de compréhension sur les œuvres, aura lieu le 14 janvier pour Le Journal d'un disparu, opéra pour piano (ou cycle de mélodies, selon la définition) de Janacek mis en scène par Christophe Crapez.

    Demain, de 12h30 à 14h, vous pourrez assister à une conférence en musique sur le renouveau de l'opérette en France. C'est sur le site Richelieu de la Bibliothèque Nationale de France, 2 rue Vivienne dans le 2e arrondissement de Paris (plus d'informations en bas de cette page)

    Phi-Phi se joue jusqu'à dimanche !



    Merci à Philippe Cathé, en espérant ne pas avoir déformé ses propos


  • Grand chef (d'orchestre) et petite cuisine (interne) • Coulisses




    Vendredi dernier, nous avons rappelé la définition du raccord, cette répétition d'environ une demi-heure qui a lieu avant chaque représentation de Phi-Phi pour retravailler quelques courts passages de l'œuvre.
    Il s'agit donc d'une séance de travail très rapide qui intervient une fois que le spectacle est monté, et qui est vouée à caler certains détails à la demande du chef d'orchestre (en l'occurrence, Christophe Grapperon).

    Mon projet de publier un montage vidéo montrant des extraits du raccord du 23 décembre a donné lieu à des discussions avec quelques membres de l'équipe de Phi-Phi : voir l'envers du décor et le travail quotidien des artistes et techniciens revêt-il un intérêt pour le public ? Est-ce facile pour une équipe artistique de voir sa petite cuisine interne mise au grand jour ?

    Pour ma part, si je comprends la difficulté à avoir quelqu'un dans ses pattes qui enregistre et prend des photos pendant le travail sans avoir aucun contrôle sur ses publications autre que le droit à l'image, je reste convaincue que la vie des coulisses suscite l'intérêt et la curiosité de qui s'intéresse au spectacle vivant.
    Et à l'heure où le travail artistique et intellectuel (ou social et de santé, d'ailleurs) est souvent dénigré ou nié, il me semble important de montrer la réalité du travail des artistes au jour le jour.

    Je remercie donc les artistes qui, depuis trois ans, ont accepté ma présence auprès d'eux et vous laisse à cette vidéo de six minutes où vous pourrez découvrir des extraits d'un raccord ayant lieu avant une représentation de Phi-Phi, en espérant qu'elle vous intéressera :

     

    Si vous ne voyez pas la vidéo, elle est visible sur YouTube ici.

     

    Remerciements particuliers à Christophe Grapperon

    Phi-Phi interprété par la compagnie des Brigands (mise en scène : Johanny Bert. Direction musicale : Christophe Grapperon) se joue jusqu'à dimanche !


  • Interview bidon • Entretien




    Phi-Phi, l'opérette actuellement jouée à l'Athénée, met en scène Phidias, un sculpteur grec qui a vraiment existé (voir une courte biographie ici) entouré de Périclès et d'Aspasie, qui ont vraiment existé aussi (leur courte biographie est ).

    Que penseraient les véritables Phidias, Périclès et Aspasie de Phi-Phi ? Petite conversation avec les intéressés depuis leur tombe où ils se retournaient :

    « — Quelle est la part de vérité dans Phi-Phi ?
    Périclès : — Écoutez, Clémence du blog de l'Athénée, de vous à moi, cette histoire est totalement abracadabrantesque ! Je ne grince pas en marchant et j'ai toujours détesté les épaulettes.
    Aspasie : — C'est sûr qu'en termes plastiques, ma silhouette est très proche de celle proposée dans la marionnette qui me représente : de ce point de vue, c'est très réussi. Je conteste cependant le libertinage qui m'est prêté : je n'ai jamais aimé que Périclès ! Enfin, la plupart du temps.
    Phidias : — C'est un tissu de mensonges de bout en bout !!! Le fait que la Vénus de Milo n'ait pas de bras n'est absolument pas le résultat d'un accident mais bien celui d'une idée novatrice née dans mon cerveau d'artiste génial ! Qui a intérêt à dissimuler mon influence déterminante sur le surréalisme ? Encore un complot des béotiens, des Spartiates et des Texans ! Et parlons-en, de cette marionnette ! Je n'ai jamais eu de bide, vous m'entendez? Jamais !

    — Mais tout de même, Monsieur Phidias, vous avez bien été marié, n'est-ce pas ?
    — Cela ne vous regarde pas ! Dans tous les cas, elle ne m'aurait jamais trompé, et surtout pas avec cet impertinent de Comédon !

    — Non, Ardimédon…
    — C'est pareil ! Ce n'est qu'une vulgaire et insolente excroissance que j'aurais eu vite fait de chasser avec mes dix doigts !

    — Monsieur Périclès, vous êtes un tel amoureux des arts que vous n'avez pas hésité à dépenser des sommes importantes pour favoriser la vie artistique de votre temps…

    — C'est une excellente question, et je vous remercie de me l'avoir posée. Vous savez, Mademoiselle Clémence du blog de l'Athénée, je n'aime pas les contre-vérités. Je suis comme vous, j'aime qu'on parle franchement : si la Grèce d'en bas a été choquée par certaines de mes dépenses, c'est sans doute parce que je n'ai pas assez expliqué mes réformes ; je saurai désormais faire preuve de pédagogie. Franchement, Mademoiselle Clémence du blog de l'Athénée, de vous à moi, n'êtes-vous pas d'accord pour donner à la Grèce antique l'éclat qu'elle mérite ? Je ne trouve pas normal que l'on critique le Parthénon et les sculptures chryséléphantines, et je veux que cela cesse : je saurai à cet égard faire preuve de toute la bravitude qui me caractérise.

    — Qu'aimeriez-vous dire à Monsieur Phidias, à qui vous disputez Aspasie dans Phi-Phi?
    — Casse-toi, pauv'con !

    — Madame Aspasie, votre rôle essentiel dans la vie intellectuelle athénienne n'est pas vraiment mis en avant dans Phi-Phi
    — Eh oui camarade, comme d'habitude, on préfère que les femmes montrent leur corps plutôt que leurs capacités intellectuelles! Qu'importe, je préfère accéder à la sagesse qu'à la célébrité. Bon, c'est vrai que je suis sacrément canon aussi, alors je comprends qu'on en parle…

    — Qu'aimeriez-vous dire aux spectateurs de Phi-Phi ?

    — Que je cherche de nouveaux admirateurs fortunés pour élargir ma garde-robe. Les dons pécuniaires sont les bienvenus en loge n°4. »

    Phi-Phi se joue jusqu'à dimanche ! Bon mardi.



    Merci à LM et IS pour l'idée de l'interview-bidon et à JD pour les idées rhétoriques.


  • 10 de der • Coup de théâtre




     

    © Malte Martin

     

     

    Une bonne année 2011 à tous.


  • On est raccord • Coulisses




    Avec la pièce Oncle Vania, nous avions vu ce qu'était une allemande, c'est-à-dire une répétition où l'on joue la pièce en accéléré sans dire l'intégralité du texte pour caler les déplacements, les places de chacun et les changements de décors, de costumes ou d'accessoires (pour revoir la vidéo présentant des extraits d'une allemande d'Oncle Vania, rendez-vous ici. Pour avoir la définition d'une allemande et d'une italienne, c'est ).

    Avec Phi-Phi, découvrons aujourd'hui son pendant musical : avant la représentation d'une œuvre musicale, l'équipe procède souvent à ce qu'on appelle un raccord.

    Un raccord est une répétition de moins d'une heure où l'on refait certains courts passages du spectacle pour régler quelques détails musicaux —un tempo, une intensité, un équilibre entre instruments ou entre l'orchestre et les chanteurs par exemple.

    C'est normalement le chef d'orchestre qui décide, selon les répétitions et représentations précédentes, des passages à retravailler. La plupart du temps, ces passages sont très courts.

    À l'Athénée, l'équipe de Phi-Phi effectue un raccord d'environ une demi-heure avant chaque représentation sous la direction de Christophe Grapperon, le directeur musical du spectacle. J'espère pouvoir vous en proposer un montage vidéo dès la semaine prochaine.

    Il ne vous reste plus que dix jours pour voir Phi-Phi, une opérette de 1918 mise en scène par Johanny Bert et dirigée par Christophe Grapperon !

    Bonne fin d'année 2010.


  • Fo-fosse • Pleins feux




    Dans la fosse de Phi-Phi, vous trouverez dix musiciens : le chef d'orchestre entouré de neuf instrumentistes.
    Tour d'horizon des instruments nécessaires à l'orchestration de l'œuvre réalisée par Thibault Perrine (je précise au passage que Phi-Phi connaît de nombreuses versions, l'œuvre ayant été beaucoup reprise depuis sa création en 1918) :

     

    Le clavier du piano avec les mains de Nicolas Ducloux

     

    Des sourdines pour les cuivres

     

    Clarinette et saxophone soprano (en si bémol)

     

    Saxophone alto (en mi bémol)





    Trompette

     

    Violoncelle

     

     

    La tête de la contrebasse.

     

     

    Il manque le violon, le trombone et la flûte.

    Les musiciens ne sont pas les mêmes tous les soirs, alors citons-les tous : Pablo Schatzman et Benjamin Fabre (violon en alternance), Annabelle Brey, Jérôme Huille, Marlène Rivière (violoncelle en alternance), Nicolas Crosse, Benjamin Thabuy (contrebasse en alternance), Nicolas Ducloux (piano), Boris Grelier, Claire Luquiens (flûte en alternance), François Miquel, Christian Laborie, Julien Chabod (clarinette en alternance), Émilie Heurtevent (saxophone), André Feydy, Vincent Mitterrand, Rodolphe Puechbroussous (trompette en alternance) et Frédéric Lucchi (trombone).

    Pour les écouter dans Phi-Phi, vous avez jusqu'à la fin de la semaine prochaine ! Bonne journée.


  • Phi j'écoute ! • Pleins feux




    Concernant Phi-Phi, on sait qui sont Phidias, Aspasie et Périclès, que les marionnettes ont beaucoup de doigté, quelles ont été les intentions du metteur en scène, et que certains accessoires ont bien inspiré l'une des interprètes.

    Mais finalement, on ne sait pas à quoi l'œuvre ressemble, musicalement parlant : voici donc quelques extraits sonores de Phi-Phi.
    Ils ont été captés depuis la salle lors d'une représentation (pardon à mes chers voisins de fauteuil que j'ai dû gêner avec la lumière de mon enregistreur), et l'ensemble dure moins de trois minutes :

     

    Si vous n'arrivez pas à lire l'extrait, cliquez ici pour l'entendre sur le blog ou pour l'écouter sur YouTube.

     

    Phi-Phi se joue jusqu'au 9 janvier !


  • Money makes the world go round • Coulisses




    Emmanuelle Goizé est une chanteuse et comédienne habituée de la compagnie des Brigands : interprète dans Au Temps des Croisades, La Cour du Roi Pétaud, Arsène Lupin Banquier, Toi c'est moi, Ta bouche ou Geneviève de Brabant (et caetera et caetera…), elle est Madame Phidias dans Phi-Phi.

    Je suis allée l'embêter dans sa loge après une représentation en lui demandant ce que lui inspiraient quelques photos prises dans les coulisses de Phi-Phi :

     

    « Composition très Muppet Show ! Une marionnette qui fait un peu la gueule, genre ancienne gloire de Hollywood… »

    « C'est l'éjaculation d'opérette, mais après : juste un petit tas de confettis... »

     

    « J'ai toujours trouvé que cela ressemblait à un dessert glacé, mais plus à servir au jour de l'an qu'au Noël en famille… En fait, plus exactement, cela me fait penser à une scène du film Amadeus de Milos Forman où le personnage de Salieri fait manger une pâtisserie appelée le "téton de Vénus" à la femme de Mozart pour essayer de la soudoyer. »

     

    « Ambiance technique. Bon c'est coloré quand même, parce qu'on fait de l'opérette, mais c'est sérieux par ici, voire dangereux : port du casque rose obligatoire. »

    « Ah, les chaussures vernies rouges… Des chaussures de fées, comme celles de Judy Garland dans Le Magicien d'Oz… »

     

    « — Euh… Je ne sais pas ce que c'est…
    — Je l'ai pris en photo dans les coulisses, donc a priori c'est à vous… Mais ne me demande pas où c'était exactement, je ne m'en souviens plus…
    — Eh bien cela m'inspire un grand mystère… »

     

    « Mais je n'avais jamais vu qu'il y avait des trèfles à quatre feuilles sur le tablier que je porte pendant le spectacle ! De toutes façons, je savais déjà que j'avais beaucoup de chance d'être là tous les soirs… »

     

    « C'est Périclès qui grince. Il faut voir le spectacle pour comprendre ce trucage haute technologie bien plus élaboré que le cinéma en 3D. »

     

    « — …
    — Tu ne pars pas dans le nord de la France pour tes vacances ?
    — Il y a des endroits très beaux dans cette région mais non effectivement, cela ne me viendrait pas à l'idée d'y passer mon mois de décembre ! »

    «  C'est un accessoire qui n'est finalement pas dans le spectacle, mais qui nous suit quand même. D'ailleurs il y a des choses comme ça qui nous suivent et qu'on retrouve dans le foyer ou les coulisses comme un fauteuil vert, une chaise à moumoute ou un chien en contreplaqué qui proviennent respectivement des anciens spectacle Toi c'est moi, Les Brigands et Geneviève de Brabant… Il y a des choses comme ça qui nous suivent… »

     

    « Money makes the world go round! C'est le titre d'une chanson de Cabaret qui trouve d'ailleurs sa confirmation dans Phi-Phi… »

     

    « Indice chez vous : dans quelle scène de Phi-Phi utilise-t-on la télécommande ? On peut d'ailleurs étendre le quizz aux objets que l'on devine autour : la tête de Pirée, un camion orange, une cloche, une cigarette, un briquet, un tablier et une ardoise avec une craie. Je laisse les spectateurs chercher où ces objets interviennent dans le spectacle et à quoi ils servent… »

     


    Pour retrouver tous ces objets dans leur contexte, c'est dans Phi-Phi, à l'Athénée jusqu'au 9 janvier !


  • Un petit goût d'années folles - Interview • Entretien




    Johanny Bert est le metteur en scène de l'opérette Phi-Phi interprétée par la compagnie des Brigands actuellement à l'Athénée. Interview autour d'un thé et d'une clémentine :

    « — Tu as beaucoup axé ta mise en scène sur la représentation du corps. Que nous dit Phi-Phi sur la façon dont on représente les corps aujourd'hui ?
    — Même si le propos reste léger et la dramaturgie relativement classique d’une opérette, j’avais besoin de trouver dans le livret ce qui m’amusait et me donnait du sens pour pouvoir le mettre en scène. Il s'agit d'abord d'une opérette créée au début des années folles (1918) certainement à un moment où le public a besoin de divertissement après la guerre. J'avais envie de servir ce propos-là et de m'amuser avec l'œuvre, mais en prêtant également attention à ce répertoire difficile, je crois, à mettre en scène : il n'est pas question de décaler l’oeuvre pour s'en moquer ou sous-entendre qu'elle n'a pas d'intérêt, mais bien de jouer ce qu'il y a à jouer pour essayer d'en faire sortir le pétillant. Je voulais chercher de la pertinence et de la rigueur dans la représentation de ce chassé-croisé de corps qui se mélangent et se courent après.
    Je précise d'ailleus qu'au début du spectacle, on entend la voix de Alice Cocéa, créatrice du rôle d’Aspasie lors de la première, le 12 novembre 1918 aux Bouffes Parisiens. Cet enregistrement date des années 1950 : il me paraissait intéressant d’entendre le contexte de la création de Phi-Phi.
    Nous avons réalisé un travail centré sur le rapport entre les acteurs et les formes marionnettiques. En lisant et en écoutant le livret, deux choses me sont apparues essentielles : tout d’abord, le plaisir de la musique. J’ai découvert ce répertoire qui regorge de malices musicales, et c’est un vrai plaisir ensuite à travailler sur scène. Ensuite, le fait que nous avons tous en tête une certaine imagerie de l'opérette (avec couleurs et confettis) et de la Grèce antique où se déroule l'action (avec toges et colonnes).
    J'ai été interpellé par cette question du corps, du désir pour l'autre, des différences d'âges et des statues réalisées par Phidias qui peuvent être une façon de traiter les corps différemment… J'ai choisi de radicaliser le principe en postulant que les personnages étaient des statues et, pour concevoir les formes marionnettiques, nous avons fait un mélange entre les lignes des sculpteurs grecs antiques et des "représentations modèles" des corps d’aujourd'hui. C'est d'ailleurs drôle de comparer la représentation et l’évolution des corps féminins et masculins entre la Grèce antique et le monde occidental d'aujourd'hui. Il y a des regards qui changent…

    — C'est pour cela que le personnage d'Aspasie a une ligne de Barbie ?

    — Nous nous sommes amusés avec les lignes lors des constructions des formes marionnettiques pour donner à Aspasie une taille de guêpe, en clin d'œil aux images des magazines de mode.

    — Sauf que le corps d'Aspasie est censé représenter la vertu, pas la beauté !
    — Mais qu'est-ce que la vertu? C'est une question extrêmement complexe…
    [NDLR : c'est un sujet pour le blog. Affaire à suivre]
    D'ailleurs, on se rend bien compte au fur et à mesure de l'œuvre qu'Aspasie n'est pas si ingénue que cela : elle divise le prix de ses robes en deux (moitié pour son mari, moitié pour son amant) et assume complètement son libertinage. Comparativement à d’autres pièces mettant en jeu des croisements de couples et de désirs, dans Phi-Phi tout est avoué au grand jour pour le bon plaisir de tout le monde.

    — Tu parlais tout à l'heure de l'imagerie de l'opérette avec frous-frous, couleurs et confettis : c'est aussi ce que tu as voulu éviter, non ?
    — Oui, et en même temps cela fait partie intégrante de l’écriture.
    Et c’est là, je crois, toute la problématique et le projet de la compagnie des Brigands dont le responsable artistique, Loic Boissier [que j'avais interviewé sur le blog, ici], m'a passé commande de la mise en scène de Phi-Phi : ils prennent un répertoire un peu ancien pour le remettre au goût du jour et le confier à des esthétiques différentes dans un traitement qui est tout sauf muséal, s'orientant au contraire vers une recherche contemporaine… Il s'agit de travailler avec notre époque sans pour autant dénaturer l'œuvre. J'utilise tout de même quelques éléments de l'imagerie de l'opérette, mais de manière détournée (les confettis par exemple !).

    — Pourquoi les marionnettes ont-elles des corps morcelés ?

    Phi-Phi parlant beaucoup de sensualité et d'érotisme, je voulais trouver une façon singulière de représenter cela sans vulgarité  : il fallait être grivois tout en trouvant de la poésie et de l'humour.
    Ces corps fractionnés sont évidemment un parallèle avec la sculpture grecque, mais cela permet surtout de créer une identité visuelle et dramaturgique qui propose un décalage et permet par exemple de littéralement mélanger les corps.
    Le travail visuel avec les marionnettes a été écrit de manière presque chorégraphiée : en fait, les chanteurs donnent leur voix, leur énergie, et ce sont leurs doubles marionnettiques qui font la plupart des actions sur scène. On passe de l'acteur à la marionnette de manière sensible. L'utilisation de la marionnette permet de montrer des choses que l'on ne pourrait pas faire avec des humains, mais il y a aussi des choses que la marionnette ne peut pas porter ou qui perdent leur impact. L'interprétation chantée par exemple est pour moi dans cette œuvre, plus pertinente par les chanteurs directement que par les formes marionnettiques... Il y a une alternance entre le corps humain et le corps pantin qui permet que l'un apporte des choses à l'autre. On guide ainsi les spectateurs dans une convention où cinq solistes font les voix tandis que les marionnettes (et leurs trois ombres discrètes derrière chaque personnages) sont les corps : c'est une chorégraphie d’équipe précise et fragile mettant en jeu l’écoute, le travail vocal, les impulsions d’interprétations, etc. Les marionnettes permettent de nous raconter l'histoire avec l'ironie et l'impertinence que cela peut avoir : il y a une bascule constante, on se renvoie la balle comme si les acteurs sortaient et entraient dans l'action sans arrêt.

    — Christophe Grapperon, qui est à la fois chef d'orchestre et interprète du rôle de Périclès depuis la fosse, joue également sur cette notion de bascule…

    — Oui, et le fait de lui confier le rôle était d'ailleurs très évident : le clin d'oeil à la position du chef d'orchestre allait de soi, d'autant que Christophe a une superbe voix grave!
    Il a été extrêmement précieux sur tout le projet, c'est quelqu'un de très précis qui défend ce répertoire avec beaucoup de perfectionnisme et d'attention. Je voulais donner beaucoup de place à la musique et la complicité avec Christophe était importante.
    Je suis de toutes façons très bien entouré sur Phi-Phi : l’équipe de construction du spectacle (scénographie, construction marionnettes, costumes, accessoires, lumières, régie plateau, assistanat à la mise en scène...) a été partie prenante de la création et importante dans l’élaboration de ce Phi-Phi.
    Les neuf comédiennes qui chantent, dansent et manipulent les marionnettes ont fait un travail remarquable, et les cinq solistes ont de très belles voix que j’ai plaisir à entendre tous les soirs, d'autant qu'ils se sont engagés dans le projet avec beaucoup de précision, d'envie et d'imagination… C'est très agréable de sentir une équipe très présente et qui a envie d'être là dans le travail et de donner du plaisir aux spectateurs. »

    Pour prendre du plaisir devant Phi-Phi, c'est jusqu'au 9 janvier ! Bon début de semaine.


  • N'oubliez pas la crème solaire • Coup de théâtre




    C'est vrai qu'il fait sacrément froid et humide aux grands alentours de l'Athénée en ce moment. Mais Phi-Phi, c'est autre chose : il y a le spectacle qui vous apportera sans doute chaleur et bonheur, c'est sûr, mais il y a surtout les îles.

    Oui, les îles Phi-Phi. Celles-là même qui, situées au sud-ouest de la Thaïlande, accueillent  ou ont accueilli de nombreux touristes du monde entier, le tournage du film La Plage avec Leonardo DiCaprio, Virginie Ledoyen et Guillaume Canet, et le tsunami de décembre 2004.

    Pour vous réchauffer avant l'éventuel réveillon de ce soir, quelques photos qui vous évoqueront sans doute odeurs de monoï et bruits des vagues :

     

     

     

     

    Bon Noël à ceux qui le fêtent et à lundi. Phi-Phi (le spectacle) se joue à l'Athénée jusqu'au 9 janvier !


  • Jeux de mains, jeux de vilains • Pleins feux




    À l'Athénée, les jeux de mains, jeux de mots et jeux coquins peuplent l'opérette Phi-Phi. Petit aperçu des quelques jeux de vilains :

     

     

     

    Phi-Phi mis en scène par Johanny Bert et dirigé par Christophe Grapperon avec la compagnie des Brigands se joue à l'Athénée jusqu'au 9 janvier !


  • Les amours de Périclès et Aspasie • Coulisses




    Après notre point historique d'hier sur Phidias (plus connu ici sous le nom de Phi-Phi), continuons avec Périclès et Aspasie, qui apparaissent dans Phi-Phi actuellement donné à l'Athénée :


    PÉRICLÈS (né en -495 environ, mort en -429 environ). Maître d'Athènes pendant des années (il a été réélu stratège par le peuple pendant quinze années successives), il est le symbole de la grandeur de cette cité. Il a été classé par Aristote dans son Éthique à Nicomaque dans la catégorie des "hommes d'État sages".

    Il a contribué à restaurer la démocratie et a instauré une rémunération pour les citoyens les plus pauvres accédant à des fonctions publiques (magistrats secondaires, membres du conseil des cinq cents, etc.), afin que l'exercice du pouvoir soit étendu à tous les citoyens quelle que soit leur richesse.
    Il multiplie les grands travaux à Athènes dans le but de faire travailler artistes, artisans et ouvriers tout en donnant à Athènes (et à lui-même) un renom et une beauté immédiats et durables —l'on voit ainsi que la politique des grands travaux destinée à relancer l'économie et créer des emplois n'a rien de nouveau.

    Il met en œuvre une politique impérialiste où la libre association des cités autour d'Athènes devient vite un empire où Athènes impose sa volontés à ses "alliés". Périclès mènera une politique extérieure également assez belliqueuse, essentiellement dirigée contre Sparte et les cités du Péloponnèse.
    Critiqué par les aristocrates pour les pouvoirs qu'il donne au peuple, il perd également sa popularité en -430 lorsque les débuts difficiles d'une guerre et l'épidémie de peste affaiblissent Athènes : déposé cette année-là, il est tout de même réélu stratège l'année suivant avant de mourir de la peste.
    Le 5e siècle av. J.-C. est souvent surnommé "le siècle de Périclès" et désigne la période de floraison artistique, intellectuelle, économique et militaire connue par la Grèce antique et plus particulièrement Athènes.


    ASPASIE :
    née à Milet dans la seconde moitié du 5e siècle av. J.-C., elle est célébrée pour ses grandes qualités intellectuelles.
    Fréquentant Sophocle, Phidias et surtout Socrate, elle était pleinement intégrée aux cercles intellectuels athéniens de l'époque, est citée par Platon dans l'un de ses dialogues et dispensait des leçons de rhétorique et de politique très prisées.

    Compagne officielle de Périclès (et non épouse, car son statut d'étrangère à la cité l'empêchait de se marier avec lui) qu'elle a sans doute beaucoup influencé, elle est aussi victime de bon nombre d'attaques très violentes qui soit la visent elle-même (et en particulier son statut de femme intelligente et libre, qui faisait sans doute tache dans l'Athènes du -5e siècle où ces dames étaient priées de ne pas trop se faire remarquer), soit sont destinées à Périclès à travers elle.

    On la connaît donc en négatif grâce aux écrits satiriques dont elle a été l'objet, mais aussi en positif grâce à Plutarque (chapitre 24 de La Vie de Périclès) et Platon (Ménéxène).


    Il semble en revanche que Madame Phidias et Ardimédon  soient directement sortis de l'imagination d'Albert Willemetz et Fabien Sollar, les auteurs du livret de Phi-Phi.
    Phi-Phi mis en scène par Johanny Bert et la compagnie des Brigands se joue à l'Athénée jusqu'au 9 janvier.


  • Mais c'est qui en fait, Phi-Phi ? • Pleins feux




    Phi-Phi, une opérette datant de 1918 mais dont l'action est censée se dérouler en Grèce Antique, se joue actuellement à l'Athénée.
    L'on y croise Phidias (ou Phi-Phi, donc), sculpteur chargé de représenter "L'amour et la Vertu fondant le bonheur domestique" dans une statue allégorique, Madame Phidias, sa femme, Périclès, chef de l'État grec, Ardimédon, modèle pour la statue de l'Amour, et Aspasie, modèle pour la statue de la Vertu.

    Si l'action est évidemment délirante et plein d'anachronismes, il faut savoir que trois des personnages de l'opérette ont véritablement existé. Petit point historique pour démêler le vrai du drôle :



    PHIDIAS : sculpteur grec ayant vécu au 5e siècle avant Jésus-Christ. Élève du sculpteur athénien Hègias. Il est surtout connu pour ses statues colossales représentant des divinités (ou des sujets religieux) et souvent composées de matériaux différents.

    La quasi-intégralité de ses œuvres a disparu, mais l'on en a quelques descriptions par Pausanias, géographe et écrivain du 2e siècle de notre ère, qui évoque des sculptures monumentales mêlant divinités et héros de guerre ou mythiques, le plus souvent réalisées pour commémorer des victoires militaires. Il aurait également supervisé les travaux du Parthénon mais n'aurait pas participé directement à l'élaboration du décor sculpté.

    Phidias se détache des autres sculpteurs par son iconographie un peu différente (il représente une Athéna paisible et pleine de force tranquille là où la mode était plus à une Athéna menant l'assaut, par exemple) mais surtout par son application de la technique chryséléphantine à des œuvres colossales : la technique chryséléphantine consiste à assembler des feuilles d'or et des pièces d'ivoire sur une surface modelée reposant sur une charpente de bois. La technique était évidemment extrêmement coûteuse, et Phidias a sans doute profité d'être un ami personnel de Périclès autant que de vivre à l'époque où la Grèce connaissait une grande prospérité entre la guerre avec la Perse et celle du Péloponnèse.
    Tant de dépenses attirèrent les suspicions et Phidias fut suspecté d'avoir détourné une partie de l'argent destinée à la réalisation de l'Athéna Parthénos (une statue haute de plus de onze mètres avec une richesse de décor extraordinaire) puis arrêté : on ne sait pas si sa culpabilité fut prouvée ni s'il mourut en prison. Toujours est-il que sa statue de Zeus olympien fut classée parmi les sept merveilles du monde et que son style très singulier, que l'on ne connaît quasiment que par description, continue à être un mystère.


    À demain pour la suite du point historique, cette fois sur Périclès et Aspasie !


    Phi-Phi, une opérette d'Albert Willemetz et Fabien Sollar (livret) et Henri Christiné (musique) se joue avec la compagnie des Brigands à l'Athénée jusqu'au 9 janvier.


  • Écrits de spectateurs (6) • Coulisses




    Bonjour à tous,

    Comme l'équipe de l'Athénée vous l'a annoncé mardi, j'ai eu un pépin de santé. Mais je suis là, j'ai survécu, et je reprends le blog aujourd'hui pour vous parler de Phi-Phi, une opérette montée par la compagnie des Brigands qui a commencé la semaine dernière à l'Athénée.

    Je n'ai donc pas encore pu me rendre à l'Athénée pour rencontrer l'équipe de Phi-Phi, mais heureusement, j'ai des lecteurs qui font mon travail à ma place : j'ai ainsi la joie de vous présenter les photos de répétitions de Phi-Phi prises par Camille.

    Camille Lagrange travaille à La Coursive, la Scène Nationale de la Rochelle, où a été créé Phi-Phi en début novembre. C'est donc tout naturellement qu'il a pris quelques photos des répétitions à La Coursive et qu'il me les a fait parvenir, et on le remercie beaucoup :

     

    (c) Camille Lagrange / La Coursive, scène nationale de La Rochelle

     

     

    Les précédents écrits de spectateurs/trices sont ici, ici, ici, ici ou .

    Bonne semaine à tous.


  • Mots d'absence • Coulisses




    Pour la première fois depuis le début de sa longue carrière en nos murs, Clémence est souffrante. Le blog sera donc en sommeil quelques jours, et toute l'équipe du théâtre lui souhaite un prompt rétablissement. Elle aura ainsi la malchance de manquer le retour de la Compagnie Les Brigands à l'Athénée ! Le jeudi 16 décembre à 20h aura lieu la première représentation de Phi-Phi, la pimpante et grivoise opérette d'Henri Christiné. Phi-Phi se jouera jusqu'au 9 janvier 2011.
    Nous vous souhaitons une très bonne semaine !

    L'équipe de la communication et des relations publiques


  • Fi ! • Coup de théâtre




    Un exemplaire du livre La Cerisaie posé sur la scène pendant une répétition

     

    À l'Athénée, le cycle consacré à l'écrivain Anton Tchekhov s'est terminé ce week-end avec les dernières représentations de La Cerisaie.

     

    Voici les résultats du sondage lancé sur le blog le 8 novembre dernier, qui montrent une présence massive et une certaine fidélité des amateurs de Tchekhov :

    Avez-vous déjà vu des représentations d'Oncle Vania, des Trois Soeurs et/ou de La Cerisaie ?

    Oui, j'ai déjà vu au moins l'une de ces trois pièces et j'aimerais la/les revoir à l'Athénée : 74%
    Oui, j'ai déjà vu au moins l'une de ces trois pièces mais je préfère aller voir autre chose : 9%
    J'ai déjà vu d'autres pièces de Tchekhov mais pas celles-ci. Je découvrirais avec plaisir une ou plusieurs de ces trois pièces à l'Athénée : 6%
    Je n'ai jamais vu/lu de pièces de Tchekhov : 12%


    Tournons la page avec cette citation de Tchekhov à laquelle Vincent Debost, qui interprétait Simeonov dans La Cerisaie, me disait penser chaque soir avant de monter sur scène :

    « La vie est ainsi faite que les hommes ne s'entretuent pas, ne se pendent pas, ne se déclarent pas leur amour à tout moment. Ils ne font pas à tout moment entendre des remarques caustiques. Ils mangent, boivent, flirtent, parlent de tout et de rien, et c'est justement cela qu'il faut montrer au théâtre...Les hommes mangent, ils se contentent de manger et pendant qu'ils mangent, se joue leur bonheur ou leur destruction totale. »

    (Je n'ai pas la référence exacte, mais la citation serait apparemment extraite d'une lettre à Gorki)

     

     

    Les deux pianos (enfin, surtout un, on n'aperçoit qu'un bout du deuxième sur la gauche) dans le décor de La Cerisaie.

     

    La semaine dernière, les pianistes Claire-Marie Le Guay et Éric le Sage posaient leurs pianos dans le décor de la pièce pour un concert à quatre mains rassemblant Stravinski, Hersant, Liszt et Brahms.
    Le dernier concert de la résidence de la pianiste Claire-Marie Le Guay aura lieu en mars prochain.

     

     

    Les comédiens de La Cerisaie pendant les saluts

     

    C'est la fin de Tchekhov, mais aussi le début des Brigands ! Comme les années précédentes, la compagnie des Brigands vient à l'Athénée pour sa traditionnelle opérette des fêtes : à partir de jeudi, découvrez Phi-Phi ! La musique est d'Henri Christiné, le livret d'Albert Willemetz et Fabien Sollar.

    Bon début de semaine !


  • Hypnose générale ! • Pleins feux




    Si, en France, l'on connaît surtout Tchekhov par son théâtre, c'est plutôt par ses nouvelles qu'il est devenu célèbre en Russie.
    À la tradition du roman-fleuve à la Tolstoï ou Dostoïevski, Tchekhov privilégie la concision, la suggestion, les non-dits et la rigueur scientifique. Ses sujets de nouvelles sont souvent tirés de la vie quotidienne et comportent rarement un début, un milieu et une fin, offrant plutôt des étapes ou tranches de vie.
    Si son style est laconique, il est aussi très musical et visuel, produisant une grande impression de spiritualité malgré l'apparente banalité des sujets traités. Il en a écrit environ cent cinquante, parmi lesquelles on peut citer La Dame au petit chien, Récit d'un inconnu, Un royaume de femmes ou La Fiancée.

    Hors de son théâtre, de ses nouvelles et de son abondante correspondance, Tchekhov aura également laissé un essai célèbre, L'Île de Sakhaline. Médecin, humaniste, dépensant beaucoup de son temps et de son argent pour aider les pauvres, soigner des malades ou construire des écoles, Tchekhov entreprend, malgré son très mauvais état de santé, un voyage sur l'île de Sakhaline : son but ? Visiter les bagnes russes et révéler au grand jour ce qui s'y passe.
    Le 9 mars 1890, juste avant de partir, il écrit à Souvorine, l'un de ses plus proches amis (et son éditeur) : « Vous dites que personne n'a besoin de Sakhaline et que cette île n'intéresse personne. Est-ce juste ? Nous avons chassé des hommes enchaînés, dans le froid, pendant des dizaines de milliers de verstes, nous les avons rendus syphilitiques, nous les avons dépravés, nous avons procréé des criminels... Nous avons fait pourrir en prison des millions d'hommes, fait pourrir inutilement, sans raison d'une manière barbare, en rejetant la responsabilité de tout cela sur les surveillants de prison aux nez rouges d'ivrognes. Non, je vous assure, aller à Sakhaline est nécessaire et intéressant, et on ne peut que regretter que ce soit moi qui y aille et non quelqu'un d'autre, plus qualifié et plus capable d'émouvoir l'opinion ».
    Il y passera trois mois et livrera un compte-rendu sec de cet avilissement de l'homme dans un essai qui paraîtra quatre ans plus tard. Après ce voyage, l'on trouvera en filigrane dans les œuvres de Tchekhov le thème de l'abnégation pour son prochain et le refus de fermer les yeux sur la dureté de la condition humaine.

    Il écrit ainsi dans la nouvelle Groseilles à maquereau parue en 1898 : « Nous ne voyons pas, nous n'entendons pas ceux qui souffrent, et tout ce qu'il y a d'effrayant dans la vie se déroule quelque part dans les coulisses. C'est une hypnose générale. »


    Le cycle Tchekhov
    à l'Athénée se termine ce week-end avec les dernières représentations de La Cerisaie : il vous reste ce soir, demain à 15h et demain soir.


    Ce billet a été écrit avec l'aide des articles sur Tchekhov rédigés par Sophie Laffitte et Jean Bonamour parus dans l'encyclopédie Universalis.


  • Papillons de nuit • Coup de théâtre




     

    Phénomène paranormal,
    boules à facettes d'un nouveau genre pour triste bal,
    système inédit d'éclairage
    ou illusion d'optique ?

     

    La Cerisaie vous réserve encore ses surprises jusqu'à samedi.

    Bon jeudi !


  • Psychanalyse en famille • Entretien




    Il y a une semaine, Paul Desveaux, le metteur en scène de La Cerisaie, nous parlait en vidéo des rapports entre Tchekhov et le théâtre contemporain et Tchekhov et la comédie.

    Aujourd'hui, découvrez "Tchekhov et la famille", "Tchekhov et l'acteur" et "Tchekhov et la psychanalyse".

     

    Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici pour la voir sur le blog ou pour la voir sur YouTube.

     

    La Cerisaie se joue jusqu'à samedi !


  • Elle perd toujours toutes les choses qu'on lui donne • Pleins feux




     

    Dans La Cerisaie, Firs cherche le porte-monnaie de Lioubov

     

    en s'aidant d'une bougie.

    Il faut dire que celle-ci a tendance à tout perdre, à commencer par son argent qu'elle sème à tout va.

     

    La vodka à volonté,

     

    les tours de magie de Charlotta

     

    et les fleurs dans les cheveux ne dissimuleront la vérité que le temps d'une soirée :

     

    les clés de la cerisaie changeront de mains

     

    et tout le monde devra faire ses valises.

     

    Restent quelques douceurs à manger le long du voyage…

     

     

    La Cerisaie de Tchekhov mise en scène par Paul Desveaux se joue jusqu'à la fin de cette semaine à l'Athénée.


  • Conversation avec des spectateurs après La Cerisaie • Pleins feux




    Mardi dernier, l'équipe de La Cerisaie retrouvait les spectateurs de la pièce au foyer-bar de l'Athénée après la représentation : modérée par Lola Gruber, qui écrit les textes des programmes et brochures du Théâtre, la discussion a permis d'échanger à chaud sur le spectacle.

    Notes en vrac :

    Paul Desveaux, le metteur en scène, travaille avec la chorégraphe Yano Iatridès depuis de nombreuses années, dans l'idée de "réinjecter du corps dans le travail théâtral par la danse". Cette collaboration s'imposait d'autant plus dans La Cerisaie qu'un bal a lieu au cours de la pièce.

    Pour Yano Iatridès, chorégraphe du spectacle, c'est très différent de travailler avec des comédiens et des danseurs. Le processus serait même contraire : alors que chez le danseur, il faudrait gommer l'esthétique et la technique pour faire ressortir l'humain et la sensibilité, chez le comédien ce fond est déjà là : on y ajoute l'esthétique ensuite.

    Paul Desveaux explique qu'il n'a pas cherché à monter La Cerisaie de façon réaliste: pour lui, Tchekhov étant un poète, il fallait lui redonner sa dimension poétique. Contrairement à une idée répandue, Tchekhov ne serait pas forcément un écrivain du quotidien.
    Un spectateur fait remarquer que si Oncle Vania et Les Trois Sœurs ont été montés de façon assez réaliste à l'Athénée, ce n'était en effet pas le cas du tout pour cette Cerisaie...
    Pour Paul  Desvaux, à part dans la mise en scène d'Alain Françon qui avait repris le décor de Stanislavski, les mises en scène de La Cerisaie sortent souvent du réalisme, aussi parce que Tchekhov s'en détache déjà lui-même dans son texte : par exemple, il est dit à un moment que le jour se lève alors qu'il est deux heures du matin, chose impossible en Russie quelles que soient la région ou la saison.  De même pour le bruit que l'on entend et dont les personnages ne savent pas s'il s'agit d'une benne, d'un grand duc, d'un héron ou d'une impression étrange.
    Daniel Delabesse, qui interprète Gaev, fait remarquer qu'à ce niveau en particulier, Tchekhov aura été le précurseur de Beckett ou Sarraute.

    Océane Mozas, qui interprète Lioubov, rapproche son personnage de Winnie dans Oh les beaux jours de Beckett : toutes deux arborent un masque souriant malgré les difficultés et angoisses.
    Quant à Amandine Gaymard, elle explique qu'au-delà des clichés d'amoureuse un peu coquette dont on affuble Douniacha, qu'elle joue, il s'agit surtout d'une jeune femme qui veut sortir de sa condition.

    À un spectateur qui s'interroge sur la présence de tous les personnages sur le plateau pendant toute la pièce, Paul Desveaux répond qu'il a voulu que la parole ne reste pas intime et que la révélation se fasse par le discours, comme en psychanalyse. Mettre tous les personnages sur scène permet à la parole de prendre une autre dimension et de révéler une certaine violence latente chez Tchekhov.

    Une spectatrice demande pourquoi le personnage de l'étudiant, Trofimov (interprété par Christophe Giordano), paraît plus révolutionnaire et exalté que philosophe. Pour Paul Desveaux, c'est un choix. Le discours de Trofimov lui fait peur : il est intelligible et intéressant, son raisonnement est passionnant, mais il est dépassé par sa propre parole. Ce n'est pas un être raisonnable, car il se perd lui-même dans son propre discours. Mais avec ce personnage, Tchekhov a été précurseur et visionnaire en prévoyant le mouvement socialiste qui va se révéler en 1905 (soit un an après La Cerisaie) puis en 1917.

    Après Trofimov, c'est le personnage de Lopakhine (joué par Christophe Grégoire) qui est interrogé : comme l'a demandé Lola Gruber, est-ce qu'il ne devrait pas faire peur, lui aussi ? Pour Paul Desveaux, à travers Trofimov et Lopakhine, on voit l'opposition entre l'être et l'avoir. Il a une certaine affection pour Lopakhine, mais il n'aime pas la société qu'il propose où tout se résout par l'argent.
    D'après un spectateur, Lopakhine veut aussi prendre la place des maîtres de ses parents et serait donc un personnage très contradictoire. Mais pour Paul Desveaux, Lopakhine ne prémédite pas cette idée : il ne s'en rend compte que sur le moment. Rachète-t-il la cerisaie pour sauver la propriété ou pour prendre l'ascendant ? Tchekhov ne donne pas de réponse : il décrit Lopakhine mais il ne juge pas. Mais il est vrai que, d'après Paul Desveaux, Lopakhine est un personnage très ambigu : il a accumulé d'immenses richesses et s'endort dès qu'il lit un livre, il veut prendre l'ascendant sur les maîtres de ses parents tout en espérant qu'ils reviendront à la cerisaie l'été prochain, il veut sauver la cerisaie tout en la détruisant…
    Pour Jean-Claude Jay, qui joue Firs, le personnage de Lopakhine est très complexe et ne peut se comprendre que si l'on part du fait qu'il est amoureux de Lioubov : pour lui, si Lopakhine n'est pas amoureux de Lioubov, alors il n'y a pas de pièce. Ce à quoi Daniel Delabesse, l'interprète de Gaev, répond tout en concluant la rencontre : "De toutes façons, Tchekhov avait dit que les Français ne comprendraient rien à Lopakhine…".



    NB : L'Athénée propose régulièrement des rencontres autour des spectacles : les café-débats permettent d'échanger sur des problématiques liées aux pièces programmées, les "d'abord" vous proposent une petite introduction au spectacle et les "ensuite" sont l'occasion de discuter avec l'équipe artistique après avoir vu le spectacle.


    La Cerisaie se joue encore jusqu'à la fin de cette semaine !

    Ce soir, vous pourrez assister au concert de la pianiste Claire-Marie Le Guay, en résidence à l'Athénée pour la troisième année : en duo avec le pianiste Éric Le Sage, elle interprétera des œuvres de Liszt, Stravinsky, Hersant et Brahms. Un premier concert aura lieu dans l'après-midi pour des élèves d'écoles primaires : pour le grand public, c'est à 20h!

    Bon lundi.


  • Face à face et piano à queue • Pleins feux




    Né en 1811 en Hongrie, Franz Liszt est d'abord connu de son vivant pour être pianiste concertiste, et a laissé essentiellement des compositions pour piano. Considéré comme le créateur de la technique moderne du piano, il utilise pleinement les possibilités de la main du pianiste pour créer de nouveaux effets.
    Ses œuvres pour piano sont quasiment des symphonies où la virtuosité est primordiale : ce goût pour la virtuosité autant que ses nombreux emprunts lui seront d'ailleurs parfois reprochés. Sa fille, Cosima, épousera le compositeur Richard Wagner.

    Igor Stravinski
    provoqua un cataclysme musical avec L'Oiseau de feu créé à Paris en 1910, puis Le Sacre du Printemps trois ans plus tard. Né en Russie en 1882, Stravinski est l'un des compositeurs les plus radicaux du 20e siècle. Intégrant les influences de la musique populaire russe, de la musique classique et du jazz, il n'en parvient pas moins à créer un langage révolutionnaire qui dynamite la musique tout en lui donnant un style immédiatement reconnaissable d'une œuvre à l'autre.
    Partisan d'une certaine objectivité musicale, il compose pourtant des partitions explosives qui ne laissent personne indifférent. Son œuvre pour piano la plus connue est une transcription pour piano de quelques scènes de son ballet Petrouchka.

    Philippe Hersant
    est né en 1948 et compose autant de la musique de chambre, des opéras, des symphonies ou de la musique pour instrument solo. Pleines d'humour et de poésie, ses œuvres créent une atmosphère très particulière où l'on se croit soit dans un rêve, soit dans un conte. 
    Il a reçu de très nombreux prix dont le dernier est d'avoir été élu compositeur de l'année aux Victoires de la musique classique 2010. Il a composé de nombreuses musiques pour le cinéma (le documentaire Être et avoir de Nicolas Philibert par exemple) mais aussi des musiques de scène comme pour les Sonnets de Shakespeare, Paysage sous surveillance de Heiner Müller ou Les Paravents de Jean Genet.

    Né en 1833 en Allemagne, Johannes Brahms est l'un des représentants les plus éminents de la musique romantique. Souvent considéré comme le successeur de Beethoven, il fut un proche ami de Schumann et l'un des ennemis jurés de Wagner. Traversée par un souffle lyrique qui n'appartient qu'à lui, sa musique repose sur des structures classiques. Comme Liszt, il mena de front une carrière de pianiste concertiste et de compositeur. Peu intéressé par la virtuosité et la technique pure, il compose des œuvres pour piano comme on écrit son journal intime. Amples et passionnées, ses partitions pour piano sont bouleversantes.


    Vous pourrez entendre ces quatre compositeurs lundi soir à l'Athénée dans l'interprétation des pianistes Éric Le Sage et Claire-Marie Le Guay.

    Claire-Marie Le Guay est en résidence à l'Athénée pour la troisième année.
    Lundi, elle donnera deux concerts à l'Athénée : le premier aura lieu dans l'après-midi à destination d'élèves d'écoles primaires. En effet, la résidence de Claire-Marie Le Guay à l'Athénée a aussi pour but de sensibiliser les enfants à la musique.
    (Voir par exemple ici sur le blog le concentré en vidéo d'un concert qu'elle avait donné pour des enfants, ou ici les dessins que des enfants lui avaient envoyés après avoir assisté au conte musical Timouk, ou pour voir quatre cent cinquante enfants dans l'Athénée)

    Mais à 20h, vous pourrez entendre le concert que Claire-Marie Le Guay donnera pour les gens comme vous et moi (enfin surtout pour vous, parce que moi, je suis là tout le temps). Elle sera en duo avec le pianiste Éric Le Sage pour vous faire entendre des œuvres de Liszt, Stravinsky, Hersant et Brahms.

    La Cerisaie continue ce week-end et la semaine prochaine !


    PS : bon anniversaire à Alexandra, qui travaille à l'Athénée et qui a *** ans aujourd'hui (on ne révèle jamais l'âge des jeunes femmes !)


  • Tchekhov, Joyce, Minyana, Koltès, Beckett et moi • Entretien




    Paul Desveaux est le metteur en scène de La Cerisaie de Tchekhov actuellement à l'Athénée.

    Il m'a accordé une interview vidéo sur quelques thèmes liés à la pièce : aujourd'hui, "Tchekhov précurseur du théâtre contemporain" et "Tchekhov et le comique".

     

    Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici pour la voir sur le blog ou pour la voir sur YouTube.


    Vous pourrez découvrir la deuxième partie de l'entretien la semaine prochaine ! Paul Desveaux y abordera les liens entre Tchekhov et la psychanalyse, la question de la famile chez Tchekhov et la spécificité d'interpréter Tchekhov lorsqu'on est acteur.

     

    La Cerisaie se joue jusqu'au 11 décembre !

    Bon jeudi.


  • Partez sur-le-champ • Coulisses




    Dans La Cerisaie de Tchekhov, Varia a peur qu'Ania perde sa cerise avec Trofimov et que Lopakhine ne lui permette pas d'en faire de même. Il faut dire que Lopakhine a d'autres desseins que le spectateur ne saisit pas tout de suite : mais comme c'est au fruit qu'on connaît l'arbre, Lopakhine se révèle au moment où il a le champ libre. Les efforts de Gaev (qui était un peu monté à l'arbre à ce sujet) pour éviter la vente de la cerisaie n'auront pas porté leurs fruits : on peut le dire, Lioubov a définitivement la cerise.

    Iacha, lui, se tient au gros de l'arbre, et est ravi que, pour un temps, Douniacha lui tombe régulièrement sur la cerise : mais le ver était dans le fruit, et il préférera repartir à Paris, toujours avec le sourire.
    Simeonov a lui aussi toujours la bouche en cerise : pour demander de l'argent avec fruit, mieux vaut en effet savoir convaincre —ce à quoi échouerait sans doute Epikhodov, dont les problèmes de bottes ne sont que l'arbre qui cache la forêt. Quant à Firs, il n'a pas grand-chose à cacher : il mourra sans doute avant les prochaines cerises et après avoir appris quelques détails sur l'arbre généalogique de Charlotta —cerise sur le gâteau, en plus d'être gouvernante, celle-ci est en effet douée pour la magie du fait de ses origines.

    À la fin de La Cerisaie, Lioubov semble être un fruit sec obligée de quitter sa patrie. À moins qu'elle ne soit partie pour vivre un nouveau temps des cerises

    La Cerisaie de Tchekhov mis en scène par Paul Desveaux se joue à l'Athénée jusqu'au 11 décembre.
    Samedi à 15h, la Fondation Royaumont
    propose le deuxième concert de sa résidence à l'Athénée sur le thème "4 récitals pour 6 chanteurs" : Strauss, Ravel, Chabrier, Pfitzner et Brahms seront au programme.

    Le sondage sur vos envie de voir du Tchekhov est toujours en ligne sur le blog ! Votez ici.


    Quelques précisions :
    Sur-le-champ : immédiatement
    Perdre sa cerise : perdre sa virginité
    C'est au fruit qu'on connaît l'arbre : on juge les gens d'après leurs actes
    Avoir le champ libre : avoir toute liberté d'action
    Monter à l'arbre : se laisser prendre à une mystification
    Porter ses fruits : obtenir du succès ou des résultats heureux
    Avoir la cerise : être malchanceux
    Se tenir au gros de l'arbre : rester fidèle aux valeurs qui ont prouvé leur sûreté
    Tomber sur la cerise : tomber dessus (exemple : ils nous tombaient toujours sur la cerise)
    Le ver est dans le fruit : quelque chose contient en lui-même la cause de sa propre destruction
    Avoir la bouche en cerise : avoir la bouche rouge et charnue
    Avec fruit : avec succès
    C'est l'arbre qui cache la forêt : les détails empêchent de voir l'ensemble
    Aux prochaines cerises : au printemps
    Arbre généalogique : tableau montrant sous forme d'arbre les filiations d'une famille
    Cerise sur le gâteau : petit détail qui parfait une réalisation (en anglais, on dit "the icing on the cake", le glaçage sur le gâteau)
    Fruit sec : personne qui a déçu les espoirs que l'on fondait sur elle
    Le temps des cerises : le début de l'existence, la jeunesse.


  • Répète un peu ! • Coulisses




    Alors que la Cerisaie se joue depuis déjà quelques jours, retour sur la répétition qui a précédé la première à l'Athénée :

     

    Christophe Grégoire et Amandine Gaymard

     

    Christophe Grégoire

     

    Fany Mary, Amandine Gaymard, Gilian Petrovski, Jean-Claude Jay, Vincent Debost, Maëlle Poesy, Daniel Delabesse, Océane Mozas et Christophe Giordano.

     

    Maëlle Poésy

     

    Océane Mozas, Daniel Delabesse, Jean-Claude Jay, Christophe Grégoire

     

    Océane Mozas et Justine Moulinier

     

    Fany Mary et Jean-Claude Jay

     

    Gilian Petrovski

     

    Maëlle Poesy

     

    Christophe Grégoire

     

    Fany Mary

     

    Maëlle Poésy, Justine Moulinier et Amandine Gaymard

     

    Daniel Delabesse et Océane Mozas

     

    Océane Mozas

     

    Même les saluts se répètent !
    De gauche à droite : Jean-Claude Jay, Amandine Gaymard, Vincent Debost, Océane Mozas, Christophe Giordano, Fany Mary, Baptiste Roussillon, Maëlle Poésy, Gilian Petrovski, Justine Moulinier, Christophe Grégoire, Alexandre Delawarde. Il manque Daniel Delabesse.

     

    Jean-Claude Jay et Amandine Gaymard. Au fond, Océane Mozas.

     

    Vincent Debost, Océane Mozas, Christophe Giordano

     

    Océane Mozas, Christophe Giordano, Fany Mary, Baptiste Roussillon

     

    Gilian Petrovski

     

    Justine Moulinier et Christophe Grégoire

     

    Alexandre Delawarde

     

     

    La Cerisaie de Tchekhov mis en scène par Paul Desveaux se joue jusqu'au 11 décembre ! Ce soir, vous pourrez assister à une rencontre après le spectacle.

     

    J'ai oublié de vous dire hier que vous pouviez (ré)écouter le café-débat "Faut-il rêver sa vie au risque de la perdre" ici.


  • La vie rêvée • Perspective




    « Faut-il rêver sa vie au risque de la perdre ? » C'était le thème du café-débat qui a eu lieu à l'Athénée il y a deux semaines.
    Animé par Lola Gruber, le débat réunissait Volodia Serre, metteur en scène des Trois Sœurs de Tchekhov passé à l'Athénée, et Jean-Pierre Martin, écrivain.

     

    Dans le foyer-bar de l'Athénée.
    De dos, le public. De face au fond, Jean-Pierre Martin, Lola Gruber et Volodia Serre.



    Est-on maître de son destin, vit-on sa vie, décide-t-on de son existence ?
    Jean-Pierre Martin et Volodia Serre ont donné quelques pistes de réponses à partir de leur vie personnelle et des pièces de Tchekhov, évoquant la question de la reproduction sociale conceptualisée par Pierre Bourdieu, l'idéalisation du passé chez les personnages de Tchekhov ou l'impression tenace que la génération d'avant vivait mieux que la nôtre.

    L'on ne peut ainsi s'empêcher de penser à l'existentialisme dans le sens que lui donnait Jean-Paul Sartre et souvent résumé dans la phrase « l'existence précède l'essence » : selon Sartre (en le simplifiant), l'être humain aurait le choix de se définir au cours de sa vie ; il naît d'abord et se détermine ensuite : condamné à être libre, l'homme ne se construit que par ses choix. Ce sont ses choix qui définissent ce qu'il est, et il n'y a pas de nature humaine préalable.

    (pour mémoire, j'avais fait une  courte note sur l'existentialisme à l'occasion du passage des Mains sales de Jean-Paul Sartre à l'Athénée, à (re)lire ici)

    Dans le foyer-bar de l'Athénée.
    De gauche à droite, Jean-Pierre Martin, Lola Gruber et Volodia Serre.

     

    Mais à écouter Volodia Serre et Jean-Pierre Martin, j'ai également pensé à Jacques Bouveresse commentant Robert Musil. Jacques Bouveresse est un philosophe français vivant, qui a récemment été mis en avant dans les médias pour avoir refusé la légion d'honneur qui lui a été attribuée contre son gré en juillet dernier. Robert Musil est un écrivain autrichien (1880-1942) surtout connu pour L'Homme sans qualités.

    D'après Jacques Bouveresse, L'Homme sans qualités pose entre autres la question de l'ironie de l'histoire ou, plus exactement, pourquoi l'histoire ne se réalise jamais de la manière que l'on voudrait. Si l'on parle d'Histoire avec un grand H, citons par exemple le déclenchement de la première guerre mondiale que personne n'avait prédit. Et si l'on parle d'histoire individuelle, notons que notre vie ne se passe jamais comme aimerions —en d'autres termes, le destin se réaliserait sans que nous n'ayons prise sur lui.

    Si l'histoire ne se réalise donc pas par l'action des humains, elle se ferait, selon Musil analysé par Bouveresse, par des principes qui leur échappent, comme  :
    - le plagiat (les hommes et femmes politiques reproduisent toujours les mêmes recettes et supposées solutions sans inventivité ni réflexion : Musil parle ainsi de « pensée de réserve »)
    - la créativité de surface (l'on retrouve souvent la rhétorique du guide ou de l'homme providentiel en politique, alors que celui-ci n'a finalement que peu d'emprise réelle sur l'histoire. En effet, les changements n'adviendraient pas par le centre mais plutôt par la périphérie)
    - le train-train (on laisse les choses se faire sans agir en espérant que les problèmes se résoudront d'eux-mêmes)
    - l'amplification des erreurs dans la transmission de l'information (comme dans le jeu du téléphone arabe où une phrase passée d'une personne à l'autre finit déformée, le chemin que l'on souhaite suivre n'ira jamais dans le sens exact qu'on essaie de lui donner)
    - l'amorphisme humain (il n'y a pas de nature humaine par excellence : l'être humain s'adapte aux conditions extérieures)
    - la promenade sans but (l'histoire se réalise selon les lois du hasard, telle un promeneur qui, parti marcher sans but déterminé, s'arrêterait devant un immeuble, prenait le temps de discuter avec un passant et décidait de l'accompagner un bout de chemin pour tourner ensuite dans une rue qui lui paraîtrait intéressante, etc. C'est ainsi qu'il se retrouve à un point vers lequel il ne se dirigeait pas.).

    Ce n'est pas pour autant que l'homme serait complètement impuissant à maîtriser sa vie et le cours de l'Histoire : car si l'histoire ne se fait jamais complètement comme on aimerait qu'elle se fasse et que l'imprévu arrive finalement plus souvent qu'on ne le croit, elle se fait à travers l'être humain qui peut, par de petites actions, faire pencher la balance (on se rapproche ici du principe de la créativité de surface selon lequel les changements adviennent par la périphérie). Ainsi, l'être humain pourrait faire l'histoire s'il voulait réellement la faire.

    Pour plus de développements sur ces questions, on peut lire L'Homme sans qualités de Robert Musil traduit en français par Philippe Jacottet et Robert Musil. L'Homme probable, le hasard, la moyenne et l'escargot de l'histoire de Jacques Bouveresse.
    Dans le cadre du cycle de débats « Théâtre des Idées » organisé par le Festival d'Avignon, Jacques Bouveresse a fait une intervention sur le thème de l'ironie de l'histoire à partir de laquelle j'ai écrit ce billet : il y développe entre autres ses analyses de l'œuvre de Musil en faisant des liens avec la situation actuelle. Vous pouvez l'écouter ici.

    La plupart des personnages de La Cerisaie n'ont pas de prise sur leur histoire : incapables d'agir, ils laissent la vie se faire dans une époque qui les dépassent. C'est à l'Athénée dans la mise en scène de Paul Desveaux jusqu'au 11 décembre.

     

    PS : vous pouvez (ré)écouter le café-débat ici. Le prochain café-débat aura lieu en mars autour du spectacle L'Échange de Claudel mis en scène par Bernard Lévy.
    Jean-Pierre Martin publiera son prochain roman, Les Liaisons ferroviaires, en janvier 2011 aux éditions Champ Vallon.


  • Promenons-nous dans les bois • Coulisses




    Au centre de La Cerisaie de Tchekhov, il y a le devenir de cette maison entouré d'un terrain planté de cerisiers : la propriété va-t-elle être vendue, et si oui, à qui ? Ses cerisiers vont-ils être abattus ? Les habitants de la maison pourront-ils la quitter pour commencer une nouvelle vie ?

    Le cerisier est un arbre fruitier du genre prunus (comme les autres arbres produisant des fruits à noyaux comme les pêchers, les pruniers ou les abricotiers) et de la famille des rosacées (catégorie regroupant également l'églantier ou le rosier).

    La photo est de Guillaume Brialon, dont vous pouvez consulter la galerie ici.



    Les ébénistes l'apprécient pour son bois résistant à la belle couleur de miel, et les luthiers l'utilisent régulièrement, en particulier pour réaliser des guitares.

    Il existe de nombreuses variétés de cerisiers, qui sont cultivés soit pour leurs fruits, soit pour leurs qualités ornementales. Citons ainsi le cerisier du Japon, le cerisier des oiseaux (aussi appelé cerisier sauvage, cerisier des bois ou merisier), le cerisier boréal, le cerisier prostré ou le cerisier de Virginie.
    Il existe aussi, évidemment, de nombreuses variétés de cerises comme les burlats, les griottes, les merises ou les cerises de Montmorency. Plus de deux cents variétés de cerises sont répertoriées en France, mais seulement une douzaine est cultivée.

    En 1903, lorsque Tchekhov écrit La Cerisaie, la culture de la cerise est déjà bien développée en Russie où elle est très populaire : les cerisiers font donc partie intégrante du paysage russe où ils sont apparus aux environs du 9e siècle.
    Le domaine au centre de la pièce ne semble pourtant pas avoir de but agricole ou commercial, et il est plus souvent question de la beauté des cerisiers que des fruits qu'ils produisent.

    D'après le dictionnaire Trésor de la Langue Française, le mot « cerisaie » peut désigner « par allusion à la pièce de Tchekhov où une propriété familiale portant ce nom doit être vendue à contrecœur par ses anciens propriétaires ruinés », une « propriété familiale changeant de propriétaire ».

    La Cerisaie de Tchekohv mis en scène par Paul Desveaux a commencé hier à l'Athénée et s'y joue jusqu'au 11 décembre.


  • Le Temps des cerises • Pleins feux




    L'Athénée se prépare à accueillir le dernier spectacle de son cycle Tchekhov : pour découvrir les arbres de La Cerisaie mis en scène par Paul Desveaux, c'est à partir de ce soir et jusqu'au 11 décembre.

     

    La Cerisaie de Tchekhov mis en scène par Paul Desveaux réunit Vincent Debost, Daniel Delabesse, Amandine Gaymard, Christophe Giordano, Christophe Grégoire, Jean-Claude Jay, Fany Mary, Justine Moulinier, Océane Mozas, Gilian Petrovski, Maëlle Poésy etBaptiste Roussillon.
    À ce soir pour la première.


  • Êtes-vous du genre flemmard ? • Coup de théâtre




    L'Athénée se prépare à accueillir le dernier spectacle de son cycle Tchekhov : pour découvrir les arbres de La Cerisaie mis en scène par Paul Desveaux, c'est à partir de ce soir et jusqu'au 11 décembre.

     

    La Cerisaie de Tchekhov mis en scène par Paul Desveaux réunit Vincent Debost, Daniel Delabesse, Amandine Gaymard, Christophe Giordano, Christophe Grégoire, Jean-Claude Jay, Fany Mary, Justine Moulinier, Océane Mozas, Gilian Petrovski, Maëlle Poésy etBaptiste Roussillon.
    À ce soir pour la première.


  • Ce blog est d'un plan-plan… • D'hier à aujourd'hui




    La grande salle de l'Athénée est très belle, tout le monde le dit : le lustre, le velours rouge, les fauteuils cloutés, les dorures, les loges et cariatides font de cette salle à l'italienne une merveille qui a valu, entre autres beautés du bâtiment, à l'Athénée d'être classé monument historique.

    Mais voilà, ce qui a du charme n'est pas toujours pratique et fonctionnel (et je ne parle pas que de vos relations de couple) : la salle de l'Athénée pose parfois quelques dilemmes quant à la catégorie de places à acheter et le placement à choisir, car la vue de face n'est pas réservée à tous les fauteuils.

    Pour vous aider à mieux vous repérer (à moins que je ne contribue à vous embrouiller), voici quelques plans de salle de l'Athénée à travers les âges.

    Ils sont classés du plus ancien au plus récent, mais je n'ai pas leur date exacte, sauf pour le dernier qui est celui dont l'équipe de l'Athénée se sert actuellement.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Merci à Denis Léger, directeur technique de l'Athénée
    et pourvoyeur en chef de vieux documents.

     

     

    La Cerisaie de Tchekhov mis en scène par Paul Desveaux commence jeudi !

    Bon mardi.


  • Regardez la neige qui tombe • Pleins feux




     

    « Si l'on suit les indications de Tchekhov, les trois sœurs sont toujours en robe. Elles ont tort. Elles devraient savoir que, même si le temps est beau, il peut neiger d'un moment à l'autre. Dès le début de la pièce, Olga se rappelle la mort de Père, un an auparavant, et "il neigeait, ce jour-là". À l'acte II, Touzenbach glisse entre deux répliques : "Tenez, il neige." Sans que l'on sache s'il divague, si véritablement il neige au-dehors ou si, pourquoi pas, il neige à l'intérieur de la maison. [...] Enfin, à l'acte IV, tout le monde sent la neige venir : Macha prévient qu'il peut "se mettre à neiger, comme ça, sans crier gare", et Irina conclut dans sa dernière réplique que "bientôt la neige couvrira tout". Ainsi, la pièce s'ouvre sur la neige passée et se termine sur la neige à venir. [...] Notons d'ailleurs, dans Les Trois Sœurs, le fort penchant des personnages à regarder par la fenêtre ; et que peut-on bien regarder par la fenêtre,quand on est russe, sinon la neige qui tombe ? En tout cas, cette météo permet de mieux comprendre pourquoi, à la fin de la pièce, les trois sœurs "restent debout, serrées les unes contre les autres" : elles ont froid, les pauvres, dans leurs robes d'été. »

    Cette petite fleur tombée sur la scène des Trois Sœurs n'a que faire de la neige et du départ de l'équipe du spectacle : pourtant, pour Gaspard Koenig, qui a écrit le beau texte Quelle neige! dont je viens de vous livrer un extrait, c'est sans doute la neige qui empêche les sœurs de partir à Moscou (Alexandrine Serre, qui jouait Olga, nous livrait une autre interprétation ici).

    À l'Athénée, Les Trois Sœurs s'est terminé ce week-end. Le cycle Tchekhov continue avec La Cerisaie qui commencera jeudi !

    Vous pouvez toujours répondre au sondage sur vos envies de voir Tchekhov au théâtre ici.
    Quant au texte intégral de Gaspard Koenig, Quelle neige !, il se trouve à la page 235 du LEXI/textes n°10, revue coéditée par le Théâtre National de la Colline et les éditions L'Arche.

    Bonne semaine !



    Merci à la personne qui m'a communiqué le texte de Gaspard Koenig.

    Le titre de ce billet est emprunté à l'essai de Robert Grenier sur Tchekhov,
    Regardez la neige qui tombe, paru aux éditions Gallimard)


  • Je vous présente David • Coulisses




    Depuis les débuts du blog, j'essaie d'y faire participer mes lecteurs autant que les équipes artistiques et techniques passant à l'Athénée, mais ce n'est pas toujours facile : manque de temps, peur de se lancer, pas envie de publier des choses personnelles… Alors quand je tiens un acteur, un technicien ou un lecteur susceptible de publier des choses sur le blog, je ne le lâche pas.

    En mai dernier, vous aviez pu lire le journal qu'une comédienne, Emmanuelle Grangé, avait tenu pendant les répétitions et la création d'Une Maison de poupées (mis en scène par Nils Öhlund et passé à l'Athénée en mai 2010).

    Aujourd'hui, découvrez les photos prises en coulisses des Trois Sœurs par David Geselson, interprète du rôle de Touzenbach dans le spectacle et très bon photographe amateur :
    (pour les connaisseurs, David possède un Canon 7D et un objectif 70-200 f/4 L IS USM ainsi qu'un Tamron 17-50 f/2,8)

    Anthony Paliotti (rôle de Saliony)

     

    Alexandrine Serre (Olga)

     

    Juliette Delfau (Natacha)

     

    Alexandrine Serre (Olga)

     

    Pamela Ravassard (assistante de Volodia Serre)

     

    Olivier Balazuc (Verchinine)

     

    Alexandrine Serre (Olga)

     

    Volodia Serre (metteur en scène et interprète d'Andréï). Sur la gauche, une photo de ses trois sœurs en jeu.

     

    Jacques Alric (Ferraponte)

     

    Alexandrine Serre (Olga) et Juliette Delfau (Natacha) sur scène.

     

    Joséphine Serre (Macha)

     

    Joséphine Serre (Macha) sur scène (ou plus exactement, dans la salle, en corbeille)

     

    Marc Voisin (Koulyguine)

     

    Anthony Paliotti (Saliony)

     

    J'en profite pour vous rappeler que je suis toujours à la recherche de vos contributions : si vous avez un texte, des dessins, des photos ou des vidéos à publier  sur le blog en rapport avec l'Athénée, votre expérience de spectateur et le théâtre en général, n'hésitez surtout pas à m'en parler ou à me les faire parvenir à l'adresse clemence(at)athenee-theatre.com
    (Je n'écris pas mon adresse correctement afin d'éviter qu'elle soit copiée automatiquement par des robots spammeurs : il faut donc remplacer (at) par @)

    Pour information, j'ai déjà publié sur le blog cinq contributions de spectateurs  que vous pourrez retrouver en cliquant sur les liens suivants : Laetitia (sur les spectacles qu'elles a vus à l'Athénée), Pierre (ou l'expérience d'un musicien ayant joué à l'Athénée), Jean une première et une deuxième fois (qui nous présentait ses bilans de spectateur très fidèle de l'Athénée), et Jérôme (qui était venu à l'Athénée pour me suivre dans mon travail).



    Les Trois Sœurs se termine demain ! Il vous reste trois représentations : ce soir à 20h et demain à 15h et 20h. Ensuite, l'Athénée clora son cycle Tchekhov par La Cerisaie mis en scène par Paul Desveaux !

    Bon week-end.


  • Le son des sœurs • Pleins feux




    La musique est essentielle dans la mise en scène que Volodia Serre a créée pour Les Trois Sœurs : chansons interprétées par les acteurs, disques choisis par les personnages, bruits d'atmosphère et intermèdes musicaux rythment ainsi le spectacle.

    Aperçu de l'univers sonore de la pièce en moins de quatre minutes :

     

    Si vous n'entendez rien, cliquez ici pour écouter la bande-son sur le blog ou pour aller sur YouTube.

     

     

    J'ai l'impression que beaucoup n'ont pas reçu mon billet d'hier ; retrouvez les photos que j'ai prises des Trois Sœurs ici en n'hésitant pas à les regarder tout en écoutant la bande-son d'aujourd'hui : les deux devraient bien s'entendre.

    Les Trois Soeurs se joue encore ce soir, demain soir et samedi à 15h et 20h. Bon jeudi !


  • Photomaton (en mieux) • Pleins feux




    Après les portraits de chacune des trois soeurs hier, voici quelques portraits de toute l'équipe du spectacle, la plupart du temps capturés depuis les coulisses pendant une représentation.

     

    Carol Cadilhac

     

     

    François de Brauer

     

    Jacques Alric en coulisses pendant une répétition

     

     

    Léopoldine Serre

     

     

    Olivier Balazuc.
    Autour de lui : Léopoldine Serre (assise), Volodia Serre (caché) et Alexandrine Serre.

     

     

    Anthony Paliotti

     

    Volodia Serre

     

     

    Juliette Delfau

     

     

    Alexandrine Serre

     

     

    Jacques Alric en coulisses

     

    François de Brauer et Carol Cadilhac

     

     

    David Geselson

     

     

    Volodia Serre

     

     

    Léopoldine Serre. Dans l'ombre, Anthony Paliotti.

     

     

    Marc Voisin

     

     

    Alexandrine Serre

     

    Alexandrine Serre

     

    Jacques Tessier

     

    Léopoldine Serre

     

     

    David Geselson

     

     

    Joséphine Serre

     

     

    Olivier Balazuc

     

     

    Joséphine Serre

     

     

    Olivier Balazuc

     

     

    François de Brauer, Olivier Balazuc et Carol Cadilhac au foyer-bar

     

     

    Mireille Franchino

     

     

    Volodia Serre

     

     

    Les Trois Soeurs de Tchekhov mis en scène par Volodia Serre se joue jusqu'à samedi !


  • Ce qui se dit, c'est justement ce qui ne se dit pas • Entretien




    Alexandrine, Joséphine et Léopoldine Serre sont sœurs dans la vie, mais également sur scène : elles interprètent en effet Les Trois Sœurs de Tchekhov mis en scène par leur frère, Volodia Serre (qui joue également leur frère sur scène), actuellement à l'Athénée.

     

    Léopoldine Serre (rôle d'Irina) et Alexandrine Serre (Olga) en répétitions.

     

    Interview croisée un soir de représentation :

    « — Léopoldine, tu interprètes le rôle d'Irina dans Les Trois Sœurs : comment la répartition des rôles s'est-elle décidée entre vous trois ?
    — Cela s'est fait naturellement par l'âge, puisque nous interprétons les rôles correspondant à notre place dans la fratrie. Mais de toutes façons, les rôles de Macha et d'Irina nous correspondaient étroitement, à Joséphine et moi. C'était peut-être moins évident pour le rôle d'Olga pour lequel Alexandrine a dû construire un personnage peut-être un peu plus éloigné d'elle-même.

     

    Léopoldine Serre (Irina) en représentation.

     

    — Joséphine, tu joues Macha : est-ce que le fait d'être sœurs dans la vie apporte quelque chose de différent sur scène ?
    — Oui, forcément. Mais c'est aussi parce que l'on joue des sœurs : si l'on jouait des personnages étrangers les uns aux autres, cela serait évidemment différent. Le fait d'être sœurs est le parti pris de départ de la mise en scène de Volodia, de toutes façons…
    Étant soeurs, il y a avait toute une partie du travail qui était là, vivante, et qui n'était pas à faire : nous avons une histoire, des références, une mythologie communes, et toutes ces petites choses qui se créent entre sœurs, comme la complicité, une certaine façon de se toucher ou de parler, des échanges de regards, etc. existaient déjà entre nous : ce sont des choses qui ne s'expliquent pas, qui passent entre nous et qui n'existeraient sans doute pas (en tous cas pas de cette manière) si nous n'étions pas sœurs, même avec tout le travail d'imaginaire possible de l'acteur…
    Sur le plateau, nous sommes cependant très différentes les unes des autres : on n'a pas forcément cherché à ce que notre lien familial soit lisible et visible. On se ressemble sans se ressembler : les choses en commun sont plus dans des intonations, des habitudes, des façons de se tenir, etc.

    — Alexandrine, tu interprètes le rôle d'Olga : elle est l'aînée dans le texte, comme tu es l'aînée dans la vie ; est-ce que ce statut d'aînée est important dans la pièce?
    — Oui, son statut d'aîné est essentiel : c'est elle, le pilier de la famille qui a remplacé la mère à sa mort. Au début de la pièce, c'est la maîtrese de maison qui s'occupe de tout et qui ne flanche quasiment jamais. Elle endosse le rôle de confidente et de soutien, encore plus clairement vis-à-vis de sa plus petite sœur Irina, d'ailleurs : elle l'embriguade dans ses fantasmes de Moscou et la formate ; elles ont beaucoup de points communs sur la question du travail ou du désir d'aller à Moscou. Irina deviendra peut-être une future Olga : en tout cas, elle suit ses conseils. L'importance de ce statut d'aînée est très claire dans la pièce : je ne pense pas que cela soit une interprétation de ma part.

     

    Alexandrine Serre (Olga) en répétitions.
    On aperçoit Léopoldine Serre (Irina) et Joséphine Serre (Macha) en arrière-plan.

     

    — Léopoldine, est-ce que tu pourrais décrire comment ton personnage, Irina, évolue au cours de la pièce ?
    — Cela est passé en premier lieu par des détails de maquillage et de costume: au fur et à mesure que la pièce avance, elle a les joues plus creusées, des cernes qui apparaissent. Nous avons aussi fait le choix ballerines au début pour passer aux talons ensuite, ce qui donne une évolution dans la démarche. De même la robe de l’acte I, robe presque de princesse, de jeune fille en fleur, se troque en une robe plus stricte, à partir du moment où elle se met à travailler. Cela m’a aidé à trouver une évolution dans le corps, dans ma gestuelle puisque cinq ans s’écoulent tout de même entre l’acte I et l’acte IV.
    Mais pour le jeu, cette évolution est tout simplement dans le texte, puisqu’Irina perd peu à peu son innocence et sa joie de vivre. A l’acte I elle dit « pourquoi je suis si heureuse aujourd’hui, comme si j’étais portée par de voiles dans un grand ciel bleu avec de grands oiseaux blancs » : elle a eu une révélation sur le sens de la vie qui est le travail. Mais à l’acte III, une fois qu’elle s’est mise à travailler, elle n‘y trouve aucune satisfaction morale et a perdu toutes ses illusions : « Je travaille depuis longtemps et je déteste, je méprise tout ce qu’on me donne à faire. (…) Je suis désespérée, (…) pourquoi est-ce que je ne me suis pas tuée ».
    À l’acte IV, le mariage prévu avec le baron fait renaître l’espoir d’un nouveau départ, d’une nouvelle vie, mais il est avorté par la mort du baron en duel. C’est d’autant plus tragique et cruel que tout s’écroule justement au moment où elle a enfin agit concrètement pour changer sa vie.

    — Joséphine, pourquoi Macha tombe-t-elle amoureuse ? Qu'est-ce qui lui plaît dans son mari, puis dans Verchinine ?
    — Je me suis imaginé plein de choses à se sujet. Je pense qu'au départ, elle a été très impressionnée par son mari, Koulyguine, d'autant qu'elle était très jeune quand elle l'a rencontré : on croit parfois qu'on est très amoureux alors qu'on projette en fait plein de choses… Macha s'est enfermée très vite et très jeune. Verchinine, lui, a une écoute pour elle : elle s'est construit un îlot de solitude et lui débarque soudain là-dedans, la bouscule, la questionne, la trouble. Ils se reconnaissent à travers une vision du monde et de la société dans laquelle ils se sentent enfermés. Par ailleurs, ils se rencontrent alors qu'ils sont tous les deux tourmentés par la vulgarité de leur vie de couple ; ils cherchent une fuite : ils se rencontrent donc aussi pour ce sentiment de libération.
    Ce sont deux personnes qui sont incapables d'accepter le quotidien, le réel et le concret des choses, et qui s'échappent dans l'utopie. Ils se rencontrent aussi là-dessus, sur le rêve : ce sont des rêveurs. La question de la foi est également importante. Macha est engoncée dans une vie de province monotone et sans issue, et Verchinine convertit la monotonie et la vulgarité du quotidien pour les transformer en ouverture pour l'avenir : ce qu'on fait aujourd'hui, on le fait pour demain. Et même si c'est une vision un peu "globale", facile, et consolatrice, du monde, Macha accepte d'y croire. Il donne un sens à sa vie telle qu'elle la perçoit : ce sont donc des personnes qui se rencontrent aussi sur le sens.

     

    Joséphine Serre (Macha) en représentation

     

    — Alexandrine, qu'est-ce qui empêche les trois sœurs d'aller à Moscou ?
    — Sûrement elle-mêmes, les circonstances de la vie qu'elles n'arrivent pas à refuser... Olga est nommée directrice, et elle n'arrive pas à décliner ce poste pour des raisons d'argent. Irina a trouvé du travail dans la ville d'à côté... C'est très concret. Mais c'est vrai qu'elles auraient pu tout envoyer valser. Sauf qu'elles ne peuvent pas revendre la maison car leur frère l'a hypothéquée et que sa femme à lui, Natacha, a récupéré toute l'argent.
    Juliette Delfau, qui joue le rôle de Natacha et partage la loge d'Alexandrine où se déroule l'interview : — Elles sont littéralement mises en-dehors de chez elles.
    Alexandrine : — Oui, et elles ont besoin d'argent qu'elles n'ont pas. Olga a un logement de fonction... Mais comme toujours chez Tchekhov, les aléas de la vie sont évidemment métaphoriques des empêchement que l'on se donne soi-même. À travers cette histoire de départ ou non à Moscou, Tchekhov interroge aussi la question du destin, un thème central chez lui qui renvoie ainsi au sens de la vie et à la maîtrise que l'on a ou non de sa propre existence. C'est aussi pour cela que l'on ne peut pas vraiment expliquer l'échec de leur projet de départ pour Moscou, puisque Tchekhov n'y répond pas lui-même! Cela serait vouloir répondre à tout ce qu'il soulève comme questionnements sur l'existence ...

    — Qu'est-ce qui rend Tchekhov si particulier à jouer ?
    Alexandrine — La langue. C'est une écriture qui décortique la pensée, qui est aussi complexe, vive et rapide que la pensée. J'ai l'impression que les textes de Tchekhov sont très concrets, qu'il ne faut pas chercher pour les jouer. Tchekhov additionne des petites choses qui font apparaître un image globale. Tous les personnages sont traités avec la même complexité : ils sont tous pleins de contradictions, ne sont jamais définissables en trois mots. Comme c'est l'accumulation de tout petits détails qui crée le sens, on ne peut pas être global dans son approche des personnages. Il faut être dans le détail de chaque moment : c'est un théâtre de situation.

    Léopoldine — Il y a quelque chose de très particulier dans l'écriture de Tchekhov dans le sens où il n'y a pas de découpages de scènes dans ses pièces. Le temps qui passe sur le plateau correspond au temps réel,: ce sont des incursions dans le quotidiens de ces personnages, séparées par des ellipses de plusieurs années : de véritables moments de  vie à recréer. Il y a des « zooms » sur les personnages puis des scènes de groupe, donc il est important de gérer à la fois son propre parcours et un parcours global par rapport au groupe. C’est ainsi que Tchekhov traite des thèmes universels. Tous ces dialogues qui peuvent paraître anodins, tous ces détails mis bout à bout, c’est finalement ce qui crée le sens dans sa globalité : on partage le quotidien des personnages, on apprend peu à peu à les connaître, à connaître leurs rêves, leurs émotions, et on est d’autant plus touchés quand le malheur s’abat sur eux.
    La question de la famille, thème très récurrent chez Tchekhov, nous touche évidemment particulièrement, et c’est en ça qu’il est très émouvant pour nous de pouvoir le raconter ensemble.

    Joséphine — Comment dire…. C'est compliqué… Jouer Tchekhov est à la fois plein de dangers et d'attraits. Les répliques des personnages seraient comme la "partie émergée de l'iceberg" : l'acteur doit donc être chargé de toute la partie "immergée" pour pouvoir prendre la parole —afin que cette parole soit nécessaire. Je crois qu'il ne faut surtout pas tomber dans le banal. C'est un travail de construction qui se fait en répétitions (imaginer l'instant même qui précède l'entrée, d'où on vient, le temps qu'il fait, et les jours précédents, puis les mois, les années, jusqu'aux souvenirs de l'enfance, etc.) ; et puis on l'oublie bien sûr en représentation... "On l'oublie", je veux dire, on n'y pense plus, mais on reste chargés de tout cela.
    Le texte peut paraître très anodin, mais c'est un leurre : je crois qu'il n'y a aucune parole anodine au théâtre. Et pourtant, il ne faut pas non plus faire un sort à chaque réplique ! Avec Tchekhov, on n'est ni dans le poétique ni dans le lyrique, registres avec lesquels on peut travailler sur la musicalité, le rythme, les sons ; on n'est pas vraiment dans la langue non plus puisque l'on joue une traduction : il s'agit avant tout du sens.
    Je crois que la "grosse" question chez Tchekhov, c'est : "comment faire acte de théâtre avec le quotidien ?" À ce sujet, j'ai relu récemment Le Trésor des humbles de Maurice Maeterlinck et en particulier un chapitre intitulé "le tragique quotidien", et j'ai eu la sensation qu'il parlait exactement des textes dramatiques de Tchekhov. Maeterlinck engage une réflexion sur la parole, il croit que tout ce qui se dit entre deux êtres, c'est justement ce qui ne se dit pas. Voilà : c'est tout ce qui ne se dit pas qu'il faut réussir à rendre vibrant, chez Tchekhov, afin que son texte ne soit ni trop chargé ni trop anodin. »

     

    Léopoldine Serre (Irina) et Joséphine Serre (Macha)

     

    Les Trois Sœurs de Tchekov se joue à l'Athénée tous les soirs de cette semaine. Samedi, il y aura une représentation à 15h en plus de celle du soir. Bonne journée !


  • 4 musiciens et 3 sœurs • Pleins feux




    Samedi, quatre musiciens de l'Orchestre de Paris se mêlaient aux trois sœurs de Tchekhov pour un spectacle associant musique et théâtre :
    entre des œuvres des compositeurs russes Taneïev et Tchaïkovski, les interprètes des Trois Sœurs lurent des lettres que l'actrice Olga Knipper adressa à son mari, Anton Tchekhov, autour de l'année 1900.

     



    Lecture de lettres d'Olga Knipper entre le quatuor de Taneïev et celui de Tchaïkovski.

    Debout, de gauche à droite : Joséphine Serre, Léopoldine Serre et Alexandrine Serre.
    Assis, de gauche à droite : Pascale Meley, Antonin André-Requena, Nicolas Peyrat et Thomas Duran.

     



    Les musiciens saluent après leur exécution du quatuor de Tchaïkovski. Les trois sœurs sont restées sur scène pour écouter le concert.

    Debout, de gauche à droite : Pascale Meley, Antonin André-Requena, Nicolas Peyrat et Thomas Duran.
    Assises, de gauche à droite : Joséphine Serre, Léopoldine Serre et Alexandrine Serre.


    L'équipe salue après le spectacle.

    De gauche à droite : Léopoldine Serre, Pascale Meley, Antonin André-Requena, Joséphine Serre, Nicolas Peyrat, Thomas Duran et Alexandrine Serre.

     

    Une demi-heure plus tard, l'on put assister au premier café-débat de la saison sur le thème « faut-il rêver sa vie au risque de la perdre ? » avec Jean-Pierre Martin, écrivain, et Volodia Serre, metteur en scène des Trois Sœurs. J'aurai l'occasion de vous en reparler très vite.


    Le prochain concert de l'Orchestre de Paris à l'Athénée aura lieu le 29 janvier à l'occasion de Caligula de Camus, sur le thème "néo-classique ou oppression".

    Le prochain café-débat aura lieu le 12 mars 2011 autour du spectacle L'Échange de Claudel mis en scène par Bernard Lévy.

    Les Trois Sœurs mis en scène par Volodia Serre se joue à l'Athénée jusqu'à samedi.

    Bon lundi !


  • La Belle au Bois Dormant • Pleins feux




    Mercredi, nous évoquions le compositeur Taneïev dont le Quatuor n°3 op.7 sera joué à l'Athénée demain à 15h par des musiciens de l'Orchestre de Paris.
    Il se trouve que Taneïev fut l'élève de Tchaïkovski (qui l'incita d'ailleurs à composer des quatuors à cordes) dont l'on entendra également l'un des quatuors demain.

    Tchaïkovski, tout le monde connaît : ou plutôt, tout le monde croit connaître. Casse-Noisette, Le Lac des Cygnes ou son Concerto pour violon* ont été joués et rejoués et souvent utilisés dans la publicité ou dans le cinéma. Tchaïkovski est en effet celui qui créa le genre du ballet symphonique avec La Belle au Bois Dormant, Casse-Noisette ou Le Lac des Cygnes justement, mais on l'a souvent résumé à cela.

    Si l'originalité et la créativité de ses ballets ne sont pas à remettre en cause, il serait dommage d'oublier que Tchaïkovski a aussi composé des opéras superbes comme La Dame de Pique ou Eugène Onéguine et des œuvres de musique de chambre (quatuors ou trios par exemple) novatrices et essentielles dans la musique russe.

    Plus ambiguës qu'elles ne semblent l'être au premier abord, les œuvres de Tchaïkovski mêlent classicisme et romantisme, musique russe et occidentale, art savant et folklore, orchestration brillante et mélodies féeriques. Ses opéras sont des chefs-d'œuvre extrêmement poignants, et sa musique du chambre permit la naissance du genre en Russie : son Quatuor n°1 op.11 est ainsi le premier quatuor à cordes composé par un Russe.
    Le genre du quatuor à cordes, c'est en effet le symbole de la musique pure et l'emblème de la tradition occidentale (citons en particulier les quatuors de Haydn, Beethoven et Schubert qui font référence en la matière) : pourtant Tchaïkovski a réussi à se l'approprier pour donner à ses quatuors l'empreinte de sa personnalité tumultueuse et une coloration typiquement russe.

    C'est le Quatuor à cordes n°3 op.30, le dernier qu'il a composé, qui sera joué à l'Athénée demain. Écrite en 1876 à Paris au cours de la composition du Lac des Cygnes, l'œuvre rencontra un immense succès en dépit des doutes de Tchaïkovski (qui avait de toutes façons une sérieuse tendance à dévaloriser son travail) : très émouvante au point de faire régulièrement pleurer ses auditeurs (on fera le test demain), la partition est considérée comme le chef-d'œuvre de la musique de chambre de Tchaïkovski.

    À demain 15h pour écouter ce quatuor de Tchaïkovski et le Quatuor n°3 op.7 de Taneïev interprété par des musiciens de l'Orchestre de Paris !

    À 17h30, vous pourrez assister gratuitement au café-débat "Faut-il rêver sa vie au risque de la perdre?" Et à 20h, place aux Trois Sœurs de Tchekhov mis en scène par Volodia Serre qui se joue encore une semaine.

    Bon week-end !


    * si si, vous le connaissez, surtout si vous avez vu le film Le Concert de Radu Mihaileanu.
    Sinon, vous pouvez l'écouter ici dans la version d'Isaac Stern.


  • Les enfants, ça court toujours partout. • Coulisses




    C'est le 11 novembre aujourd'hui : si vos enfants ne sont sans doute pas à l'école, sachez que leur esprit rôde sur le plateau des Trois Soeurs

     

    Les Trois Soeurs de Tchekhov mis en scène par Volodia Serre avec Jacques Alric, Olivier Balazuc, François de Brauer, Carol Cadilhac, Juliette Delfau, Mireille Franchino, David Geselson, Anthony Paliotti, Alexandrine Serre, Joséphine Serre, Léopoldine Serre, Volodia Serre, Jacques Tessier et Marc Voisin se joue jusqu'au 20 novembre.

    Le sondage lancé lundi sur le blog est toujours en ligne ici ! J'attends votre réponse...

    Bon jeudi.


  • L'âme russe • Pleins feux




    Depuis quelques années, l'Athénée programme aussi de la musique.

    Cette saison, l'Athénée et l'Orchestre de Paris proposent "Quatre concerts pour quatre quatuors" où les œuvres sont choisies en fonction des pièces jouées à l'Athénée.
    En résonance avec le cycle Tchekhov (Oncle Vania, Les Trois Sœurs et La Cerisaie), vous pourrez ainsi entendre samedi le concert "musique russe".

    Cette fois-ci, le quatuor sera à cordes : deux violons, un alto et un violoncelle, qui interpréteront des œuvres de Taneïev et Tchaïkovski.

    J'entends d'ici les plus expressifs d'entre vous se demander intérieurement "mais c'est qui, Taneïev?" (voyez comme je suis perspicace). Taneïev (ou Tanayev, selon les transcriptions), est un compositeur russe né à Vladimir (ouest de la Russie) en 1856 et mort près de Moscou en 1915.
    Homme extrêmement cultivé qui cumulait les savoirs en mathématiques, musique, histoire, langues et philosophie, il séjourna deux ans à Paris où il fréquenta les compositeurs français Saint-Saëns, Fauré et Gounod. Professeur au Conservatoire de Moscou avant d'en être le directeur, il fut un musicien très actif dans bon nombre de domaines : la pédagogie donc, mais aussi le piano (élève de Nicolas Rubinstein, il donna des concerts en tant que pianiste), la théorie musicale (il écrivit des ouvrages sur les techniques du contrepoint et du canon) mais aussi la composition.

    Ses connaissances extrêmement pointues en matière de technique musicale et son intérêt pour les lettres et la philosophie donnent aux œuvres qu'il a composées une très grande perfection formelle autant qu'une sensible élévation spirituelle.
    À la fois simples et élégants, ses quatuors à cordes contribuent à donner à la musique de chambre russe des bases formelles qui lui manquaient sans doute, le genre ayant été beaucoup négligé par les compositeurs russes jusqu'à Tchaïkovski (qui fut le premier compositeur russe à écrire un quatuor à cordes).

    Son Quatuor à cordes n°3 op.7, qui sera joué samedi, fut justement dédié à Tchaïkovski dans sa première version, puis au compositeur Rachmaninov dans sa seconde : Taneïev décida en effet de remanier sa partition après avoir entendu des quatuors de Rachmaninov. Ample et très maîtrisé, ce quatuor porte également des influences de Haydn, Beethoven et Schubert, considérés comme les maîtres du quatuor à cordes.

    Taneïev fut d'ailleurs l'élève de Tchaïkovski, dont le Quatuor à cordes n°3 op.30 sera également joué samedi.
    Et pour ceux qui se demandent qui est Tchaïkovski, rendez-vous dans le billet de vendredi.


    Bon jeudi 11 novembre ! Les Trois Soeurs ne fait pas relâche en ce jour férié et se jouera donc aussi demain.

     

    Merci à Pierre-Émile Barbier pour son article sur Taneïev
    dans le
    Guide de la musique de chambre paru chez Fayard.


  • En habit de ville • Coulisses




    Les Trois Sœurs de Tchekhov mis en scène par Volodia Serre a commencé la semaine dernière : et dès son arrivée à l'Athénée, l'équipe artistique s'est bien évidemment employée à faire une allemande (mais siiii, vous savez ce que c'est : nous en avions parlé ici sur le blog).

    Cette fois, pas de vidéo comme pour Oncle Vania mais quelques photos. Comme il s'agit d'une répétition, je précise que les comédiens ne sont pas en costumes.

    Léopoldine Serre (rôle d'Irina) et Alexandrine Serre (rôle d'Olga)

     

    Les trois sœurs :
    Joséphine Serre (Macha), Léopoldine Serre (Irina) et Alexandrine Serre (Olga)

     

    Léopoldine Serre (Irina), Joséphine Serre (Macha), David Geselson (Touzenbach) et Anthony Paliotti (Saliony)

     

    Léopoldine Serre (Irina) et Marc Voisin (Koulyguine)

     

    Marc Voisin (Koulyguine), Léopoldine Serre (Irina) et Joséphine Serre (Macha)

     

    Debout, Marc Voisin (Koulyguine).
    Autour de la table en commençant par la gauche : les cheveux d'Anthony Paliotti (Soliony), David Geselson (Touzenbach), Juliette Delfau (Natacha), Volodia Serre (Andreï), Jacques Tessier (Tcheboutykine), Léopoldine Serre (Irina), Alexandrine Serre (Olga) Joséphine Serre un peu cachée (Macha) et Olivier Balazuc très caché (Verchinine).

     

    Volodia Serre (Andréï) et Joséphine Serre (Macha).

     

    Les Trois Soeurs se joue jusqu'au 20 novembre. Samedi prochain, vous pourrez assister à un café-débat sur le thème "Faut-il rêver sa vie au risque de la perdre?" avec Volodia Serre, le metteur en scène des Trois Soeurs, et Jean-Pierre Martin, écrivain. C'est à 17h30 à l'Athénée, et l'entrée est libre.

    D'autre part, le cycle "Tchekhov à l'écran" continue au cinéma le Balzac (Paris 8e). Cette semaine, découvrez Les Trois Sœurs de Margarethe von Trotta (mercredi et samedi à 11h du matin).

    Le sondage que j'ai lancé hier sur votre expérience de Tchekhov en tant que spectateur est toujours en ligne ici, n'hésitez pas à venir me donner votre avis !

    Bon mardi.


  • On y revient toujours • Perspective




    Tchekhov est ce genre d'auteur que l'on peut revoir inlassablement au théâtre tant ses textes semblent se révéler à chaque fois au gré des comédiens et des mises en scène : en regardant autour de moi, j'ai l'impression que beaucoup de spectateurs aiment bien aller voir plusieurs mises en scène d'une même pièce de Tchekhov et qu'une fois qu'on a commencé avec Tchekhov, on n'en finit jamais.

    L'Athénée vous offre un cycle Tchekhov avec ses trois dernières pièces*, Oncle Vania, Les Trois Soeurs et La Cerisaie. Pour ma part, c'était la première fois que je voyais Oncle Vania, mais j'avais déjà vu Les Trois Soeurs et La Cerisaie.

    Et vous, aviez-vous déjà vu ces trois pièces de Tchekhov ? Vous pouvez répondre au sondage en cliquant ici (c'est sur la droite) ou laisser un commentaire au billet.  Je suis également curieuse de voir dans quelles mises en scène vous les avez vues !
    Je précise que je ne peux pas proposer plus de quatre possibilités de réponses et ne peux pas faire en sorte qu'on puisse en cocher plusieurs… Je vous laisse donc vous exprimer avec plus de diversité et de précisions en commentaire.

    Avez-vous déjà vu Oncle Vania, Les Trois Soeurs et/ou La Cerisaie ?
    Oui, j'ai déjà vu au moins l'une de ces trois pièces et j'aimerais la/les revoir à l'Athénée.
    Oui, j'ai déjà vu au moins l'une de ces trois pièces mais je préfère aller voir autre chose.
    J'ai déjà vu d'autres pièces de Tchekhov mais pas celles-ci. Je découvrirais avec plaisir une ou plusieurs de ces trois pièces à l'Athénée.
    Je n'ai jamais vu/lu de pièces de Tchekhov.

    Les Trois Soeurs mis en scène par Volodia Serre se joue encore deux semaines à l'Athénée! La Cerisaie mis en scène par Paul Desveaux commencera ensuite le 25 novembre.

     

    * J'exclue Les Méfaits du tabac qui est un monologue publié après Les Trois Soeurs.


  • Les petits chevaux • Pleins feux




     

    À l'Athénée, Les Trois Sœurs de Tchekhov mis en scène par Volodia Serre a commencé hier. La pièce se joue jusqu'au 20 novembre !

    Bon week-end.


  • "Si la pièce ne marche pas, j'irai à Monte-Carlo" • Pleins feux




    Les Trois Sœurs de Tchekhov mis en scène par Volodia Serre commence ce soir à l'Athénée.

    L'abondante correspondance de Tchekhov nous renseigne sur la genèse de la pièce, de son écriture à sa création au Théâtre d'Art de Moscou en 1901 dans une mise en scène de Stanislavski.

    Voici quelques extraits choisis de lettres qu'il envoya à Olga Knipper (sa future femme et actrice dans beaucoup de ses pièces), Stanislavski (le metteur en scène des Trois Sœurs et d'autres pièces de Tchekhov), Maxime Gorki (écrivain pour qui il avait beaucoup d'estime ; pour protester contre son exclusion de l'Académie des Sciences de Russie, il renoncera d'ailleurs à son titre d'académicien en 1902) et M.F. Andreeva (actrice dans beaucoup de pièces de Tchekhov et collaboratrice régulière de Stanislavski).


    Le 30 août 1900, à O.L. Knipper
    (actrice qu'il épousera moins d'un an plus tard. Elle interprétait le rôle de Macha à la création des Trois Sœurs)
    « Je ne t'écris pas parce que, figure-toi, j'écris une pièce. Bien que cela donne quelque chose d'un peu ennuyeux, ce n'est pas mal, assez subtil. »

    Le 16 octobre 1900, à Gorki (écrivain)
    « Cela a été terriblement difficile d'écrire Les Trois Sœurs. Car il y a trois héroïnes, chacune doit avoir sa personnalité, et elles sont toutes les trois filles de général ! »

    Le 2 janvier 1901, à O.L. Knipper

    « Décris-moi ne serait-ce qu'une répétition des Trois Sœurs. Ne faut-il pas ajouter ou enlever quelque chose ? Joues-tu bien mon cœur ? Attention ! Ne soit pas triste, dans aucun acte. En colère oui, mais pas triste. Les gens qui portent en eux depuis longtemps le chagrin et qui y sont habitués, se contentent de siffloter et de se perdre souvent dans leurs pensées. Alors toi aussi sois souvent pensive sur scène pendant les conversations. »

    Le 15 janvier 1901, à Stanislavski
    (le metteur en scène des Trois Sœurs)
    « Que la fin rappelle Oncle Vania, ce n'est pas un bien grand malheur. Oncle Vania est ma pièce, pas celle d'un autre, et quand tu rappelles dans une œuvre quelque chose que tu as toi-même écrit ailleurs, on dit que c'est bien. »

    Le 20 janvier 1901, à O.L. Knipper

    « Comment se passent Les Trois Sœurs ? Si j'en crois vos lettres, vous faites tous n'importe quoi. Du bruit dans l'acte III… Pourquoi du bruit ? [...] Si vous abîmez l'acte III, la pièce est fichue, et on me sifflera sur mes vieux jours. [...] J'avais déjà dit qu'il ne fallait pas faire passer le cadavre de Touzenbach sur la scène, mais Alexeev [Stanislavski] maintenait que l'on ne pouvait pas faire autrement. Je lui ai écrit de ne pas faire cela, je ne sais pas s'il a reçu ma lettre.
    Si la pièce ne marche pas, j'irai à Monte-Carlo et j'y perdrai au jeu ma dernière chemise. »

    Le 21 janvier 1901 à O.L. Knipper

    « J'écris bien sûr, mais sans aucune conviction. Les Trois Sœurs m'ont, semble-t-il, épuisé, ou alors j'en ai juste assez d'écrire, je suis trop vieux. Je ne sais pas. Il faudrait que je n'écrive plus pendant cinq ans, que je passe cinq ans à voyager, et puis que je revienne et que je m'y remette. [...]
    À ce propos, dis-toi bien qu'à Saint-Pétersbourg, vous n'aurez aucun succès. [...] À Saint-Pétersbourg, les recettes seront bonnes, mais du succès, vous n'en aurez pas une goutte, excuse-moi s'il te plaît. »


    L'accueil fut en effet mitigé lors des premières représentations des Trois Sœurs.
    Il faut également préciser que Tchekhov n'attendit pas cinq ans pour se remettre à écrire : côté théâtre,
    Les Méfaits du tabac et La Cerisaie sont respectivement publiés en 1903 et 1904, tandis que les récits L'Évêque et La Fiancée paraissent en 1902 et 1903.


    Le 26 janvier 1901, à M.F. Andreeva
    (actrice qui interprétait le rôle d'Irina à la création des Trois Sœurs)
    « Je regrette beaucoup que vous alliez jouer à Saint-Pétersbourg, parce que je n'aime pas cette ville et que je n'ai pas une haute opinion de son bon goût. »


    31 janvier 1901 : première des Trois Sœurs au Théâtre d'Art de Moscou


    Le 21 février 1901, à O.L. Knipper

    « Ici il ne fait pas froid mais c'est gris, sale, ennuyeux. Le public est gris, mou, les repas ne sont pas bons à la maison. La Pensée russe [revue hebdomadaire fondée à la fin du 19e siècle] a publié Les Trois Sœurs sans mes corrections, et le rédacteur Lavrov se justifie en disant que Nemirovitch a "corrigé" la pièce… Ainsi donc, mon cœur, tout est inintéressant, et si je ne pensais pas à toi, je repartirais à l'étranger. »

    Le 7 mars 1901, à O.L. Knipper

    « La prochaine pièce que j'écrirai sera obligatoirement drôle, très drôle, du moins dans son intention. »

    NB : la « prochaine pièce » fut
    Les Méfaits du tabac. Elle est surtout drôle dans « son intention », effectivement...


    Les Trois Sœurs mis en scène par Volodia Serre avec Jacques Alric, Olivier Balazuc, François de Brauer, Carol Cadilhac, Juliette Delfau, Mireille Franchino, David Geselson, Anthony Paliotti, Alexandrine Serre, Joséphine Serre, Léopoldine Serre, Volodia Serre, Jacques Tessier et Marc Voisin se joue du 4 au 20 novembre 2010.

     

     

    Merci à l'âme dévouée qui m'a scanné la correspondance et la bibliographie de Tchekhov, et qui se reconnaîtra.


  • L'amour toujours • Perspective




    Les Trois Sœurs de Tchekhov mis en scène par Volodia Serre commence ce soir à l'Athénée.

    L'abondante correspondance de Tchekhov nous renseigne sur la genèse de la pièce, de son écriture à sa création au Théâtre d'Art de Moscou en 1901 dans une mise en scène de Stanislavski.

    Voici quelques extraits choisis de lettres qu'il envoya à Olga Knipper (sa future femme et actrice dans beaucoup de ses pièces), Stanislavski (le metteur en scène des Trois Sœurs et d'autres pièces de Tchekhov), Maxime Gorki (écrivain pour qui il avait beaucoup d'estime ; pour protester contre son exclusion de l'Académie des Sciences de Russie, il renoncera d'ailleurs à son titre d'académicien en 1902) et M.F. Andreeva (actrice dans beaucoup de pièces de Tchekhov et collaboratrice régulière de Stanislavski).


    Le 30 août 1900, à O.L. Knipper
    (actrice qu'il épousera moins d'un an plus tard. Elle interprétait le rôle de Macha à la création des Trois Sœurs)
    « Je ne t'écris pas parce que, figure-toi, j'écris une pièce. Bien que cela donne quelque chose d'un peu ennuyeux, ce n'est pas mal, assez subtil. »

    Le 16 octobre 1900, à Gorki (écrivain)
    « Cela a été terriblement difficile d'écrire Les Trois Sœurs. Car il y a trois héroïnes, chacune doit avoir sa personnalité, et elles sont toutes les trois filles de général ! »

    Le 2 janvier 1901, à O.L. Knipper

    « Décris-moi ne serait-ce qu'une répétition des Trois Sœurs. Ne faut-il pas ajouter ou enlever quelque chose ? Joues-tu bien mon cœur ? Attention ! Ne soit pas triste, dans aucun acte. En colère oui, mais pas triste. Les gens qui portent en eux depuis longtemps le chagrin et qui y sont habitués, se contentent de siffloter et de se perdre souvent dans leurs pensées. Alors toi aussi sois souvent pensive sur scène pendant les conversations. »

    Le 15 janvier 1901, à Stanislavski
    (le metteur en scène des Trois Sœurs)
    « Que la fin rappelle Oncle Vania, ce n'est pas un bien grand malheur. Oncle Vania est ma pièce, pas celle d'un autre, et quand tu rappelles dans une œuvre quelque chose que tu as toi-même écrit ailleurs, on dit que c'est bien. »

    Le 20 janvier 1901, à O.L. Knipper

    « Comment se passent Les Trois Sœurs ? Si j'en crois vos lettres, vous faites tous n'importe quoi. Du bruit dans l'acte III… Pourquoi du bruit ? [...] Si vous abîmez l'acte III, la pièce est fichue, et on me sifflera sur mes vieux jours. [...] J'avais déjà dit qu'il ne fallait pas faire passer le cadavre de Touzenbach sur la scène, mais Alexeev [Stanislavski] maintenait que l'on ne pouvait pas faire autrement. Je lui ai écrit de ne pas faire cela, je ne sais pas s'il a reçu ma lettre.
    Si la pièce ne marche pas, j'irai à Monte-Carlo et j'y perdrai au jeu ma dernière chemise. »

    Le 21 janvier 1901 à O.L. Knipper

    « J'écris bien sûr, mais sans aucune conviction. Les Trois Sœurs m'ont, semble-t-il, épuisé, ou alors j'en ai juste assez d'écrire, je suis trop vieux. Je ne sais pas. Il faudrait que je n'écrive plus pendant cinq ans, que je passe cinq ans à voyager, et puis que je revienne et que je m'y remette. [...]
    À ce propos, dis-toi bien qu'à Saint-Pétersbourg, vous n'aurez aucun succès. [...] À Saint-Pétersbourg, les recettes seront bonnes, mais du succès, vous n'en aurez pas une goutte, excuse-moi s'il te plaît. »


    L'accueil fut en effet mitigé lors des premières représentations des Trois Sœurs.
    Il faut également préciser que Tchekhov n'attendit pas cinq ans pour se remettre à écrire : côté théâtre,
    Les Méfaits du tabac et La Cerisaie sont respectivement publiés en 1903 et 1904, tandis que les récits L'Évêque et La Fiancée paraissent en 1902 et 1903.


    Le 26 janvier 1901, à M.F. Andreeva
    (actrice qui interprétait le rôle d'Irina à la création des Trois Sœurs)
    « Je regrette beaucoup que vous alliez jouer à Saint-Pétersbourg, parce que je n'aime pas cette ville et que je n'ai pas une haute opinion de son bon goût. »


    31 janvier 1901 : première des Trois Sœurs au Théâtre d'Art de Moscou


    Le 21 février 1901, à O.L. Knipper

    « Ici il ne fait pas froid mais c'est gris, sale, ennuyeux. Le public est gris, mou, les repas ne sont pas bons à la maison. La Pensée russe [revue hebdomadaire fondée à la fin du 19e siècle] a publié Les Trois Sœurs sans mes corrections, et le rédacteur Lavrov se justifie en disant que Nemirovitch a "corrigé" la pièce… Ainsi donc, mon cœur, tout est inintéressant, et si je ne pensais pas à toi, je repartirais à l'étranger. »

    Le 7 mars 1901, à O.L. Knipper

    « La prochaine pièce que j'écrirai sera obligatoirement drôle, très drôle, du moins dans son intention. »

    NB : la « prochaine pièce » fut
    Les Méfaits du tabac. Elle est surtout drôle dans « son intention », effectivement...


    Les Trois Sœurs mis en scène par Volodia Serre avec Jacques Alric, Olivier Balazuc, François de Brauer, Carol Cadilhac, Juliette Delfau, Mireille Franchino, David Geselson, Anthony Paliotti, Alexandrine Serre, Joséphine Serre, Léopoldine Serre, Volodia Serre, Jacques Tessier et Marc Voisin se joue du 4 au 20 novembre 2010.

     

     

    Merci à l'âme dévouée qui m'a scanné la correspondance et la bibliographie de Tchekhov, et qui se reconnaîtra.


  • Les chaises • Coulisses




     

     

    Les chaises d'Oncle Vania ont quitté l'Athénée ce week-end : rendez-vous à partir de jeudi pour la suite du cycle Tchekhov avec Les Trois Sœurs mis en scène par Volodia Serre qui y dirige ses trois propres sœurs, Joséphine, Léopoldine et Alexandrine Serre.


  • "Forgeons, forgeons ensemble, nous serons forgerons" • Perspective




    Lorsque Oncle Vania mis en scène par Serge Lipszyc a été créé, le rôle titre était tenu par un professeur de technologie : la pièce a en effet d'abord été montée dans le cadre des rencontres de théâtre organisées tous les ans par l'ARIA, Association pour les Rencontres Internationales Artistiques en Corse.

    Tenant autant de l'éducation populaire que de la décentralisation théâtrale, l'ARIA a été initiée par Robin Renucci en 1998 pour proposer des stages de théâtre mélangeant amateurs et professionnels, proposer une sensibilisation au théâtre dans les écoles et organiser des rencontres de théâtre tous les étés dans la vallée du Giussani, en Haute-Corse.
    Ainsi les comédiens professionnels peuvent-ils bénéficier de formations spécifiques, mais il existe également des stages où amateurs, professeurs de l'Éducation Nationale et comédiens professionnels travaillent ensemble pour monter des pièces qui sont ensuite présentées au public au mois d'août.
    Pendant l'année, l'ARIA monte également une collaboration de longue haleine avec des écoles primaires, des collèges et des lycées en sensibilisant leurs élèves au théâtre par des ateliers et des exercices de réflexion sur les textes, le tout souvent lié au patrimoine artistique et culturel de la Haute-Corse.

    Dans la distribution actuelle d'Oncle Vania, quatre personnes ont été stagiaires à l'ARIA à des années différentes : Judith d'Aleazzo (rôle d'Éléna), Sylvain Méallet (assistant à la mise en scène et rôle du valet de ferme) et Estelle Clément-Bealem (Sonia) en tant que comédiens professionnels, Michèle Gaulupeau (la nourrice) en tant qu'amateure (elle est enseignante de lettres à la retraite). Serge Lipszyc (metteur en scène), Robin Renucci (Vania), René Loyon (Alexandre Sérébriakov) et Danièle Gauthier (la mère de Vania) y sont formateurs.

    Les stages d'été de l'ARIA consistent à réunir des personnes de tous horizons à Olmi-Cappella pendant cinq semaines : la première semaine, les quatre-vingts stagiaires travaillent avec les formateurs (comédiens, metteurs en scène, costumiers, créateurs lumières, décorateurs, chanteurs, etc.). À la fin de cette première semaine, chaque metteur en scène propose le projet qu'il souhaite monter, et chaque stagiaire choisit celui auquel il veut participer. Il reste ensuite quatre semaines pour créer chaque spectacle avant de tous les présenter au public.

    C'est ainsi que Serge Lipszyc a mis en scène Oncle Vania en plein air à Olmi-Cappella et que la production a été reprise dans une distribution remaniée à l'Athénée.
    Si vous voulez participer aux stages de l'ARIA, que vous soyez comédiens, professeurs, avocats, maçons, agents de recouvrement ou serveurs dans un restaurant, c'est ici.
    Si vous voulez soutenir l'ARIA, c'est .
    Si vous voulez voir Oncle Vania, c'est à l'Athénée ce soir à 20h et demain à 15h et 20h.

    La semaine prochaine, le cycle Tchekhov continue avec Les Trois Soeurs mis en scène par Volodia Serre qui joue dans le spectacle ainsi que ses trois vraies sœurs, Alexandrine, Joséphine et Léopoldine Serre.


    La programmation de films en lien avec Tchekhov continue au cinéma le Balzac : ce samedi ou mercredi prochain à 11h, venez découvrir La petite Lili de Claude Miller !

    Bon week-end de la Toussaint et à mardi !


  • L'emmerdeuse • Pleins feux




    J'aime bien prendre des photos de spectacles à l'Athénée, mais c'est quasiment impossible de le faire sans gêner les spectateurs.
    Du coup, pour Oncle Vania, j'ai préféré gêner les acteurs en me postant dans les coulisses pendant la représentation.

    Voici donc ce que donne Oncle Vania vu de profil :
    (NB : j'étais dans les coulisses situées à droite lorsqu'on regarde la scène. Sur les photos, le public se trouve donc sur la gauche)

     

    Robin Renucci, Judith d'Aleazzo, Serge Lipszyc et Estelle Clément-Bealem (derrière)

     

    Judith d'Aleazzo, Serge Lipszyc et Robin Renucci

     

    Estelle Clément-Bealem, Robin Renucci, Laurent Huon, René Loyon et Judith d'Aleazzo

     

    Robin Renucci et Judith d'Aleazzo

     

    Robin Renucci

     

    Michèle Gaulupeau et Laurent Huon

     

    Robin Renucci, Estelle Clément-Bealem, Serge Lipszyc et Danièle Gauthier

     

    Michèle Gaulupeau, Danièle Gauthier et Laurent Huon

     

    Toute l'équipe d'Oncle Vania quelques secondes avant les saluts.

     

    Estelle Clément-Bealem, Robin Renucci, Danièle Gauthier et René Loyon sortant de scène pendant les saluts.

     

     

    Une petite entorse à la vue de profil : Robin Renucci vu dans l'entrebâillement d'une porte (mal fermée) qui mène à la salle.
    Pardon au spectateur assis juste derrière cette porte et qui a dû se demander d'où venait ce drôle de bruit d'obturateur dans son dos…

     

     

    Oncle Vania se joue encore ce soir, demain et samedi à 15h et 20h.


  • Nous nous reposerons • Perspective




    Oncle Vania se termine par une longue réplique où Sonia, interprétée par Estelle Clément-Bealem, évoque la paix de l'âme après la mort :

    « Nous allons vivre, oncle Vania, toi et moi. Nous allons vivre une longue, longue, série de jours, et de longues soirées ; nous allons supporter patiemment les épreuves que le destin nous enverra ; nous allons travailler pour les autres, maintenant et plus tard, quand nous serons vieux, sans connaître de repos, et, quand notre heure sera venue, nous mourrons docilement et, là-bas, de l'autre côté du tombeau, nous dirons combien nous avons souffert, combien nous avons pleuré, combien nous avons eu la vie amère, et Dieu aura pitié de nous, et toi et moi, mon oncle, mon oncle bien-aimé, nous verrons une vie lumineuse, splendide, pleine de grâce, et nous nous réjouirons, et, en nous retournant sur nos malheurs de maintenant, nous aurons un sourire de compassion —et nous nous reposerons. Je crois, mon oncle, je crois avec ardeur, passionnément… Nous nous reposerons ! Nous nous reposerons ! Nous entendrons les anges, nous verrons tout le ciel constellé de diamants, et nous verrons le mal terrestre, toutes nos souffrances se noyer dans la charité qui remplira le monde entier, et notre vie deviendra douce, tendre, légère, comme une caresse. Je crois, je crois… Mon pauvre, mon pauvre oncle Vania, tu pleures… Tu n'as pas eu de joie dans ta vie, mais, attends un petit peu, oncle Vania, attends… Nous nous reposerons… Nous nous reposerons ! Nous nous reposerons ! »

    La semaine dernière, je vous parlais du genre musical du Lied à propos du concert qui a eu lieu samedi à l'Athénée. Il se trouve que nous pouvons en reparler aujourd'hui à propos de Rachmaninov qui a composé un Lied sur une partie de cette réplique.

    Né en 1873 en Russie et mort en 1943 aux États-Unis où il a émigré après la révolution russe de 1917, Rachmaninov est surtout resté célèbre pour ses œuvres pour piano. Influencé par Tchaïkovski et appartenant au post-romantisme, il a aussi laissé des cycles de Lieder où l'exigence littéraire dans ses choix de textes et la finesse des sentiments laissent transparaître des thèmes récurrents comme la recherche de la sérénité, un certain pessimisme quant à son époque et la joie de la contemplation de la nature.

    En 1906, il a écrit un cycle de quinze romances pour piano et voix (opus 26) où l'on trouve des auteurs russes variés comme Tolstoï, Tchekhov, Tioutchev ou Merejkovski.
    La troisième romance de ce cycle (op.26 n°3), My otdokhniom, est une mise en musique profonde, émouvante et spirituelle d'extraits de cette dernière réplique d'Oncle Vania.

    Voici, du russe traduit en français, l'extrait choisi par Rachmaninov :
    « Nous nous reposerons ! Nous entendrons les anges, nous verrons tout le ciel constellé de diamants, et nous verrons le mal terrestre, toutes nos souffrances se noyer dans la charité qui remplira le monde entier, et notre vie deviendra douce, tendre, légère, comme une caresse. Je crois, je crois… Nous nous reposerons ! Nous nous reposerons ! »

    Vous pouvez écouter cette romance interprétée par le baryton finlandais Kalevi Olli en cliquant ici. Elle dure moins de trois minutes.

    Vous pouvez voir Oncle Vania de Tchekhov mis en scène par Serge Lipzsyc avec Robin Renucci à l'Athénée jusqu'à samedi.


  • On nous ment. • Coulisses




    En tant que fouineuse professionnelle, je me dois de rôder dans les coulisses pendant les représentations.

    Voici ce que j'y ai vu lors d'une représentation d'Oncle Vania à l'Athénée :

     

    Sylvain Méallet, assistant à la mise en scène et comédien, prépare le vin qui sera servi sur scène quelques minutes plus tard.
    Note : oui, il y a un truc. Tout est faux. Le vin que les acteurs boivent sur scène n'est pas du vrai vin. La vodka n'est pas de la vraie vodka. Ne croyez pas tout ce qu'on vous dit à la télé.

     

    Michèle Gaulupeau, qui joue la nourrice, patiente entre deux scènes en suivant la pièce dans les écrans de retour.

     

    Sylvain Méallet et Michèle Gaulupeau dans le miroir du foyer des comédiens.


    Sylvain Méallet termine la préparation du vin-qui-n'est-pas-du-vin-mais-bon.

     

    Judith d'Aleazzo et Estelle Clément-Bealem, comédiennes, se changent et se recoiffent entre deux actes.

     

    Judith d'Aleazzo remet le col d'Estelle Clément-Bealem.

     

    Oncle Vania se joue jusqu'à samedi.

    Hier après-midi, Robin Renucci, qui interprète Oncle Vania, était l'invité du Grand Entretien sur France Inter : vous pouvez écouter l'émission ici (puis cliquez sur "en un clic : écoutez l'émission du lundi 25 octobre 2010" dans la colonne rouge "réécouter" située sur la droite).

    Bon mardi !


  • La gaufre, la gaufre ! • Pleins feux




    Tchekhov a une réputation d'écrivain un peu sombre. Toujours très touchants, ses personnages sont souvent les victimes d'un monde où les valeurs sûres s'effondrent et l'humanité s'effrite.

    Mais les pièces de Tchekhov sont aussi truffées d'humour et de clins d'œil, pour peu qu'on les mette un peu en avant. À l'Athénée, la mise en scène de Serge Lipszyc navigue d'une émotion à une autre en provoquant quelques éclats de rire.
    Pour les sceptiques, voici un choix partiel et partial de répliques comiques tirées d'Oncle Vania :


    «— Et j'ai beaucoup changé depuis ?
    — Beaucoup. Tu étais jeune dans ce temps-là, tu étais beau ; maintenant tu te fais vieux. La beauté, c'est plus ça. Et la vodka, faut dire aussi, tu craches pas dessus. »

    « — Ferme tes écluses, La Gaufre ! »

     « — Oh oui, j'étais un homme phare, mais qui ne donnait de lumière à personne… »

    « — Pendant vingt-cinq ans, il parle et il écrit sur ce que les gens intelligents savent depuis belle lurette et qui n'intéresse pas les imbéciles. […] Il est à la retraite, son nom ne dit rien à personne, c'est l'inconnu parfait. […] Mais regarde-le : il marche, on dirait Jupiter ! »

    « — Quand même, il fait beau, aujourd'hui… Pas trop chaud…
    — Un temps à se pendre avec plaisir… »

    « — La vérité, c'est que, grâce à moi, tout le monde est à bout, tout le monde s'ennuie »

    «— C'est vrai que je ne connais pas la campagne, mais j'ai beaucoup lu. »

    Après s'être fait surprendre dans une position délicate, faisant comme si de rien n'était :

    « —Aujourd'hui, très cher Ivan Petrovitch, il ne fait pas trop mauvais. Ce matin, le ciel était couvert, on aurait dit qu'il allait pleuvoir, et maintenant — du soleil. À dire vrai, l'automne est splendide… et les blés d'hiver non plus, ils ne viennent pas mal. Mais voilà, les jours ont raccourci... (Il sort) »

    « — Tu n'es pas fou, tu es simplement toqué. Un bouffon de bas étage. Avant, je pensais que tous les toqués étaient malades, pas normaux, et maintenant, l'opinion que j'ai, c'est que l'état de l'homme est d'être toqué. Tu es parfaitement normal.»

     

    (La traduction française est d'André Markowicz et Françoise Morvan)



    Oncle Vania monté par Serge Lipszyc avec Robin Renucci se joue jusqu'à samedi! Bon lundi.


    NB : « La Gaufre » est le surnom du personnage de Téléguine interprété par Laurent Huon. Le texte explique pourquoi, mais ne comptez pas sur moi pour révéler l'information!


  • Oncle Vania à l'allemande • Coulisses




    Hier, je vous expliquais ce qu'était une allemande au théâtre, c'est-à-dire une répétition où l'on déroule la pièce en accéléré.

    Après la définition, voici aujourd'hui l'exemple en vidéo : l'équipe d'Oncle Vania faisant une allemande avant la première à l'Athénée.

    Il s'agit d'une vidéo d'environ cinq minutes où vous ne verrez que des extraits de cette répétition, l'allemande ayant duré environ une heure.

     



    Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici pour aller sur le blog ou pour la voir sur YouTube.

     

    Oncle Vania se joue encore pendant une semaine !

    Demain à 15h, vous pourrez venir écouter des œuvres du compositeur Hugo Wolf dans le cadre de la programmation musicale de l'Athénée en collaboration avec la Fondation Royaumont. Plus d'informations ici.


  • Au théâtre, il y a les italiennes et les allemandes. • La corde verte du lapin qui siffle




    Hier, je vous expliquais ce qu'était une allemande au théâtre, c'est-à-dire une répétition où l'on déroule la pièce en accéléré.

    Après la définition, voici aujourd'hui l'exemple en vidéo : l'équipe d'Oncle Vania faisant une allemande avant la première à l'Athénée.

    Il s'agit d'une vidéo d'environ cinq minutes où vous ne verrez que des extraits de cette répétition, l'allemande ayant duré environ une heure.

     



    Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici pour aller sur le blog ou pour la voir sur YouTube.

     

    Oncle Vania se joue encore pendant une semaine !

    Demain à 15h, vous pourrez venir écouter des œuvres du compositeur Hugo Wolf dans le cadre de la programmation musicale de l'Athénée en collaboration avec la Fondation Royaumont. Plus d'informations ici.


  • L'orange bleue • Coulisses




    La semaine dernière, je vous faisais part des nouvelles tenues des agents d'accueil de l'Athénée conçues par Marie Schlumberger de la marque Un Été en Automne.

    Les voici aujourd'hui en photo dans leur milieu naturel, version bleue ou orange :




    Cynthia

     

    Joel

     

    Cynthia en orchestre, Ida et Yannick en corbeille

     


    Cynthia

     

    Théo et Yannick aux vestiaires

     

    Cynthia et Janie derrière une porte vitrée

     



    Marianne et Ida

     

    Dominique

     

     

    Pour saluer nos agents d'accueil et admirer leur tenue, vous pouvez profiter de l'Oncle Vania actuellement donné à l'Athénée avec Robin Renucci dans le rôle-titre! C'est jusqu'au 30 octobre. Samedi à 15h aura également lieu un récital de Lieder d'Hugo Wolf dont je vous parlais hier.

    Bonne journée à tous.



    Merci à Aline et à toute l'équipe des agents d'accueil.


  • Dans la gueule du loup • Pleins feux




    À l'Athénée, il n'y a pas que du théâtre : la pianiste Claire-Marie Le Guay est en résidence ici depuis trois ans et des concerts auront lieu régulièrement en collaboration avec la Fondation Royaumont et l'Orchestre de Paris tout au long de la saison.

    Samedi prochain à 15h, vous pourrez entendre des Lieder de Hugo Wolf. Et là, j'entends d'ici ceux qui se demandent ce qu'est un Lied tout comme ceux qui s'interrogent sur Hugo Wolf.


    Côté Lied, je sais que je vais me faire des ennemis parmi les connaisseurs en proposant une définition de trois lignes, mais tant pis : « Lied » est un mot allemand (d'où la majuscule et le pluriel en « Lieder ») qui se traduirait en français par « chanson » et qui désigne un court morceau de musique vocale.
    Il s'agit le plus souvent d'un texte chanté par une seule personne, accompagnée en général d'un piano (mais parfois aussi d'un petit ensemble instrumental). Le texte est le plus souvent un poème que le compositeur a choisi de mettre en musique : aussi le Lied est-il en général considéré comme l'union de la musique et de la poésie.
    Les compositeurs de Lieder les plus célèbres sont Schubert (parfois considéré comme le véritable inventeur du genre avec des cycles comme La Belle Meunière ou Le Voyage d'Hiver), Brahms, Fauré, Mahler, mais aussi Wolf.


    Hugo Wolf est un compositeur autrichien né en 1860 et mort en 1903 qui a transformé le genre du Lied. Admiratif du génie de Wagner, il est d'abord critique musical avant de se consacrer à la composition. Il compose des Lieder à une vitesse incroyable, à raison d'un ou deux par jour, pour arriver à un total de deux cent quarante-deux Lieder au terme de sa courte carrière de compositeur.
    Il choisit des textes très variés : des poèmes d'Eduard Mörike, Joseph von Eichendorff ou de Goethe, des textes populaires ou encore des recueils religieux. Ce qui frappe dans les Lieder de Wolf, c'est  sans doute leur force dramatique : l'atmosphère y est pleine d'humour, de rêve et de sensibilité. Ses chanteurs sont d'ailleurs appelés à être aussi de bons comédiens, et la façon dont ils doivent interpréter le texte est clairement inscrite dans la partition, Wolf notant les pauses et inflexions du texte de façon à s'approcher le plus possible de la voie parlée.
    Loin d'être un simple accompagnateur, le piano est en outre élevé au même rang que la voix dans une harmonie complexe et subtile qui désoriente les critiques de son époque (mais pas le public, qui accueille généralement chaleureusement les Lieder de Wolf).


    Samedi, vous pourrez découvrir les Lieder de Wolf dans un concert d'une heure interprété par Edwin Crossley-Mercer et Shigeko Hata au chant et Karolos Zouganelis et Michaël Guido au piano. Le concert est proposé dans le cadre du cycle « 4 récitals pour 6 chanteurs » qui réunit l'Athénée et la Fondation Royaumont.
    En attendant, vous pouvez écouter gratuitement (et légalement) quelques-uns de ses Lieder dans l'interprétation de Dietrich Fischer-Dieskau et Harmut Höll ici.

    Oncle Vania continue à l'Athénée jusqu'au 30 octobre ! Ce soir, vous pourrez rencontrer l'équipe du spectacle après la représentation.

    NB : « Wolf » signifie « loup » en allemand.


  • "Il est vrai que l'amour n'est pas photogénique." • D'hier à aujourd'hui




    Directeur de l'Athénée Théâtre de 1934 à 1951 et grand homme de théâtre, Louis Jouvet fut également une figure marquante du cinéma.

    J'ai beau travailler avec l'Athénée pour la troisième année, je n'avais jamais regardé de films où Louis Jouvet apparaissait en tant que comédien : j'ai réparé mon grave manquement ce week-end en visionnant le film L'Entrée des artistes réalisé en 1938 par Marc Allégret sur des dialogues de Henri Jeanson. Louis Jouvet y interprète un professeur de théâtre au Conservatoire.

    L'histoire perd peut-être un peu le spectateur : d'une chronique d'élèves du Conservatoire de théâtre de Paris, l'on aboutit à un film policier en passant par une histoire d'amour et de jalousie. Ce qui rend le film vraiment singulier, c'est d'abord l'interpénétration du théâtre et de la réalité : le crime de théâtre cache un vrai suicide tandis que le commissaire cabotine, que la scène de théâtre se confond avec celle du crime et que certains ne perçoivent plus la frontière entre le jeu et la vraie vie.
    Mais ce sont sans doute aussi les dialogues : très écrits et néanmoins percutants, ils font tout le sel de l'histoire et laissent quelques répliques qui resteront dans mon panthéon personnel (et peut-être dans le vôtre si vous avez la chance de voir le film), comme :

    « — Adieu, Gilberte. », réplique qui pose beaucoup de difficultés à l'un des élèves du Conservatoire.

    Louis Jouvet à des élèves trop peu sérieux à son goût : « — Il y a dans le théâtre comme dans l'épicerie une honnêteté professionnelle qui consiste à ne pas tromper le public. Il faut d'abord savoir son texte. »

    Louis Jouvet à l'une de ses élèves : « — Car j'ai eu dix-sept ans. Je ne les ai plus parce que tu les as. Et tes dix-sept ans, il n'y en a pas pour tout le monde à la fois. »

    Le personnage de François tentant de déclarer son amour : « — C'est difficile de dire ce qu'on pense quand on le pense vraiment. Tu sais, il y a des mots comme ça qu'on emploie à tort et à travers. (…) On s'en est servi, mais ils n'ont pas servi, ils ont perdu de leur force. Et puis quand on veut les dire vraiment, on n'ose plus, on est intimidé, ils vous restent dans la gorge. On ne peut plus les prononcer qu'en plaisantant, pour donner le change, entre deux pirouettes, avec l'accent clown...»

    Louis Jouvet, aux élèves qui avaient mis en doute l'amour unissant deux de leurs camarades : « — Il est vrai que l'amour n'est pas photogénique... »

    Louis Jouvet à ses élèves : « — C'est quand le rideau se lève que la vie commence. Il ne tient qu'à vous qu'elle continue une fois le rideau baissé... »


    Le film a été édité en DVD par les éditions René Chateau vidéo. La meilleure scène du film est disponible sur YouTube : Louis Jouvet, professeur au Conservatoire, va convaincre les tuteurs de l'une de ses élèves de la laisser suivre ses cours. Cela dure cinq minutes et c'est à la fois émouvant et drôle :

    Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici pour la voir sur YouTube.

     

     

    Sinon, je suis toujours très preneuse des photos que vous pourrez prendre des affiches de l'Athénée détournées! Je ne pense qu'à ça, mais à quoi?


    Oncle Vania continue à l'Athénée jusqu'au 30 octobre.

    Bon début de semaine.


  • Scènes de la vie de campagne • Pleins feux




    L'Oncle Vania mis en scène par Serge Lipszyc a d'abord été joué en plein air, en Haute-Corse : presque logique pour une pièce où la campagne occupe tout l'arrière-plan.

     

     

    Pour l'Athénée, la scénographie (ici en cours d'installation) conçue par Sandrine Lamblin s'est installée sur du vrai plancher : pour la voir, c'est jusqu'au 30 octobre !

    Bon week-end.


  • Oncle Vania vu par ses spectateurs • Coulisses




    Hier soir à l'Athénée, c'était la première d'Oncle Vania. Assise dans la salle parmi les autres spectateurs, il se trouve que j'étais entourée de gens très bavards.

    Habituellement, les spectateurs volubiles font des remarques sur la mise en scène ou parlent carrément d'autre chose pour tromper leur ennui.
    Là, c'était autre chose : les personnes qui m'entouraient (c'est-à-dire les gens assis à ma droite, derrière moi ainsi que devant moi, et qui étaient d'âges variables. Je précise que l'homme assis à ma gauche n'a rien dit) commentaient exclusivement le contenu de la pièce de Tchekhov en jugeant les actions et paroles des personnages eux-mêmes.

    Extraits :


    «— Quelle tête à claques lui alors… »

    «— Rhôôô, mais quel culot... »

    «— Elle, elle est belle et elle le sait. »

    «— Pas commode, la nounou ! »

    «—Aïe, ça va faire mal, ça… »

    «— Pfff, la belle-mère en extase devant son gendre… »

    «—Mais il est insupportable ce type, c'est dingue ! »

    «— Non mais pourquoi elle dit qu'elle se trouve moche ? Elle est pas moche du tout ! »
    (Trois scènes plus loin ) «— Non, mais elle est jolie quand même, non ? Faut pas qu'elle se dévalorise comme ça…»
    (Aux saluts) «—Non, vraiment, elle a des longues jambes en plus...»

    «— De toutes façons c'est une croqueuse d'hommes, moi je l'ai vu tout de suite !... »

    «—Oh, le pauvre… »

    «— Allez, bam ! »

    «—Mais ! Il doute vraiment de rien, lui ! »

    «—Ah bah elle se laisse tenter finalement....»

    «— Mais va-t-il la lâcher !!! »

    «— C'est triste... »


    Pour faire vos commentaires pendant Oncle Vania mis en scène par Serge Lipszyc avec Robin Renucci, Estelle Clément-Bealem, Judith d'Aleazzo, Michèle Gaulupeau, Danièle Gauthier, Laurent Huon, Sylvain Méallet, Serge Lipszyc et René Loyon, c'est jusqu'au 30 octobre.

    Bon jeudi !


  • Tonton Ivan • Pleins feux




    Né en 1860 et mort en 1904, Anton Tchekhov est entre autres l'auteur de La Mouette, La Cerisaie, Oncle Vania ou Platonov, et c'est sans doute le dramaturge russe le plus joué en France.

    L'Athénée le met à l'honneur à partir de ce soir avec un cycle de trois pièces : Oncle Vania, Les Trois Sœurs et La Cerisaie.

    Le cinéma Le Balzac, qui est en partenariat avec l'Athénée depuis plusieurs années, programme également d'octobre à décembre un cycle de films intitulé "Tchekov à l'écran" :
    Oncle Vania d'Andréï Konchalovsky (URSS, 1973),
    La petite Lili de Claude Miller (France, 2003, d'après La Mouette),
    Trois sœurs de Margarethe Von Trotta (Italie, 1987),
    La Dame au petit chien d'Iossif Kheifitz (URSS, 1959),
    La Cerisaie de Michael Cacoyannis (France-Grèce, 2000)
    et Partition inachevée pour piano mécanique de Nikita Mikhalkov (URSS, 1977, d'après Ce fou de Platonov et trois nouvelles de Tchekhov).
    (Tous les détails sont ici)

    Ce soir, c'est Oncle Vania qui inaugurera le cycle Tchekhov dans une mise en scène de Serge Lipszyc avec Robin Renucci dans le rôle-titre.
    Vania est le diminutif de Ivan Petrovitch Voïnitzki, qui est l'oncle de Sonia chez qui se déroule la pièce.


    À ce soir pour la première !


  • Un Été en Automne • Coulisses




    L'année dernière, les agents d'accueil de l'Athénée étaient habillés par la créatrice Agatha Ruiz de la Prada. Cette saison, ils portent les vêtements créés par Marie Schlumberger de la marque Un Été en Automne.

    Entretien avec Marie Schlumberger :

    « — Tu as créé la marque Un Été en Automne il y a trois ans après avoir travaillé chez Sonia Rykiel et Yves Saint-Laurent. Pourrais-tu expliquer ta démarche ?
    — Il s'agit de faire du prêt-à-porter dans une réalisation la plus écologique et éthique possible. J'ai choisi de travailler avec un atelier en Inde sur différents critères : la qualité de mes relations avec ses dirigeants, le fait qu'ils se fournissent en coton biologique certifié et enfin leurs préoccupations éthiques : sécurité sociale pour les ouvriers, ouverture d'un compte bancaire qui leur permettra de constituer une épargne, ce qui est rare en Inde.
    Quant aux conditions de travail, elles sont très encadrées, ce qui encore une fois est précieux en Inde : les ouvriers ont droit à des pauses très régulières, leurs heures supplémentaires sont rémunérées le double à partir d'un certain nombre d'heures, on aide à la scolarisation des enfants... Je souhaitais vraiment développer ma marque dans le respect de critères écologiques et éthiques.

    — Comment la collaboration avec l'Athénée s'est-elle mise en place ?

    — Je savais que des théâtres faisaient appel à des créateurs pour habiller leur équipe d'accueil, et j'étais ravie de travailler avec l'Athénée où j'étais venue en tant que spectatrice. J'aime beaucoup ce théâtre, donc j'ai tout de suite accepté lorsqu'Amandine [directrice du développement à l'Athénée] m'a contactée : pouvoir proposer des vêtements est en outre très sympa. Les choses se sont mises en place très rapidement et de manière concrète, et aujourd'hui cela me fait très plaisir de les voir tous habillés comme ça.

    — Comment as-tu conçu la tenue des agents d'accueil de l'Athénée ?
    — Pour Un Été en Automne, je crée deux collections par an : une en été et une en hiver. Pour chaque collection, j'ai trois ou quatre coloris et une dizaine de modèles. J'ai donc proposé à Amandine et Aline [directrice de salle à l'Athénée] de venir dans mon atelier pour leur montrer les modèles et coloris déjà existants afin qu'elles définissent leurs souhaits —c'est surtout le choix des coloris qui était important. Nous avons donc choisi deux tenues en mixant plusieurs de mes collections, et les agents d'accueil alterneront deux tenues : selon les soirs, ils porteront donc soit une tenue noire et orange, soit une tenue bleue et noire. »

    En attendant des photos des agents d'accueil dans leurs deux tenues, voici l'un des croquis préparatoires du projet que Marie a pu retrouver (les autres sont restés en Inde).

     

     

     

    À l'Athénée, on se prépare à accueillir Oncle Vania de Tchekhov mis en scène par Serge Lipszyc avec Robin Renucci à partir de mercredi.


    Bon mardi !


  • Une majorité écrasante • Perspective




    Il y a un peu plus d'une semaine, je vous demandais quel était votre critère principal de choix de spectacles en vous proposant quatre réponses au choix.

    33% ont choisi "Je connais / j'aime les artistes (acteurs, metteur en scène, musiciens etc.)"
    45% d'entre vous "connaissent / aiment l'œuvre (pièce de théâtre, opéra, œuvre musicale)"
    3% ont coché "On me l'a conseillé / je vais au théâtre avec une personne qui choisit pour nous deux"
    Et 18% déclarent "Je ne connais ni l'œuvre, ni les artistes, mais je fais confiance dans la programmation de ce théâtre et j'aime découvrir de nouvelles choses".
    Cent vingt personnes ont répondu.

    Presque 80% des personnes qui ont répondu déclarent donc choisir leurs spectacles  parce qu'elles y connaissent un élément : et en effet, cela n'est pas étonnant lorsque l'on sait combien les pièces d'auteurs peu connus montées par des jeunes artistes ont du mal à trouver leur public ou, à l'inverse, comment un nom célèbre attire les foules quel que soit le spectacle.

    Plusieurs personnes ont choisi de développer leur réponse en commentaire (ici et ) : on m'a d'abord interrogée sur le choix d'avoir proposé des réponses fermées (et seulement quatre, de surcroît). Les possibilités sont certes restreintes, mais techniquement et au vu de la configuration du blog, je ne peux pas proposer plus de quatre réponses. Quant au côté fermé du sondage, c'est un peu le principe de ce genre d'exercices ! Voilà pourquoi j'ai trouvé intéressant que certains d'entre vous développent leurs réponses.
    D'autres ont mis en avant la difficulté à choisir une seule réponse tant plusieurs critères rentrent souvent en ligne de compte : il est vrai que si un jour l'on va voir une pièce que l'on connaît par coeur pour en découvrir une nouvelle mise en scène, on peut très bien le lendemain se rendre à un spectacle conseillé par un ami, et le surlendemain entrer par hasard dans le théâtre à côté de chez soi…
    Reste aussi la question de l'influence des critiques de presse : je n'avais pas proposé cette éventualité car je pensais plutôt aux spectacles pour lesquels on achète des places des mois à l'avance, au moment des lancements de saison de mai et juin.

    Pour ma part, j'aurais pu cocher le troisième choix ("je vais au théâtre avec quelqu'un qui choisit pour nous deux") pour ma première fois à l'Athénée : une de mes amies étudiait Strindberg dans le cadre de ses cours, souhaitait aller voir sa Danse de mort mise en scène par Jacques Lassalle et m'avait demandé de l'accompagner.
    Pour la première (et dernière d'ailleurs) fois de ma vie, j'étais arrivée en retard à la représentation parce que je m'étais perdue après avoir noté un mauvais nom de rue. Mais personne ici ne semble m'en avoir tenu rigueur.

    Bon lundi !


  • Coincé dans le mamelon • Pleins feux




    Concernant Oh les beaux jours, l'on parle très souvent du décor imaginé par Beckett, son auteur : un mamelon où s'enfonce inexorablement Winnie, le personnage principal.

    Si certains d'entre vous ont vu le mamelon côté public, que voit-on lorsqu'on interprète Winnie et que l'on est coincé dans le dit mamelon, ou dissimulé derrière dans le cas de Willie, le second personnage ?

    Voici le mamelon conçu par le metteur en scène Robert Wilson vu de l'intérieur :

     

    Oh les beaux jours se joue encore ce soir à 20h et demain à 15h et 20h.

    Bon week-end.


  • À ne pas lire en mangeant, sauf si vous êtes endurants. • Pleins feux




    Ceux qui ont déjà vu Oh les beaux jours à l'Athénée auront sans doute reconnu la photo d'hier, qui représente le maquillage arboré à la tête par Giovanni Battista Storti, l'interprète de Willie.
    On ne saura jamais quelle est la véritable origine de cette blessure (quoique le revolver manié par sa femme, Winnie, pourrait nous donner un indice), mais elle fait en tout cas écho au sort subi par le corps dans les pièces de Beckett.

    Au théâtre, le corps n'est souvent que celui de l'acteur, un intermédiaire destiné à incarner le texte : chez Beckett, il fait partie intégrante du personnage, quitte à se retrouver sacrément empêché, malmené voire mutilé.

    Dans Oh les beaux jours, le personnage de Winnie est enserré dans la terre où elle s'enfonce au fur et à mesure de la pièce : femme-tronc au début du spectacle, elle n'est plus qu'un visage à la fin. Plus ça va et plus son moyen d'expression s'amenuise, car le visage de Winnie ne représente pas vraiment son corps tout entier : mutilé, le corps de Winnie nous apparaît par morceaux au point d'oublier qu'elle pourrait en posséder un entier...

    Le corps n'étant pas intégralement présent, l'identité de Winnie n'en est que plus difficile à définir : comment savoir qui on est (et même ce qu'on est) lorsqu'on n'a pas d'enveloppe charnelle définie et entière ? Winnie est entièrement prise dans le mamelon qui est à la fois une extension de son corps et une prison, au point que l'on ne distingue plus la frontière entre son corps et le décor.

    Disloqué, indéterminé, le corps de Winnie est aussi en mauvaise santé. Elle a mal au bras et au cou et ne peut qu'assister à sa lente décrépitude… Winnie vieillit, son corps dépérit, et elle ne peut rien y faire à part rester digne. Mieux (ou pire), il semblerait qu'elle accepte son châtiment avec résignation (voire avec joie), sans que l'on sache de quoi elle peut bien être punie : « l’homme-christ beckettien est crucifié jusqu’à la fin des temps pour rien, sans espoir de Rédemption », écrit ainsi Évelyne Grossman dans La Défiguration. La mort serait-elle une délivrance ?

    Objet du châtiment, le corps de Willie et de Winnie rappelle aussi la trivialité de l'humain, et Oh les beaux jours regorge ainsi d'allusions sexuelles plus ou moins visibles : le nom de Willie, homme-accessoire, évoque ainsi le sexe masculin en argot anglais (je vous laisse faire le lien que vous souhaiterez entre "sexe masculin" et "accessoire").
    La vulgarité vient aussi du côté des excrétions corporelles : Willie se mouche et tousse très bruyamment (et encore, je ne vous raconte pas ce qu'il fait ensuite avec son mouchoir) tandis que Winnie crache, se plaint de ne plus transpirer et perd la vue —si le corps est traité en dérision, il crée donc aussi une dépendance.

    La délivrance est cependant possible : presque aveugle, Winnie est aussi un sorte de voyante à la prescience apaisée. Winnie est consciente de tout et en premier lieu de son inéluctable vieillissement, sans que l'angoisse prenne le dessus. Dans la délivrance du corps pour accéder à l'esprit, Oh les beaux jours pourrait alors, selon l'expression de G. Chevallier, se rebaptiser « le gai savoir de Winnie ».



    Oh les beaux jours mis en scène par Robert Wilson avec Adriana Asti et Giovanni Battista Storti se joue à l'Athénée jusqu'à samedi.

     

    Sources :
    Arnaud Beaujeu, « Corps beckettiens »,
    Loxias n° 27, 20 décembre 2009.
    Geneviève Chevallier, « Le gai savoir de Winnie »,
    Loxias n°27, 20 décembre 2009.
    Évelyne Grossman,
    La Défiguration. Artaud, Beckett, Michaux, Paris, Minuit, 2004.
    Marie-Claude Hubert,
    Corps et voix dans le théâtre de Beckett à partir des années soixante, Cahiers de l'Association internationale des études françaises n°46, mai 1994.


  • "En r'tard, en r'tard, J'ai rendez-vous que'que part" • Coup de théâtre




    Je suis malade aujourd'hui (hier et avant-hier aussi, mais j'avais réussi à dissimuler), d'où l'heure tardive de la publication de cet article. J'avais prévu quelque chose d'un peu trop compliqué pour mon état actuel, mais que, grâce à la magie de l'Efferalgan, vous aurez demain.

    D'ici-là, voici ce qu'en cinéma on appelle un teaser ou, si vous préférez, une sorte d'avant-goût :

     

     

    Ceux qui ont déjà vu Oh les beaux jours mis en scène par Robert Wilson reconnaîtront sans doute ce dont il s'agit. Les autres devront attendre demain !

    Bonne soirée à tous.

     

    PS : la citation d'hier, "je ne pense qu'à ça : l'argent" n'est pas extraite d'Oncle Vania  mais de La Cerisaie de Tchekhov. J'attends toujours vos photos des affiches de l'Athénée détournées !


  • Je ne pense qu'à ça • Perspective




    Je suis malade aujourd'hui (hier et avant-hier aussi, mais j'avais réussi à dissimuler), d'où l'heure tardive de la publication de cet article. J'avais prévu quelque chose d'un peu trop compliqué pour mon état actuel, mais que, grâce à la magie de l'Efferalgan, vous aurez demain.

    D'ici-là, voici ce qu'en cinéma on appelle un teaser ou, si vous préférez, une sorte d'avant-goût :

     

     

    Ceux qui ont déjà vu Oh les beaux jours mis en scène par Robert Wilson reconnaîtront sans doute ce dont il s'agit. Les autres devront attendre demain !

    Bonne soirée à tous.

     

    PS : la citation d'hier, "je ne pense qu'à ça : l'argent" n'est pas extraite d'Oncle Vania  mais de La Cerisaie de Tchekhov. J'attends toujours vos photos des affiches de l'Athénée détournées !


  • Et mon tambour, tu l'aimes mon tambour ? • Coulisses




    Bonjour à tous,
    J'espère que vous avez passé un bon week-end.

    À l'Athénée, le concert Variations sur percussions dont nous parlions sur le blog ici et a eu lieu samedi dans le décor de la pièce Oh les beaux jours.

    Pour vous faire une idée sonore et visuelle du concert, voici la vidéo de quarante secondes que j'ai réalisée pendant les répétitions.



    Si vous n'arrivez pas à lire la vidéo, cliquez ici pour la regarder sur le blog ou pour aller sur Youtube.

     


    Oh les beaux jours se joue jusqu'à samedi ! Bon lundi.


    Merci à Nicolas Martynciow, Eric Sammut, Emmanuel Curt, Florent Jodelet et Florence Alibert pour leur collaboration.


  • Non, vous ne recevrez pas le billet en cinq exemplaires aujourd'hui • Perspective




    C'était la bérézina hier matin sur le blog : le billet a été envoyé cinq fois, le sondage n'était pas en ligne, on ne pouvait pas laisser de commentaire, bref, de quoi nous mettre de bonne humeur pour toute la journée !

    Aujourd'hui les problèmes sont réglés : vous pouvez répondre à la question que je vous posais hier (comment choisissez-vous vos spectacles ?) ici, et vous pouvez même étoffer votre réponse en laissant un commentaire au billet. Je salue d'ailleurs les courageux qui ont réussi à répondre au sondage ou à me laisser un commentaire dès hier.
    En tout cas, je suis désolée du désagrément que cela a pu vous causer. Si cela vous console, sachez que cela m'en a causé aussi.

    Demain à 15h aura lieu le concert Variations sur percussions dans le décor de la pièce Oh les beaux jours.
    Nous parlions du concert mercredi avec deux de ses interprètes ; et comme la percussion est un genre encore peu connu, n'hésitez pas à cliquer ici : vous pourrez voir un court extrait des répétitions et découvrir la poésie d'une œuvre de John Cage.

    À demain à l'Athénée, ou à bientôt sur Oh les beaux jours qui se termine le 9 octobre !


  • Je voulais vous demander... • Perspective




    En ce moment, l'Athénée accueille la pièce Oh les beaux jours de Samuel Beckett mise en scène par Robert Wilson.

    Oh les beaux jours a été un spectacle très prisé dès l'ouverture de la billetterie, et il est quasiment plein jusqu'au 9 octobre (mais il reste encore quelques places, pour ceux que cela intéresse).

    À chaque début de saison, je me demande souvent quel spectacle va attirer tout de suite les spectateurs, ou pour quel autre l'équipe devra travailler davantage. Je pense que vous pourriez m'aider à répondre à ma question :

    Sur quel critère principal choisissez-vous d'acheter des places pour un spectacle ?

    1 - Je connais / j'aime les artistes (acteurs, metteur en scène, musiciens etc.)
    2 - Je connais / j'aime l'œuvre (pièce de théâtre, opéra, œuvre musicale)
    3 - On me l'a conseillé / je vais au théâtre avec une personne qui choisit pour nous deux
    4 - Je ne connais ni l'œuvre, ni les artistes, mais je fais confiance dans la programmation de ce théâtre et j'aime découvrir de nouvelles choses.

    J'ai mis un sondage en place sur le blog : pour répondre à la question, cliquez ici et regardez à droite de l'écran.

    Et bien entendu, puisque le propre du sondage est de proposer des réponses fermées, n'hésitez pas à laisser un commentaire à ce billet pour développer…

    Bonne journée.


  • Jouer dans du carton • Entretien




    Depuis quelques années, l'Athénée programme aussi de la musique. Cette année, le cycle "4 concerts pour 4 quatuors" (en partenariat avec l'Orchestre de Paris) propose des concerts en lien avec les pièces de théâtre programmées.

    Le premier concert aura lieu ce samedi à 15h. Les œuvres choisies par les musiciens, tous percussionnistes, sont en rapport avec Oh les beaux jours de Beckett et seront interprétées dans le décor de la pièce imaginé par Robert Wilson.


    Conversation avec Éric Sammut et Nicolas Martynciow, membres de ce quatuor de percussionnistes et musiciens à l'Orchestre de Paris :

    « — On vous a passé commande d'un concert en rapport avec Oh les beaux jours de Samuel Beckett actuellement à l'Athénée. Pourquoi avoir choisi ces œuvres de Bartok, Berio et Cage ?
    Éric Sammutt : — Au départ, nous étions partis pour faire un concert à quatre : on réfléchissait chacun de notre côté et John Cage (1912-1992) est apparu comme étant le principal compositeur du concert : on joue ainsi deux de ses pièces. Peu de compositeurs de cette époque ont composé pour percussions : tout cela date de moins de trente ans… Mais l'on voulait tout de même y associer d'autres compositeurs, et en particulier Berio et Bartok dont l'esthétique nous semble répondre à celle de Beckett : on interprétera donc leurs duos pour violons, mais avec des percussions. Et nous avons complété avec des œuvres de Nicolas et moi-même : je compose plutôt pour claviers et Nicolas plutôt pour les peaux, nous sommes complémentaires…

    — Je suis un peu surprise que l'on puisse interpréter des œuvres pour violons aux percussions…
    Éric Sammut : — Les tessitures du violon correspondent aux instruments de percussions ! On peut jouer toutes les notes, seul le son est différent. Le but n'est pas d'imiter le violon, seulement de profiter d'autres compositions : on prend une pièce et on la transcrit dans un autre univers. Des artistes chinois ont monté Carmen de Bizet en chinois par exemple : on transforme l'esthétique, mais pas l'idée qui reste la même. On garde l'esprit musical, on essaie de le laisser intact : cela est possible avec certaines musiques, comme les œuvres de Bach par exemple, qui est le compositeur le plus transcrit —on peut le jouer sur des cailloux ou des morceaux de bois, ça marche ! C'est le compositeur universel. Alors qu'avec Chopin cela fonctionne moins, parce qu'il est plus pianiste que musicien : c'est l'esthétique du piano qui l'a rendu génial, tandis que le génie de Bach réside plus dans la musique que dans l'instrument… Bartok et Berio sont des musiciens de cet ordre là.

    — Vous dites que John Cage vous est apparu tout de suite, pouvez-vous expliquer pourquoi ?

    Nicolas Martynciow : — Je cherchais un rapport entre Beckett et la musique, je ne sais pas trop. J'avais déjà vu Oh les beaux jours : j'ai eu l'impression que l'esthétique de Cage était très proche du style de Beckett… Dès qu'on nous a proposé ce concert à l'Athénée, cela m'a paru évident. Je suis incapable de l'intellectualiser, c'est… C'est évident quoi.

    — Disons, pour davantage expliciter votre choix, qu'effectivement les styles de Beckett et Cage mettent tout deux en œuvre la variation (c'est-à-dire la répétition d'un motif en le modifiant légèrement) et une certaine économie de moyens ; peut-être qu'il y a également chez les deux artistes une forme de conscience de l'absurdité de l'existence.
    Vous allez jouer dans le décor d'Oh les beaux jours : qu'est-ce que cela vous inspire ?

    Éric Sammut : — Il y a le monticule au milieu alors qu'on a besoin de place… C'est très risqué pour nous, car les percussions nécessitent bien plus d'espace et de temps d'installation que des violons ! Nous allons donc jouer avec l'espace du théâtre et peut-être utiliser les loges d'avant-scène pour y mettre des instruments.
    Mais nous avons l'habitude de jouer dans des endroits insolites : nous avons donné des concerts dans des décors d'opéras, dans une usine de carton et même à Castorama, où l'on nous avait demandé de jouer de la musique avec leur matériel ! On a donc joué du Bach, entre autres, avec des perceuses, des marteaux, des tournevis…  Mais ce qui nous intéresse, c'est surtout la lumière : l'atmosphère lumineuse est très importante car elle change toujours l'ambiance. Si elle est dans des tons plutôt froids, on va essayer de réchauffer l'ambiance, car je trouve qu'il faut mettre de la couleur dans la percussion, que cela soit un son chaud, que l'on donne envie aux gens de voyager…
    On a souvent l'occasion de jouer à l'étranger, mais très peu à Paris, alors pour nous ce concert est vraiment important, et nous espérons que beaucoup de gens viendront nous écouter...

    — On a surtout parlé de vous en tant qu'instrumentistes alors que deux de vos compositions font aussi partie du programme. Pouvez-vous évoquer votre démarche de compositeur ?

    Nicolas Martynciow : — J'essaie de mettre très peu d'instruments pour essayer d'utiliser au maximum les possibilités sonores de chacun : il n'y a pas d'instrument mélodique dans mes œuvres qui font ainsi entendre le rythme pur. Je joue beaucoup avec mes influences qui sont le jazz et la musique contemporaine, avec des clins d'oeil à Bartok et à Stravinski.
    Quant à Éric, c'est un musicien très cultivé qui connaît énormément de musiques : il a l'oreille absolue et, quand il écoute un morceau, il le mémorise avec une facilité déconcertante, ce qui lui permet sans doute aussi d'agréger bon nombre de styles dans ses œuvres... Contrairement à moi, il utilise principalement des claviers dans ses œuvres où l'on retrouve aussi beaucoup d'influences et même de citations, qu'elles soient cinématographiques (le titre Lost in the ocean évoque ainsi deux films, Lost in translation et Ocean's eleven) ou musicales : il est passionné par le jazz et la chanson française par exemple. »


    Variations sur percussions aura lieu ce samedi 2 octobre à 15h à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet dans le décor d'Oh les beaux jours.
    Le programme musical est composé de 3e construction et She is asleep de John Cage,  de transcriptions de duos pour violon de Bartok et Berio, de Lost in the Ocean d'Éric Sammut et de Sweet Swaff de Nicolas Martynciow.
    Le concert rassemblera quatre percussionnistes, Nicolas Martynciow, Eric Sammut, Emmanuel Curt  et Florent Jodelet.



    PS : nous avions déjà évoqué ce genre de sujet sur le blog : Pierre, lecteur du blog et percussionniste de son état, m'avait envoyé un texte fort drôle sur la condition du percussionniste moyen à lire ici.


  • Démaquillez-moi • Coulisses




    La loge maquillage d'Oh les beaux jours

     

    Ce soir à l'Athénée, les acteurs d'Oh les beaux jours auront-ils retiré leur maquillage avant de venir vous rencontrer ?

    Ce soir après la représentation, rendez-vous au foyer-bar pour un Ensuite où vous pourrez discuter avec les artistes du spectacle. La rencontre sera animée par Lola Gruber, qui écrit les programmes et brochures à l'Athénée.

    Bon mardi !


  • À la porte ! • Coulisses




    Pour le blog, je suis bien évidemment obligée de m'incruster dans les loges, traîner dans les pattes des régisseurs, rôder pendant les répétitions et tendre l'oreille au bar.
    Mais il y a des jours où je sens aussi que ce n'est pas le moment, que je vais déranger, qu'il ne faut pas ajouter une fouineuse au stress ni déranger les équipes dans leur travail.

    Il n'empêche que j'ai toujours un billet à écrire, et qu'il faut que je trouve la matière coûte que coûte. Heureusement, l'on peut toujours prendre des photos dans des entrebâillements de portes, à travers des vitres ou face aux écrans de retour qui permettent de voir la scène des coulisses.

    Voici donc les répétitions d'Oh les beaux jours vues de partout, sauf de la salle :

     

    Oh les beaux jours dans les retours
    (les écrans de télévision permettant de suivre la pièce lorsqu'on est en coulisses)

     



    Les coulisses côté cour d'Oh les beaux jours vues des coulisses côté jardin
    NB : le côté cour est le côté droit quand on est face à la scène, et le côté jardin hé bien… c'est l'autre.

     

    Oh les beaux jours vu à travers les vitres violettes des portes qui mènent à la salle.

     

    Oh les beaux jours vu dans l'entrebâillement des portes à battants qui mènent à la salle (celles qui claquent n'importe comment quand vous essayez de sortir discrètement)



    Pour voir Oh les beaux jours mis en scène par Robert Wilson dans des couleurs et des angles de vue normaux, vous avez jusqu'au 9 octobre.


  • Brava ! • Pleins feux




    C'est Adriana Asti qui interprète le rôle principal d'Oh les beaux jours : vous l'avez peut-être déjà vue au cinéma dans Rocco et ses frères de Visconti, Accatone de Pasolini ou Nos meilleures années de Giordana, et vous la verrez peut-être bientôt dans Terminus des anges, le prochain film d'André Téchiné.

    Adriana Asti est italienne : et puisque le mot français "bravo" vient de l'italien, voici un extrait des applaudissements que l'on a pu entendre hier à la première d'Oh les beaux jours :

     

    Si vous ne pouvez pas lire la vidéo, cliquez ici pour aller la voir sur le blog ou pour la voir sur YouTube.

     

    Oh les beaux jours de Samuel Beckett dans la mise en scène de Robert Wilson se joue à l'Athénée jusqu'au 9 octobre.

    Bon week-end et à lundi !


  • Winnie et Willie sont sur un mamelon • Pleins feux




     

    Le monticule d'Oh les beaux jours et Willie et Winnie (interprétés par Adriana Asti et Giovanni Battista Storti) vous attendent : la première aura lieu ce soir !

    Bonne journée, qu'elle soit en grève ou non...


  • Sonnez la retraite ! • Pleins feux




    Contrainte
    - Gêne où l'on est quand on est trop serré dans ses habits, dans ses souliers, et généralement de tout ce qui met trop à l'étroit.
    - Violence physique ou morale exercée contre une personne afin de l'obliger à agir contre sa volonté.
    - État de domination exercé par les circonstances sur une personne en la mettant dans la nécessité d'agir malgré soi.
    - Règles, conventions imposées par la société; domination, pression qui en résulte.
    - Effort accompli volontairement sur soi pour modifier un sentiment, un comportement.

    Immobilité
    - État de celui ou de ce qui ne fait aucun mouvement, de celui ou de ce qui cesse de se mouvoir.
    - État de celui ou de ce qui n'évolue pas, ne change pas.

    Vieillesse
    - Période de la vie succédant à l'âge mûr que l'on situe actuellement chez l'homme à partir de l'âge de soixante-cinq, soixante-dix ans.
    - Période ultime de la vie plus ou moins bien vécue par une personne en fonction de son état physique ou mental.
    - Retraite pour la vieillesse : somme perçue par les personnes âgées répondant aux critères définis par les lois sociales en vigueur.

    Bonheur
    - Bonne fortune, chance favorable, occasion propice, événement propre à apporter quelque satisfaction
    - État essentiellement moral atteint généralement par l'homme lorsqu'il a obtenu tout ce qui lui paraît bon et qu'il a pu satisfaire pleinement ses désirs, accomplir totalement ses diverses aspirations, trouver l'équilibre dans l'épanouissement harmonieux de sa personnalité.

    Parole
    - Faculté d'exprimer et de communiquer la pensée au moyen du système des sons du langage articulé émis par les organes phonateurs.
    - Action, fait de parler.

    Mort
    - Cessation de la vie.



    Il sera question de tout cela et d'autre chose à l'Athénée avec Oh les beaux jours de Beckett mis en scène par Robert Wilson.
    Il sera aussi question de tout cela et d'autres choses dans la rue à l'occasion de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
    La première d'Oh les beaux jours est maintenue et aura donc bien lieu demain.

    Bon mercredi !


    Merci au Centre National de Ressources Textuelles et Lexicale
    s.



    PS : je n'ai apparemment pas été très claire dans mon billet d'hier : bien évidemment, tout le square de l'Opéra Louis-Jouvet autour de l'Athénée a été rhabillé façon années 1930 pour le tournage de Martin Scorsese...


  • Scorsese à l'Athénée • Coulisses




    Si vous avez été très attentifs aux pages « culture » du Monde pendant l'été, vous avez peut-être remarqué l'information : Martin Scorsese, le réalisateur de Taxi Driver, Aviator, Shutter Island, Les Infiltrés ou Casino, a tourné des scènes de son prochain film à l'Athénée et dans ses environs.

    Vous vous doutez bien que j'ai fait une entorse à mes vacances pour me trouver à l'Athénée au bon moment.
    Mais vous vous doutez bien également que je n'ai pas l'autorisation de diffuser n'importe quelle photo : en voici donc quelques-unes méticuleusement sélectionnées afin de répondre aux exigences de confidentialité et de droit à l'image.

    Dans les couloirs de l'Athénée

     

    Églantine et Alexandra de l'Athénée regardant le tournage ayant lieu sur scène

     

    Les camions de la production dans la rue Boudreau

     

    Le Square de l'Opéra Louis-Jouvet. À droite, l'Athénée transformé en cinéma.

     

    Le Square de l'Opéra Louis-Jouvet

     

    Le Square de l'Opéra Louis-Jouvet

     

    Le Square de l'Opéra Louis-Jouvet

     

    Le Square de l'Opéra Louis-Jouvet

     

    Le Square de l'Opéra Louis-Jouvet

     

     

    Le film s'intitule Hugo Cabret et réunit les acteurs Jude Law, Emily Mortimer, Ben Kingsley, Christopher Lee et Sacha Baron Cohen. Il sortira en décembre 2011 aux États-Unis (la date de sortie française reste à préciser).


    Merci à Larry Kaplan de Unit Publicist et à Amandine de l'Athénée.




    PS : On avait déjà vu d'autres films sur le blog! Rendez-vous sur ce billet de décembre 2008 pour des photos du tournage de Coco avant Chanel d'Anne Fontaine (avec Audrey Tautou, Emmanuelle Devos, Marie Gillain et Benoît Poelvoorde).
    En mai dernier, il y avait quelques images du tournage d'Un Requiem pour Mister Child de Jérôme Legris (avec Clovis Cornillac et Mélanie Laurent)

    Comme j'avais déjà pu l'expliquer en octobre 2008, l'Athénée loue en effet très régulièrement ses espaces à des entreprises pour des séminaires, des conférences ou des tournages de cinéma.


  • Barres de fer, boulons et planches de bois • La corde verte du lapin qui siffle




    À l'Athénée, la saison 2010-2011 commencera jeudi avec Oh les beaux jours de Beckett mis en scène par Robert Wilson.

    En attendant la grande première, les membres de l'équipe technique s'affairent pour préparer le théâtre à vous accueillir

     

     

     

    Bon début de semaine et à jeudi.


  • "sitôt qu'on est plus de quatre, on est une bande de cons" • Perspective




    À l'Athénée, la saison 2010-2011 commencera jeudi avec Oh les beaux jours de Beckett mis en scène par Robert Wilson.

    En attendant la grande première, les membres de l'équipe technique s'affairent pour préparer le théâtre à vous accueillir

     

     

     

    Bon début de semaine et à jeudi.


  • Question pour un champion (4) • Pleins feux




    Mon prénom vient de l'hébreu et signifie "son nom est Dieu". Élève au Trinity College de Dublin, je suis ensuite lecteur à l'École Normale Supérieure de Paris.

    L'un de mes poèmes a été mis en musique par Morton Feldman pour un opéra sans personnages et sans histoire, mais j'ai toujours refusé au compositeur Edouard Coester qu'il adapte l'une de mes pièces les plus célèbres en opéra.
    Ami et secrétaire de James Joyce, je suis influencé par l'œuvre de Proust et mon art a été parfois rapproché de celui de Strindberg, Sarraute, Butor ou Kafka.

    Énigmatique, spirituelle et condensée, mon œuvre a donné lieu à de nombreuses exégèses au point d'être réduite à quelques interprétations symboliques parfois simplistes ou pétries de malentendus.

    Prix Nobel de littérature en 1969, j'ai écrit à la fois en français et en anglais de la poésie, du théâtre, des nouvelles ou des romans évoquant en filigrane l'humanité, la mort et l'agonie avec des personnages au corps parfois malmené. Révélant l'invisible, mon œuvre touche à la métaphysique sans pour autant oublier l'humour.

    Auteur de Molloy, Le Dépeupleur, La Dernière Bande, Mal vu mal dit ou En attendant Godot, mon Oh les beaux jours sera à l'Athénée à partir de jeudi prochain dans une mise en scène de Robert Wilson. Je suis ? Je suis ?

    Donnez votre réponse ici.

     

    PS : retrouvez les trois précédents billets "Question pour un champion" ici, ici et .

     


  • Écrits de spectateurs (5) : Jean, deuxième volet • Coup de théâtre




    Je vous l'avais annoncé en octobre 2009 : avec ce blog, j'écris tous les jours à onze mille personnes. Je ne vois donc pas pourquoi je serais la seule à parler alors que beaucoup d'entre vous ont certainement des choses intéressantes à dire.

    Je vous ai donc appelés à la rescousse, vous, mes chers lecteurs. Laetitia, Pierre, Jean et Jérôme ont déjà répondu à l'appel en m'envoyant leurs textes et/ou photos parus sur le blog tout au long de la saison.
    Jean, spectateur très fidèle de l'Athénée et mécène du spectacle Vénus, avait donc déjà fait un bilan de la saison 2008-2009, que j'avais publié en janvier dernier : le revoici aujourd'hui avec son bilan de la saison 2009-2010 qui vient de se terminer.

     



    « Comme au début de la saison 2009/2010 et pour la saison qui s’était terminée, voici l’heure de la synthèse, avec un peu d’avance par rapport à l’année dernière.

    Les spectacles de chant ont été les plus nombreux (six sur douze) mais variés : opéra (plus ou moins récents), baroque et comédie. En moyenne, 7,8/10 (cette note est le seul moyen que j’ai trouvé pour relativiser et comparer les spectacles et les saisons, pardonnez-moi cet aspect professoral).

    Le fait marquant est quand même (comme l’année dernière) l’extraordinaire qualité des prestations et la diversité des propositions (du XVIIe au XXIe).
    Si le comique du Temps des croisades a permis de passer une bonne soirée, j’ai plus été sensible à Dans la Colonie pénitentiaire, peut-être par ce côté sadique partagé. Les amours des tourtereaux fut une belle découverte mais à ne pas consommer sans modération, cela deviendrait vite lassant.
    Un peu déçu tout de même par Julie, non pas par la qualité de la musique, ni par la mise en scène, plus par la synthèse minimaliste du texte sur une œuvre de Strindberg, qui en occulte la portée.

    Côté One-(wo)man-show (9/10), deux propositions [NDLR : Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne et Les Garçons et Guillaume, à table !] dont la qualité est incontestable, sur le texte, la mise en scène et l’interprétation. J’ai admiré la robe de mariée de Mireille Herbstmeyer dont le reflet sur le sol verni était d’un effet très esthétique. L’aisance de Gallienne et sa façon de faire ont permis un texte parfois cru sans choquer les plus prudes.

    Enfin, les quatre pièces de théâtre (8,5/10) très différentes les unes des autres. Minetti et Serge Merlin ont été un moment de grand plaisir par la maîtrise du texte, de la diction, de… tout (avec un bis repetita grâce à Extinction au Théâtre de la Madeleine).
    Puis j’ai enfin pu voir La Cantatrice chauve après l’avoir ratée l’année dernière dans sa version chantée. Étonnant !
    Si la Maison de poupée(s) fut "classique" mais plus intéressante que celle des Amandiers, Vénus fut une expérience extraordinaire : d’abord la découverte des répétitions, des choix techniques puis la générale et enfin les représentations. Belle progression où on se rend (enfin) compte de toute la difficulté à monter un spectacle, de la gestion du temps et de la pression car il n’est pas possible de reporter la date des représentations. Certainement, ces spectacles doivent être douloureux à monter, comme des accouchements.

    En synthèse, la programmation d’une grande diversité nous a permis de découvrir un large panel de savoir-faire des comédiens et des techniciens mais aussi la multiplicité des types de spectacles dans le temps. L’homme est terriblement créatif.

    La force de l’Athénée reste aussi et surtout son équipe technique que bien des théâtres privés pourraient envier. Cela permet des propositions de spectacles de grande qualité techniques même si on peut craindre pour l’avenir quelques portions congrues. Il suffit de voir les programmes de la saison prochaine à l’Opéra comique par exemple pour se rendre compte que la salle sera de moins en moins utilisée.
    En lisant le blog, j’ai découvert que Le Père prenait quatre jours de montage… pour trois représentations seulement. Que de frais pour si peu de spectateurs en cumul sur les représentations !

    Au final, la note est de 8,25/10 avec un minimum de 7. Je suis donc extrêmement satisfait de ma saison de spectateur (!!). Je vais donc continuer à m’abonner en espérant pouvoir renouveler l’expérience de Vénus. Merci à tous et aussi au contribuable malgré-lui (pour certains).»


    Jean nous livrera peut-être un troisième bilan à la fin de cette saison 2010-2011 qui commence le 23 septembre prochain avec Oh les beaux jours de Samuel Beckett dans une mise en scène de Robert Wilson !

    Bonne journée.


    PS : dans les messages qu'ils m'ont laissés sur le blog, certains ont émis des doutes concernant la photo de Rome que j'ai publiée hier pour témoigner de mes vacances : ah là là, se coltiner les 551 marches menant à la coupole de la Basilique Saint-Pierre en plein mois d'août avec son appareil photo de quatre kilos pour se faire ensuite soupçonner d'avoir emprunté la photo sur internet… Quelle ingratitude !


  • Les pieds dans l'eau • D'hier à aujourd'hui




    Si vous êtes déjà venus à l'Athénée, vous connaissez sa belle façade à verrière donnant dans le square de l'Opéra Louis-Jouvet.

    Mais si vous n'y êtes venus qu'en tant que spectateurs, vous ne connaissez pas l'entrée des artistes et du personnel qui donne sur la rue de Caumartin.
    La cour est étroite : mais à l'occasion d'une pluie estivale, l'arrière de l'Athénée se découvre dans une flaque…

     



    PS : Une certaine Françoise m'a retourné la question d'hier  qui portait sur votre destination de vacances. Réponse : je suis partie à Rome, et je peux le prouver !

     


  • Zut, encore un spam ! Ah non, tiens. • Coup de théâtre




    Bonjour à tous,

    Vous pensiez être tranquilles ? C'est raté : le blog de Clémence pour l'Athénée rempile pour sa troisième année.

    Comme lors des deux années qui viennent de s'écouler, je vous écrirai tous les matins de la semaine pour vous livrer une chronique de la vie de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet : ses coulisses, ses spectacles, ses artistes, ses techniciens, son équipe, son histoire, son architecture, son public n'auront plus (beaucoup) de secrets pour vous.

    Tout fout peut-être le camp en ce moment, mais nous, nous sommes toujours là. Et j'espère que vous aussi !

    À demain.

    PS : je serais curieuse de savoir où vous êtes allé(e)s en vacances cet été, pour ceux qui ont pu partir ; pour me le dire, cliquez ici.