Ah !, les enthousiasmes… L’Athénée à peine rouvert, les sièges de l’orchestre même pas encore remis en place, les musiciens du Balcon sont déjà résolus à investir la place pour ouvrir la saison en fanfare. Au programme, une version fougueuse, frondeuse, fondue, d’un monument de la musique française : la Symphonie fantastique. En quelques mois fiévreux de l’année 1830, Berlioz l’avait composée pour conquérir le cœur d’une femme ; en 2016, Arthur Lavandier la décompose pour conquérir celui des spectateurs.
"Il s’agit d’une interprétation libre ou d’une recréation plutôt que d’un arrangement, mais la terminologie ne changera pas ce qui tient l’entière opération: se placer dans un esprit résolument berliozien", promet le jeune compositeur. Des transes du musicien poète – et amoureux de surcroît ! – voici donc une version nouvelle et moderne "à la fois transcription, réorchestration, arrangement, qui raconte simplement l’orchestre du XXIe siècle". Fantastique projet pour fantastique matériau : un voyage halluciné où rêveries, danses courtoises et idylle champêtre débouchent sur une marche au supplice pour mieux culminer dans un grotesque et ricanant sabbat… Bon retour dans nos murs… qui sont prêts à trembler !
S'il est une phrase que les parents et les époques n'ont pas peur de rabâcher, c'est bien : "Passe ton bac d’abord"…
Mais pour Ferdinand Faure, promis à de basses études et même voué par sa mère aux bigoudis et aux rouflaquettes, c'est en mai 1968 que tombent en même temps le bachot… et quelques pavés.
Épisode crucial de L'Homme qui danse à découvrir enfin in extenso, Le Bac 68 est aussi le moyen de pénétrer dans l'univers de Caubère avec un spectacle un peu plus bref que les autres, mais pas pour autant moindre. Car en revenant sur "les événements historiques qui ont bouleversé la société occidentale", il revendique une liberté qu'on aurait tort de croire acquise.
"Les choses n'ont plus jamais été après ce qu'elles étaient avant, n'en déplaise aux méchantes langues et mauvais esprits qui ne sont pas les derniers pourtant à profiter encore des progrès, de société en particulier, qui en sont issus, écrit Philippe Caubère. En ces temps de révisionnisme général, il me semble que rappeler ceci, sous une forme comique, et populaire qui plus est, tient presque du devoir civique et républicain... !"
On connaissait peut-être Clémence comme un personnage des Enfants du Soleil, mais, n'en déplaise à son avatar, Clémence Massart est elle-même un personnage à part entière.
Ici metteur en scène, Philippe Caubère réclame même "qu'on vienne voir Clémence comme on irait voir le dernier panda vivant au jardin zoologique de Vincennes, le tableau interdit de Courbet, "L'Origine du Monde" au Musée d’Orsay, un ultime concert des Rolling Stones ou de Johnny Hallyday, Arletty, Fréhel, Zouc ou Fernandel. Elle est de cette race-là, de cette époque et de cet âge. Alors qu'elle a le nôtre."
Dans une sarabande "infernale, comique, tragique, musicale" et pas piquée des vers, elle rencontre Hamlet, croise Baudelaire, Giono, Jankélévitch, Jean-Roger Caussimon et bien d'autres, réunis avec entrain et accordéon pour faire un pied de nez à la grande Camarde, pour faire couic et le grand saut, en se régalant de pissenlits mangés par la racine, et en se marrant à en mourir.
production : La Comédie Nouvelle avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication I coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
À ceux qui l'ont vue déjà, on n'aura pas besoin de faire l'article.
Il suffira de leur rappeler Claudine et Madame Colomer, et Isabelle dans la colline avec ses pataugas, et Mauriac croisant Johnny dans une chambre de Provence, et les gonzes en Malaguti filant vers l'Estaque, pour que tout le reste leur revienne, et avec le plaisir des histoires qu'on ne se lasse pas d'entendre raconter.
Aux autres, on dira que le marathon de Philippe Caubère – et ça n'est pas sa moindre magie – est plus qu'un spectacle, un moment de vie partagé, une histoire vécue ensemble quelques heures.
Quand on demandait il y a peu à Philippe Caubère pourquoi et comment il passait sa vie à rejouer sa vie, il rectifiait : "Ce n'est pas ma vie que je rejoue, c'est ma jeunesse." Pour cette raison peut-être, La Danse du Diable n'a, du temps, pas subi les outrages. Ou bien c'est que diable y est pour quelque chose.
— Et tes plaisirs, dans cette île fleurie, sont-ils nombreux ?
— Le bain... la rêverie... Le bain, surtout.
C’est au pied de la cascade de Fatahua, "dans un bassin d’eau vive entre des roches sombres tapissées de fougères et de rosiers du Bengale fleuris à profusion" que se baignent la belle Mahénu et ses compagnes et que commence l’histoire…
Une histoire exotique et sensuelle, celle des amours de l’écrivain voyageur Pierre Loti, telles que les imagine à 17 ans Reynaldo Hahn. Pas moins exotique que son modèle, le tout jeune compositeur est né à Caracas d’une mère vénézuélienne et d’un père juif allemand, et, fréquentant les plus chic salons, il est devenu aussi parisien qu’on peut l’être.
Coup d’essai magistral, cette “idylle polynésienne en trois actes” vaudra à l’élève de Massenet les compliments émus de son maître : “Votre île du rêve, je veux y retourner ! Y retourner vite ! Oh ! C’est beau ! C’est vrai !”
C’est un voyage vers des terres lointaines qui s’offre ici : celles du Pacifique mais aussi celles d’une œuvre et d’un répertoire passablement méconnus. Tout ensemble nouvel Éden et paradis perdu, cette île aujourd’hui redécouverte est riche de mélodies précieuses et ciselées, d’harmonies délicates, et on y sentira, sous les effluves des fleurs de Bora-Bora, l’élégance particulière de la musique française à l’aube du XXe siècle. “Le frisson d'admiration qu’il propage au loin et qui nous fait trembler, nous courbe tous l’un après l’autre, dans une silencieuse et solennelle ondulation des blés sous le vent”, écrivait de Reynaldo Hahn son ami intime Marcel Proust, qui le qualifiait aussi – tout simplement – “d’instrument de musique de génie”.
Reynaldo Hahn (1874 – 1947)
Ciboulette – Malvina - Nuit d'amour bergamasque – Le Dieu bleu – Le Marchand de Venise
production : Musiques au Pays de Pierre Loti, Winterreise Compagnie Théâtre I coréalisation : Théâtre de la Coupe d'Or – scène conventionnée de Rochefort, Athénée Théâtre Louis-Jouvet | avec le soutien de Pierre Bergé et l'accompagnement du Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Nouvelle-Aquitaine I avec le mécénat d'entreprise Société Frisquet et l'agence Okó | avec l'aimable autorisation des éditions Musicales Alphonse Leduc
spectacle à partir de 12 ans
une production du Palazzetto Bru Zane
Amoureux du Moyen Âge, médiévistes de tous crins, réjouissez-vous : la lumière va enfin être faite sur les Chevaliers de la Table ronde… et avec elle quelques étincelles. Vous apprendrez qu'aux côtés de Lancelot et Mélusine se trouvaient le valeureux Médor et la troublante Totoche, ainsi que tout ce qu'il faut pour faire un monde : des flambeaux en plaqué, une couronne de zinc, des rimes en "ique-nique-nique-nique", des factures, des divorces, des développages et des développations et puis un phoque et même Richard Wagner…
Éminents spécialistes de la période, les Brigands retrouvent ici les plaisirs de Geneviève de Brabant, de Croquefer et du Temps des Croisades, la beauté des châteaux humides, la galanterie des chevaliers et les mélodies des ménestrels. Henry Chivot et Alfred Duru (auteurs pour Offenbach de L'Île de Tulipatan) mettent cette fois leur fantaisie au service d'Hervé, "le compositeur toqué", rival d'Offenbach en dinguerie et en grâce.
"La musique d'Hervé est fine, légère, pleine d'esprit. Les mélodies sont simples et efficaces, l'harmonie naturelle, l'orchestration limpide... écrit Thibault Perrine, auteur de cette nouvelle orchestration. Mais c'est surtout de son rythme que provient cette énergie débordante qui la caractérise : rythme des accompagnements, pour la plupart issus de la danse ; rythme de la ligne vocale, tout au service d’un texte plein de fantaisie et de vivacité : rythme de la forme, enfin, si important dans ce genre très particulier qu'est l'opérette."
Louis-Auguste-Florimond Ronger dit Hervé, (1825-1892)
Don Quichotte et Sancho Pança * Chilpéric * Vlan dans l'œil * Le Petit Faust * Le Cabinet Piperlin
production déléguée : Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française I production exécutive : Compagnie Les Brigands I coproduction : Opéra de Reims | Le Centre des Bords de Marne – Le Perreux I La Coursive – Scène nationale La Rochelle I avec l’aide de la SPEDIDAM, de l’ADAMI I en partenariat avec Angers-Nantes Opéra I avec l’aide au projet de la DRAC Île-de-France I coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
J'ai fait ça en douce
Et j'ai connu sur le gazon
La grande secousse
Et le fameux petit frisson
C’est au sein de la compagnie les Brigands que les spectateurs ont découvert les chanteurs Emmanuelle Goizé et Gilles Bugeaud et leur complice, le metteur en scène Stéphan Druet. Fine équipe qui se retrouve aujourd’hui associée à un trio de jazz manouche pour servir un répertoire jubilatoire : celui de la chanson de l’Entre-Deux-Guerre. Bref répit entre deux carnages, la période débridée a vu naître le swing, la gloire de Mistinguett, Maurice Chevalier, Joséphine Baker et l’apogée de Django Reinhardt…
Extraits de comédies musicales ou d’opérettes, pépites puisées dans les revues, trésors et classiques composent ici "un tour de chant tour à tour sentimental, coquin, insouciant, électrique, mélancolique et bucolique, à l’époque de ces folles années durant lesquelles Paris dansa sur un volcan." Loin cependant de toute nostalgie, le quintette donne une lecture actuelle de chansons “au style sans détour, sans censure, jamais banal, jamais grossier, qui continuent de nous étonner par leur humour”.
De quoi anticiper une soirée de plaisirs et de marrants badinages. Aura-t-on deux amours couchés dans le foin dans un beau débit de lait ? Oh-la-la, oui oui !
spectacle programmé dans le cadre du festival italien : spectacles associés Dolore sotto chiave et Danza macabra
spectacle en italien surtitré en français
Retrouver cette année Elvire Jouvet 40, c’est se placer au croisement de plusieurs belles histoires de théâtre ; c’est aussi convoquer des fantômes, pourrait-on dire aussi, pour autant qu’on se rappelle que ceux-ci peuvent être de charmants invités. Le fantôme de Louis Jouvet, tout d’abord, qui est à l’Athénée sur ses terres. Les fantômes d’une époque, ensuite, celle de la Seconde Guerre mondiale, de la "drôle de guerre" aux débuts de l’Occupation, qui traversent comme des ombres ce texte qui semble pourtant ne parler que de théâtre, de Molière, de l’interprétation de l’acteur…
Jouvet eut la prescience de faire prendre en sténographie les cours qu’il donnait au Conservatoire, dont il fut sans conteste l’un des plus illustres professeurs, et il aura fallu une intuition égale à la sienne, celle de Brigitte Jaques-Wajeman, pour transformer ce matériau en texte de théâtre… avec le succès qu’on sait. On retrouvera donc ici de beaux souvenirs : l’accueil triomphal du spectacle à l’Athénée – sans doute son habitat naturel – près de 90 représentations entre 1986 et 1987, pour pas loin de 20 000 spectateurs !
C’est un autre monument du théâtre qui redonne aujourd’hui voix à ce texte : Toni Servillo, figure magistrale de la scène et du cinéma italiens, incarne ici Jouvet. Metteur en scène et interprète de Tartuffe et du Misanthrope, il est ici chez lui. “Je reviens en terrain familier, chez Molière, avec une œuvre qui examine de façon spécifique la phénoménologie de la création artistique, un sujet sur lequel Jouvet s’interroge de façon obsessionnelle, explique-t-il. Cette obsession est également la mienne, à ceci près que je suis à quelques crans en dessous du génie de Jouvet.”
production : Piccolo Teatro di Milano - Teatro d'Europa /Teatri Uniti I coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet I L'activité internationale du Piccolo Teatro di Milano - Teatro d'Europa est soutenue par Eni.
spectacle programmé dans le cadre du festival italien : spectacles associés Elvira (avec Toni Servillo) et Danza macabra (dernière mise en scène de Luca Ronconi)
spectacle en italien surtitré en français
C’est rare pour un écrivain : les Italiens ne l’appellent que par son prénom – Eduardo –, illustrant bien le rapport affectueux autant que personnel qu’ils entretiennent avec l’auteur de Filumena Marturano.
Dramaturge prolifique, mais aussi comédien, bateleur, poète, meneur de troupe, De Filippo – comme on dit de ce côté-ci des Alpes –, raconte des histoires de tous les jours, petits trafics et galères d’argent, affaires de cœurs et embrouilles de famille. Écrites en dialecte napolitain, souvent un acte, ses pièces ont su raconter la vie comme elle vient et va, décrire un monde avec tant de justesse que le public le considère encore aujourd’hui comme un copain, un cousin, un familier.
De la famille et de ses avanies, il est encore question dans les deux courtes pièces ici réunies et mises en scène par Francesco Saponaro, Douleur sous clé et Dangereusement. Que sont ces douleurs qu’on retient captives… mais qui continuent de distiller leur lent et patient poison ? Ces secrets que l’on cache une vie durant ? Ces haines anciennes, cuites et recuites sous le soleil de Naples, et rien moins que gratinées ? Précédées d’un prologue du Sicilien Pirandello, voici deux sombres histoires racontées avec la verve ensoleillée du théâtre napolitain : humour noir, rire jaune, émotions multicolores…
Eduardo De Filippo (1900 – 1984)
Samedi, dimanche et lundi * La Grande Magie * Sik-Sik * Filumena Marturano * L’Art de la comédie
production : Teatri Uniti - Napoli Teatro Festival Italia en collaboration avec l'Università della Calabria
coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
spectacle en italien surtitré en français
“Le pari était de faire interpréter l’enfer domestique d’un couple qui se déteste et vit affreusement mal ensemble par un couple qui vit merveilleusement bien ensemble”, s’amusait, en 2014, Luca Ronconi.
Deux couples… Voici les uns : Alice, actrice ratée, et le Capitaine, artilleur à la retraite, héros de Strindberg qui, au bout de vingt-cinq ans de mariage, se détestent chaque jour dans le double isolement d’une île et de la tour d’une forteresse, où s’épanouissent les fleurs malades de leur catastrophe conjugale.
Et, plus heureux, les autres : la grande comédienne italienne Adriana Asti – vue au cinéma chez Pasolini ou Buñuel, au théâtre sous la direction de Visconti, Strehler ou Pinter –, et son compagnon, le metteur en scène Giorgio Ferrara, unis depuis plus de quarante ans, à la ville comme à la scène. “Faire l’acteur n’est pas mon métier principal, mais à chaque fois que j’ai accepté, c’était pour jouer le mari ou l’amant d’Adriana”, reconnaît ainsi Ferrara.
Jeu de massacre et jeu de miroirs, scène de ménage et ménage en scène, cette version italienne aborde Strindberg par son versant méridional. Dans ce qui devait être l’une de ses dernières mises en scène, Ronconi laisse éclater l’humour cruel de cette tragédie du couple, rappelant la joie féroce et tourbillonnante au cœur même de la lutte.
Les mots sont parfois comme les couples fatidiques, il suffit de les associer pour que l’un finisse par annihiler l’autre… Mais la mort elle-même ne saurait faire oublier la danse.
August Strindberg (1849-1912)
Mademoiselle Julie * Père * Le Pélican * Le Songe * La Sonate des spectres
production : Teatro Metastasio di Prato, Spoleto57 Festival dei 2Mondi con la collaborazione di Mittelfest 2014 I coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
spectacle en français
Prenez une nouvelle de Dostoïevski, métaphysique et mouvementée, confiez-la aux énergies bouillonnantes d'un metteur en scène, d'un compositeur et d'un ensemble : vous verrez apparaître un spectacle électro-onirique, où le lyrisme du texte rejoint celui de l’opéra.
La dernière fois que l’on avait vu Volodia Serre à l’Athénée, c’était dans les affres tchékhoviennes des Trois Sœurs, qu’il mettait en scène et interprétait… aux côtés de ses trois sœurs. Le voici aujourd’hui confronté à un autre monument de la littérature russe – Dostoïevski, pas moins !– et entouré du compositeur Sébastien Gaxie et de l’ensemble 2E2M.
Œuvre fulgurante et tardive, Le Rêve d’un homme ridicule déploie les obsessions récurrentes de l’écrivain : doubles et hallucinations, nihilisme et rêves de grâce. Unissant le lyrisme du texte à celui de la musique et de la voix, cette version opératique, électronique ouvre sur des espaces infinis, où s’accomplissent les voyages interstellaires de Dostoïevski.
Sommes-nous devant un homme qui rêve qu’il rêve ? Est-il mort, revenu parmi les hommes pour prêcher ? Sommes-nous les témoins ou les acteurs de son délire ?
“L’homme a choisi le théâtre. Il vient donc parler directement et sans détour aux spectateurs. Il a lui-même réuni les moyens scéniques qui doivent permettre de rendre son rêve visible.” Quel est ce songe, comment l’interpréter ? Gardons-nous de juger trop vite : les hommes peuvent être ridicules, mais il n’en va pas autant de leurs rêves.
production : 2e2m-Ensemble à rayonnement national et international I coproduction : Musicatreize, Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine I avec le soutien d'Arcadi Île-de-France, du FCL-Fonds de création lyrique, l'aide à la création du Conseil départemental du Val-de-Marne, l'aide de l'Adami, de l'ARCAL, de La Muse en Circuit et du GMEM-Centres nationaux de création musicale, de la Ferme du Buisson-Scène nationale de Marne-la-Vallée, des Laboratoires d'Aubervilliers et du Conservatoire de musique de Gennevilliers I coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
À bas l'ancien régime ! Créons un monde nouveau où vous connaîtrez à égalité plaisir et bonheur.
Quelle sauvage, cette renarde ! Assez pour se rêver en gitane, pour fustiger la bête soumission des poules, pour faire la nique au blaireau. Assez libre pour suivre qui elle veut et pour rompre avec les dents les entraves qu’on voudrait imposer à son plaisir…
Opéra hédoniste, féministe, sans autre morale que celle de la nature, l’opéra de Janacek libère un tourbillon de couleurs, celles des campagnes moraves bruissant de mille microscopiques existences, celles des scintillements du désir, celles de l’orchestre enfin, vastes et opulentes.
D’abord protagoniste d’un roman, la Petite Renarde rusée devint ensuite l’héroïne d’une bande dessinée dans le quotidien tchèque Lidové Noviny – ou Janacek avait déjà trouvé l’inspiration de son Journal d’un disparu. Revenant aux origines graphiques de l’opéra,
Louise Moaty met en scène la fable à travers le tournage et le montage en direct d'un film composite, mêlant chanteurs, vidéo, dessin et théâtre d’objet. Ainsi les spectateurs pourront suivre l’action sur le plateau et sur l’écran, et parcourir un paysage aux esthétiques changeantes : “Nous rêvons des paysages magnifiques d’un Schiele, d’un Klimt pour mettre en forme ce véritable hymne à la nature et au cycle des saisons, dont les changements rythment la vie de la Petite Renarde à travers des pages orchestrales somptueuses et rayonnantes”, écrit la metteur en scène. Un projet “jetant des ponts entre théâtre et cinéma, pour défier toute finitude, en écho à la renaissance éternelle des petites renardes.”
spectacle en tchèque surtitré en français
http://www.renarde.arcal-lyrique.fr
une production de l'Arcal
production : Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical I coproduction : TM+ ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui, Maison de la Musique de Nanterre, Fondation Orange, Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines–Scène nationale, Les 2 Scènes–Scène nationale de Besançon, Théâtre d’Etampes I avec le soutien d’Arcadi Île-de-France I avec la participation du DICRéAM I coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Allez expliquer la poésie… Schönberg s’en gardait bien, qui composait "sous l’inspiration des premiers mots d’un texte, sans me préoccuper le moins du monde de la façon dont le poème continuait. A ma grande stupéfaction, je constatai alors que je n’avais jamais autant rendu justice au poète que lorsque, guidé par mon premier contact avec la sonorité du premier vers, j’avais deviné tout ce qui devait inévitablement suivre."
Et allez expliquer pourquoi ce spectacle, qui marie les magies du légendaire Pierrot lunaire et des marionnettes japonaises bunraku, s’impose avec une telle justesse.
Bien sûr, on pourrait plaider que tout art trouve sa place dans l’imaginaire de l’auteur Albert Giraud, qui disait désirer "un théâtre de chambre, dont Breughel peindrait les volets, Shakespeare, les pâles palais, et Watteau, les fonds couleurs d’ambre."
On pourrait aussi rappeler la fascination de l’École de Vienne pour le japonisme… Mais on ne dirait alors rien du voyage fantastique qui commence ici, musical, méditatif et mouvementé, ouvert par les Quatorze manières de décrire la pluie qu’Eisler composa en hommage à son maître Schönberg.
Permettant à chaque spectateur de déployer sa propre rêverie, le spectacle laisse la marionnette "représentation railleuse mais fidèle de l’humanité" épouser les ironies et les noirceurs du récit poétique. Et on ne sait comment cela opère. Allez expliquer le charme…
spectacle en allemand surtitré en français
production : Ensemble Musica Nigella | coproduction : Association Euphonie - Festival Musica Nigella, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines - Scène nationale I avec le soutien d'Arcadi-Île-de-France et de la Spedidam | coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Changement de programme du récital :
Souffrant le chanteur Stanislas de Barbeyrac est contraint d'annuler ses engagements à l'Opéra de Paris, et à l'Athénée où il devait initialement chanter le récital du 27 mars. Il sera remplacé par le ténor Cyrille Dubois qui triomphe en ce moment dans Trompe la mort à l'Opéra de Paris.
Les spectateurs ayant déjà acheté leurs billets peuvent se faire rembourser auprès de la billetterie (01 53 05 19 19) ou conserver leurs billets pour ce récital.
Le programme du récital est modifé comme suit :
Robert Schumann Dichterliebe opus 48 - quatorze poèmes de Heinrich Heine
Gabriel Fauré Cinq Mélodies de Venise opus 58 - poèmes de Paul Verlaine
Benjamin Britten Seven Sonnets of Michelangelo opus 22 - poèmes de Michel-Ange
voir l'ensemble de la programmation des Lundis musicaux
Que s’est-il passé ce soir de décembre 1900, au large des Hébrides extérieures ? Où ont disparu les trois gardiens du phare, qui ont tout laissé derrière eux et semblent s’être évaporés ? Suicide ? Accident ? Intrusion d’un événement surnaturel ?
Mort en mars dernier à 81 ans, le compositeur écossais Peter Maxwell Davies a composé en 1980 cet opéra de chambre inspiré par un fait divers réel.
L’intrigue policière s’y colore des légendes ancestrales, alors qu’alternent les voix de la raison et de l’étrange. Aquatique, fantastique, grinçant, l’opéra expose aussi la lutte de l’homme et de la machine, l’opposition de l’hésitation humaine et de l’automatisme inflexible.
Dans ce huis-clos à ciel ouvert où tanguent toutes les certitudes et où les croyances essuient quelques esquifs, la musique contemporaine croise le folklore celte, les liturgies millénaires, les plus vieux chants d’amour…
Pour cette promenade au phare pleine de suspense, le metteur en scène Alain Patiès invite les spectateurs à “participer à l’enquête et tenter d’élucider le mystère de la disparition de l’île Flannan : l’énigme, les investigations non résolues et vite abandonnées, offrent à chacun l’occasion d’imaginer ce qui est véritablement arrivé aux trois personnages.”
Qu’on prenne donc quelques biscuits de survie pour s’embarquer vers le lointain large, ouvert aux mélomanes et aux détectives.
spectacle en anglais surtitré en français
production : La Grande Fugue I coproduction : Ars Nova ensemble instrumental, Conservatoire de La Plaine Centrale I avec le soutien d’Arcadi Île-de-France, l'aide de l'Adami, La Copie Privée I avec l'aide de La Société littéraire de La Poste | coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
“Il me sembla que j’étais devenue la statue dorée de moi-même éclairée par la lune.”
Figure méconnue de la dynastie des Labdacides, oubliée de la légende, la sœur d’Antigone, Ismène “la discrète, la passive, la faible” trouve ici le pouvoir de se raconter.
“Ismène représente la part sensuelle existant en chacun d’entre nous tandis qu’Antigone en représente la part intellectuelle”, écrivent Pousseur et Bagnoli. De la sœur qui ne se rêve pas héroïne, qui veut goûter de la vie les simples plaisirs, ils font revivre la singulière destinée : refuser la tragédie lui vaudra d’être reléguée au brouillard de la mythologie. Émergeant d’un plan d’eau, portant le masque d’argile d’une statue, la voici pourtant qui reprend la parole…
Yannis Ritsos (1909- 1990)
Au-delà de l’ombre des cyprès * Une femme vers la mer * La colline à la fontaine * Les cannes des aveugles * Quatrième Dimension
Phèdre
"Les étoiles sont sorties. Elles piquent comme des ronces."
"La Phèdre de Ritsos est une femme accomplie. Elle est touchée par un amour soudain, qui changera sa vie de façon définitive. Au moment où nous la rencontrons dans le texte, c’est une femme altérée par la passion, le désir."
Du monologue de la femme brûlante et brûlée, le public devient le confident, le juge, le partenaire.
Offrant une incarnation musicale aux troubles, aux afflux du sang, aux souffles et aux soupirs, entourant l’héroïne de machines emballées, le spectacle dessine peu à peu l’enfermement de Phèdre et conduit le spectateur au cœur même du drame – non pas le cœur figuré ou symbolique mais le cœur bien vivant, et battant follement, de l’héroïne perdue.
Yannis Ritsos (1909- 1990)
Au-delà de l’ombre des cyprès * Une femme vers la mer * La colline à la fontaine * Les cannes des aveugles * Quatrième Dimension
Ajax
“La peur de l’ennemi n’est rien comparée à la peur d’un ami qui connaît les blessures cachées et vise juste.”
Tout ce qui a triomphé un jour décline…
Fils d’Argonaute, égal d’Ulysse, presque aussi fort qu’Achille, le héros de la guerre de Troie a fini par toucher au bout de sa course.
“Il a perdu toute une série de valeurs. Le monde dans lequel il vit n’est plus adapté aux héros, aux incorruptibles, aux intègres, il a gagné beaucoup de batailles, mais la guerre a été vaincue par les manipulateurs. C’est avec une grande sérénité qu’il se retire d’un monde qui n’est plus fait pour lui”, écrivent les auteurs, qui voient dans la situation du héros de criantes similitudes avec le temps que nous traversons.
Point d’orgue de la trilogie, ce dernier volet la radicalise en la poussant dans ses retranchements : Ajax, figure masculine et guerrière s’il en est, sera ici interprété par une femme. Et d’ailleurs, qu’est-ce que ça change ?
Yannis Ritsos (1909- 1990)
Au-delà de l’ombre des cyprès * Une femme vers la mer * La colline à la fontaine * Les cannes des aveugles * Quatrième Dimension
L'invitation au voyage (Charles Baudelaire)
Le Manoir de Rosemonde (Robert de Bonnières)
Extase (Jean Lahor)
La vague et la cloche (François Coppée)
Feuille volante pour piano seul (Duparc)
Soupir (René-François Sully-Prudhomme)
Lamento (Théophile Gautier)
Élégie (Thomas Moore)
Feuille volante pour piano seul (Duparc)
Au pays où se fait la guerre (Théophile Gautier)
Sérénade (Gabriel Marc)
Romance de Mignon (Victor Wilder)
Chanson triste (Jean Lahor)
La Fuite (Théophile Gautier)
Feuille volante pour piano seul (Duparc)
Sérénade florentine (Jean Lahor)
Phidylé (Charle-Marie-René Leconte de Lisle)
Richard Wagner Élégie
La Vie antérieure (Charles Baudelaire)
SOIRÉE DE LANCEMENT DE SAISON 17-18
> présentation de saison 17-18
19h : Patrice Martinet, le directeur de l'Athénée, présente les spectacles de la saison prochaine.
Accès libre, réservations en cliquant ici ou auprès de la billetterie 01 53 05 19 19
20h : Verre offert aux spectateurs ayant assisté à la présentation de saison au bar du théâtre.
> concert Quatuor pour la fin de temps
21h : Concert orchestré par Le Balcon avec en première partie Anthèmes II de Pierre Boulez suivie du Quatuor pour la fin du temps d'Olivier Messiaen. Concert payant
Offre spéciale : places à 10€ pour le concert Quatuor pour la fin du temps
Places en vente à 10€ pour les spectateurs participant à la présentation de saison. Achat et retrait des places de 18h à 19h à la billetterie du théâtre.
production : Le Balcon I avec le soutien de la Caisse des dépôts et des consignations, d'Areitec, et l’aide du programme CERNI du ministère de la Culture et de la Communication I coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
JEUDI 1er JUIN : AVANT-PREMIERE réservée aux jeunes de - de 30 ans, aux musiciens des orchestres amateurs et choristes amateurs. Un justificatif sera demandé le soir-même avant l'entrée en salle. réservez vos places
Qu’obtient-on quand les musiciens du Balcon revisitent Pierre Henry, qui lui-même revisite Wagner ? Un moment musical électrique, bombardé de soupirs et d’incendies, de fureurs et de voluptés, justement placé sous le signe du plus célèbre des vampires.
Radical dans sa soif de sons et musiques, Pierre Henry aura été un pionnier des musiques électroniques mais aussi de la délicieuse morsure des œuvres, ouvrant la voie à popularisation du sampling, du remix, de l’extended mix. On lui doit entre autres une Xe Symphonie de presque Beethoven, ou encore un Concerto sans orchestre “traversée des cercles de l'Enfer de Dante en compagnie de Franz Liszt”. Dans Dracula ou la musique troue le ciel, c’est – carrément – à la Tétralogie de Wagner qu’il assure une métamorphose, transformant la montagne wagnérienne en un “film sans images”, plein de soupirs et d’incendies, de fureurs et de voluptés.
Et puisque Dracula ne saurait se passer de sang neuf, c’est la frétillante bande du Balcon qui est aux commandes de cette nouvelle version, où la musique de Wagner sera orchestrée et spatialisée par Othman Louati et Augustin Muller. “Avec ce projet, un nouvel aspect de la spatialisation va être exploré à travers l’œuvre de Pierre Henry, écrivent les musiciens de l’ensemble. Après sa version sonorisée et spatialisée des Vêpres de Monteverdi ou le travail entrepris sur Donnerstag de Karl Stockhausen, c’est maintenant sur Dracula que Le Balcon va se pencher, affermissant le lien très fort avec la sonorisation et la spatialisation qu’il a placées dès sa naissance au cœur de son geste artistique.”
Pierre Henry (né en 1927)
Variation pour une porte et un soupir * Messe pour le temps présent * Futuristie * Apocalypse de Jean * Tam-Tam du merveilleux